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Développement financier et croissance économique au Sénégal: faits stylisés

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par Mouhamadou Naby NDIAYE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - master 2 recherche monnaie banque finance 2012
  

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Section 2 : analyse critique des politiques de libéralisation financières :

Le début des années 80 a été marqué par l'échec des politiques de libéralisation financière, qui a suscité une critique minutieuse de la part des opposants à la théorie de Mac Kinnon et Shaw. Cette analyse critique sera structurée en trois étapes : nous présentons d'abord une version alternative de l'approche des taux d'intérêt, nous évoquons ensuite le dualisme entre la finance formelle et la finance informelle et enfin l'analyse de l'imperfection des marchés financiers.

I-Une vision alternative de la politique des taux d'intérêt

Cette approche vise à montrer que, contrairement à Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), la relation entre les taux d'intérêt réels, le niveau d'épargne et

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d'investissement n'est pas toujours positif suite à la libéralisation financière. Dans ce registre, on retrouve les travaux d'un certain nombre d'auteurs d'inspiration néo-keynésienne, qui attaquent l'un des points essentiels de la doctrine financière de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), selon lequel l'augmentation des taux d'intérêt serait favorable à l'épargne, à l'investissement puis à la croissance économique. Dans la droite ligne de la théorie keynésienne, l'augmentation du taux d'épargne aura un impact défavorable sur le multiplicateur keynésien et pénalisera le niveau d'investissement. Contrairement aux néo-classiques, l'investissement n'est pas déterminé par le niveau d'épargne mais plutôt par la demande effective, qui n'est rien d'autre selon les termes propres de Keynes que le produit attendu qui dépend de l'anticipation des entrepreneurs. Aussi pour les keynésiens, l'investissement dépend négativement du taux d'intérêt. Morisset (1993) montre que l'accroissement des taux d'intérêt n'améliore pas nécessairement le niveau d'investissement à moins que les autorités publiques prennent garde d'assurer que :

(i) les dépôts bancaires soient des substituts étroits des actifs improductifs ( or) et des actifs étrangers que des biens capitaux ;

(ii) le secteur financier assure une allocation efficiente du crédit domestique ;

(iii) le flux du crédit domestique au secteur privé ne soit pas absorbé par les besoins du secteur public. Il montre que la libéralisation financière peut accroître les besoins financiers du secteur public et réduire la quantité de fonds disponible pour le secteur privé (effet d'éviction).

Selon une étude de Voridis (1993) sur la Grèce, les taux d'intérêt semblent être positivement corrélés avec le niveau d'investissement entre 1963 et 1985 qui correspondent à la période de répression financière. Solimano (1989) montre à partir des données trimestrielles que les taux d'intérêt élevés réduisent le profit qui à son tour abaisse l'investissement privé au Chili entre 1977 et 1987. Dailami et Giugale (1991) trouvent que les taux d'intérêt réels affectent négativement le ratio d'investissement privé au Brésil, en Corée et en Turquie. Les travaux réalisés par Demetriades et Devreux (1992), puis Greene et Villanueva (1991) montrent également que le niveau de l'investissement ne s'est pas amélioré suite à l'augmentation des taux d'intérêt.

La réaction de l'épargne par rapport au taux d'intérêt est théoriquement déterminée par l'arbitrage des agents entre les consommations présente et future, et est illustrée par deux effets : l'effet de substitution et l'effet revenu. Cependant, les théoriciens de la libéralisation financière abordent peu cet aspect ou tranchent très rapidement en faveur de l'effet de substitution. Pourtant, cette prédominance de l'effet substitution est sujette à caution du point de vue empirique. Giovannini (1983, 1985) fournit une évidence

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empirique (dans 18 pays en développement) de la réaction du niveau d'épargne suite à une modification des taux d'intérêt. L'estimation du niveau d'épargne en fonction du taux d'intérêt montre qu'il n'y a pas un impact positif de la hausse des taux d'intérêt sur le niveau d'épargne. Aussi, dans le cas du Chili par exemple, Velasco (1988) montre que malgré l'accroissement important de l'intermédiation financière dû à la libéralisation financière, le taux moyen d'épargne chilien est demeuré relativement stable (10,7% en moyenne sur la période 1974-1983 contre 12,6% entre 1966 et 1973). Même Gupta (1984), qui fait l'apologie de la libéralisation financière, ne parvient pas à mettre en évidence un impact positif de la hausse des taux d'intérêt sur l'épargne agrégée que dans quatre des douze pays qu'il étudie (Pakistan, Philippines, Sri Lanka et Thaïlande). Comme le souligne Gonzales-Arrieta (1988), l'augmentation des taux d'intérêt réels semble affecter de manière inverse l'épargne financière (c'est-à-dire l'épargne constituée sous forme d'actifs financiers ou monétaires) et l'épargne globale. En d'autres termes, la neutralisation réciproque des deux effets (effet de substitution et effet revenu) expliquerait pourquoi l'on constate généralement que l'épargne globale demeure inchangée après la libéralisation financière.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille