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Contribution à  la mise en place d'un dispositif de gestion concertée de l'aire marine protégée de Saint- Louis du Sénégal

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par Serigne Abdou Aziz Sy NDIAYE
Institut des régions chaudes / Montpellier sup'agro - Diplôme d'ingénieur d'agronomie tropicale 2007
  

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6.2.2.2 La communauté des espèces de la thermocline

Principalement composées de crustacées, les espèces de cette communauté (surtout la crevette blanche, les langoustes...) se rencontrent entre la côte et la profondeur de 75m (THIAM, 78). Pour la crevette, le cycle vital passe par une phase lagunaire des juvéniles. Les

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juvéniles et les subadultes se retrouvent ainsi dans l'estuaire. Ce sont des espèces que l'on retrouve dans l'AMP notamment au voisinage de l'embouchure.

6.2.2.2.1 La communauté des Sparidae Elle comprend :

· (es espèces des fonds meub(es comme (a seiche que ('on rencontre jusqu'à 150 à 250m.

? (es espèces à faciès de fond dur ((e mérou, (es daurades...) qui sont inféodés au fonds rocheux continus ou discontinus et à (eur voisinage. Le phénomène de reproduction du mérou est permanent, mais on distingue une ponte principa(e en mai-juin et une ponte secondaire en jui((et-septembre, J.J. (événez17. Les trois princip a(es zones rocheuses caractérisées par (es pêcheurs sont : « Diattara » (moins de 10 km au nord-nord ouest de Saint-Louis sur (a frontière sénéga(o-maurit anienne, e((e est partagée entre (e Sénéga( et ( a Mauritanie), « Praia » (environ 14 km à ('ouest de Saint-Louis) et « kher wu reywi » terme wo(of qui signifie ( a grande roche (environ 6 km au sud-ouest de Saint-Louis, banc rocheux qui v a de Guet-Ndar à (a moitié nord de ('AMP).

? (es espèces du faciès mixte te( que (e pageot. Le pageot a deux pics de reproduction. La ponte a (ieu sur (es fonds de 50 m. L a princip a(e nurserie se situe sur (a petite côte du Sénéga(.

La figure ci -dessus montre une dominance des espèces des faciès d'estuaire et mixte sur la petite côte (entre Dakar et Ziguinchor). Cela est lié à la présence de nombreux cours (fleuve Saloum, fleuve Gambie, fleuves Gambie etc.). Les espèces de la pente continentale (à Kayar à cause de l'existence d'une fosse) et des fonds meubles sont plus abondantes au niveau de la grande. On trouve à Saint-Louis essentiellement des espèces de fonds meubles en plus des espèces mixtes du fait respectivement de la nature sédimentaire des fonds marins (sablo-vaseux) et de la présence de l'embouchure. La distribution des AMP le long des côtes sénégalaises s'inscrit donc dans une logique de protection de toutes les communautés d'espèces. Autrement dit, sur le plan de la conservation, le Sénégal désire couvrir toute la diversité biogéographique et écologique des habitats marins et a ainsi placé les AMP en de nombreux endroits différents. Les AMP du littoral sud visent essentiellement à protéger les espèces de la communauté des Scianidae, alors que celles du littoral nord sont complémentaires et présente chacune une particularité : Kayar est la seule à protéger des espèces du faciès de la pente continental alors que Saint-Louis est la seule AMP à protéger des espèces de fonds meubles.

17 Barry M et AL (1994):Evaluation des ressources exploitables par la pêche artisanale sénégalaise. pp 132

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Tableau 9. Principales espèces de poissons démersaux pêchés dans l'AMP de St-Louis

