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Télévision haà¯tienne par cà¢ble et couleur locale ( la télé Haà¯ti )

( Télécharger le fichier original )
par Joêl Lorquet
Université d'état d'Haà¯ti faculté des sciences humaines - Licence en sciences de la communication collective et du journalisme 1999
  

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A- LE CINEMA DE L'INTERIEUR

Pendant la dictature des Duvalier, la production d'images en mouvement a été d'une extrême pauvreté à l'intérieur du pays. Vu les contraintes technologiques et financières de la production cinématographique, il n'est pas étonnant que dans un pays où tous les indicateurs socio-économiques marchent à rebours, que les cinéastes, à de rares exceptions près, n'arrivaient pas à réaliser des films.

C'est ainsi que se produisent en tout et pour tout, pendant les 28 ans de la dictature des Duvalier, seulement trois films:

- 1976: «Map Pale nèt»

Moyen métrage. Version créole de la pièce de Jean Cocteau, «Le bel indifférent», adapté par Rassoul Labuchin. Court métrage de 25 minutes produit par Kumbit Film, réalisé par Raphael Stines. 25 mm. Couleurs. Ce film réalisé de concert avec des cinéastes américains et qui a été projeté sur les écrans du Ciné Triomphe, constitue en fait le premier film haïtien tourné sur pellicule.

- 1977: «Olivia»

Long métrage réalisé par Bob Lemoine. Celui-ci tente la réalisation d'un autre film mais qui n'est jamais exhibé. Cinéclairimage. Premier Long métrage haïtien de fiction.

Echec au silence de Bob Lemoine

- 1980: «Anita»

Réalisé par Rassoul Labuchin (Yves Médard). « Anita» a connu un grand sucès à l'époque grâce à la diffusion qu'en a fait le Ciné-club Point de vue créé à la même époque qui malheureusement ne dura pas longtemps. Tous ces films on été tournés en 16 mm. Moyen métrage. Fiction.

Malheureusement 12 ans après la chute de la dictature des Duvalier, la production n'a pas été plus abondante; loin de là. Pas un seul film n'a été réalisé depuis lors à l'intérieur du pays à moins que l'on abolisse la distinction entre film sur support pellicule et vidéo. En effet il y a eu plusieurs réalisations vidéo sur lesquelles nous reviendrons.

B- LE CINEMA DE LA DIASPORA. UN CINEMA MILITANT DANS LA MAJORITE DES FILMS.

C'est dans la diaspora qu'apparaît avec vigueur un cinéma de dénonciation et de lutte contre la dictature. Arnold Antonin fut de ceux-là ayant réalisé plusieurs films documentaires sur Haïti en diaspora; il est le plus prolifique dans ce genre de cinéma.

- 1973: "Les Duvalier sur le banc des accusés"

Court métrage de 25 minutes, 16 mm., noir et blanc). Réalisé par Arnold Antonin. Documentaire.

- 1974: "Haïti le chemin de la liberté".

Long métrage de 120 minutes, 16 mm., noir et blanc). Le film haïtien par antonomasependant longtemps dans les milieux du cinéma alternatif d'art et d'essai au niveau international. Réalisé par Arnold Antonin. Produit par l'Organisation Révolutionnaire 18 mai. Documentaire.

- 1975: "Les Duvalier condamnés".

Moyen métrage, 40 minutes, 16 mm., noir et blanc). Réalisé par Arnold Antonin. Documentaire.

- 1975: "Art naïf et répression en Haïti".

Moyen métrage, 40 minutes, 16 mm., couleurs). Réalisé par Arnold Antonin pour la télévision italienne. Couleurs. Documentaire.

- 1975: "Haïti enchaînée".

Moyen métrage réalisé par Benjamin Dupuy. Documentaire.

- 1978: "Où vas-tu Haïti?"

Court métrage réalisé par Lucien Bonnet. 15 minutes. Documentaire.

- 1980: "Un tonton macoute peut-il être un poète"?

Moyen métrage, (40 minutes, 16 mm., couleurs). Prix du meilleur court métrage au Vénézuéla attribué par la mairie de Caracas. Réalisé par Arnold Antonin.

- 1980: "L'ennemi"

Fiction réalisée par David Camille Duchatelier.

- 1981: "Le droit à la parole"

Moyen métrage, (20 minutes, 16 mm., couleurs). Réalisé par Arnold Antonin.

- 1981: "Un monologue Nord-Sud"

Moyen métrage réalisé par J. Godbout et F. Sauvageau. Production Office national du Film du Canada. 16 mm. Couleurs. Documentaire.

Il faut également signaler le documentaire intitulé:

- "Canne amère", (1983, Long métrage réalisé par Paul Arcelin. 75 minutes, 16 mm., couleurs).

Ces films gagnent de nombreux prix et sont projetés dans de nombreux festivals internationaux. C'est à la chute des Duvalier qu'apparaît un nouveau cinéma militant; celui-ci n'est plus fait de documentaires mais aussi de films de fiction: C'est celui de Raoul Peck qui a réalisé entre autres:

- 1989: "Haitian Corner"

New York, (102 minutes, 16 mm., couleurs, fiction).

- "Lumumba ou la mort du prophète"

- 1992: "L'Homme sur les quais",

Sélectionné officiellement au Festival de Cannes de 1993. (1992, 105 minutes, 35 mm., couleurs, fiction).

- 1994: "Desounen",

(52 minutes, 16 mm., couleurs).

"Dès sa sortie en France, ce film haïtien qui décrit l'ambiance obscure du régime de François Duvalier à travers les souvenirs d'une petite fille de neuf ans, Sarah, a remporté un succès certain: plus de 40.000 entrées alors que la moyenne pour les films français à la même période (sauf "Germinal" et les "Visiteurs") se situe entre 10.000 et 20.000 entrées". 35(*)

- 1994: «Haïti le silence des chiens»,

(52 minutes, 16 mm., couleurs).

- 1997: "Chère Catherine"

Produit par Velvet et JBA productions à Paris dans le cadre de la dokumentaX, le plus grand événement culturel d'art contemporain qui a lieu chaque 5 ans à Kassel en Allemagne. Aidé de Richard Sénécal et de collègues allemands et français, les images ont été tournées en Haïti et en Allemagne illustrant le thème fétiche du cinéaste «L'ici et l'ailleurs». (20 minutes)

«Chère Catherine» est une lettre-vidéo adressée au commissaire de l'exposition, madame Catherine David, qui avait invité en 1995, six cinéastes internationaux dont M. Peck pour prendre part à cette édition de la DukumentaX. Dans ce document, l'auteur explique son absence et le fait, vu ses fonctions de ministre, de n'avoir pas pu réaliser le film promis.

Ce film évoque également l'histoire du retour de M. Peck en Haïti et de l'urgence de travailler pour son pays ravagé par des dictatures successives. M. Raoul Peck a occupé le porte-feuille de Ministre de la Culture de février 1995 à septembre 1997.

Ce film a reçu le «Prix Sony Spécial Vidéo»du 50ème Festival de Locarno en Suisse (6-16 août 1997), pour «son langage audiovisuel affirmé qui commnique des sentiments profonds, tant intérieurs que de réflexion politique. 36(*)

- 1998: "Rezistans"

Produit par Crowing Rooster Arts, ce film retrace l'histoire du peuple haïtien qui, en dépit des difficultés rencontrés, a pu braver les militaires et organiser la résistance en vue du retour à l'ordre démocratique. Documentaire

D'autres films méritent également d'être mentionnés:

- 1982: "Ayisyen Leve Kanpe"

Court métrage réalisé par Haïti Film. Couleurs. Documentaire.

- 1982: "Entre Dieu et le président"

- 1982: "Les lois de l'Hospitalité"

- 1983: "Nou Tout se Refijye"

(1983, Court métrage réalisé par Willy Exumé).

- "Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer?"

Réalisé par des Cinéastes canadiens. Une adaptation du roman du même titre de Dany Laferrière paru en 1985).

Tourné à Montréal pour le cinéma, ce film qui fit également l'objet d'un roman best-seller, a connu un immense succès au Canada. Il a été traduit en anglais pour le public américain quelques mois après sa sortie.

- 1990: «Se mèt kò»

(1990, Court métrage, 16 mm., couleurs, réalisé par Patricia Benoit).

Un cinéaste haïtien, Roland Paret, résidant au Canada, a réalisé lui aussi de nombreux courts métrages documentaires et de fiction sur des sujets divers. La plupart de ces films sont réalisés par des auteurs d'origine ou de nationalité haïtiennes mais sont souvent tournés avec des équipes et des financements étrangers.

- 1998: "Jamais de la Vie"

Réalisé par Roger Bois Noreval et Perpétue Tolifirt. Film dont l'histoire retrace la vie sociale de la communauté Haïtienne au Canada. Sorti à Montréal en juin 1998.

1998: "Romancero"

Réalisé par Elsie Haas d'après le roman de Jacques Roumain intitulé «Gouverneur de la Rosée». Ce film documentaire tourné par le caméraman Robert Hellié en août et septembre 1998 avec l'acteur-danseur Henst Duplan devait être présenté au public haïtien au début de l'année suivante.

- VIDEO ET CINEMA

La création et la production d'images dans les conditions sociales et économiques d'Haïti semblent pouvoir trouver une issue dans les médias légers et en particulier dans la vidéo. En effet, de nombreux producteurs indépendants, à côté de la télévision, qui continue à produire très peu, réalisent des tournages en vidéo, de films de fiction ou des documentaires en un nombre qui dépasse nettement la production cinématographique proprement dite.

Arnold Antonin lui-même, depuis son retour d'exil en 1986, n'a réalisé que des vidéos institutionnelles ou éducatives, exception faite d'une oeuvre sur Port-au-Prince intitulée «La 3ème guerre mondiale a déjà eu lieu» (1996).

De nombreux vidéastes travaillent sur le terrain soient comme producteurs, soit comme caméramen, soient comme monteurs. Quelques-uns travaillent aussi comme réalisateurs. il faudrait citer parmi eux des noms comme: Mario Delatour, Jean Fabius, Claude Mancuso, Jean-Pierre Grasset, Richard Sénécal, Rachel Magloire, Patrick Barthélémy, etc.

Un brin d'espérance a germé avec l'arrivée dans l'arène de jeunes réalisateurs aux idées captivantes qui ont choisi de faire du cinéma non seulement un moment de divertissement mais encore une discipline où l'on peut puiser pour rectifier, pour corriger et pour enseigner quand il le faut. Raynald Delerme et Jean Gardy Bien-Aimé, ont produit et réalisé plusieurs longs métrages de fiction vidéo qui ont été projetés dans les salles de cinéma de Port-au-Prince et des principaux chefs-lieu de province avec un succès étonnant. Parmi ces films-vidéo réalisés par Raynald Delerme on peut citer:

- 1986: "Founérailles",

(Réalisé d'après un scénario de Théodore Beaubrun et avec Théodore Beaubrun «Languichatte». PVS/ Policarpe Vidéo Studio).

- 1988: «Les gens de bien».

(Réalisé d'après un scénario de Jean-Gardy Bien-Aimé avec la participation de la Compagnie cinématographique des jeunes acteurs haïtiens (CCJAH). Réalisé sur vidéo Umatic. (1h 40 min).

- 1990: "SHERICO S.A. No. 1".

Une histoire qui met en exergue l'ingérence d'une mère dans la vie sentimentale de sa progéniture.

- 1991: «L'enquête se poursuit».

(Une co-production avec Jean-Gardy Bien-Aimé). Réalisé sur Super VHS. (1h 45 min).

- 1996: "SHERICO S.A. No. 2".

- 1997: "Infidélité".

- 1998: "La femme de mon ami",

Réalisé par Raynald Delerme. Filmé en format vidéo. PVS/ Policarpe Vidéo Studio. La grande première de ce film a eu lieu le 13 septembre 1998 au Rex Théâtre.

Jean Gardy Bien-Aimé de son côté a réalisé:

- 1993: "Le Cap à la une", (Arc-en-Ciel Video Production). Réalisé sur Hi 8. (1h 50 min).

- 1997: "Cicatrices",

(Compagnie cinématographique des jeunes acteurs haïtiens (CCJAH; Arc-en-Ciel Vidéo Production). Une histoire qui raconte l'oppposition d'un fils dans la vie amoureuse de sa mère et menace de tout abandonner si cette dernière ne laisse pas tomber son amant. Réalisé sur Hi 8. (2h 1 min).

- 1999: "Le père de mon fils",

Réalisé sur Beta Cam SP. (1h 50 min).

Frédéric Surpris a réalisé:

- «Les gens d'ici»

- 1998: «Chérie, je t'aime»

Une passion emportée et qui finit par engendrer une action mortelle. Une histoire d'amour, de haine, de vengeance et de magie d'Haïtiens de la diaspora de Montréal.

On peut citer également un film-vidéo réalisé par Raphael Stines «La descente aux enfers» avec un acteur de la farce populaire «Jessifra». Ce comédien connaît un énorme succès auprès du public pour son imitation de l'accent jugé pittoresque des habitants du nord du pays. Raphaël Stines est également le réalisateur d'un feuilleton télévisé intitulé «Pè Toma».

Dans ce domaine, on ne saurait ne pas mentionner également les réalisations de Raynald Delerme lui-même avec le fameux acteur de théâtre haïtien «Languichatte» (Théodore Beaubrun, décédé en juillet 1998), dans leur feuilleton très populaire dénommé «Languichatte au 20ème siècle». Les feuilletons de Frédéric Surpris ont joui également des faveurs du public populaire.

Voici la suite de la chronologie des productions cinématographiques haïtiennes:

- 1981: "L'assassin"

Moyen métrage réalisé par Patrick Barthélemy. (Un film d'épouvante qui retrace l'effet de la réincarnation du Baron de la croix dans un corps jeune afin de se venger). Tourné aux Gonaives, Haïti. 2 m./ 2 heures.

- 1988: "Ala mizè pou Rodrig"

Réalisé par Claude Mancuso, (filmé en 16 mm et doublé en 35mm)

- «La descente aux enfers»

Réalisé par Raphael Stines, (film-vidéo)

- 1990: "Le miroir qui tue"

Réalisé par Patrick Barthélemy. (Un film d'horreur. Interprété par Claudel Louis; Amona Pierre et Mario Moretta. Une histoire sanglante qui dépasse le réalisme butté par l'ambition d'un couple amoureux après avoir déterré la malle maudite. Christine Angelucci et Kelly Kener mènent un combat sans merci entre le corps et l'âme jusqu'à ce qu'en définitive le bien triomphe.

- 1990: "Kraze Lanfè"

Long métrage, (102 minutes, tourné en format vidéo, couleurs). Réalisé par Raphael Stines.

- 1995: "Pouki se mwen"

Réalisation, rédaction et mise en scène du Dr. Réginald Lubin. Ce film qui est destiné à sensibiliser le public haïtien sur les effets devastateurs du SIDA, a été financé par l'AIDSCAP, le C.D.S. et l'O.M.S. (Filmé pour la télévision; 60 mm; couleurs)

- 1996: "Caroline"

Réalisé par Patrick Barthélemy. (Ce film raconte l'histoire d'une jeune fille de 16 ans, frivole en amour. Carole devient folle pour un jeune homme de 17 ans, Papito, issu d'une famille très modeste. Le père de la fille préfère un riche en lieu et place à l'amant choisi par Caroline.)

Tourné dans la région de Kenscoff. Haïti. (1h 20 min).

- 1997: "Affaires Internes"

Réalisé par Guy J. Elie d'après un scénario de Jean Mozard Etienne. Ce film n'a pas vraiment fait grand échos à Port-au-Prince à sa sortie.

- 1998: "Au coeur du danger"

Long métrage réalisé par Wilek Film; production: Eclosion/ Luc Jio Elivert; scénario et mise en scène de Mora Junior Etienne. Couleurs. Les auteurs ont consenti beaucoup d'efforts en vue de réaliser leur projet. Ce film d'action avec un mélange d'aventure et d'amour a attiré la grande foule lors de sa projection au Rex Théâtre à Port-au-Prince du 22 mai jusqu'au mois d'août 1998.

......... 1998: "Lavi Ayisyen nan Nouyòk"

(Long métrage réalisé par Willy Exumé (Wilek Film).

1998: "Demen rekòt la va bèl"

(Long métrage réalisé par Willy Exumé (Wilek Film) et projecté au Rex Théâtre à Port-au-Prince en juillet 1998.).

- 1998: "Haïti les femmes Oiseaux"

Réalisé par Michèle Lemoine. Film documentaire sur la vie des «Madames Saras» en Haïti. Présenté en juin 1998 au Ciné Impérial. (52 minutes; couleurs).

Plusieurs spécialistes refusent de compter les réalisations de Raynald Delerme, de Patrick Barthélemy, de Jean-Gardy Bien-Aimé et de Guy J. Elie dans la catégorie de films cinématographiques puisque, disent-ils, ils sont exécutés en format vidéo et non en 16 mm.

Comme on peut le constater, la production cinématographique haïtienne est très pauvre. Toutefois, il convient de signaler la performance de Arnold Antonin, le cinéaste haïtien ayant jusqu'à date réalisé le plus grand nombre de films cinématographiques, 6 au total. M. Antonin qui a été membre de plusieurs jury internationaux de films, est scénariste, producteur et réalisateur. Il a également réalisé plusieurs documentaires à caractère éducatif ou informatif.

Il est à noter également que la plupart des films présentés dans la chronologie Sommaire du cinéma en Haïti et sur Haïti ne sont pas disponibles en raison de l'absence d'une cinémathèque haïtienne.

- SUCCES COMMERCIAL OU SUCCES ARTISTIQUE

Le cinéma haïtien, pauvre du point de vue technique et artistique, est très peu compétitif face aux productions étrangères. Des pesanteurs de tout ordre se dressent sur le chemin d'une production de qualité. La création audio-visuelle en Haïti n'est pas de toute évidence à la hauteur de la réputation de la création plastique. D'ailleurs on peut même se poser la question suivante: Haïti, n'est-il pas un pays d'oralité? Qu'y vient alors chercher le cinéma?

L'attitude spontanée est de souligner surtout le manque de qualité des feuilletons et des vidéos réalisés et de les opposer à un cinéma d'art et d'essai qui serait le cinéma documentaire ou de fiction politique et militant de certains créateurs haïtiens. Et si le cinéma haïtien était fondamentalement ces fictions tournées en vidéo dans la veine de la farce populaire ou du vaudeville avec toutes leurs lacunes techniques et esthétiques?

Aujourd'hui, l'hybridation des technologies et la multimédiatisation des produits facilitent la production et empêchent une nette distinction entre cinéma et vidéo. En effet, le genre de productions auquel nous faisions référence auparavant est devenu le plus abondant sinon le seul existant depuis la chute de la maison Duvalier et c'est celui qui attire les foules. Seule la superproduction Titanic (1998) a recueilli plus d'entrées que la vidéo intitulée «Cicatrices» produite localement par Jean Gardy Bien-Aimé et projeté dans les différentes salles de cinéma du pays. Il faudrait éviter le dilemme cinéma éducatif et culturel d'une part et cinéma de divertissement d'autre part, pour se poser la question: quelles sont les productions vraiment représentatives du travail des faiseurs d'images dans ce pays? Est-il possible aujourd'hui de tirer parti des spécificités haïtiennes face aux identités transnationalisées et d'arriver en puisant dans l'imaginaire collectif, en profitant de l'immense «no man's land» qui unit la réalité et la fiction dans notre pays, pour faire un cinéma de qualité où le spectateur haïtien s'y retrouve réellement et avec joie?

N'est-ce pas Julio Garcia Espinoza qui rêvait d'un cinéma imparfait qui ferait de ses propres limitations techniques la force et la raison de sa créativité? En fait, en Haïti, nous courons le risque de faire des pesanteurs matérielles de sévères limites à la créativité et à la recherche esthétique.

- CARACTERISTIQUES DE LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE EN HAITI

Il y a une faible préparation technique et artistique dans les milieux de la production et de la réalisation. La plupart des techniciens et des artistes y compris les acteurs se forment sur le tas. Ils sont obligés de s'attarder à résoudre des problèmes techniques, faute de formation, au lieu de s'occuper des problèmes de création. Le professionalisme est donc quasiment absent. Il n'existe pas de préparation dans l'organisation économique de la production en Haïti. Il n'existe pas encore de législation sur le cinéma dans le pays. L'Etat ne manifeste jusqu'à présent aucun intérêt pour la production cinématographique. Il n'y a pas de cinémathèque ni d'école de cinéma. Aucune subvention n'est prévue à aucun niveau en vue d'appuyer la production d'images. En revanche les réalisateurs sont obligés de payer des espaces pour la diffusion de leurs oeuvres à la Télévision; une télévision d'ailleurs, qui jusqu'à présent, tout comme l'Etat, semble être plus préoccupée à organiser l'oubli que la mémoire. Finalement, la critique et les pratiques cinéphiliques sont pratiquement inexistants; la seule critique se résume à la publicité ou à des articulets commandités dans les journaux à la sortie des produits.

Dans un article consacré au cinéma Haïtien un critique écrivait récemment: «Malgré tout, nous avons beaucoup d'efforts à encourir vu le caractère amateurisme de nos acteurs. Tiens, leur manque de perfectionnement en la matière entrave une bonne réalisation. Aussi, nous faudrait-il une académie des arts, cela aidera à coup sûr aux réalisateurs de forcer leur capacité, d'imaginer des solutions originales et meilleures pour le bonheur de ce noble art.» 37(*)

- LES FILMS ETRANGERS SUR HAITI

La liste serait bien longue si on devait mentionner également les films étrangers, documentaires et de fiction inspirés de la réalité haïtienne sur support pellicule ou vidéo réalisés par des cinéastes, des vidéastes ou des chaînes de télévisions sur Haïti. Méritent peut-être d'être retenus entre autres:

- 1963: Le classique »The Divine Horsemen. The living Gods of Haiti»

Moyen métrage réalisé par la musicologue nord-américaine, Maya Deyren. Documentaire de 45'. 16 mm.

- 1967: «Les Comédiens»

Film réalisé par Peter Glenville (production britannique), d'après le roman de Graham Greene. Fiction qui se déroule dans la ténébreuse Haïti des Duvalier.

- 1974: "Gouverneurs de la rosée".

Adaptation télévisée par le téléaste français Maurice Failevic de l'oeuvre de Jacques Roumain.

- 1974: "Haïti, perle des Antilles"

Court métrage réalisé par Omar d'Hoe. Documentaire.

- 1974: "Via Crucis". Reportage du groupe dominicain Instituto de Cine y Television. Court métrage de fiction.

- 1979: "Black Dawn"

Dessin animé réalisé par Robin et Doreen Crafts. 20 minutes. Couleurs. 16 mm.

- 1982: "Enfant de Milbrook"

Séries de trois documentaires réalisés pour Antenne 2 de la TV française par le réalisateur espagnol Jose Berzosa, texte de l'écrivain haïtien Jean-Claude Charles.

- 1982: "Le chemin de l'exil"

Couleurs. Documentaire sur les Boat People haïtiens réalisé par le Cubain, Bernabe Hernandez, en hommage à "Haïti le chemin de la liberté". (22 minutes).

- 1987 "The serpent and the Rainbow"

Film tourné en mars 1987 en Haïti. Production David Ladd. (On n'a pas eu un large écho de ce film)

- 1986 "Descente aux Enfers"

Film tourné à Port-au-Prince, Jacmel et au Cap-Haïtien avec la participation de Sophie Marceau, Claude Brasseur et d'autres acteurs haïtiens, notamment le Dr. Frantz Large. Il fut projeté en Europe ainsi que sur les écrans des cinés locaux.

A noter que les premières séquences du film intitulé "7ème Prophète" ont été tournés en Haïti (avec Demi Moore, Paul R. Gurion, Directeur exécutif, Teld Field, Producteur, Robert Kort et Carl Shulz, Réalisateurs).

- Les films de l'Institut Cubain de l'Art et de l'Industrie Cinématographique (ICAIC):

- 1964: «Cumbite»

Réalisé par Tomas Gutierrez Alea, d'après l'oeuvre romanesque de Jacques Roumain, "Gouverneurs de la rosée» qui a été mise en scène pour la télévision également une dizaine d'années plus tard par le Français Maurice Failevic. Fiction. Noir et blanc.

- 1974: "Simparele".

Court métrage réalisé par Humberto Solas avec la chanteuse haïtienne Marta Jean-Claude. Fiction.

- 1979: "Entre cielo y la tierra"

Long métrage de fiction de Manuel Octavio Gomez sur la vie des premiers immigrants haïtiens à Cuba. Avec Martha Jean-Claude.

- Les documentaires du Français Jean-Marie Drot, ceux des Américains Jonathan Demme et Rudy Stern, Kareen Kramer, et du Danois Jurgen Leth, des Canadiens Jean Daniel Laffond, Yves Langlois. Tous des cinéastes étrangers qui, à titre de producteur ou de réalisateur, ont senti la nécessité de revenir plus d'une fois sur la réalité haïtienne.

LES TELEVISIONS D'HAITI ET LA DIFFUSION DE LA CULTURE

En 1999, il existe trente-deux stations de télévision et de radio-télévision en Haïti. Cependant exception faite dans les stations de la capitale et quelques rares situées dans certaines grandes villes de province, la culture haïtienne est mal servie pour ne pas dire quasi-inexistante et des films en anglais ou même en espagnol sont parfois diffusés en guise de remplissage de la programmation.

Actuellement on peut dire en donnant des détails qu'il existe:

- 6 stations de Télévision à la capitale plus une radio télévision et 13 en province, soit un total de 19 stations de télévision à travers le pays.

- Un effectif de 13 autres stations de radio-télévision émettent à travers le pays, ce qui donne un grand total de 32 chaînes de communications audio-visuelles en Haïti !

* 35- (Réf. Focus: Haïti sur Seine/ "L'homme sur les quais"/ Haïti en Marche VI VIII No. 17, Page 12)

* 36- (Réf. Le Nouvelliste, Lundi 25 août 1997, No. 35304, pages 1 et 20)

* 37- (Réf. «Brève réflexion sur le cinéma Haïtien», Magazine Le Point Final, No. 28-29, juin-juillet 1998; page 10.)

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery