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Le quantitative easing européen réussira t-il à  redonner une certaine crédibilité à  la BCE ?

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par Vincent Farcy
ICN Business School - Programme Grandes Ecoles 2016
  

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1. INTRODUCTION

Depuis le 1er Janvier 1999, la Banque centrale européenne (BCE) est responsable de la mise en oeuvre de la politique monétaire dans la zone euro, deuxième économie mondiale après celle des Etats-Unis. La BCE est le fruit de la construction européenne et de la convergence vers une monnaie et une politique monétaire communes.

Mon mémoire part d'un double constat : née aux Etats-Unis, la crise économique et financière de 2008 a touché tous les pays développés, mais parmi les pays développés, seule la zone euro a été atteinte par une deuxième crise, celle de la crise de la dette souveraine à partir de 2010, ce qui peut être interprété comme un échec. En effet, à la fin de l'année 2014, la zone euro et les Etats-Unis affichaient des situations économiques bien différentes : alors que les Etats-Unis connaissaient une reprise franche avec une croissance à 2,4%, un taux de chômage proche de son niveau naturel à 5,9% et une inflation à 0,8%, la zone euro semblait encore loin d'une sortie de crise avec une croissance faible à 0.9%, un taux de chômage élevé à 11,8% et une inflation à 0,4%.

Afin de comprendre ces constats, il me semble légitime de nous poser un certain nombre de questions : Quelles différences de traitements de la part de la BCE et de sa consoeur américaine pour la crise financière et économique de 2008 pouvons nous relever ? Quelle part de responsabilité doit-on accorder à la BCE dans cet échec ? Sa crédibilité s'en est elle retrouvée impactée ? L'arrivée d'un nouveau président à sa tête en novembre 2011 a t-elle changé la donne ?

Ce mémoire s'attachera donc à étudier si les mesures prises à partir de janvier 2015 dans le cadre du programme d'achat massif d'actifs, ou quantitative easing (QE), auront permis de redonner une certaine crédibilité à la BCE.

Dans un premier temps, nous chercherons à comprendre pourquoi la BCE fait face à une crise qui perdure seulement en Europe. Dans un deuxième temps, nous analyserons la part de responsabilité de la BCE dans cette crise. Enfin, nous étudierons si le volontarisme affiché par Mario Draghi aura suffi à redonner de la crédibilité à l'action de la BCE.

2. La BCE a dû faire face à une crise profonde qui ne perdure qu'en zone euro

La BCE se différencie des autres banques centralesdu fait de sa structure complexe et de son fonctionnement unique. En septembre 2008, suite à la faillite de Lehman Brothers, elle s'est retrouvée, avec les autres banques centrales, à devoir faire face à une crise financière et économique mondialed'une gravité sans précédent. Au contraire des autres pays développés, qui ont su rebondir, la zone euro et la BCE ontdû lutter contre une seconde crise à partir de 2010 : la crise de la dette souveraine.

2.1. La BCE : une structure complexe et un fonctionnement unique

L'Eurosystème, organe de l'Union européenne, est constitué de la BCE et des banques centrales nationales (BCN) des Etats membres de l'Union européenne ayant adopté l'euro, soit à ce jour dix-neuf Etats1(*). Conjointement, la BCE et les BCN accomplissent les missions qui leur ont été conférées. Tandis que le processus de décision de la politique monétaire est centralisé au niveau de la BCE, le processus d'implémentation est lui décentralisé aux BCN. Ainsi, les BCN sont responsables de la bonne conduite des opérations de politiques monétaires et ce conformément aux instructions énoncées par le conseil exécutif de la BCE.

La BCE comprend trois organes principaux :

· Le directoire : composé d'un président, nommé pour huit ans, d'un vice-président et de quatre autres membres ; tous sont nommés par le Conseil européen.

· Le conseil des gouverneurs : le principal organe de décision de la BCE. Il est composé des six membres du directoire et des gouverneurs des banques centrales nationales des dix-neuf pays de la zone euro, soit 25 membres2(*).

· Le conseil général : composé du président et du vice-président de la BCE, ainsi que des gouverneurs de tous les Etats membres de l'Union européenne. Il représente le lien entre les banques centrales des Etats membres participants à l'union monétaire et celles des Etats membres non participants.

2.1.1. Objectifs, missions et stratégie monétaire de la BCE

L'article 127, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne définit l'objectif principal de l'Eurosystème : « L'objectif principal du SEBC (...) est de maintenir la stabilité des prix » (Official Journal of the European Union, 2012). Cela signifie garantir une inflation faible et maitrisée (juste en dessous de 2% par an). Contrairement à la banque centrale américaine, la BCE ne fait pas directement référence à un objectif principal de croissance ou d'emploi.

Le traité rajoute : « Sans préjudice de l'objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l'Union, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l'Union, tels que définis à l'article 3 du traité sur l'Union européenne »(Official Journal of the European Union, 2012). Les objectifs de l'Union en question sont « une croissance économique équilibrée, la stabilité des prix et une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social »(Official Journal of the European Union, 2012).

L'importance relative accordée par la BCE à l'objectif de stabilité des prix sur ses autres objectifs s'explique d'une part par l'influence de la loi de la bundesbank de 19573(*)et par le consensus de la fin des années 1980 pour des banques centrales indépendantes orientées vers la stabilité des prix4(*).

La stabilité des prix est désirable car elle permet d'atteindre des niveaux élevés d'activité économique et d'emploi. Au contraire, l'inflation créé de l'incertitude dans l'économie et celle-ci peut entraver la croissance économique. La stabilité des prix permet d'identifier plus facilement les changements de prix relatifs étant donné que ceux ci ne sont pas masqués par des fluctuations du niveau général des prix. Ainsi, cela permet une meilleure allocation des ressources et accroit le potentiel productif de l'économie. Cela réduit aussi le niveau de la prime de risque d'inflation dans le taux d'intérêt ce qui stimule l'investissement.

En vertu de l'article 127, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, les missions fondamentales relevant de l'Eurosystème consistent à :

· Définir et mettre en oeuvre la politique monétaire de la communauté ;

· Conduire les opérations de change ;

· Détenir et gérer les réserves officielles de change des pays participants ;

· Promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement.

L'Eurosystème dispose également de missions non fondamentales :

· L'émission des billets de banque ;

· La contribution à la stabilité financière ;

· La consultation et la collecte des informations statistiques ;

· La coopération internationale et européenne.

Pour parvenir à son objectif de stabilité des prix, La BCE a une stratégie monétaire à deux piliers :

· Le premier pilier est le contrôle de la croissance de l'agrégat monétaire M3 qui se justifie par une relation positive entre croissance de la masse monétaire et inflation5(*).

· Le second pilier est un suivi très attentif des facteurs qui affectent normalement les évolutions des prix à court terme. Il s'agit, par exemple, de l'évolution générale de la production, des conditions sur le marché des capitaux et sur le marché du travail, des évolutions du taux de change, de l'économie dans son ensemble ou de la balance des paiements.

* 1Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Grèce (2001), Slovénie (2007), Chypre et Malte (2008), Slovaquie (2009), Estonie (2011), Lettonie (2014), Lituanie (2015)

* 2 Neuf membres à la Bank of England (BOE), douze membres à la Federal Reserve (Fed)

* 3La raison principale de la création de la Bundesbank en 1957 fut la stabilité des prix : l'Allemagne ayant fortement souffert d'hyperinflation au cours de la période de l'entre-deux-guerres

* 4 Reserve Bank of New Zealand Act, 1989

* 5 Théorie quantitative de la monnaie (Fisher)

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