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Etude des interactions physicochimiques des bétabloquants avec les excipients

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par Wiem DAHMEN
INSAT - Diplôme National d'ingénieur 2013
  

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CHAPITRE I :

ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE

INSAT Chapitre I : Etude bibliographique

2012-2013 13

I. Notions sur les médicaments I.1. Généralités

I.1.1. Définitions et compositions

Le code de la santé publique définit le médicament comme étant toute substance ou composition possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines ou animales, permettant de restaurer, corriger ou modifier les fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique.

Les médicaments sont généralement constitués de principe(s) actif(s) et d'excipients. Le principe actif est une substance présentant une action thérapeutique. Les substances actives peuvent être des éléments ou des composés chimiques ainsi que des mélanges et solutions naturels qui sont issus d'origine microbiennes (les vaccins), végétales ou animales. Les substances actives peuvent aussi être obtenues par synthèse chimique ou par des techniques de biotechnologie [1].

Les excipients sont des composants sans action pharmacologique, nécessaires à la fabrication, à la conservation et à l'administration des médicaments. Ils servent de support à la matière active dont les quantités seraient souvent trop faibles pour être facilement administrées. L'un des rôles majeurs des excipients est notamment de donner une forme au médicament, lui conférer un goût particulier et de garantir sa stabilité [1].

I.1.2. Notions des génériques

Lorsqu'un laboratoire découvre un médicament, il le protège par un brevet qui lui assure l'exclusivité commerciale, et ce pendant 20 à 25 ans. Au-delà de cette période, la licence de fabrication de ce médicament de référence (ou princeps) tombe dans le domaine public. Un autre laboratoire peut alors commercialiser un médicament générique comparable à celui-ci.

Sa formulation présente la même composition qualitative et quantitative en principe(s) actif(s) et la même forme pharmaceutique qu'une spécialité de référence déjà

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existante. Seuls les excipients peuvent varier, ce qui peut entraîner de nouveaux effets secondaires ou certaines contre-indications, comme les allergies.

La firme productrice n'a aucun frais de recherche et de développement de ce fait le frais de remboursement des génériques est inférieur à celui du princeps, ce qui en fait son intérêt [1].

I.1.3. Formes galéniques des médicaments

Le terme de «galénique » provient du nom de Claudius Galenus (Galien), médecin ayant vécu au IIème siècle av. J-C à Rome. Il s'est intéressé tout particulièrement à la formulation et à la préparation des médicaments.

Avant la mise sur le marché, chaque médicament doit faire l'objet d'une étude de composition, de forme et de présentation qui convienne le mieux à son administration, permettant ainsi de garantir la précision du dosage et une stabilité satisfaisante pendant une durée déterminée [2].

La forme galénique la mieux adéquate sera le compromis entre :

? la meilleure efficacité thérapeutique ;

? la meilleure tolérance clinique ;

? la meilleure observance ;

? le plus faible coût de traitement.

On distingue plusieurs formes galéniques dont chacune est adaptée à une voie

d'administration [3] :

Voie orale

· comprimés

· capsules

· suspensions...

Voie cutannée

· lotions

· mousses

· pommades...

Voie parentérale

· préparartions injectables

· implants

Voies
d'adminisrattion
&
formes galéniques
appropriées

Voie transmuqueuse

· collutoires

· pommades

· suppositoires...

Fig- 1 : Les formes galéniques et leurs voies d'administration

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I.2. Formes orales solides : Les comprimés I.2.1. Définition

Selon la Pharmacopée française, les comprimés sont des préparations solides contenant une unité de prise d'une ou plusieurs substances actives. Ils sont obtenus en agglomérant par compression un volume constant de particules. C'est la forme galénique la plus répandue sur le marché.

I.2.2. Types de comprimés

Il existe plusieurs types de comprimés dont on distingue :

· Les comprimés non enrobés

Ils comprennent des comprimés à couche unique et des comprimés à couche multiples disposées parallèlement ou concentriquement. Très peu de substances sont directement compressibles, il est donc nécessaire de leur adjoindre des adjuvants agglutinants ou de réaliser une opération de granulation. Ces deux méthodes permettent de garantir une cohésion suffisante entre les grains et un délitement plus facile.