NOM WOLOF

NON FRANÇAIS

NOM SCIENTIFIQUE

PÉRIODE

Thiof

Mérou blanc

Epinephlus aeneus

Toute l'année avec

une forte intensité
entre Avril et Juin

Kocc

Mérou de méditerranée

Epinephlus gigas

Tiki ou youfouf

Pageot

Pagellus copei

Diarégne

Dentex

Dentex filosus

Banda

Dorade grise

Plectorhichis méditerranneis

Magne magnére

Dentex à gros yeux

Dentex macrophtalmus

Beur ou Sakhabi

Courbine

Argirosomus regius

Doye

Mérou de Gorée

Epinephlus goreens

Mori

Loche

Merluccius sénégalensis

Rascasse

Rascasse

Scorpaena stephanica

Khassaw

Fiatol

Stromateus fiatola

Rour

Mérou noir

Epinephelus canunis

Soum

Langouste verte

Penaeus régius

Sipax

Crevette blanche

Penaeus notialis

khedd

Brochet

Sphyraena phyreana

Badéche

Badéche

Mycteroperca rubra

Kibaro

Dorade

Sparus ehrenbergii

Khal

Othelite Bobo

Pseudotolithus elongatus

Sole

Sole langue

Cynoglossus sénégalensis

Ndiané

Capitaine

Polydactylus quadrifilus......

Kibaro nar

Pagre

Pagrus erhenbergi

Feutt

Othelite du sénégal

Pseudotolithus senegalensis

Toute l'année avec

une forte intensité

entre Juillet et
Octobre

Tonone

Othelite nain

Pseudotolithus typus

Yaranka

Poulpe

Octopus vulgaris

Kong

Machoiron

Arius sp

Yeureundeu

Seiche

Sepia officinalis

Khedd

Barracuda

Sphyraena piscatoreum

Source : nos enquêtes

A Saint-Louis, la pêche des espèces démersales (Mérou, Dorade, Dentée, Corbine...) se fait toute l'année au niveau des différents lieux de pêche cités. Elle est intense les mois d'avril, mai et juin (saison communément appelée Thiorone à Guet-Ndar) et modérée le reste de l'année. Or comme nous l'avons cité, la ponte principale du Thiof (l'une des espéces les plus prisées) a lieu fin du Thiorone. Cette période correspondrait selon les pêcheurs, à celle où les espèces à faciès mixtes viennent frayer dans l'estuaire. Toutes choses qui font que la

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ressource est menacée, d'autant plus que la période d'abondance (où l'effort de pêche est accru) équivaut souvent des stades biologiques de grande vulnérabilité (ponte, alevinage...)

Entre juin et juillet, de faibles quantités d'espèces démersales (carpe blanche, sole...) à forte valeur commerciale liée à la rareté du poisson pendant cette période, sont débarquées par les pêcheurs à la ligne.

Au-delà du mois de Juillet, les pêcheurs détenteurs de pirogues glacières, effectuent des sorties de 2 à 4 jours sur des distances de + de 100 km et le plus souvent, de manière clandestine dans les eaux mauritaniennes, d'où proviennent l'essentiel des prises pendant cette période. Pour les autres, cette saison peut être considérée comme morte, compte tenu de la faiblesse des volumes débarqués.

> Une mer poissonneuse en Mauritanie

La richesse de la mer mauritanienne comparée à celle du Sénégal est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs. Entre autres facteurs, on peut citer le fait que la Mauritanie protège son océan depuis les années 70 avec la création en 1976 du Parc National du Banc d'Arguin (PNBA) où les poissons trouvent des conditions privilégiées de reproduction et de développement. En terme de configuration morphologique, la partie mauritanienne abrite plus d'habitats naturels (roches sous marines) que la côte nord sénégalaise. Qui plus est, l'upwelling est plus long et accentué sur les côtes mauritaniennes grâce à l'activité permanente de l'upwelling du Cap Blanc. Enfin, la Mauritanie n'a pas par tradition une vocation particulière à la pêche. Bien qu'elle jouisse d'un potentiel considérable de ressources halieutiques, la Mauritanie a une population à la fois très réduite (un peu plus de 3 millions d'habitants) et peu encline à la pêche exceptée un petit noyau ethnique (Imraguen) traditionnellement tourné vers cette activité, F DIOURY(1986).

> Point sur les accords de pêche sénégalo mauritanienne.

Déjà, en début des années 80, la rareté du poisson se fait sentir à Saint-Louis. De plus en plus, les pêcheurs Guet-Ndar s'orientent vers les eaux mauritaniennes où l'accès jusque là est libre. C'est l'intensification de l'activité dans des eaux mauritaniennes excepté le PNBA. En l'espace de quelques années, la Mauritanie est devenue le principal lieu de pêche. Certains pêcheurs disent même que leurs zones de pêche traditionnelle se situent au large de Ndiago en Mauritanie. Toujours est -il que, en 1989 survient un différend entre les deux États qui aboutit à la fermeture des frontières. Jamais dans l'histoire les Guet-Ndariens ne se sont vus interdire un espace maritime avant cette date. En 2001 une convention devant régir les relations de pêche (art. 1) ente les deux États est signée. Le Gouvernement de chaque État s'engage à favoriser dans la limite des ressources disponibles et en conformité avec les lois et règlements, l'activité des pêcheurs artisans de l'autre État dans les eaux sous sa juridiction (art. 3a). Pour se faire une autorisation préalable (licence de pêche) est délivrée par l'État dans les eaux duquel, la pêche est pratiquée (art. 3b). Les conditions d'applications des dispositions de la Convention (notamment le nombre de licences à accorder) sont fixées dans un protocole d'accord négocié et renouvelé tous les ans.

De façon générale, c'est le Sénégal qui, de l'étroitesse de ses pêcheries et de la surcapacité de pêche par rapport à une ressource devenue rare, propose à son voisin des accords d'accès basés sur le principe de la réciprocité. Il se trouve qu'en matière de pêche artisanale, la Mauritanie n'a pas besoin d'accéder à la ZEE sénégalaise. En 2001, 250 licences libres de pêche artisanale ciblant uniquement les pélagiques pour une durée de 4 mois sont annuellement accordées par la partie mauritanienne, moyennant une redevance 75 000 Fcfa par pirogue de moins de 13 m et par an et 150 000 Fcfa pour les pirogues de plus de 13 m. Le

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protocole de 2007 prévoit selon l'Inspecteur Régional des pêches de Saint-Louis, un octroi de 270 licences pour une durée de 6 mois contre une redevance de 80 000 pour les pirogues de moins de 13 m et 180 000 pour celles supérieures à 13 m. Les pêcheurs de Guet-Ndar prétendent par contre que, depuis le conflit de 1989, la Mauritanie ne fait guère preuve de volonté de conciliation avec le Sénégal en matière de pêche maritime. Ils déplorent la lenteur des procédures relatives à la demande et à la délivrance des licences qui fait qu'en réalité peu de pêcheurs en bénéficient à Saint-Louis. Quand bien même s'ils arrivent à l'obtenir c'est souvent pour une durée d'activité plus courte que prévue par le protocole (par exemple, ils reçoivent en septembre des licences qui expirent en octobre).

Très souvent des revendications sont formulées au cours des entretiens avec les pêcheurs, relatives à leurs soit disant anciens territoires de pêche (sans frontière entre le Sénégal et la Mauritanie). Pendant longtemps, les sénégalais ont constitué le fer de lance de la pêche mauritanienne. DIAGNE (1998)18 affirme que, ce sont les pêcheurs de Guet-Ndar qui à travers des générations, ont inventé tous les sites de pêche connus le long du littoral sénégalo-mauritanien ; que toute la toponymie maritime halieutique du littoral des deux États porte les marques de leurs empreintes.

Il n'est pas surprenant dans ce contexte, de constater une obstination des pêcheurs de Guet- Ndar à mener l'activité dans les eaux mauritaniennes par des incursions clandestines malgré les risques d'arraisonnement et de confiscation de leur matériel. Entre 1999 et 2000 (avant l'entrée en vigueur de la Convention), 4000 marins pêcheurs guet-ndariens se sont rendus en Mauritanie, SRPSM/SL (2007). Ce sont principalement les pêcheurs qui font la pêche du jour où des marées de coute durée (moins de 48 heures) dans la zones mauritanienne avant de venir débarquer leurs captures à Saint-Louis.

Il arrive aussi que les pêcheurs, surtout les « ligneurs de fonds» négocient avec les gardes côte mauritaniens des permis tacites de pêcher dans les eaux sous juridiction mauritaniennes valables une seule marée, à renouveler moyennant une somme d'argent avant chaque sortie. Cela se fait par le biais de relais servant d'intermédiaires entre les gardes côtes et les pêcheurs. C'est une pratique de plus en plus courante selon les pêcheurs. Il faut souligner qu'elle est favorisée par l'intérêt que cela présente pour les deux parties : d'une part, elle enrichit les gardes côtes et d'autre part, elle permet aux pêcheurs ne pouvant pas bénéficier de permis, d'avoir la possibilité de pêcher en fraude dans les eaux mauritaniennes sans risque de se faire prendre.

Certain pêcheurs ont simplement préféré s'installer à demeure dans la capitale mauritanienne, Nouakchott. Cette présence, saisonnière de longue durée, liée prioritairement à la pêche, offre en outre aux guet-ndariens l'occasion d'autres activités lucratives : ils achètent à Nouakchott, en vue de la revente à Guet Ndar ou dans d'autres centres côtiers sénégalais, des pièces détachées pour les moteurs marins et des nappes de filets, dont le prix en Mauritanie est nettement inférieur à celui pratiqué dans les dépôts sénégalais. De plus, les ruptures de stock sont assez fréquentes au Sénégal, surtout s'agissant des pièces pour moteurs japonais.

Cette situation montre que l'adhésion des pêcheurs de Saint-Louis à la mise en oeuvre d'une AMP dans leur espace de pêche ne peut se faire que si on intègre la problématique de la libre pêche en zone mauritanienne dans les mesures de gestion et d'accompagnement qui

18 Migration et conflits de pêche le long du Littoral sénégalo-mauritanien : cas des pêcheurs de Guet-Ndar. In Recherches Africaines. No 03, décembre 2006

seront envisagées pour atténuer les conséquences négatives des restrictions qui seront appliquées, à défaut des les compenser. L'AMP est proche de la frontière, et en raison des migrations de poissons, ce qui se passe à l'intérieur est très en relation avec les pratiques à l'extérieur. Le débat dépasse alors le cadre restreint d'une AMP et se pose en terme d'orientations et d'évolution des relations entre les deux États. A ce niveau, la balle est dans le camp des autorités administratives qui gèrent les AMP (DPN, DPMSC). De leur capacité à sensibiliser l'État sur la nécessité de rendre plus accessible la zone mauritanienne si on veut asseoir une AMP qui fonctionne bien à Saint-Louis, dépendra le respect du plan de gestion qui sera élaboré. Autrement, il sera difficile pour les pêcheurs de s'approprier l'AMP, comme ils le répètent souvent « on ne peut pas à la fois nous interdire le nord et le sud de Saint-Louis. Si vous voulez protéger le sud, faites au moins que le nord nous soit autorisé ». A cet effet, O DIOP (2006) rapporte que de plus en plus les Guet-Ndariens sont habités de sentiment d'abandon, d'incompréhension, très souvent de révolte contre les autorités des deux pays : pour le cas de la Mauritanie à raison des conditions jugées difficiles pour pratiquer la pêche ; pour le cas du Sénégal, pour son « manque de courage » et pour avoir accepté des dispositions « contraires à leurs intérêts »

Epinephelus aeneus (Thiof) Pagellus bellottii(Tiki) Plectorhynchus méditerranneus Sparus ehrenbergii (kibaro)

(Banda)

(Sphyraena piscatoreum) Penaeus notialis (Sipax) Palinurus mauritanicus Pagrus erhenbergi

(Khedd) (Langouste) Kibaro nar)

Epinephelus goreens (Doye) Polydactylus_quadrifilis Epinephelus gigas (Kocc) Helicolenus-dactylopterus

(Capitaine) (Rascasse)

Mycteroperca rubra Dentex macrophthalmus Dentex filosus Argyrosomus_regius

(Badèche) (Magn magnére) (Diarégne) (Sakhabi)

Esox licius ( khedd) pseudotolithus_senegalensis pseudotolithus_typus Cynoglossus sénégalensis

(feutt) (Tonone) (Sole langua)

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Figure 28. Clichés photographiques des principales espèces démersales pêchées à St-Louis

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