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Contribution socio-anthropologique à  l'analyse de la protection des civils par les forces de défense républicaine dans les conflits armés en RCA

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par Blandine Laurette NGNOLO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2 2015
  

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B. LA DISSOLUTION DU CONFORMISME

Les combattants sont soumis à des phénomènes de comportement de groupe qui entrainent la dépersonnalisation, la perte de l'indépendance et un fort conformisme. « L'individu n'est pas un tueur mais le groupe si », cette réalité est favorable au processus de dilution de la responsabilité individuelle du combattant dans la responsabilité collective de son unité de combat.

L'aspect gestion des émotions occupe une place importante, notamment pour ce qui est des contacts avec les populations civiles, et leur propre unité souligne Louise Weibull, les phénomènes tels que liens personnels et forte cohésion de groupe sont traditionnellement considérés comme des conditions d'un bon fonctionnement groupal, même si l'on prend aussi une conscience accrue des effets collatéraux négatifs ce de fonctionnement, tels que la pensée collective « groupthink » à laquelle fait référence Janis (1971).

Les règles de gestion du sentiment ne s'appliquent pas seulement aux demandes de l'organisation d'appartenance, mais sont le fruit de contacts avec diverses parties prenantes sur le théâtre opérationnel. La gestion émotionnelle dans les rapports avec d'autres militaires ou avec des civils présente de nombreuses facettes. La typologie de Sharon Bolton sur la gestion des émotions au travail offre de précieux aperçus des modalités selon lesquelles la manière de servir et la motivation à bien faire sont influencés par les attentes personnelles et la quête de la sécurité ontologique (Giddens. 1991)

Dans la perspective des avancées de la sociologie militaire sur la spécificité militaire Sébastien Schehr fait la remarque suivante :

« L'individualisation du militaire nous oblige non seulement à penser le militaire et son mode de vie comme liés aux lames de fond qui affectent la société dans son ensemble, mais aussi parce qu'elle est essentielle si l'on réfléchit à ses conséquences sous l'angle stratégique et opérationnel (à titre d'exemple : la loyauté, la cohésion sont elles solubles dans ce processus d'individualisation?)179(*)

Schehr fait bien de se poser la question, car effectivement si l'on se place sous l'angle stratégique et opérationnel il se pose un problème avec ce procédé d'individualisation dans les troupes, la loyauté et la cohésion, principes fidèles à l'institution militaire tendent à se dissoudre. Cette dissolution du spécifique militaire tend à améliorer la protection des civils dans les conflits par le respect du DIH carparmi les causes de violation du DIH recensées par le CICR il se trouve que le conformisme en est l'une des principales si l'on se remet à la troisième hypothèse émise par l'enquête people on war qui est : « dans les situations de conflit armé, les mécanismes de déresponsabilisation sont induits principalement par le conformisme au groupe et l'obéissance aux ordres ».

En bref la prise en compte de la sociologie des armées pousse les militaires à mettre les facteurs psychologiques bien avant les aspects de la spécificité militaire.Si l'on peut classer en trois niveau le processus d'action d'un soldat on aura :

1) La conviction intime ;

2) Les règles et les lois ;

3) L'acte en lui même.

C'est ainsi que nous pouvons conclure avec le général d'armée Bruno CUCHE :

« Les interventions de la dernière décennie montrent clairement que l'action militaire ne peut être dissociée d'une approche stratégique englobant tous les aspects de la vie en société. L'action militaire demeure indispensable mais n'est plus suffisante : elle doit s'intégrer dans une manoeuvre globale seule en mesure de produire finalement l'effet politique recherché (...) De ce fait le soldat moderne devrait être « un guerrier entrainé et équipé pour vaincre ceux qui menacent la paix et il est aussi un acteur social. Sa formation et son entrainement sont le juste équilibre entre l'éducation qui permet la maitrise de soi du contact avec la population et la capacité de donner les coups lorsque c'est nécessaire. Dans un environnement où les problématiques sociales et sécuritaires s'entremêlent, où chaque soldat est dépositaire d'une part de l'effet stratégique, la qualité d'un soldat se juge et se jugera plus encore à l'avenir à sa double aptitude au combat et à l'intégration de son environnement. »180(*)

La société militaire est passée dans la postmodernité, si l'on se réfère à Michel Freitag, la postmodernité renvoie d'abord et avant tout à la transformation de la dynamique d'ensemble de la société, dès lors que les principes de la modernité travaillent d'une certaine manière « à vide », c'est-à-dire au moment où s'estompe la tradition contre laquelle ils avaient été forgés. Une armée républicaine est nécessaire pour la protection des civils dans les conflits armés avec l'influence que connait aujourd'hui l'institution militaire par la sociologie et par l'anthropologie.

* 179In François GRESLE, et al, op cité, P. 205

* 180Cité in BIYOGUE-BI-NTOUGOU, op. Cit., P.178.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon