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La santé communautaire dans la région des savanes, Togo. Une étude de cas sur les commissions santé dans les districts sanitaires de Kpendjal, Tandjouaré et Tône

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par Alexander Doyle
Université libre de Bruxelles - Master en sciences de la population et du développement 2012
  

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1.1.5. Les actions et activités

Au regard des attentes émises par le projet à destination des CS, les activités menées à l'heure actuelle sont loin d'être suffisamment efficaces. Elles ne permettent pas de toucher

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l'ensemble de la population et ce, de façon répétée. Même si tous les acteurs du développement local s'accordent pour dire qu'une sensibilisation active et renouvelée permet de changer en profondeur les mentalités, les faits ne concordent pas avec les propos tenus lors de certaines interviews. Il est en effet fort rare de rencontrer une CS ayant visité et effectué des activités dans l'ensemble des villages.

Comme vu précédemment, lors de la création des CS, les réunions avaient lieu tous les mois. Aujourd'hui les réunions s'effectuent sur base bimestrielle, dans certains cas même trimestrielle. Plusieurs raisons expliquent ce relâchement, notamment le manque d'actions menées et le peu de résultats obtenus en un mois. Il n'y a pas suffisamment de matière à discuter.

Au cours de notre visite au sein de l'aire sanitaire de Bougou, Tône, notre traducteur révèle une information sur la CS en question:

« Normalement, ils font quatre sorties, quatre campagnes qu'ils ont faites. Plus quatre réunions trimestrielles. Mais il dit effectivement que ce n'est pas suffisant. Il dit qu'il faut redoubler d'efforts, sortir, mener les campagnes de sensibilisation » [Traduction d'un membre de la CS de Bougou, Tône].

Notre traducteur prend les devants et pose une question de lui-même :

« J'ai demandé, l'année qui vient, il pense faire combien de campagnes. Il dit que cinq. J'ai dit, ils ont fait quatre sensibilisations et ce n'est pas suffisant, et c'est quand ils vont faire cinq maintenant que ça va tout changer ! » [Traduction d'un membre de la CS de Bougou, Tône].

Les CS interrogées semblent pour la plupart trop rapidement satisfaites des actions menées. Toutes au premier abord, ont tendance à dire qu'elles ont atteint les objectifs annuels.

Par ailleurs, il semble intéressant de se questionner sur le fonctionnement effectif des activités effectuées au sein de leur aire sanitaire.

La CS de Namoudjoga, Kpendjal reconnaît clairement l'intérêt de mener des actions groupées pour assurer une certaine force de persuasion et augmenter ainsi leur impact. Elle n'a pas attendu qu'on lui dise comment agir efficacement dans le sens du projet. De plus, elle insiste sur le partage de connaissance entre les différents membres de leur CS.

« Ce qui nous a amenés à aller en groupe dans les villages, ce que ça permet à d'autres membres aussi de s'imprégner plus sur comment faire la conversation, comment discuter.

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Parce que si on prend trois personnes, quatre personnes, leur animation est différente d'un autre groupe. Maintenant si vous allez tous en groupe, d'autres vont apprendre plus. Les petits groupes s'associent maintenant en grands groupes pour sortir ensemble et ça permet aux petits groupes là d'avoir plus de connaissances sur ce que les autres font quand ils sortent, c'est l'idée qui nous est venue. (É) Parce que le paysan a plus confiance s'il voit plusieurs personnes entrain de faire quelque chose, ils pensent que ce que ces gens là font, c'est bon. Mais si c'est deux, trois personnes, d'autres ne prennent pas l'importance. (É) Puis surtout que la Commission est composée de plusieurs villages, quand on se retrouve ensemble, ça veut dire que le message est un peu partout » [Membre de la CS de Namoudjoga, Kpendjal].

Mais, dans certains cas, les actions menées restent à l'échelle individuelle « et chacun s'occupe de sa zone, et à la fin du mois tout le monde se retrouve pour partager ses expériences » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône]. Il semble étonnant qu'au sein de certaines CS, des activités de groupes n'aient jamais été effectuées pour avoir un impact plus ample et rendre plus attrayant le contenu de leurs propos.

« Nous n'avons jamais fait ça. (É) Compte tenu de ce qu'on nous a dit à la formation, cela n'a pas été dit qu'on devait faire ça. On nous a dit que chacun devait s'occuper dans son village et ensuite parler des problèmes qu'il a dans son village » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].

La force numérique est un atout de taille et certaines CS, comme celle de Nanergou, Tône ne valorisent pas suffisamment les intérêts propres à cet organe collectif : il doit se servir de l'ensemble de ses capitaux humains pour engendrer des actions renforcées ayant un impact plus conséquent.

Étant donné cette situation, il est convenable de se questionner sur les répercussions engendrées par leur rôle de « représentants » des populations villageoises.

Il est à déplorer que nombre de personnes ne sont tout simplement pas informées de l'existence des CS qui sont dans les faits fort méconnues. En interrogeant les membres des CS, tous étaient convaincus de leur notoriété sur la scène locale, à l'exception des villages « éloignés ». Cependant, une question destinée aux patients et aux personnes rencontrées au sein des villages, concernait leur degré de connaissance sur les CS. Il est apparu que la moitié des personnes interrogées n'avaient jamais pris acte de l'existence de ce type de groupement. Concernant l'autre moitié, la majorité n'en détenait qu'une connaissance partielle, ne sachant ce qu'elles effectuent concrètement. Rares étaient ceux détenant un savoir véritable concernant leur fonction et leurs activités. Dès lors nous pouvons, au regard de ces

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informations, affirmer que les CS souffrent d'un manque de présence et de notoriété. Nous sommes donc en droit de nous questionner par rapport à leur influence véritable sur la fréquentation des centres de soins périphériques et de manière générale sur les parcours thérapeutiques des malades au sein de leur aire sanitaire respective. « Ceux qui viennent au centre de santé, savent qu'il y a une Commission Santé ici, mais ceux qui ne viennent pas ici ne savent pas » [Membre de la CS de Yembour, Tandjouaré], autant prêcher un convaincu.

Mais des villageois de l'aire sanitaire de Korbongou, Tône, infirment cette position, en précisant qu'ils fréquentent l'USP mais n'ont jamais entendu parler de la CS, après une brève explication, ils déclarent ceci :

« C'est très bon même, mais on n'a jamais vu d'activités sur la santé dans notre village. (É) Il n'y a pas d'ASC et comité ici, il faut aller à Tantoga. (É) Il faut que ces groupements viennent dans notre village pour nous sensibiliser parce que les gens sont encore ignorants, les gens ne savent pas qu'il faut se soigner au centre. Nous on va au centre mais tout le monde ne va pas » [Villageois de l'aire sanitaire de Korbongou, Tône].

Lorsque les villageois ont pris connaissance de l'existence de ces groupements, ces deniers semblent suffisamment acceptés et respectés. Même si les populations « représentées » ne paraissent pas forcément concernées ou ne s'attardent pas sur leur message, elles soutiennent leurs initiatives, jusqu'à prendre part à leurs activités. De façon générale, les personnes présentes lors des séances de sensibilisation sont attentives aux messages véhiculés. Ce qui ressort parfois, c'est l'indignation et l'incompréhension des villageois à l'égard des dirigeants et du gouvernement face à la stagnation ambiante. Mais cet état de fait ne semble pas véritablement influer sur les relations entre les villageois et les membres de CS, car ces derniers répondent que les problèmes rencontrés ne relèvent pas de leurs compétences, qu'ils sont simplement des intermédiaires entre les prestataires des USP et les populations villageoises.

Lors d'une séance au sein d'un village, le chef se permet de donner quelques consignes aux villageois, il introduit les CS et stipule :

« Qu'ils sont là pour écouter vos frères, s'y il a quelque chose, ils peuvent poser des questions mais surtout pas de violence. Celui qui sait qu'il est venu pour écouter le message que les frères ont envoyé, il n'a qu'à écouter dans la tranquillité et dans la paix. Celui qui sait qu'il est venu, ha, pour le tapage, il peut repartir. [É] Mais en ce moment on a jamais eu de ces cas-là » [Président de la CS de Bogou, Tandjouaré].

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Par ailleurs, suivant 3ASC, les CS « analysent, collaborent et trouvent des approches de solutions aux différents problèmes rencontrés »159 dans le but d'améliorer la « qualité des soins au niveau de l'aire sanitaire », que ce soit au niveau des infrastructures sanitaires, de l'assainissement du milieu ou de la fréquentation de ces centres en question. Mais dans de nombreux cas, devant la grandeur des tâches à entreprendre, qui nécessitent des fonds pour la réalisation de travaux de grande envergure, les CS doivent se résoudre à la rédaction de plaidoyers. Bien évidemment, la sollicitation de contributions financières de la part de protagonistes du secteur public peut prendre un temps considérable, laissant en suspens la situation pendant un temps incertain. À titre d'exemple, nous pouvons mentionner la construction ou la réparation de forages, de latrines, de logements pour le personnel, de laboratoires, d'incinérateurs pour les ordures, de salles de repos pour les accouchées, d'espaces distincts destinés à la maternité, de panneaux solaires, d'électrification de l'USP, d'apatams160, de réfrigérateurs, de toitures, de moyens de déplacements, etc.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus