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L'intégration des médiums environnementaux dans la peinture contemporaine, une nouvelle écologie à  Kinshasa

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par Yves NGOY EBONDO
Académie des beaux- arts de Kinshasa - Licence 2013
  

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3.6.1.4. Francis Mampuya

Francis Mampuya, un esprit et un coeur en quête d'une « réconciliation » humaine. Le témoin en est le visage, thème récurrent dans les oeuvres de 1998 et 2000. Un leitmotiv dont il parsème les toiles et les pans de sculptures polychromes. Un cliché signifiant à la fois la diversité des hommes et l'unité de l'humanité. Véritable aphorisme dont l'assonance interpelle la conscience contemporaine sur les méfaits engendrés par l'absence de communication interpersonnelle et interculturelle. Déprime, désolation. Chaos.

L'artiste place donc la communication humaine au coeur du débat social dont la clé passe pour chaque homme, par l'apprentissage de la communication avec son propre moi intérieur. Cernes ovales, compositions multipolaires et étalements des couleurs chaudes et froides :

Conscience de l'attraction essentielle des éléments. Unité et attraction que seule la parole peut engendrer... Tâche difficile mais réalisable. La présence, rare, des profils sereins, hommes "accomplis", est en effet évocatrice dans l'oeuvre de Mampuya. A l'image des visages, les cases sont rarement dans une position de stabilité. Accomplissement difficile mais possible du village planétaire vrai où l'homme partage librement sa parole et convie ses semblables184(*).

Les années 2000 annoncent quelques éléments de réponse aux interrogations persistantes que soulève l'artiste. Un face-à-face avec ses rêves, ses peurs et ses fantasmes. L'exploration de soi et de l'environnement afin de découvrir les forces potentielles capable de transformer l'homme « consommateur de tout de tout temps » en un être créateur de sens.

3.6.1.5.Eddy Masumbuku

Masumbuku a grandi dans sa cité natale, Mangai où il vit le jour le 3 octobre 1965, dans la province de Bandundu. Son adolescence est marquée par une nourriture « toute spirituelle » : les contes traditionnels, empreintes de sagesse ancestrale, l'apprentissage de la recherche avec les mathématiques et la physique tout comme la philosophie qu'il découvre au cours de ses études secondaires forgent un esprit critique mais serein.

1985 : Masumbuku, encore élève collégien, se révolte contre l'esprit fataliste et résigné de ses concitoyens de Mangai, aux yeux desquels la galère dont ils sont accablés résulte de la « politique » :

« Tout simplement !!! Personne n'y peut rien... » Disent-ils. Masumbuku n'est pas d'accord, il va le faire savoir. Symbole de sa rupture avec l'idéologie officielle de l'époque, à savoir l'authenticité qui, à ses yeux, est la cause de l'anesthésie intellectuelle collective. Masumbuku tente de recouvrer son identité originelle. Malgré les contraintes politiques d'alors, il rejette son post-nom zaïrois « Alungula » qu'il remplace par le pseudonyme d' « Eddy ».

Diplômé d'Etat en 1988, Masumbuku s'inscrit à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa en 1989. En section publicité. Malgré lui. Le défi à relever est celui de réaliser son rêve d'exceller dans la peinture d'expression plus que dans l'illustration publicitaire.

Dès 1995, il consacre ses heures libres à illustrer les livres pour enfants. La sagesse des enfants du village ainsi que les « devinettes » sont ses thèmes de prédilection. Mais ces esquisses au pastel ne tardent pas à dévoiler leurs limites, ce support ne permettant pas à l'artiste de s'exprimer pleinement.

Le « choc » a lieu lors d'une première expérience picturale à l'aide d'une brosse que Masumbuku produira en 1996 avec le concours d'un camarade, Francis Mampuya. Le premier vrai tableau était né : La curiosité du savoir.

Ce thème annonce le contenu fondamental, de l'art de Masumbuku : un plaidoyer pour la connaissance.

1996 est aussi l'année où Masumbuku propose à Mampuya une idée aussitôt partagée par un autre collègue « étudiant rebelle » Germain Kapend : celle de créer un groupe de jeunes artistes en rupture de ban avec l'art académique. Ainsi naîtra, la même année, le collectif « Exhibition libre » dont les trois étudiants sont les fondateurs et adoptent l'appellation précitée suggérée par Mampuya.

Sur une nouvelle proposition de Francis Mampuya, ces derniers adopteront pour leur ensemble la dénomination de « Groupe des libristes » en 1997. Au sein du collectif, Masumbuku va trouver un appui à sa lutte morale, intellectuelle et plastique. Son art est â l'écoute de toute critique susceptible, d'éclairer sa propre recherche identitaire.185(*)

La connaissance par l'apprentissage permanent est pour Masumbuku la clé du développement individuel et communautaire. Le savoir libère l'homme, il en est sûr et le suggère à partir des coupures de journaux qui habitent un grand nombre de tableaux. Plus subtil encore est le langage baptisé « fouillisme » par l'artiste.

Premier tableau du genre L'humanité retrouvée créée à l'Espace Akhenaton en 1998, marque un tournant décisif à partir duquel Masumbuku construit son langage plastique naissant de l'observation minutieuse de l'environnement et de la nature.

Les zébrures, de véritables « déchirures » picturales, sont conçues à partir d'empreintes digitales qui tentent d'extraire la forme humaine... à la manière du coq qui extrait les denrées de la terre nourricière. Au fil des oeuvres, les touches zébrées deviennent affaire de pinceaux. Monochromes et épaisses à leur période digitale, les voici à présent polychromes, filiformes et lumineuses avec un penchant certain pour la décoration.

Au terme d'une réflexion qui va le conduire à minimiser l'aspect décoratif dans ses tableaux, Masumbuku se penche sur l'essence même des phénomènes qu'il observe. Le moment de la rencontre des gouttes de pluie avec le sol, par exemple, lui inspire la création des touches acides, sortes de magmas qui font jaillir de ses tableaux des zones gluantes qui sont celles que l'homme rencontre en traversant « le couloir du savoir ». Gaie ou acide, unie ou zébrée ou encore en gouttelettes, réaliste ou géométrique, la peinture de Masumbuku rend sensibles les péripéties de l'initiation à l'humanisme.

La volonté de faire participer l'être humain à ces péripéties initiatiques trouve sa pleine expression dans le genre « performance-installation » à travers lequel l'artiste associe le public au processus créateur.186(*)

* 184 Célestin Badibanga ne Mwine, Emergence d'une nouvelle plastique congolaise Dakar - art, minorités, majorités, juillet 2003

* 185 ibidem.

* 186 ibidem.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci