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L'évaluation à  mi- parcours des projets de développement communautaire: le cas des puits à  pompe du Projet d'Appui au Développement Communautaire ( PADC ) de Mebomo et de Bikogo (Centre- Cameroun )

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par Yanik YANKEU YANKEU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en développement et management des projets en Afrique 2008
  

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1- L'action des schèmes traditionnels sur les puits à pompe des villages

Depuis la création des villages, il y a eu une séparation entre les deux tribus qui peuplent les villages : les Eton Beti et les Eton Beloua50(*). Eu égard à cette division, l'occupation de l'espace des villages s'est faite en fonction de ces préjugés tribaux. Les premiers, considérés comme les « maîtres » octroyaient des terres aux seconds, qui leur étaient assujettis. La place des puits dans les parties du village, occupées par telle ou telle autre tribu, devient, de ce fait, sujet de discorde. Pour les Engap, qui font partie des Eton Beloua, ils ont été marginalisés. Cette marginalisation a été accentuée par le puits à pompe, qui se trouve dans un terrain appartenant aux Esselé. A Mebomo, c'est le constat qui ressort des enquêtes de terrain, Baltazar Mengue Ndongo51(*), nous affirmait lors d'un entretien, que 

« Les Esselé ont toujours eu à décider à notre place. Même ma position de trésorier du comité de gestion du puits à pompe n'a pas changé grande chose. Les informations et les décisions sont toujours faites sans nous. En cas de problème, le chef du village consulte le président du comité de développement villageois. Exemple palpable, le projet d'électrification du PADC, en-cours de réalisation, se limite aux autochtones».

Par voie de fait, en cas de besoin en eau, ils préfèrent recourir à leur propre source d'eau naturelle. En plus de ces raisons avancées, Gallus Otabela Avodo52(*) corrobore aussi, qu'il devrait avoir un puits à pompe à proximité. Car, ils sont proches de l'école publique de Mebomo et le fait que le puits soit loin de l'école, les élèves en sont sevrés. « On peut accepter de vivre sans électricité, mais, sans eau de qualité ce n'est pas concevable. » argue-t-il.

A Bikogo, dans des ménages Esselé, certains représentants de ménage donnaient comme explication à leur non adhésion au puits à pompe du PADC, le fait qu'il était sur le terrain d'une autre famille53(*). D'un côté comme de l'autre, le problème de groupe ethnique demeure latent et affecte d'une manière comme une autre l'adhésion des populations aux puits à pompe du PADC. A Mebomo, à peine six familles sur la vingtaine que compte l'hameau de la chefferie se ravitaillent, régulièrement, en eau du puits à pompe du PADC. Mais, d'autres raisons sont évoquées pour justifier ce refus.

2-   L'attitude attentiste des populations

Les contributions mensuelles ont été instituées et arrêtées à 150 F Cfa par ménage. Le ménage est considéré comme l'ensemble de personnes vivant sous un même toit et formant une famille. Dès qu'un enfant est marié, il doit s'établir à son propre compte, et forme dès lors un ménage qui doit contribuer. Cependant, un fils ou petit-fils peut vivre sous le même toit que ses parents ou grands parents et former un seul ménage. La contribution revient à 1800F Cfa l'année par ménage. L'argent collecté est mis sous réserve pour servir de frais de dépannage en cas de disfonctionnement du puits à pompe du village. Cependant, les contributions ne font pas l'unanimité dans les villages. En effet, une bonne partie des ménages trouvent en la collecte des sommes un abus. Car, ils savent que le puits leur a été octroyé et ne voient pas les raisons d'une contribution mensuelle comme condition préalable à l'utilisation des puits. Certains n'arrivent pas à donner avec exactitude le montant des contributions, preuve qu'ils ne contribuent pas. Sur l'ensemble des quarante huit ménages enquêtés, la non contribution est reconnue comme l'une des principales causes, des conflits liés aux puits à pompe du PADC dans les deux villages. Les raisons de cette non-contribution sont liées soit à la mauvaise volonté des usagers, soit à la situation de manque. Cette prise de position des populations est, selon Célestin Monga (2009 : 12), « le fruit de l'accoutumance à l'inaction,  la soumission au terrorisme du découragement » face à leur responsabilité. La question récurrente que se posent les populations utilisatrices des puits à pompe sur le refus de contribuer, « on va faire comment, alors ? » constitue un aveu manifeste de cet attentisme et de l'inertie ajoute-t-il.

Des mesures dissuasives sont d'ailleurs prises par le président du comité de développement de commun accord avec le chef de village. Le président du comité de gestion du puits à pompe du PADC a la charge de faire respecter ces décisions. Les mesures sont parfois strictes, le refus à tout ménage qui ne contribue pas de puiser de l'eau du puits à pompe.

Notons tout de même, que les contributions dissipent l'équivoque. Dans la mesure où les collectes sont faites durant des années sans que, des pannes ne surviennent. Les sommes sont collectées et utilisées à d'autres fins sans faire de bilan ou de compte-rendu sur l'état des cotisations aux populations. Jusqu'au jour où le puits tombe en panne et les populations commencent à revendiquer les sommes qu'elles ont versées au comité de gestion. Cette opacité de gestion a été l'objet de nombreuses critiques et source de tensions54(*) de la part des populations. Si des cas de détournements n'ont pas encore été signalés pour les collectes faites dans le cadre des puits à pompe du PADC, la gestion de ces sommes collectées laisse à désirer. D'où la nécessité de dialoguer avec les contribuables.

* 50 Cf. supra Chapitre I sur la présentation du milieu étudié.

* 51 Baltazar Mengue Ndongo, née en 1968, planteur. Entretien du 11 octobre 2009, à son domicile de retour de plantation.

* 52 Gallus Otabela Avodo, née en 1958, artisan/planteur. Entretien du 11 octobre 2009 près de son domicile.

* 53 La famille ici fait référence au groupe ethnique et pour le cas présent, ce sont les Engap dont-il est fait allusion.

* 54 Le puits du Bossapal du village Mebomo, a fait les frais de cette gestion calamiteuse. Des entretiens du 09 Octobre 2009 avec le premier adjoint d'arrondissement du sous-préfet d'Elig-Mfomo, Modeste Mbonde Nock, dans son bureau, il nous a été relaté que le premier gestionnaire de ce puits à pompe avait été démis de ses fonctions. La cause était le détournement des fonds collectés. Pour y faire face, il a été contraint de rembourser la somme détournée. Dans ce cas, une difficulté demeure, l'estimation avec exactitude de cette somme n'est connue que par le présumé détourneur, car, aucun bilan n'était fait jusqu'à ce que son forfait ne soit mis au grand jour. Une autre résolution a été celle de l'obligation de faire un bilan annuel des avoirs collectés par le prochain gestionnaire de ce puits à pompe.

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