? Les comprimés enrobés

Ce sont des comprimés dont la surface est recouverte d'une ou plusieurs couches de mélanges de substances diverses comme les résines, les gommes, la gélatine, les sucres, les cires, les polyols et les colorants.

? Les comprimés effervescents

Leur délitement est assuré par un dégagement d'anhydride carbonique résultant de l'action d'un acide organique sur un carbonate. Ils sont destinés à être dissous ou dispersés dans l'eau avant administration.

? Les comprimés orodispersibles

Ils sont constitués de nombreuses microparticules enrobées qui sont comprimés entre elles. Elles se désagrègent dans la bouche au contact de la salive et le principe actif est résorbé dans le tractus digestif.

· INSAT Chapitre I : Etude bibliographique

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Les comprimés gastro-résistants

Ce sont des comprimés à libération modifiée, destinés à résister aux sucs gastriques et à libérer le ou les principes actifs dans les sucs intestinaux. Ils sont obtenus soit en recouvrant les comprimés d'un enrobage gastro-résistant, soit en les préparant à partir de granulés déjà recouverts par une couche protectrice. Ils sont utilisés pour les principes actifs irritants pour l'estomac ou ceux qui peuvent s'altérer en milieu acide [3].

I.2.3. Avantages

Les formes pharmaceutiques destinées à l'administration par voie orale et plus particulièrement les formes sèches représentent plus de 80 % des médicaments produits à l'échelle mondiale. Elles sont économiquement intéressantes et hautement reproductibles grâce à la maitrise des procédés industriels de leur fabrication. Les comprimés et les capsules présentent la catégorie la plus fréquemment produites et consommée parmi les autres formes solides. Les principaux avantages de ces formes sont :

· l'auto-administration ;

· l'existence de différentes méthodes de fabrication ;

· la commodité lors de l'emballage et du stockage ;

· la production en masse à faible coût ;

· la qualité constante et la précision du dosage ;

· la stabilité plus satisfaisante comparativement à la forme liquide ;

· la possibilité d'adaptation du profil de dissolution par un système de libération prolongée [4].

I.2.4. Processus de fabrication

La fabrication des comprimés peut se faire selon deux procédés différents. La figure (2) résume les différentes étapes de chaque mode de production [5].

Les divers constituants, sous forme de poudres, sont mélangés à l'aide de malaxeurs. Ils sont ensuite préparés soit par une compression directe soit par une granulation.

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a) Compactage

b) Concassage

c) Tamisage

Mélange des poudres de principe(s)
actif(s) et d'excipients

Granulation humide

Granulation sèche

Mélange

Compression

a) Mouillage

b) Granulation

d) Séchage

c) Tamisage

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Fig- 2 : Processus de fabrication des comprimés

? La compression directe

Cette technique réduit le nombre d'opérations de fabrication et diminue donc les coûts d'obtention ; mais requiert des excipients onéreux et une technicité de mise au point supérieure. Elle ne peut être mise à profit qu'avec des comprimés à très faibles teneurs en principe(s) actif(s).

? La granulation

Elle sert à augmenter la densité, à avoir un meilleur écoulement, à obtenir une porosité supérieure facilitant la dissolution ainsi qu'une meilleure compressibilité.

Elle est réalisée soit pour voie humide, soit par voie sèche : - La granulation par voie humide

Le liquide de mouillage est souvent de l'eau seule ou additionnée de l'alcool dilué. Le mouillage est assuré dans les malaxeurs des mélangeurs planétaires, à vis ou autre types d'appareils.

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La granulation qui suit est réalisée dans les granulateurs rotatifs ou oscillants et suivie d'une opération de séchage en étuve ou dans des séchoirs à lit fluidisé. Les granulés sont ensuite tamisés, mélangés aux adjuvants avant de faire l'objet de la compression définitive.

- La granulation par voie sèche

Plus rarement employée, elle est destinée à la formulation de principes actifs ne supportant ni l'humidité ni la chaleur du séchage. On réalise une compression préliminaire, avec obtention de briquettes qui sont ensuite concassées dans les broyeurs.

? L'enrobage

L'opération d'enrobage consiste à recouvrir la surface des comprimés par une substance filmogène. Elle est réalisée soit par dragéification ou pelliculage ; afin d'obtenir un effet particulier comme la gastro-résistance ou la libération prolongée, de masquer un goût désagréable ou encore de fournir une coloration distinguée pour des raisons commerciales. La pelliculage est la méthode est la plus utilisée grâce à sa rapidité, son automatisme et surtout son faible coût.

? Le contrôle

Lors de la fabrication, on contrôle le grain (homogénéité, humidité résiduelle, fluidité) et quelques propriétés des comprimés obtenus telles que la dureté, l'aspect macroscopique, les dimensions (épaisseur, diamètre) ainsi que la masse [5].

I.3. Excipients

I.3.1. Rôles d'excipients dans les formes solides

Le concept traditionnel de l'excipient a connu une évolution importante d'une simple charge à un constituant essentiel de la formulation. La qualité des médicaments est déterminée non seulement par la substance active mais aussi par la performance des autres constituants.

Leurs propriétés physicochimiques agissent principalement sur trois axes [6]: - in vivo : ils définissent le temps de la transition gastro-intestinale ;

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- au niveau du processus de fabrication : ils sont indispensables pour la mise en forme galénique ;

- pendant le stockage : ils assurent la conservation.

Le développement rapide des facteurs scientifiques, réglementaires et économiques a introduit un nouvel intérêt pour le rôle et la fonctionnalité des excipients. Plus d'un millier de matières premières, disponibles à partir d'une multitude de sources, sont utilisés aujourd'hui dans l'industrie pharmaceutique. Leurs structures chimiques varient de petites molécules complexes naturelles à des molécules synthétiques qui sont généralement des polymères.

La sélection des excipients se base sur deux critères déterminants de la qualité d'un médicament : la stabilité et la biodisponibilité de la substance active. Ils remplissent d'importantes fonctions en particulier dans le cas des formes posologiques solides [7].

I.3.2. Classification

Les excipients jouent plusieurs rôles en galénique. Ils sont utilisés à des teneurs massiques différentes qui dépendent à la fois de la famille d'excipients à laquelle ils appartiennent et de leur nature chimique [8,9].

Ils sont classés suivant leurs fonctions au sein de la préparation solide :

? Les diluants (20% - 90%) :

Ce sont des poudres généralement inertes, ils jouent un rôle de remplissage lorsque la quantité de principe actif est insuffisante pour la préparation de comprimés.

A titre d'exemple, on cite :

- les sucres : lactose, mannitol, saccharose ;

- les sels : phosphate dicalcique, tricalcique, sulfate de calcium, carbonate

de calcium, chlorure de sodium ;

- l'amidon natif ;

- la cellulose microcristalline.

? Les liants ou agglutinants (5% - 10%) :

Certains jouent un rôle au niveau de la compression directe tel que la cellulose microcristalline, et d'autres sont utilisés pour la granulation humide tel que les dérivés

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vinyliques comme le polyvidone ou povidone (PVP). On trouve entre autre les dérivés cellulosiques, les amidons, les polyethylene-glycols (PEG), les dérivés glycéridiques (D-glucose, maltose, sorbitol), les protéines (gélatine) et les gommes.

? Les désagrégeants ou délitants (0,5% - 10%) :

Ils accélèrent la désintégration du comprimé en fragments, dispersant ainsi une certaine quantité du principe actif dans le milieu physiologique. Ils agissent selon divers procédés : par gonflement, par dissolution ou par réaction chimique. On cite comme exemple : la crospovidone, la croscarmellose carboxyméthylamidon sodique.

? Les lubrifiants (0,5% - 15%) :

Ils donnent un aspect brillant et non poussiéreux aux comprimés. Ils influencent les propriétés rhéologiques des granulés et les opérations de compression :

- ils améliorent la fluidité du grain en favorisant l'alimentation régulière de la chambre de compression et promouvant les propriétés rhéologiques du mélange : c'est le cas de la silice;

- ils diminuent les problèmes de collage au niveau des poinçons de la matrice de compression en réduisant l'électricité statique de certaines poudres. C'est le pouvoir anti-adhérent ou antistatique : exemple du talc;

- ils réduisent la friction entre les particules durant la compression et diminuent les frottements : exemple du stéarate de magnésium.

Les lubrifiants les plus couramment utilisés sont: le stéarate de magnésium, l'acide stéarique, les dérivés glycériques, la paraffine solide, le polytetrafluoroethylène, le talc, l'huile de ricin et de coton hydrogénée, le laurylsulfate de sodium et la silice pure colloïdale.

? Les adjuvants divers :

Ils sont classés selon plusieurs familles :

- les mouillants : compensent les propriétés hydrofuges de certains constituants ;

- les substances tampons: ont pour rôle de protéger les principes actifs contre les variations du pH au cours de la conservation. Exemple, le citrate ou phosphate de calcium ;

- les colorants : améliorent l'aspect du comprimé ;

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- les aromatisants et les édulcorants: atténuent les saveurs désagréables ;

- les conservateurs : permettent la conservation du comprimé et donc d'augmenter sa durée de vie en retardant l'oxydation ou la photolyse du principe actif et des excipients ainsi que la prolifération microbienne. Ce sont essentiellement des antioxydants et antimicrobiens : acide citrique et acide ascorbique. On distingue aussi des agents opacifiants qui protègent les principes actifs photosensibles des rayonnements lumineux comme le dioxyde de titane.

II. Interactions physico-chimiques principe actif-excipients

II.1. Définition de la notion d'interaction

Une interaction est une influence réciproque entre deux entités ou deux phénomènes. Dans le domaine pharmaceutique, une interaction peut avoir lieu entre un principe actif et les excipients ou entre les excipients eux-mêmes dans une même formulation.

Les approches rationnelles de choix des excipients ont été basées sur la probabilité potentielle de leurs interactions avec les principes actifs. Plusieurs études ont souligné l'existence des interactions comme la complexassion, la liaison hydrogène, les interactions ion-dipôle, dipôle-dipôle et de van der Waal. Ces dernières peuvent modifier le comportement physicochimique, pharmacologique ou pharmacocinétique des médicaments.

Par conséquent, les excipients sont des composantes importantes pouvant soit améliorer les caractéristiques des formulations soit réduire l'efficacité de certaines préparations [10].

II.2. Méthodes d'étude d'interactions principe actif-excipients

Un élément clé de la qualité du médicament est le profil de stabilité qui constitue une rubrique particulière du dossier d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

La stabilité découle de l'ensemble des données physiques et chimiques acquises tout au long du développement du médicament et au cours de son stockage. Elle se base sur la capacité du produit à demeurer conforme aux critères d'acceptation en assurant sa qualité thérapeutique et sa pureté durant une période de conservation spécifiée.

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Cette dernière dépend essentiellement de l'environnement chimique du principe actif, renfermant les excipients. Les études de compatibilité principe actif-excipient sont indispensables pour la maîtrise de la stabilité des produits finis. Elles se font généralement sous des conditions de stress à savoir la température, l'humidité et les mélanges binaires ou ternaires, afin de prévoir tous types d'interactions potentielles dans un laps de temps restreint (par rapport à la durée de la validité du médicament avant sa péremption).

L'étude de la stabilité se fait par plusieurs méthodes : spectroscopiques, microscopiques, thermiques et chromatographiques [6].

II.3. Types d'interactions principe actif-excipients

Le choix des excipients et leurs interactions avec le principe actif sont les bases de la formulation des médicaments : l'ampleur de leurs effets sur le dosage libéré de la substance active dépend de ces caractéristiques ainsi que de la quantité et les propriétés des excipients [11].

Il peut s'agir d'une synergie entre les différents constituants : l'interaction dans ce cas est considérée comme étant bénéfique [12] ; on observe par exemple une augmentation de la stabilité [13] et de la solubilité [14-16].

Les cas d'incompatibilité causent l'altération de l'activité thérapeutique qui peut se traduire par l'augmentation des effets indésirables ou la diminution significative de la biodisponibilité [10, 17].

II.4. Incompatibilités physicochimiques principe actif- excipients II.4.1. Incompatibilités chimiques

Les principes actifs sont généralement des molécules fragiles, assez influençables par leur environnement chimique. Deux catégories d'incompatibilité chimique sont distinguées :

? les réactions de dégradation intrinsèque de la substance active ; ? les réactions covalentes entre le principe actif et les excipients.

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Les réactions de la première catégorie sont favorisées par les excipients. En effet, ces derniers sont déterminants de deux facteurs importants à savoir : la présence d'une quantité d'eau plus ou moins importante et le micro-pH local.

L'existence d'excipients hygroscopiques peut favoriser l'augmentation de la concentration en impuretés. En effet, l'humidité résiduelle dans un système à l'état solide peut avoir un impact significatif sur la stabilité du principe actif.

D'une part, elle augmente la plasticité et la mobilité de ce système par conséquent sa réactivité. Dans ce cas, l'incorporation d'excipients à caractère hygroscopique (isolant l'humidité) empêche l'hydrolyse de la substance active; comme la silice colloïdale par exemple.

D'autre part, la quantité d'eau emmagasinée par l'excipient, étant faiblement adsorbée à sa surface, reste mobile et cause ainsi l'altération du médicament ; on cite le cas de la cellulose microcristalline qui a favorisé la dégradation du nitrozepam [18].

Les excipients peuvent posséder aussi un comportement acido-basique selon leurs structures chimiques. Leurs critères de choix doivent dépendre de la compatibilité de leur profil de pH avec la fragilité des principes actifs. En outre, l'humidité libre favorise la réactivité acido-basique à l'interface principe actif-excipient. En effet, la majorité des médicaments sont commercialisés sous la forme de sels car ils sont plus stables que les bases ou les acides organiques correspondants. La modification du pH du microenvironnement de principe actif régénère des formes acides ou basiques libres et par la suite augmente la probabilité de sa dégradation [18].

On cite à titre d'exemple la réaction d'hydrolyse du principe actif, telle que celle d'un nitrile en amide, d'un ester en acide et alcool, ou la réaction d'oxydation telle que celle d'un thiol en disulfure, d'un alcool en cétone ou d'un aldéhyde en acide [19].

En ce qui concerne les réactions covalentes entre le principe actif et les excipients, ces dernières font intervenir des groupements fonctionnels des excipients ou des impuretés pouvant interagir avec la molécule thérapeutique.

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L'exemple type est la réaction de Maillard entre des amines primaires ou secondaires et les sucres réducteurs. Le schéma suivant présente le mécanisme de la réaction entre le lactose et un principe actif portant une amine primaire [20] :

Fig- 3 : Réaction de Maillard entre l'amine primaire d'un
principe actif et le lactose

Les réactions d'oxydoréduction ou de photolyse sont initiées par le dioxygène en présence de la lumière, d'un catalyseur ou de la chaleur, induisant la formation de radicaux libres.

La polymérisation est une autre réaction qui peut avoir lieu à cause des groupements fonctionnels portés par les molécules. Elle mène à des entités chimiques à poids moléculaires plus importants. Dans le cas de l'ampicilline, l'amino-pénicilline en solution concentrée, subit une polymérisation qui peut détruire le pouvoir thérapeutique de ce principe actif.

L'isomérisation peut survenir avec certains types d'excipients générant des impuretés ; c'est le cas de la vitamine A.

Les excipients ionisables peuvent interagir avec des principes actifs ionisables provoquant la formation de composés insolubles résultant des interactions de charges entre les différents composés (échange de contre-ion).

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Les bentonites et les attapulgites qui sont des minéraux dont la surface est chargée peuvent interagir avec des molécules thérapeutiques de charges opposées [19].

II.4.2. Incompatibilités physiques

Certains composés peuvent s'adsorber à la surface du principe actif favorisant sa dissolution. Par contre, si les forces d'attraction sont fortes, la libération du principe actif devient plus difficile. C'est le cas des excipients lipophiles comme les lubrifiants tel que le stéarate de magnésium qui peut former des agglomérations autours des molécules actives [19].

II.5. Cas d'incompatibilités présentées par les bétabloquants

Les bétabloquants, comme tous les principes actifs, portent plusieurs groupements fonctionnels lui permettant d'accomplir leurs rôles thérapeutiques. Cette fonctionnalité est à l'origine, dans certains cas, d'incompatibilités avec différents excipients.

Plusieurs études publiées portent sur l'analyse du comportement de l'aténolol avec différents excipients. Cette substance active a montré qu'elle est susceptible d'établir des liaisons hydrogène avec le mannitol (entre l'hydroxyde du sucre et l'hydrogène de l'amine secondaire de l'aténolol) ; cette incompatibilité a été mise en évidence par une température et une énergie de fusion plus importante que celle du principe actif seul [21].

D'autres excipients ont engendré sa décomposition, comme le lactose, via la réaction de Maillard avec un taux de dégradation de 2%. De plus, l'acide ascorbique, l'acide citrique et le butyl hydroxyanisole provoquent l'oxydation de l'aténolol.

En effet, ces réactions augmentent parfois la concentration en impuretés connues dans la monographie de la substance active ou fait apparaitre des nouveaux produits de dégradations. L'impureté (G) de l'aténolol, par exemple, est produite par l'hydrolyse de sa fonction amide en présence des deux acides cités précédemment [22].

Le carvédilol s'est avéré aussi incompatible avec l'acide citrique : l'interaction entre les deux substances produit l'ester de l'acide citrique et l'amide du principe actif [23].

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III. Phénomènes de polymorphisme dans les médicaments III.1. Principe actif : état cristallin et polymorphisme

Le polymorphisme est défini comme étant la faculté que possède une substance de cristalliser selon des structures différentes.

Ce phénomène concerne les médicaments de formes solides. Les différentes opérations mécaniques, chimiques et/ou galéniques prenant place après la cristallisation auront, en général, des répercussions négatives sur ce qu'il est convenu d'appeler la cristallinité initiale du principe actif. En effet, la forme cristalline initialement obtenue peut évoluer en subissant des transitions solide-solide incluant des transformations polymorphiques, pseudopolymorphiques (formation d'hydrates ou de solvates) ou devenir amorphe [24].

III.2. Facteurs provoquant le polymorphisme

Au cours du processus de fabrication, plusieurs paramètres peuvent contribuer à la survenance du polymorphisme.

Un principe actif, en vue de préparer des gélules ou des comprimés, peut subir l'effet de différentes opérations mécaniques incluant : le broyage, le compactage et la compression.

Toute ces opérations mécaniques peuvent apporter de l'énergie au système concerné par :

- un échauffement pouvant conduire à la fusion de certaines entités du mélange ;

- un changement de la structure cristalline en favorisant soit l'apparition d'une nouvelle forme cristalline soit l'amorphisation plus au moins totale du principe actif et/ou des excipients. Il est important de noter que même si le taux global de phases amorphes est faible et parfois indétectable. Ces phases sont souvent présentes à la surface des particules ;

- par la création de défauts cristallins qui sont des zones localisées de hautes énergies pouvant favoriser les processus de recristallisation en des phases plus stables [25].

D'une part, au niveau d'une formulation galénique incluant un procédé de granulation humide ou avec un solvant, une hydratation ou solvatation peut se produire : c'est le

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pseudopolymorphisme. D'autre part, ce phénomène dans la majorité des cas est réversible. En effet, par un simple chauffage, les pseudopolymorphes obtenus peuvent évoluer en fonction des conditions de température de séchage et récupérer leurs formes initiales.

La présence en quantité notable de différents excipients s'est avérée favorisante de l'accélération de certaines transformations polymorphiques. On cite l'exemple du carvédilol et l'aténolol qui sont des bétabloquants : une fois mélangé au povidone, le carvédilol passe de la forme II à la forme III [26] alors que l'aténolol perd sa cristallinité complètement à cause des fortes interactions entre le principe actif et l'excipient.

En outre, pour d'autres familles de molécules thérapeutiques, le broyage du chloramphenicol en présence de la silice colloïdale provoque aussi l'amorphisation de ce dernier [20].

III.3. Conséquences du polymorphisme

III.3.1. Répercussion sur la biodisponibilité et sur le profil de dissolution

Il est important, pour des considérations de contrôle de qualité, d'illustrer les différents profils de dissolution pour une molécule donnée dans le cas de l'existence d'un polymorphisme. La cinétique de dissolution dépend de la forme cristalline considérée mais également de l'état d'agglomération, de la distribution granulométrique de la surface spécifique et de la réactivité surfacique [25].

III.3.2. Effets sur les propriétés physicochimiques

Les molécules à l'état solide présentent toujours une certaine réactivité physico-chimique plus faible qu'à l'état liquide ou gazeux. Néanmoins, dans certains cas, les phases amorphes peuvent présenter des réactivités très importantes par rapport à la forme cristallisée caractérisée généralement par une meilleure stabilité [26].

La cristallisation de composés à intérêt pharmaceutique est très compliquée car elle résulte de la compétition de nombreux mécanismes comme la croissance des différentes formes cristallines et la transformation des formes métastables vers les formes stables. Pour contrôler le polymorphisme, il est donc nécessaire de connaître et

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â 1 sélectifs

ex : acébutolol, aténolol bétaxolo, métoprolol...

de comprendre non seulement l'influence des différentes conditions opératoires mais aussi les divers mécanismes élémentaires mis en jeux lors de la cristallisation [27].

IV. Principes actifs étudiés

IV.1. Choix des principes actifs

Cette étude est faite sur l'acébutolol, le bétaxol et le carvédivol qui des principes actifs dont, au moins trois produits finis, sont commercialisés en Tunisie. Les médicaments sont sous forme de comprimés (non enrobés et enrobés, sécables et non sécables). Leurs compositions diffèrent de point de vue dosage de la substance active et excipients utilisés pour leurs formulations. Ils sont aussi fabriqués par des méthodes différentes (compression directe, granulation...).

IV.2. Classe thérapeutique

Les bétabloquants appartiennent à la classe des antihypertenseurs qui sont des médicaments très utilisés en cardiologie ainsi que pour le traitement de pathologies diverses. Ce sont des antagonistes de récepteurs adrénergiques du système nerveux autonome sympathique (Figure 4) [28].

Non selectifs

ex : carvédilol, nadolol propranolol, timolol...

Béta-antagonites

Antagonistes des récepteurs adrénergiques

Non séléctifs

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Alpha-antagonistes

á 1sélectifs

 

á 2 sélectifs

Fig- 4 : Les différentes classes des antagonistes des récepteurs adrénergiques

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IV.3. Propriétés physicochimiques

Les noms IUPAC et les structures des principes actifs étudiés sont les suivants :

Acébutolol (chlorhydrate)

Nom IUPAC

Chlorhydrate de N-[3-acétyl-4-[(2RS)-2-hydroxy-3-[(1-méthyl)
amino] propoxy) phényl] butanamide.

Structure

 
 

Bétaxolol (chlorhydrate)

Nom IUPAC

Chlorhydrate de (2RS)-1-[4-[2-(cyclopropylmethoxy) éthyl]phenoxy]-3-[(1-méthyléthyl) amino] propan-2-ol.

Structure

 
 
 
 

Carvédilol

Nom IUPAC

[3 - (9H-carbazol-4-yloxy)-2-hydroxypropyl] [2 - (2-méthoxy phénoxy) éthyl] amine.

Structure

 
 

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Le tableau (1) résument les propriétés physicochimiques [@1].

Tableau 1 : Propriétés physicochimiques des principes actifs étudiés

 

Principe actif

Propriété

Acébutolol

Bétaxolol

Carvédilol

Formule chimique

C18H28N2O4, HCl

C18H29NO3, HCl

C24 H26 N2 O4

Masse molaire (g.mol-1)

372,88

343,88

406,47

Température de fusion

141-143°C

113-117 °C

114-115 °C

pKa

9,4

9,4

15

Réfractivité

88,64

88.64

115.64

Lipophilie

Log P = 0,2

Log P = 0,59

Log P >1

Solubilité (eau) (mg.L-1)

220

451

0,583

Aspect

Poudre cristalline
blanche

Poudre cristalline
blanche

Poudre cristalline
blanche

Plusieurs substances actives peuvent se présenter sous différentes formes polymorphiques.

L'acébutolol existe seulement sous la forme de deux polymorphes á et â. La forme utilisée pour les formulations médicamenteuse est celle de á [29].

Pour le cas de carvédilol, plusieurs études ont fait l'objet de la préparation d'une variété importante de polymorphes et de pseudopolymorphes afin d'améliorer son comportement lors de la dissolution : les formes (I), (II) et (IV) sont des anhydres, la forme (V) est un solvate et la forme (III) est un hydrate [30].

Cependant, jusqu'au aujourd'hui, le bétaxolol n'est connu que sous une seule forme cristallisée utilisée dans l'industrie pharmaceutique.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe