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L'Eglise catholique et le processus démocratique au Cameroun: une analyse de la participation des archidiocèses de Douala et de Yaoundé

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par Magloire NDONGMO
Université de Douala Cameroun - Master II en sociologie politiique 2013
  

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CHAPITRE 6:

FIDELES CATHOLIQUES ET PARTICIPATION DE L'EGLISE AU PROCESSUS DEMOCRATIQUE CAMEROUNAIS

Ce chapitre vise à faire une analyse des attitudes des fidèles catholiques vis-à-vis des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise. En d'autres termes, il s'agit d'évaluer leur propre participation à l'action de construction de la démocratie camerounaise, telle qu'elle est initiée par leur Eglise.

La consécration d'un chapitre à l'analyse des attitudes politiques des chrétiens catholiques de la base a un double intérêt : la démocratie étant une affaire de la masse et donc des citoyens lambda, il est intéressant de voir comment la masse catholique s'intéresse au processus démocratique, notamment à l'action initiée par leur Eglise en vue de contribuer à sa construction. En plus, la démocratie ne pouvant être consolidée que par une culture politique de la masse, il faut saisir l'attachement de cette masse aux valeurs démocratiques. Deuxièmement, l'Enseignement Social de l'Eglise Catholique stipule que l'action politique incombe aux fidèles laïcs et que l'Eglise doit former ses fidèles de sorte qu'ils puissent s'impliquer dans les affaires politiques de leur pays, afin de les transformer à partir de leurs valeurs catholiques373(*). Il faut donc voir dans cette partie comment ces fidèles laïcs, non seulement se réapproprient de cetEnseignement Social de l'Eglise, mais aussi comment ils se positionnent face aux crises multiformes que connaissent leur pays.

Ainsi, notre analyse sera axée principalement sur des centres d'intérêts aussi variés que : les représentations du champ politique par ces fidèles, leurs réception et perception des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise, leur participation politique en vue des changements démocratiques, la participation des CEV et enfin les enjeux sociopolitiques de la foi catholique.

6.1. LES REPRESENTATIONS DU CHAMP POLITIQUE PAR LES FIDELESCATHOLIQUES DE DOUALA ET DE YAOUNDE

Pour comprendre la réappropriation par les fidèles catholiques des préoccupations sociopolitiques de leur Eglise, il faut partir de leur vision du champ politique, laquelle est très déterminante pour celle-ci.

Dans leurs interactions avec le champ politique, les fidèles catholiques de Doualaet de Yaoundé élaborent une certaine vision du champ politique, qui leur permet de définir leur rapport à la politique.

Une analyse de cette vision nous a permis de mettre en exergue leur vision des différents facteurs du champ politique.

6.1.1. Les représentations de la politique et des Hommes politiques

L'image très répandue selon laquelle la politique serait « une mauvaise chose » est très répandue dans les mentalités des fidèles catholiques. Les résultats de terrain l'attestent fort bien.

Tableau16 : Représentations de la politique chez les catholiques.

Source : Par nos soins.

Selon ce tableau, 48,8% des fidèles catholiques perçoivent la politique comme étant une « mauvaise chose ». Si l'on y ajoute le pourcentage des indécis on obtient 68,4% de fidèles qui ne jugent pas la politique comme étant une bonne chose.

Comment comprendre ces chiffres ? Le contexte politique du pays a donné à ceux-ci l'image que la politique, loin d'être un moyen de construction est celui de la destruction. Les pratiques des hommes politiques engendrent chez ceux-ci des frustrations que traduisent cesreprésentations de la politique.Ces représentations sociales sont donc les fruits conjugués des comportements des hommes politiques et des interprétations de la dictature politique. Le graphique suivant indique justement que l'image que ces fidèles se font des hommes politiques est semblable à celle de la politique. Il a été obtenu à partir des réponses à la question de savoir comment ils jugent l'action des hommes politiques du Cameroun.

Graphique 2 : Jugement sur l'action politique des hommes politiques

Source : Par nos soins.

Sur un total de 120 fidèles de Yaoundé, 58 jugent mal l'action des hommes politiques et 28 personnes la jugent très mal, contre 32 personnes uniquement qui la jugent passable et bonne. Quand à Douala, sur 130 fidèles, 83 jugent mal et très mal l'action des hommes politiques conte 45 qui la jugent passable et bonne. Ce qui traduit le manque de confiance de ces fidèles aux hommes politiques, et de manière plus générale la désaffection politique que ces représentations engendrent.Cette réalité avait d'ailleurs été notée par N. Soffack lorsqu'il affirmait :

« Il y a une méfiance traditionnelle des chrétiens par rapport au politique. C'est la réalité la plus massive actuellement, malgré les évolutions récentes et les multiples encouragements de la hiérarchie. Le non engagement politique du chrétien va donc de l'abstention politique au mépris de la vie politique, en passant par l'inertie. Le jugement que certains chrétiens portent sur la politique est foncièrement négatif : arrivisme, idolâtrie du pouvoir »374(*)

Le tableau qui suit met en exergue cette perte de confiance. A la question de savoir d'où peut venir des changements sociopolitiques au Cameroun, nos enquêtés ont montré qu'ils n'ont aucune confiance aux hommes politiques qui ont échoué leur mission d'organisation de la cité pour un épanouissement collectif.

Tableau17 : jugement sur l'origine des changements politiques suivant la profession.

Source : Par nos soins.

Il ne faut pas voir dans ces autres chiffres375(*) le fait que les fidèles attribuent la responsabilité politique aux citoyens. Ils signifient plutôt qu'ils ne croient pas que des changements puissent venir des hommes politiques, vue le manque de confiance qu'ils placent en eux. C'est pourquoi, indépendamment de leur profession, 213 personnes pensent que les changements ne peuvent venir que d'une action concertée entre citoyen et politicien.

Il faut reconnaitre que l'image très répandue selon laquelle la politique est salle ne viendrait pas seulement de la pratique ni de l'idée qu'on ne peut pas faire de la politique sans se salir les mains. Elle viendrait aussi des constructions mentales de ces fidèles qui veulent bien se détourner du champ politique, et serait l'expression de leur protestationcontre la politique. Il faut reconnaitre également quetout les prédispose dans ce champ à l'apolitisme. L'environnement politique les aide à se construire cette image de l'inutilité de la pratique politique. L'environnement économique les dispose à se détourner du politique pour s'inscrire dans les logiques de survie, dans un contexte où l'Etat s'est démis de ses fonctions ou a pénétré en brousse comme l'avait déjà remarqué J.M. Ela376(*), et où les exigences du quotidien compromettent leur vie. Ils identifient le champ politique comme la source de leurs maux, et s'en détournent pour rechercher d'autres moyens de gestions de cette crise.

6.1.2. Les représentations de la participation politique

Un autre élément de ces représentations concerne l'attitude des fidèles catholiques du système politique général. Examinons ce tableau pour voir ce que ces fidèles pensent du système politique camerounais.

Tableau18 : Jugement des catholiques sur la démocratie camerounaise

Source : Par nos soins.

A la question de savoir comment ils jugent l'état actuel de la démocratie au Cameroun, grand nombre de fidèles (135/250) estime que la démocratie est passable au Cameroun, indépendamment de leurs âges ;tandis qu'une autre proportion de 93 la jugent mal et très mal. Ce qui signifie que seul 22 fidèles sur 250 sont satisfaits du système politique en place.

En effet, si le régime Biya a pris un tournant de libéralisation politique à l'aube des années 90, 20 ans plus tard, il n'a pas conduit à un système politique satisfaisant, qui mobilise l'intérêt des citoyens. Par contre, il constitue aujourd'hui encore un facteur de découragement ou de désintérêt politique, même chez ces fidèles que les motivations religieuses ne disposent pas à la participation.

Tableau 19:Participation politique comme facteur de changement social et politique.

Source : Par nos soins.

Plus de la majorité des fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé estime que la participation citoyenne peut permettre aux citoyens de changer leur pays ; mais 123 fidèles, soit près de la moitié de l'échantillon pensent que cela ne peut se faire que difficilement. Seront-ils donc prêt à s'engager dans une si lourde tâche ? Nous le verrons plus loin.

Ici encore, les résultats de ce tableau nous permettent de constater que l'école n'est pas un facteur d'influence du jugement politique. Du primaire au supérieur, les tendances sont quasiment les mêmes : peu de personne pense que la participationpolitiquene sert à rien, puis le nombre augmente progressivement avec les modalités qui s'en suivent.

6.1.3. La Foi et la participation politique

Les interrelations qu'ils tissent entre la foi et la politiqueconstituent un autre facteur de construction de leur vision du champ politique. Les fidèles catholiques de Douala comme ceux de Yaoundé ont ainsi une vision de l'incompatibilité entre la foi et la politique ;quoi que cette incompatibilité soit relative, ce que vient attester le graphique suivant :

Graphique 3 : Compatibilité foi et politique, selon la fréquence à la messe.

Source : Par nos soins.

Ce graphique donne à voir que les fidèles catholiques, indépendamment de leur fréquence à la messe jugent que la foi et la politique sont incompatibles : soit un effectif de 41 oui contre 24 non pour les « journalière », 72 non contre 65 oui pour les « hebdomadaire », 1 oui contre 8 non pour les « annuelle » et 11 oui contre 28 non les « occasionnelle ». Dans tous les cas, à chaque fois que la question de la compatibilité entre la foi et la politique est posée, la majorité juge toujours que ces deux réalités entretiennent des liens d'incompatibilité.Ce qui permet de comprendre alors que la foi perçue comme quelque chose de « sain » ne saurait aller avec la politique que ceux-ci perçoivent comme « sale », comme nous l'avons vu plus haut.

Dans la même perspective, à la question de savoir si la participation politique est un devoir chrétien, les résultats suivants ont été recueillis du terrain.

Tableau 20 : Jugement sur la participation comme devoir chrétien

Source : Par nos soins.

Cet autre tableau montre au contraire que les avis sur la participation comme devoir chrétien sont presque équitablement repartis. Quoi que le `'non'' l'emporte toujours sur le `'oui'' (128 contre 122). Cette tendance positive s'explique par le travail que font l'Eglise et la société civile pour mobiliser les citoyens en vue d'une éventuelle alternance politique par le biais des élections, bien que le comportement citoyen ne suive toujours pas cette tendance.

Il ne fait plus de doute que les représentations de la chose politique ne sont pas positivement perçues par les fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé. Ce qui permet déjà d'avoir une idée générale de leur manque d'adhésion aux réalités sociopolitiques de l'Eglise. Cependant, il faut reconnaitre que cette réalité est relative. Ce qui atteste de la complexité des questions sociopolitiques au sein de l'Eglise, lesquelles sont loin de faire l'unanimité.

6.2. LA RECEPTION ET LA PERCEPTION DES PREOCCUPATIONS SOCIOPOLITIQUES DE L'EGLISE PAR LES FIDELES CATHOLIQUES DE DOUALA ET DE YAOUNDE

Nous avons vu plus haut au sujet des fondements idéologiques de la participation démocratique de l'Eglise que la doctrine sociale de l'Eglise accorde une place prépondérante aux laïcs à qui « il revient, d'une manière générale, d'éclairer tous les réalités temporelles»377(*). Plus précisément, elle stipule que cette participation de l'Eglise repose en priorité sur ces derniers. Pour comprendre le fait que ces fidèles soient moins impliqués dans ce processus, il faut partir de la diffusion effective de ce discours politique de l'Eglise, avant de voir par la suite qu'au-delà de cette diffusion, les représentations politiques de ceux-ci ne les disposent pas à une réappropriation effective de ces préoccupations sociopolitiques.

6.2.1. La réception de l'enseignement social de l'Eglise par les fidèles catholiques

L'une des faiblesses de l'Eglise à ce niveau est la diffusion de son enseignement social. Au-delà de son discours idéologique de l'implication de ses fidèles, des mesures efficaces ne sont pas prises à cet effet.

L'organisation des ateliers et conférences sur les problèmes de la sociétéest un moyen pour l'Eglise d'assurer la socialisation politique de ses fidèles,de les socialiser à sa doctrine sociale, notamment à travers une lecture chrétienne des réalités sociopolitiques à l'intérieur desquelles ils émergent. Or, de nos enquêtes de terrain il ressort non seulement que ces ateliers ne sont pas toujours organisés mais quand elles le sont, les fidèles catholiques en leur grande majorité n'y prennent pas toujours part, comme le stipulent les résultats d'enquêtes suivants :

Tableau 21 : Fidèles catholiques et participationGraphique 4: Fidèles « journalier » et aux conférences sociopolitiques participation aux conférences sociopolitiques

Source : Par nos soins. Source : Par nos soins.

Selon le tableau, plus de la moitié des fidèles avoue n'avoir pas encore pris part à une telle conférence à l'Eglise. Tandis que 29 personnes disent n'avoir pas encore entendus parler de l'organisation de ces conférences. Une autre chose à remarquer c'est que le degré d'attachement à l'Eglise, que traduit la fréquence à la messe n'influe pas sur cette réalité : de ceux qui vont à l'Eglise chaque jour à ceux qui y vont occasionnellement, la réalité est quasi identique. Ce qui traduit déjà que ces conférences n'occupent pas une grande place à l'Eglise.

En nous intéressant de près au cas des plus réguliers à la messe, on voit que c'est la même tendance. Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessus : Seuls 24% de fidèles journaliers reconnaissent y avoir déjà pris part, contre 48% qui ne l'on jamais fait, et 17% qui n'en ont jamais entendus parler.

Compte tenu aussi du fait que l'organisation de ces conférences sociopolitiques n'est pas régulière comme celle des retraites spirituelles, nous pouvons conclure que la diffusion de ses préoccupations sociopolitiques par l'Eglise n'est pas effective.

Lors de nos entretiens sur le terrain, il nous a été indiqué que cette socialisation politique se fait aussi par les médias catholiques. Dans ce sens Augustin Windungde Radio Veritas nous indiquait que la mission de cette radio est la diffusion de la vision catholique de la société, notamment de son enseignement sur l'éthique sociale. Examinons à travers ces tableaux l'intérêt que les fidèles accordent à ces médias catholiques.

Tableau 22 : fréquence d'écoute des médias catholiques.

Source : Par nos soins.

Graphique 5 : fréquence d'écoute des médias catholiques.

Source : Par nos soins.

On peut constater à l'aide de ces tableaux que très peu de chrétiens suivent les médias catholiques qui sont supposés les socialiser aux préoccupations sociopolitiques de l'Eglise. Soit : 8,6% de fidèles les suivent régulièrement, 30,3%, les suivent par occasion 11,4%ne les suivent jamais et49.3% ne les connaissent même pas. En outre, une lecture croisée de ces tableau nous donne à constater que le lien NkengShalom du Service National Justice et Paix qui est la pressecatholique la plus concernée par cette question est le moins lue de tous. Avec 84,4% de fidèles qui affirment ne pas la connaitre et seul 1,2% qui disent la lire régulièrement. Pourtant, il s'agit d'une presse gratuitement distribuée378(*).

Tout ceci nous permet de comprendre que l'invitation de l'Eglise à une implication des fidèles dans la vie politique n'est pas effective, car si l'enseignement social de l'Eglise demande que les fidèles s'engagent dans la vie politique, ce n'est déjà pas la majorité des fidèles qui en est informée.

Comment comprendre que ces fidèles ne sont pas aux courants de ces préoccupations sociopolitiques de l'Eglise ? La réponse réside entre autres dans la structure même de l'Eglise. Le fossé qui sépare la masse des fidèles catholiques de leur élite n'est pas favorable à la diffusion vers le bas d'un discours qui est élaboré depuis le haut. La forte hiérarchisation de l'Eglise Catholique, nous l'avons vu dans les limites de l'action de l'Eglise pour la démocratisation, constitue un frein à cette implication du laïcat. En réalité, cette forte hiérarchisation a pour conséquence directe le fait que les préoccupations de l'institution restent une affaire de l'élite ; et donc, la masse ne peut s'en approprier facilement, car, celles-ci ne sont pas perçues comme les concernant.L'Eglise Catholique, nous le savons, est réputée pour le fossé qu'elle entretien entre ses clercs et la masse de ses fidèles. Par conséquent toute politique de divulgation de son discours est limitée. La seule véritable occasion qui les met en contact c'est la messe ; or cette occasion est consacrée aux préoccupations qui sont d'avantage spirituelles.

Les préoccupations intellectuelles de l'Eglise, notamment les évolutions politico-théologiques du siècle dernier sont méconnues de manière caractérisée par la masse des fidèles catholiques de la base. Portées par une minorité de l'élite catholique, elles n'ont aucun impact sur le vécu de la vie chrétienne qu'elles sont pourtant supposées changer, voire mêmerévolutionner. Par contre, loin de ces questions intellectuelles que Benoit XVI a pourtant tenté aussi de prôner en milieu catholique africain379(*), le quotidien des chrétien est fortement marqué par les préoccupations de fuite du monde, les imaginaires populaires, les questions de sorcellerie, de misère, et un fétichisme exacerbé qui caractérise la mentalité africaine et stimule en milieuecclésial les pratiques des sacrements et de sacramentaux ( eau, sel et huiles bénis, neuvaines et veillés de prière, exorcisme etc.) auxquels semble se réduire finalement la vie chrétienne. Dans cette pérennisation d'un catholicisme folklorique et fétichiste, les agents catholiques de socialisation que sont notamment les clercs ont fini par joué ce même jeu, en répandant un discours qui répond davantage à ces imageries populaires et renforce ce caractère aliénant du vécu catholique.

Cette difficulté de vulgarisation des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise est une réalité propre à toutes les EglisesCatholiques d'Afrique. C. Makiabo avait déjà fait un tel constat en RDC lorsqu'il affirmait :

« Notre exposé a démontré l'important travail d'élaboration des textes fournis par la conférence épiscopale du Zaïre mais ce travail est encore trop peu connu à cause d'un manque de mode de diffusion adaptée aux réalités du pays.[...] A notre avis, le manque de moyen de vulgarisation des déclarations et lettres pastorales des évêques du Zaïre réduit considérablement leur efficacité sur le vécu des communautés chrétiennes. »380(*)

Dans cette même perspective, un colloque organisé à Abidjan en 1993 par l'institut catholique J.Maritain sur « éthique et développement », se concluait par ce constat : « L'enseignement socio pastoral de l'épiscopat africain n'est point connu du grand public »381(*)

Deux raisons de ce manque de réappropriation des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise par les fidèles peuvent être retenues ici : Le manque de détermination du clergé (notamment le bas clergé ou le clergé paroissial) à divulguer l'enseignement social de l'Eglise, etles rationalités qui conduisent ces fidèles catholiques à adhérer à la foi chrétienne.

Pour ce qui est du manque de détermination de l'Eglise à divulguer cet enseignement, notons qu'habituer à parler du « Ciel », les clercs ont de la peine à intégrer dans leurs sermons la « terre » (questions sociales et politiques). Ces sermons sont généralement consacrés aux questions essentiellement spirituelles. Il est donc évident que si les fidèles ne suivent pas les questions sociopolitiques à l'Eglise même, où ils sont le plus au rendez-vous, il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils les suivent ailleurs. Pourquoi ne pas divulguer l'Enseignement Social de l'Eglise à partir dusermon ? Plusieurs clercs nous ont répondu que le sermon n'est pas fait pour cela, et que des structures catholiquescomme les Commissions Justice et Paix doivent s'en charger. Or ces structures ne comptent qu'un nombre très limités de fidèles. C'est du moins ce que nous indique le tableau suivant :

Tableau 23:Répartition des fidèles catholiques selon leur Mouvement d'Action Catholique et la ville

Source : Par nos soins.

Ce tableau indique le manque d'adhésion des fidèles au mouvement à vocation social. Quoique l'on puisse noter que les fidèles de Douala s'y intéressent plus que ceux de Yaoundé. Ce qui s'explique par l'ambiance sociopolitique de cette ville d'opposition. Par contre, il traduit un engouement des fidèles catholiques pour le mouvement à vocation spirituelle. Ce qui donne respectivement un total de 19 fidèles contre 118. Cet engouement pour le mouvement spirituel traduit les raisons d'intégration de ces fidèles auCatholicisme.

Si les fidèles catholiques adhèrent moins aux préoccupations sociopolitiques de l'Eglise, c'est en raison du fait que ce sont les motivations spirituelles qui les conduisent au catholicisme. Ce qui fait qu'une invitation à l'action politique de ceux-ci est moins accueillie qu'une invitation à la pratique spirituelle. Prière, retraite spirituelle, messe,sacrement etc. Le graphique suivant indique l'intérêt des fidèles catholiques pour ces réalités.

Graphique 6: participation aux conférences sociopolitiques et aux conférences spirituelles

Source : Par nos soins.

Ce graphique donne à voir cette prédominance de la socialisation religieuse sur la socialisation sociopolitique au sein de l'Eglise. En effet 64,8% de fidèles catholiques ont pris part plusieurs fois à une retraite spirituelle, ou campagne d'évangélisation, contre 15,2% de fidèles ayant pris part plusieurs fois à une conférence ou un atelier d'ordre sociopolitique organisé à l'Eglise. Aussi, on peut constater que le pourcentage de fidèles catholiques qui n'ont jamais entendu parler d'une conférence organisée par l'Eglise sur les questions sociopolitiques est important ; soit 11,6 % contre 0% pour les questions spirituelles. Ce qui permet davantage de comprendre que les fidèles catholiques ne soient pas socialisés aux préoccupations sociopolitiques de l'Eglise.

Il convient maintenant d'analyser la perception de ces questions sociopolitiques par ces fidèles.

6.2.2. La perception de l'enseignement social de l'Eglise par les fidèles catholiques

Le fait qu'on devient catholique pour rechercher le salut de son âme, à l'abri de toute déception du monde porte les fidèles à n'attendre de leur clerc qu'un discours spirituel. De sorte que lorsqu'un discours leur est adressé comme celui de la doctrine sociale de l'Eglise, ils ne sont pas disposés à le suivre, parfois d'autres le rejettent, sous prétexte que l'Eglise n'a pas à se mêler des questions politiques. Ces scènes vécues lors de nos enquêtesde terrain attestent cela : une chrétienne à qui nous nous présentons pour soumettre notre questionnaire nous crie dessusaprès lecture du thème de recherche : « C'est vous qui avez gâté l'Eglise avec la politique. Il est écrit où dans la bible que l'Eglise doit se mêler de la politique ? Vas avec ta malchance je ne remplis pas »382(*).

Un second cas est celui d'une chrétienne qui nous rapporte le sermon d'un prêtre le 20 Mai 2012 : « il n'a que parlé de la politique pendant l'homélie ; ou que l'intégration nationale est montée, c'est descendue. Il n'a rien dit sur les lectures qu'on a lues. L'Eglise fait maintenant la politique au lieu de suivre les pas du Christ»383(*).

Ces deux scènes traduisent l'attitude de nombreux chrétiens vis-à-vis du discours politique de l'Eglise. Si les prêtres n'en parlent pas toujours, ceux qui en parlent ne sont pas toujours favorablement écoutés.

En effet, après une longue période d'une évangélisation « désincarnée»384(*) qui a consisté à détourner les chrétiens de la terre pour le ciel, l'Eglise a de la peine à arrimer ses fidèles aux évolutions politiques qu'elle a connues le siècle dernier. Ceci, non seulement parce que ceux-ci ont été habitué à attendre autre chose d'elle, mais aussi parce que son discours valorise encore fortement le spirituelle, au détriment du temporel. Dans ce sens, J.M. Ela affirmait :

« Le Dieu qui a été annoncé à l'homme africain dans le contexte précis de la situation coloniale est un Dieu étranger au temps, indifférent aux évènements politiques, sociaux, économiques et culturels. Sans perspective d'engagement inhérente à lapromesse»385(*).

Ainsi, les fidèles catholiques ne perçoivent pas la participation politique comme relevant de leur foi. A la question de savoir si la participation politique est un devoir pour le chrétien, les résultats ont été les suivants :

Tableau 24: Participation politique comme devoir chrétien

Source : Par nos soins.

Il existe donc encore près de la moitié (48,8%) de fidèles qui perçoivent la participation comme n'étant pas une exigence de la vie chrétienne. Ceci malgré l'appel répété des évêques depuis leur lettre pastorale de 1988 sur « l'engagement des laïcs dans la vie de nation » où ils affirmaient notamment : « Si nous ne travaillons pas pour élire des hommes et des femmes capables de porter nos aspirations et surtout d'oeuvrer pour le bien de toute la nation, nous en porterons nous-mêmes la responsabilité »386(*). Ou encore cette affirmation de Jean Paul II sur la vocation et la mission des fidèles laïcs dans l'Eglise et dans le monde :

« les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrativequi a pour but de promouvoir organiquement et par les institutions le bien commun.[...]Tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique ; les accusations d'arrivisme, d'idolâtrie du pouvoir, d'égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi de l'opinion assez répandue que la politique est un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l'absentéisme des chrétiens pour la chose politique»387(*). 

Cette invitation à la participation par l'Eglise n'est cependant pas un élément à lui seul suffisant pour obtenir l'implication des laïcs dans le politique, ou leur changement de mentalité sur la chose politique. Il existe bien d'autres qui doivent accompagner cette invitation, pour qu'on obtienne une adhésion de ces derniers : la culture politique388(*), qui nécessite un minimum de socialisation politique. Le contexte socioéconomique doit les y aider aussi, sans oublier que leur foi doit les prédisposer non pas à la fuite du monde389(*), mais à l'engagement socio politique.

Or, à analyser point par point ces différents facteur de cette réappropriation, nous voyons qu'ils sont tous de nature à défavoriser leur implication plutôt qu'à la stimuler.La priorisation des activités spirituelles sur celles proprement sociopolitiques par les fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé peut être justifiée, nous l'avons dit plus haut, par les raisons même pour lesquelles ils deviennent catholiques. Si les fidèles adhèrent à la foi catholique pour protester contre la prégnance des réalités sociopolitiques asservissantes, il est inadmissible pour eux que l'Eglise les y renvoie encore. Surtout que l'image qu'elle a historiquement donné d'elle-même et qui a stimuler leur intégration est celle de l'offre d'un abri face à l'aliénation des structures asservissantes du monde. Celles que Jean Paul II a qualifiées de « structures de péchéqui entravent le plein épanouissement de ceux qu'elles oppriment de différentes manières »390(*) . La thèse marxiste sur la religion va justement dans ce sens en soutenant que celle-ci est « le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu»391(*).

Même si les fidèles catholiques jugent qu'il existe une exigence de l'action politique de l'Eglise, elle incombe au Haut clergé (les prélats). En tant qu'ils constituent une autorité morale à coter des autorités politiques face à qui elle doit jouer un rôle de contre poids. Comme l'attestent les chiffres de ce tableau.

Tableau 25: Jugement sur l'intervention des évêques en politique selon la tribu.

Source : Par nos soins.

Selon ce tableau, les fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé jugent à grande majorité que l'intervention sociopolitique des évêques fait nécessairement avancer la démocratie (Soit 160/250) ;quoi que les Anglo-Bami y croient le moins (Soit 27/45 pour « ça ne peut rien changer » et 19/45 pour « ça ne les regarde pas »), en raison de l'affiliation de l'institution avec un pouvoir face auquel ils se sont positionnés comme opposant.

Au vu de tout ceci, il convient maintenant d'analyser la participation proprement dite des fidèles catholique comme réponse de ceux-ci à l'appel de l'Eglise et comme participation à l'action catholique de démocratisation du Cameroun.

6.3. LA PARTICIPATION POLITIQUE DES FIDELES CATHOLIQUES DE DOUALA ET DE YAOUNDE

Le champ de la participation politique est immense. Il va du simple intérêt politique du citoyen jusqu'à son engagement partisan dans la lutte pour la conquête du pouvoir. Nous examinons ici, juste quelques aspects de cette participation, pour comprendre l'implication des fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé, au processus de gestion collective de la chose publique que nous nommons ici démocratie.

6.3.1. L'intérêtpolitique chez les fidèles catholiques

L'intérêt politique est le point de départ de la participation car c'est après elle que le citoyen s'engage dans d'autres formes de participation. En vue de rendre compte de l'intérêt que les fidèles catholiques accordent à la politique, nous avons interrogé ceux-ci sur la fréquence avec laquelle ils suivent les informations politiques ou autres émission politiques. Les résultats sont contenus dans le tableau qui suit :

Tableau 26: fréquence de suivi des émissions et informations politiques

Source : Par nos soins.

Les chiffres que nous livrent ces tableaux doivent êtreanalysés dans le contexte politique à l'intérieur duquel a été menéenotre enquête de terrain,à savoir que nous l'avons faite à la veille des sénatoriales camerounaise, et que toute l'opinion nationale était rivée vers cette nouvelle donne de la politique camerounaise. C'est ce que traduit le nombre important de fidèles catholiques qui suit régulièrement des informations ou émissions politiques, soit 96/250 individus. Cependant notons que l'intérêt politique malgré cela est toujours faible. Si plus de la moitié de ces fidèles (soit 137/250) suivent occasionnellement l'actualité politique, c'est-à -dire probablement sans intérêt particulier, cela traduit toujours un apolitisme avéré de la couche socio-catholique. Sans oublier que le pourcentage de ceux qui ne la suivent jamais est énorme, à savoir 17/25 fidèles, soit 68%. Cet apolitisme doit être compris à partir du manque de confiance placé aux hommes politiques et de la désaffection politique que nous avons abordé dans le cadre de la représentation catholique du champ politique.

Une lecture croisée de cette variable avec le niveau d'étude donne à constater que le niveau d'instruction n'influence pas fondamentalement l'intérêt politique du fidèle catholique. Plus le niveau d'instruction augmente, le rapport à la politique reste standard. Ce qui traduit les réalités d'une société ou les instruits et les non instruits font face au même sort qui les maintient dans l'apolitisme.

6.3.2. Les inscriptions sur les listes électorales

Il existe une véritable interpellation des citoyens camerounais pour les inscriptions sur les listes électorales. Les partis politiques, les OSC et surtout les évêques catholiques, tous se mobilisent pour encourager les citoyens à s'inscrire sur les listes électorales. Nous nous sommes intéressés à la réaction des fidèles catholiques à cette vive interpellation.

Tableau 27: Inscription sur les listes électorales, suivant la fréquence à la messe

Source : Par nos soins.

On peut justement comprendre que la majorité des fidèles catholiques (soit 155/250) se soit déjà inscrite sur les listes électorales, notamment les listes biométriques dont les inscriptions ont été récemment initiées par ELECAM. Ceci parce qu'il ya progressivement une prise de conscience du devoir civique au Cameroun ;quoi que ce devoir civiquese limite à la participation électorale que mobilisent les candidats en vue d'instrumentaliser l'électorat aux fins politiques égoïstes. Cependant, le pourcentage de ceux qui ne se sont jamais inscrit reste considérable. 26/250, (soit 10.4%) reste considérable et traduit la résistance citoyenne à cette invitation des élites sociale et politique du Cameroun. Une résistance qu'A. Lancelot a analysé dans le cadre de la participation politique en contexte africain en termes de « modes de résistances culturelles à la participation politique» 392(*)et qui traduit ici le manque de culture politique des fidèles catholiques.

En outre, il faut reconnaitre une fois de plus ici que malgré les interpellations des évêques à la participation, la religion ne stimule pas les inscriptions sur les électorales. Le tableau ci-dessus montre en effet que du plus régulier à l'Eglise au plus irrégulier, le rapport aux inscriptions sur les listes électorales reste quasiment le même.

6.3.3. Le vote des fidèles catholiques

En distinguant dans cette analyse du vote catholique l'intensité de son orientation comme le font la quasi-totalité des études de sociologie électorale393(*), nous nous limitons ici à son intensité, que nous analysons à partir des données de ce tableau :

Tableau 28: Participation des fidèles catholiques aux échéances électorales de 2002 à 2011

Source : Par nos soins.

On peut constater que les fidèles catholiques ont une faible participation électorale. Le taux moyen de participation à toutes les échéances ici concernées est en effet de 18,3% contre 81,7% d'abstention électorale. Tandis que le pourcentage de fidèles qui n'ont jamais participé à une échéance électorale est de 53,6%,preuve d'une abstention avérée. Cette abstention généralisée peut être expliquée par la même désaffection politique qui caractérise nos enquêtés. En effet, si les fidèles catholiques ne perçoivent pas l'intérêt de leur vote, ils n'ont aucune motivation à aller voter. On peut donc parler dans ce cas de « l'auto exclusion » de ces derniers, qui font face aux manipulations politiciennes du vote. C'est dans cette perspective que, analysant l'abstention politique des français,J. Lecal'explique parl'auto exclusion qui « peut être due àun sentiment de scepticisme méfiant envers un système corrompu »394(*). Par leur abstention, ces fidèles se soustraient de l'aliénation et des manipulations du système électoral. C'est dans ce sens que J. Leca affirmait que « les règles d'un système politique ne sont pas négligeables dans l'étude de la participation car elles affectent l'intensité et la signification de la participation »395(*).

En outre, cette attitude peut être saisie comme réaction à une exigence de la participation envisagée comme « un schème culturel imposé d'en haut et du centre, dans un mouvement d'intégration des comportements périphériques»396(*) ; c'est-à-dire qui ne relève pas des préoccupations concrètes de ces fidèles. Par conséquent, n'étant pas déjà à l'abri du besoin primaire, ceux-ci s'inscrivent plutôt dans des logiques de survie.Il faut dans ce cas moins s'attendre d'eux qu'ils s'intéressent aux questions sociopolitiques tandis qu'ils ont faim. C'est tout ce qui va dans le sens de cette survie qui a pour eux un intérêt. Même leur adhésion à la foi chrétienne répond à cette même logique de survie, une double survie qui est à la fois temporelle et éternelle. Temporelle, l'Eglise les aidera à protester contre la misère de la société, à y donner un sens et à aspirer à un ordre autre que cet ordre temporel. K. Marx va dans ce sens en disant : « La religion est la théorie générale de ce monde, [....] sa raison générale de consolation et de justification. C'est la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine n'a pas de réalité véritable»397(*). Eternelle, l'Eglise leur offrira un ciel où ils seront pour l'éternité dans le bonheur, à l'abri de la misère de ce monde.

Revenant aux référentielsreligieux, on se rend compte qu'ils n'influent pas beaucoup la participation électorale des fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé. C'est du moins ce qu'attestent les chiffrescontenus dans ce tableau.

Tableau 29: Participation des fidèles catholiques à l'élection 2011 et fréquence à la messe

Source : Par nos soins.

Ce tableau montre que les fidèles catholiques se sont abstenus de la participation électorale du 09 Octobre 2011 plus qu'ils n'y ont participé ;ceci, indépendamment de leur degré d'intégration religieuse que traduit ici la fréquence à la messe. Des fidèles les plus réguliers (fréquence `' journalier'') aux plus irréguliers (fréquence `' occasionnelle''), l'écart entre le nombre de participants et celui des abstenus est presque le même.Ce qui s'explique par le fait que l'Eglise au Cameroun n'a pas encore assuré une forte socialisation religieuse de sorte que le comportement politique de ses fidèles en dépende.Contrairement au constat fait en France selon lequel « l'intégration maximum au groupe catholique [...], à une structure symbolique qui unit étroitement la représentation du divin, notion du salut, prescription éthique et conception sociopolitique, se traduisent par un vote massivement orienté à droite »398(*), le vote catholique camerounais est le même (en intensité) malgré la variation du degré d'intégration religieuse.

Ce vote catholique s'inscrit ici dans le vaste mouvement d'indifférence qui caractérise la société et dont la raison est à rechercher dans les conditions historiques et sociopolitiques, qui font de la politique une réalité importée et sans ancrage socioculturel, et des politiciens des égoïstes à la quête d'un électorat pour parvenir à leurs intérêts égoïstes.

6.3.4. Les fidèles catholiques et l'engagement partisan

L'engagement partisan s'inscrit dans la même logique d'abstention ; mais avec un taux d'abstention plus prononcé comme nous pouvons le constater dans le tableau qui suit.

Tableau 30:Participation électorale des fidèles catholiques suivant le regroupement tribal

Source : Par nos soins.

Si le taux d'engagement partisan est le plus faible de toutes les formes de participation ci-dessus analysées, c'est justement parce qu'il s'agit-là d'une forme de participation plus exigeante. Inscrite dans une longue durée, elle nécessite une motivation plus grande. Or, sinos fidèles catholiques ici concernés ne peuvent pas déjà aller voter, il faut moins attendre d'eux qu'ils aient un engagement partisan important.

6.4. La participation des Communautés Ecclésiales Vivantes

Nous nous sommes intéressés aussi aux CEV, pour comprendre comment ces communautés de la base portent et vivent en leur sein les préoccupations sociopolitiques de leur milieu.

L'intérêtque nous portons ici sur ces CEV vient de ce qu'elles ont été créés par l'Eglise pour permettre aux chrétiens de la base de s'organiser en communauté de quartier afin de mieux se connaitre et de mieux transformerleur milieu de vie à partir de l'Evangile. Les CEV sont nées dans un contexte sociopolitique très tendu ;celui de l'Amérique latine où les tenants de la théologie de la libération entendaient impliquer au maximum les chrétiens au processus de transformation par l'Evangile de leur condition de vie. Si le Vatican a combattu de toutes ses forces ce mouvement théologico-politique, il a du moins récupéré cette forme d'organisation ecclésiale qui selon lui semble plus favorable à l'instauration de l'Eglise communautaire qu'a préconisée le concile Vatican II : une Eglise de structure communautaire qui permettra de résoudre le problème du fossé qui sépare les clercs des fidèles, et favorisera l'implication de ces derniers dans la mission de l'Eglise. Si l'expérience des CEV a été bénéfique en Amérique latine pour reprendre les préoccupations sociopolitiques de la théologie de la libération, qu'en est-il du cas camerounais ?

A tous les membres délégués et responsables des CEV que nous avons enquêtés et dont la liste des noms figure dans les annexes, nous avons posé la question de savoir ce qu'ils font lors de leur séance de CEV, les réponses ont été presque similaires :

Ø Un chant d'ouverture,

Ø La prière,

Ø La lecture de l'Evangile du dimanche précédent ou de l'Evangile du jour399(*),

Ø Le partage sur l'Evangile (chacun dit ce qu'il a compris du texte lu, ou ce qu'en a dit le prêtre le dimanche précédent),

Ø Une petite quête400(*) pour les cas d'urgence,

Ø Les nouvelles des paroisses ou des membres de la CEV.

A l'analyse de cet ordre du jour des séances des CEV, il s'est avéré que les CEV ne consacrent pas du temps aux questions proprement sociopolitiques qui touchent pourtant fondamentalement leur vie de quartier ;ou du moins ils ne le font pas directement. Cependant notons le cas de la CEV Ste Véronique qui, avons-nous constaté s'est intéressé déjà quelques fois aux problèmes sociaux de leur quartier ;comme l'attestent ces propos de Odette Kengne :

« Nous avons saisi une fois le chef de quartier à cause d'un voisin qui laissait ses toilettes couler en route et le problème a été résolu...Nous nous préparons aussi à acheter du matériel pour réparer les parties de laroute qui sont trop gâtées»401(*).

Outre cela, nous avons constaté dans la vie des CEV un intérêt pour les personnes malades, et les familles endeuillées à qui celles-ci apportent souvent du réconfort. Ce qui s'inscrit dans la tradition caritative de l'Eglise Catholique. Plus précisément, les CEV peuvent être saisies dans ce cas comme des machines de reproduction de l'action caritative de l'Eglise, à l'intérieur desquels les membres s'initient à la charité chrétienne. Il devient dès lors plus compréhensibleque, conformémentà l'approche de l'Eglise concernant les défavorisés de la société ces CEV s'intéressent à la charité vis-à-vis de ceux-ci plutôt qu'à l'action politique dont le but est de convertir les structures qui produisent la marginalisation dans la société. Ainsi, dans leur socialisation religieuse, les membres des CEV mettent plus d'accent sur l'aide qu'il faut apporter aux défavorisés plutôt qu'à l'action sociopolitique pour l'instauration de la justice.

Il convient de retenir des CEV de Douala comme de Yaoundé que loin d'être des centres ou des foyers de réappropriation des préoccupations sociopolitiques de l'Eglise comme ce fut le cas en Amérique latine, elles sont des mouvements comme les autres, consacrés à la reproduction du discours spirituel de l'Eglise. Discours qui, dans sa vulgarisation néglige la dimension sociopolitique qui stimulerait le sens de participation de ces CEV.Comment rendre compte d'une telle faiblesse de l'action politique dans les CEV ? 

Dans son ouvrage sur le rôle de l'Eglise dans les mutations sociopolitiques en RDC, C.Makiaboécrivait au sujet de l'engagement socio politique de la base: « tous ces groupes et associations constitués de l'ensemble du laïcat sont à la base de la contestation grandissante de l'ordre politique établit par Mobutu depuis la radicalisation de son pouvoir en 1972»402(*).

Il faut avouer que les CEV au Cameroun sont encore loin de refléterun tel engagement ;leur action n'ayant pas encore atteint une ampleur qui leur permette de stimuler un véritable engagement des populations pour des changements démocratiques.A observer la réalité des communautés chrétiennes de la base à Douala et à Yaoundé, on se rend compte que leur vécu est loin de se mêler des questionsproprement politiques, sinonelle se limite à leur protestation à travers un abandon sans réserve au spirituel ou encoreun apolitisme très prononcé.

Comment comprendre ce vécu des communautés de base catholique au Cameroun ?Le contexte politique du Cameroun est plus à même d'en rendre compte.

Il faut avouer que dans leur pastorale sociale, ce ne sont pas tous les prêtres qui promeuvent les CEV. Par conséquent, non seulement celles-ci n'existent pas dans tous les quartiers où est implantée l'Eglise, mais aussi, là où elles existent leurs membres ne sont pas nombreux. On compte en effet une moyenne de 15 membres réguliers aux séances de CEV. Leur connaissance par les Chrétiens est tout de même très limitée comme le révèle notre enquête sur le terrain : 60,8% de fidèles catholiques ne connaissent pas ce qu'on appelle Communauté Ecclésiale Vivante.

Tableau 31 : Connaissance des CEV

Source : Par nos soins.

Pour ce qui est du vécu de la foi dans ces CEV, il faut noter que, comme toute association catholique, elles se consacrent plus aux questions spirituelles qu'à cellesproprement sociales, encore moins politiques. En effet, une observation sociologique du vécu dans les Mouvements d'Action Catholique nous a permis de comprendre que la raison d'être de ceux-ci est prioritairement spirituelle ;quoi que l'enseignement catholique dise que cette raison doit êtreàla fois spirituelle et temporelle. En ce sens que l'Eglise ne doit pas seulement aider les chrétiens dans leur vie spirituelle, mais doit les conduire à un épanouissement intégral : « Donner leur vous-même à manger ». Telle est le passage de la bible que nous a cité le professeur Ombionolors d'un entretien, pour justifier l'intérêt que doit avoir l'église pour les questions temporelles. Puis il poursuivait :

« En s'adressant ainsi aux apôtres qui voulaient que Jésus renvois les foules restées à son écoute toute la journée pour trouvér de quoi manger ailleurs, Jésus recommandait à l'Eglise de ne pas se contenter de prêcher le salut mais de concourir à la promotion des conditions de vie des hommes. »403(*)

Revenons à travers ce tableau, sur le timing des CEV tel qu'exposé plus haut pour comprendre la place accordée aux questions sociales.

Tableau 32 : timing des activités des CEV404(*)

Source : Par nos soins.

A la lecture de ce tableau, nous comprenons que le temps accordé aux questions sociales est très limité. Si seuls18% du temps total est accordé aux nouvelles des membres et que c'est à l'intérieur des 18% qu'il faut estimer celui accordé quelques fois aux problèmes du quartier ou aux divers sur les faits de société, il devient évident de se rendre compte que ces CEV n'accordent presque pas du temps aux questions sociopolitiques.

6.5. Les enjeux sociopolitiques de la foi chez les fidèles catholiques de Douala et de Yaoundé.

Pour terminer ce chapitre, il convient d'examiner les enjeux sociopolitiques de la foi de ces fidèles. L'interrogation porte sur la praxis sociopolitique des fidèles catholiques en tant qu'ils sont des « homo religicus »,c'est-à-dire des individus unis au monde à partir de leurs croyances religieuses, qui constituent un élément non négligeable de leur vision du monde.

La réalité est patente.Il existe une telle dichotomie entre le vécu de la foi catholique et les réalités sociopolitiques. Si ces deux champs entretiennent des rapports, ce sont des rapports d'antinomie. Le vécu de la foi chrétienne est caractérisé par la protestation des réalités sociopolitiques, par un recourt ou un refuge vers la foi, à l'abri des pratiques politiciennes qui asservissent, des réalités sociopolitiques brutales405(*).Les tableaux sur la compatibilité foi/ politique et sur la perception de la participation politique comme un devoir chrétien l'ont fort bien attesté.Cette interrogation de J.B. Talla face à la misère qui mine l'Afrique va dans ce sens:

« ... Des lors que faire ? Faut-il fuir le monde identifié par certains puristes au mal ? C'est en effet la solution à laquelle recourent certains de nos concitoyens qui recherchent leur sanctification en se détournant des préoccupations sociales. Pour se préserver de toute souillure, ils côtoient dans un silence complice la misère du peuple, laissant à Dieu le soin de rétablir l'ordre dans son monde »406(*).

Dans ce sens, les fidèles catholiques sont loin de constituer le ferment des changements de la société. Ces propos de J.B. Talla attestant ce dualisme de la vie chrétienne :

« En effet, nous sommes nombreux à participer par habitude aux messes du dimanche et autres cérémonies chrétiennes et à vivre les autres six jours de la semaine en complice en pensée, en acte et en omission des maux qui minent l'Afrique et ternissent l'image de Dieu dans notre continent»407(*).

Il faut reconnaitre qu'on est ici dans une société à christianisme de façade comme le catholicisme camerounais, où la foi catholique loin d'être un idéal de vie est plutôt une ressource mobilisée selon la circonstance, où les valeurs catholiques sont plus des valeurs prônées que des valeurs vécues. Par conséquent, il faut moins s'attendre à ce que ces derniers s'y réfèrent pour construire leurs interactions quotidiennes surtout en milieu non catholique dont la prédominance revient aux valeurs propres du milieu. C'est le cas avec les pratiques politiques en milieu partisan au Cameroun. Ils prédominent là des logiques d'ordre tribales et de luttes d'intérêt. Examinons le fondement d'une telle réalité :

A la question de savoir pourquoi il n'existe pas de mouvement social ou politique catholique, ou du moins chrétien au Cameroun, Mgr. Antoine Ntalou408(*) répondait lors de notre entretien: « On n'a pas besoin des partis chrétiens au Cameroun. On sait que les chrétiens sont dans tous les partis politiques. On attend d'eux qu'ils les changent à partir de là »409(*).

Ils y sont effectivement. Ce ne sont pas les bouddhistes, ni seulement les musulmans qui sont dans les partis politiques camerounais, ce sont bien sûr les chrétiens, et dont les catholiques. Cependant, ils n'y sont pas en tant que catholiques, témoins et porteurs des valeurs catholiques, ou encore, en tant que « ferments des changements sociopolitiques » selon les recommandations de l'Enseignement Social de l'Eglise. Non, ils y sont en tant qu'autre chose, en tant que simples membres de ces partis comme tous les autres et répondant de ce fait aux exigences du parti, aux logiques d'actions qui y sont mis en exergue. Il est donc évident que si le RDPC, parti au Pouvoir est composé en sa grande majorité des chrétiens et même d'anciens séminaristes, cela n'exclue pas le fait qu'il soit un parti qui a mis sur pied les techniques les plus malicieuses et antichrétiennes pour conserver le pouvoir depuis 30 ans. F. EboussiBoulaga faisait déjà ce constat lorsqu'il affirmait: 

« Du point de vue du respect dans la vie publique, des commandements cardinaux `'tu ne mentiras pas,tu ne voleras pas'', du sens du bien commun, rien ne montre qu'on ait affaire à des chrétiens. Les enfants de Choeur d'hier sont devenus des fauves dans la jungle ou simplement des païens se livrant aux orgies et aux bacchanales du sang, du sexe, du vin, de l'argent fou, du pouvoir déchainé, recourant aux nécromanciers, aux astrologues, invoquant toutes les puissances de l'obscur. »410(*)

Ce qui montre que le catholicisme camerounais est encore à son stade folklorique, sans ancrage socioculturel véritable. Lorsqu'on est dans une société où le christianisme a un ancrage socioculturel considérable, il est évident que l'agir chrétien réponde aux normes chrétiennes prônées et vécues. C'est évident par exemple en Europe de constater à l'issue des élections que les catholiques, notamment les catholiques pratiquants réguliers, votent majoritairement à droite. En raison de la compatibilité de leurs valeurs avec les idéologies conservatrices de droite. Comme le soutiennent Luc Michelat et Michel Simon :

« L'intégration maximum au groupe catholique [...], à une structure symbolique qui unit étroitement représentation du divin, notion du salut, prescription éthique et conception sociopolitique, se traduisent par un vote massivement orienté à droite »411(*).

Il n'est plus besoin de rappeler ici à la suite de nombre d'auteurs l'impact du christianisme sur la formation de la culture occidentale contemporaine412(*),ni que c'est cette influence du catholicisme sur la société qui rend possible cette orientation du comportement politique de ses adeptes.

Une autre raison de la dichotomie qui caractérise le vécu de la foi chrétienne réside dans l'enseignement de l'Eglise. Il existe en effet une contradiction dans cet enseignement ;une contradiction qui n'est pas souhaitée ou avouée, mais qui découle implicitement de cet enseignement. Cet enseignement non pas tel qu'il est pensé et élaboré, mais tel qu'il est transmis et reçu, tel qu'il se situe à l'intérieur du discours général de l'Eglise sur le monde. Cette contradiction vient de ce qu'avant le discours social de l'Eglise qui veut déboucher sur l'action catholique, précède un autre qui prédispose le catholique à l'indifférence à l'action au nom de sa foi ;une indifférencetelle que M. Weber a analysé dans l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme. En comparaison de l'éthique protestante avec le catholicisme camerounais analysé ici, l'autonomie reconnue à la société telle qu'elle se présente n'est pas complète. Les catholiques croient davantage à une main invisible qui y agit, parfois pas à leur avantage ; mais ils espèrent qu'avec leur prière cette main selon le gré de Dieu qu'ils « prient sans cesse », agira en leur faveur. Ils sont moins convaincus que leurs actions soient porteuses pour améliorer leurs sorts. D'ailleurs, pour beaucoup d'entre eux, exception faite d'une petite minorité ; le bonheur est en haut, quant à la société « on faitavec » ; en attendant l'avènement de Dieu.C'est pourquoi nous estimons que le moyen âge religieux s'est réfugié en Afrique. Ne trouvant plus en Occident une terre fertile pour sa survie, il a trouvé dans l'Afrique des mythes, des mystères et des superstitions une terre propice à son développement. C'est la raison pour laquelle le christianisme y gagne abondamment du terrain.

De nombreuses autorités se plaisent à dire du Cameroun comme de l'Afrique, qu'il est le patrimoine spirituel du monde. Cependant, au vu des réalités de l'Afrique, peut-on dire que cela puisse constituer la joie ou l'orgueil des africains ? Aucune analyse sociologique sérieuse ne peut faire de la religiosité africain un atout pour l'Afrique. Loin de là ! Lamentalité magico-religieuse voire fétichiste qui fait de l'Afrique le patrimoine spirituel du monde ne peut être analysée comme constituant un atout pour le développement des peuples africains ; au contraire, elle est un obstacle à son émergence. La mentalité africaine est encore loin des idéaux démocratiques de libertés, d'émancipation, de contradiction, de rationalité qui ont été les bases de la fondation de toutes les démocraties du monde. Or, cette mentalité est plus favorable à la soumission, aux émotions, à la négation de la raison, etc. Elle fait qu'en Afrique, on voit dans la victoire du Président l'oeuvre de ses marabouts et non les mécanismes de fraude électorale et de dictature mis en place. Si la religiosité africaine était comme lareligiosité américaine ou la « religion civique »413(*) qui a fait des USA la « Nouvelle Jérusalem » et des citoyens américains les « bénis de Dieu », avec pour mission de civiliser l'Humanité, elle serait un atout pour son émergence. Or, la religiosité africaine n'est rien d'autre que celle qui fait de l'Afrique le réceptacle des idéologies religieuses les plus démagogiques de ce monde, et en quête de marchés pour leur vulgarisation. Celle des sectes maçonniques et rosicruciennes, cellede l'islam violent, celledu pentecôtisme aliénant, celle du catholicisme dogmatique, etc. En ce sens, la mentalité religieuse africaine est un malheur et non une chance pour l'Afrique. En effet, si de l'immense richessedont dispose l'humanité (haute technologie, économie du savoir, énergie nucléaire, gratte-ciel etc.), la part de l'Afrique consiste en des croyances magico-religieuses, de quoi doivent se réjouirces millions d'africains sombrant chaque jour dans la famine, l'irrationalité, l'aliénation,la dictature, les guerres politico-religieuses, le SIDA, le chômage et l'analphabétisme ?

Dans cette perspective, l'Afrique en général et le Cameroun en particulier nécessite un vaste mouvement de laïcité ; une laïcisation qui permettra de relayer cette mentalité rétrograde à la sphère de la conscience individuelle, afin de laisser l'espace public à la pensée logique et à l'action rationnelle pour la construction d'une Afrique émergente et démocratique.

* 373 Jean Paul II, centisimusannus, n° 46.

* 374N. Soffack, (2002), L'affaire Cardinal Tumi d'Octobre 2000 : Un débat revisité Pour comprendre le rôle politique de L'Eglise dans un Etat laïc, 105 P. 95-96.

* 375 213 fidèles sur 250 jugent que les changements politiques viendront de l'action concertée des citoyens et des hommes politiques.

* 376J.M. Ela, Quand l'Etat pénètre en Brousse Les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990, 265 P.

* 377 DES, cité par J. B. Talla, « Le compendium et l'engagement des fidèles laïcs en Afrique », inCPJP, Vers une évangélisation de la société africaine, 2009, P.180.

* 378 Elle est en effet financée par le CRS pour distribution gratuite.

* 379AfricaeMunus, 2009

* 380 C. Makiabo, Op.cit., P.150.

* 381 Revue Elma1, (1993), P.23, cité par Makiabo, Ibid.

* 382 Propos recueillis d'une chrétienne catholique commerçante à proximité de la cathédrale Sts. Pierre et Paul de Douala.

* 383Propos recueilli d'une chrétienne catholique de Bépanda.

* 384 Qui n'intègre pas la dimension pratico-sociale du vécu catholique.

* 385 J.M. Ela, le cri de l'homme africain, Op.cit., P.42.

* 386 L'enseignement social des évêques du Cameroun, P. 295.

* 387 Jean Paul II, Exhortation apostolique sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, n°42

* 388 En effet, selon Larry Diamond et al., La culture démocratique est un élément fondamental qui permet le maintien du système démocratique, et doit se traduire par l'attachement des masses aux principes démocratiques, Op.cit. P.24.

* 389 Comme M. Karl estime que le discours idéologique de l'Eglise lesprédispose à cette fuite.

* 390 Jean Paul II, Centicimusannus, n°28.

* 391K. Marx, K., Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel, 1844.

* 392A. Lancelot, Op.cit. P.322.

* 393 J., Leca ,« réflexions sur la participation politique des citoyens en France », in idéologie partis politiques et groupes sociaux, Paris, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1991.

* 394 J. Leca, Opcit., P.52.

* 395 J. Leca, Opcit.

* 396 A. Coulon, L'ethno-méthodologie, Paris, PUF, 1987, P.25.

* 397 Karl Marx, Op.cit.

* 398L.Michelat et M. Simon, Op.cit., P.384.

* 399 Selon le choix de chaque CEV.

* 400 Collecte libre et volontaire faite par les membres des CEV.

* 401 Entretien eu avec elle à son domicile le 12/05/13 ; 13H20.

* 402 C. Makiabo, Op.cit., P174.

* 403 Entretien réalisé le 21/04/13 à 15h10 à Obobogo-Yaoundé.

* 404 Il s'agit ici de la moyenne du temps consacré par toutes les CEV concernées.

* 405 J.M. Ela, 2003, Op.cit.

* 406 J.B. Talla, Op.cit., P.176.

* 407 J.B. Talla, Ibid., P.182.

* 408 Evêque de Garoua et président de la Commission Episcopale camerounaise dont fait partie « Justice et Paix ».

* 409 Mgr. Antoine Ntalou, entretien réalisé le 23/04/13 à 18h00 à la CENC.

* 410 F. EboussiBoulaga, Op.cit., PP.393-394.

* 411 L. Michelat et M. Simon, classe, religion et comportement politique, P.384.

* 412 Voir à ce sujet par exemple M. Weber, l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Op.cit.

* 413 Elise Marienstras, « Nation et religion aux Etats-Unis », in Patrick Michel (dir.), Religion et Démocratie, Op.cit., PP.275-293.

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