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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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Paragraphe 1 : Les définitions et théories de la firme multinationale (FMN)

L'évolution des technologies et l'intensification de la concurrence basée sur l'innovation ainsi que l'augmentation du niveau de la demande et de l'offre sur les marchés nationaux et internationaux ont conduit les FMN à se transformer dans les années 80 et 90. Par conséquent, plusieurs firmes multinationales sont devenues des réseaux de firmes et des firmes globales qui se fondent sur des stratégies d'innovation ou de flexibilité, laissant pour le compte les stratégies conglomèrales au profit des réseaux transnationaux plus cohérents. A partir de ces évolutions, plusieurs auteurs ont développé les théories expliquant le phénomène de multinationale de la firme. Pour mieux appréhender la question de multinationalisation de la firme, il est nécessaire d'aborder d'une part les définitions de la FMN (1-1), et d'autre part, les théories de la FMN (1-2).

1-1: Les définitions de la firme multinationale (FMN)

Il n'existe pas de définition unique de la firme multinationale. Les raisons de cette diversité sont principalement de deux ordres: l'origine des définitions et la nature des critères retenus (Andreff, 1987)15. Concernant l'origine des définitions, on fait remarquer tout d'abord que, les définitions émanent à la fois de dirigeants, d'organismes internationaux et d'universitaires (économistes, gestionnaires, juristes). Ensuite, elles reposent sur des critères divers tels que l'ampleur de l'activité (taille de l'entreprise), l'existence de filiales à l'étranger, le nombre de pays d'implantation, le nombre de salariés de nationalité autre que celle de la maison mère ou encore la structure organisationnelle adoptée. Certains auteurs caractérisent ainsi une multinationale par la présence de filiales de production à l'étranger.

C'est à partir des années 50, avec l'instauration d'un cadre économique et politique international favorable aux activités économiques à l'étranger16, que les chercheurs se sont penchés sur l'étude de la FMN de manière générale. Ainsi, Maurice Baye en 1953 définit les

15ISABELLE Martinez. (2011), L'internationalisation est-elle créatrice de valeur, 22eme congres de L'AFC, May 2001, France. pp.CD-Rom. <halshs-00584641>, p. 2.

16 DELAPIERRE Michel, MILLELI Christian. (1995), Les firmes multinationales, Ed Vuibert, pp. 10-50. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., 12.

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grandes unités interterritoriales comme un ensemble intégré des organisations de production contrôlées en divers territoires, par un centre unique de décision17. Cette définition a été développée ensuite par Stephen Hymer en 1960, qui s'appuie sur l'importance du contrôle dans la définition de la firme étrangère à partir de deux principes pouvant inciter un investisseur à prendre le contrôle. En premier lieu, l'investisseur doit assurer la sécurité de son investissement et contrôler l'ensemble du rendement des capitaux investis, en second lieu, les structures de compétition entre firmes seront modifiées, les firmes doivent donc organiser une connivence avec ses filiales étrangères. Ce qui implique une organisation interne entre filiales en réseau d'échange international fondé sur une volonté de modifier à son avantage les conditions de la concurrence internationale au sein des grands oligopoles18.

En effet, pour que l'investissement à l'étranger soit possible et rentable, la firme doit posséder un avantage spécifique sur ses concurrents locaux, et cet avantage trouve sa source dans les imperfections du marché dont Charles Kindelberger en 1971 distingue trois firmes ayant des activités dans le monde en fonction de leurs relations avec les pays dans lesquels elles opèrent, ceci en suivant une classification des entreprises selon qu'elles soient multinationales, transnationales, internationales ou mondiales19:

- les firmes nationales: ce sont des firmes citoyennes produisant à l'étranger;

- les sociétés internationales: ce sont des entreprises qui prennent des décisions avec pour seule finalité le profit, sans se référer aux législations et politiques du pays où elles opèrent;

- les firmes multinationales: ce sont des firmes qui produisent à l'étranger suivant la législation des pays dans lesquels elles opèrent.

En 1979, Vernon a défini une firme multinationale comme une entreprise de taille ayant des filiales industrielles dans au moins six pays. Plus tard, en 1982 Caves considère qu'une multinationale contrôle et gère une production à l'étranger dans au moins deux pays20. Les organisations comme l'organisation internationale du travail (OIT) ou l'organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), définissent la FMN comme une entreprise ou d'autres entités établies dans plusieurs pays et liées de telle façon qu'elles peuvent coordonner leurs activités de diverses manières. Une ou plusieurs de ces entités

17 BAYE Maurice. (1987), Relations économiques internationales, 5éme Edition, Ed DALLOZ, p. 694. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p.12.

18MUCHIELLI Jean louis. (1998), Multinationales et mondialisation, Paris, Ed DU SEUIL, pp. 17-18. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p. 13.

19 RAINELLI Michel. (1979), La multinationalisation des firmes, Paris, Ed ECONOMICA, p. 11. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p. 15.

20 ISABELLE Martinez. (2011), op. Cit., pp. 3-5.

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peuvent être en mesure d'exercer une grande influence sur les activités des autres, mais leur degré d'autonomie au sein de l'entreprise peut être très variable d'une multinationale à l'autre. Leur actionnariat peut être privé, public ou mixte21. La définition de l'OIT se lit comme suit: les entreprises multinationales comprennent des entreprises, que leur capital soit public, mixte ou privé, qui possèdent ou contrôlent la production, la distribution, les services et autres moyens en dehors du pays où elles ont leur siège. Le degré d'autonomie de chaque entité par rapport aux autres au sein des entreprises multinationales est très variable d'une entreprise à l'autre, selon la nature des liens qui unissent ces entités et leur domaine d'activité et compte tenu de la grande diversité en matière de forme de propriété, d'envergure, de nature des activités des entreprises en question et des lieux où elles opèrent.

On peut définir la multinationalisation des entreprises comme une facette de leur internationalisation, c'est-à dire de l'élargissement de leur champ d'activité au-delà du territoire national. Elle s'effectue d'abord par des IDE (investissements directs à l'étranger), qui consistent à la création ou l'achat de sociétés à l'étranger qui deviennent des filiales de la firme ainsi multinationalisée, dès lors que leur capital est détenu majoritairement par la FMN. Il peut aussi s'agir de création d'une joint-venture, c'est-à-dire d'une filiale commune à deux entreprises de deux nationalités distinctes. Parfois l'IDE amène l'entreprise initiatrice à transférer son activité de production du pays d'origine vers un autre pays. On parle alors de délocalisation. Mais la multinationalisation se réalise aussi par la mise en place de « réseaux d'alliance » entre une ou plusieurs entreprises « centre névralgique » et un ensemble d'entreprises liées à celle(s)-ci par des contrats (sous-traitance, franchise, partenariat, coopération...)22. Apres avoir donné la définition opérationnelle de la FMN, il convient de comprendre sa raison d'être. En effet, pour investir à l'étranger, une entreprise est dans l'obligation de déployer d'importants efforts, aussi bien financiers qu'humains. A ce niveau, les FMN élaborent les plans à l'échelle mondiale dans le but d'optimiser les avantages liés à leur mobilité, à la diversité des pays potentiels à l'implantation.

1-2: Les théories de la firme multinationale (FMN)

Depuis la mondialisation, les firmes multinationales prennent de plus en plus d'importance et elles sont devenues un élément primordial de la stratégie d'internationalisation des sociétés transnationales. Des chercheurs comme Caves (1971),

21Michèle RIOUX. (2012), Théories des firmes multinationales et des réseaux économiques transnationaux, CEIM, pp.

6-10.

22 Idem

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Dudas (2007), Vernon (1966) ont déjà proposé des réponses à cette question. Les différentes réponses traduisent les théories expliquant l'investissement étranger. Ces théories sont basées sur différentes approches selon les éléments qui concourent à la réalisation de l'IDE23. Lors des premières manifestations de l'internationalisation des firmes domestiques, la théorie du commerce international n'était pas en mesure de reconnaître et d'analyser la firme. Pour elle, le marché est constitué d'individus qui échangent librement et la concurrence, principe organisateur des échanges, neutralise toutes stratégies ou tout exercice de pouvoir de la part des agents économiques. La firme n'existe donc pas comme acteur structurant de l'évolution du capitalisme.

L'un des premiers auteurs à s'attaquer à ce problème fut Vernon avec sa théorie de l'échange international intégrant commerce et IDE (Vernon, 1966)24. Au moment où Vernon construit son modèle, c'est-à-dire dans les années 1960, les FMN sont principalement des firmes américaines qui investissent massivement en Europe. Selon sa théorie, les FMN américaines détiennent alors un avantage absolu vis-à-vis des firmes étrangères, ce qui explique, à la fois, l'accumulation des excédents commerciaux des États-Unis vis-à-vis de l'Europe et le développement des flux d'IDE des États-Unis vers l'Europe. Le modèle de Vernon admet donc l'existence de différentes fonctions de production entre les entreprises en fonction de leur origine nationale. La théorie de Vernon (le modèle du cycle du produit) s'articule autour de deux concepts: au niveau microéconomique, le cycle du produit, et, au niveau macroéconomique, l'écart technologique entre les nations. L'idée était de remplacer l'exportation par la licence et plus tard, par les IDE lorsque la demande à l'étranger se développe et que la standardisation de la production le permet, c'est ainsi qu'à la fin du cycle, un pays exportateur à l'origine peut devenir importateur. L'intérêt de cette théorie est d'intégrer l'investissement international et de spécifier les facteurs de localisation qui influencent les avantages des entreprises sur le plan commercial et des IDE.

Il faudra attendre les années 1990 pour voir réapparaître un intérêt pour les variables de localisation et pour le rôle des États. C'est Hymer, un économiste d'origine canadienne, qui a probablement eu le plus d'influence et d'importance dans les efforts de développer une théorie des FMN. C'est lui qui fut le premier à mettre l'accent sur les avantages spécifiques des entreprises et à noter les avantages « O » pour les oligopolistiques. Sa théorie explique les causes de l'IDE par les imperfections du marché. Pour surmonter ces imperfections, les entreprises utilisent des IDE afin de contrôler la production de leurs produits à l'étranger. Le

23 Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 28. 24Michèle RIOUX. (2012), op. Cit., pp. 9-11.

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contrôle de la production permet ensuite de gagner en compétitivité face aux entreprises locales et ainsi acquérir le monopole. La théorie de la concurrence monopolistique de Hymer soutient que l'IDE est le résultat des imperfections du marché, car les investisseurs étrangers ont un avantage spécifique (ou avantage monopolistique) que les entreprises locales n'ont pas. Les imperfections du marché peuvent générer des avantages spécifiques aux STN à travers la diversité des produits (image de marque, techniques de commercialisations, etc.), l'accès aux marchés de capitaux, l'exploitation d'économie d'échelle, la détention d'une technologie et les politiques interventionnistes des gouvernements. Par contre, la théorie de Hymer n'explique pas pourquoi les entreprises doivent investir à l'étranger plutôt que d'exporter25.

En effet, pour certains auteurs tels que (Dunning et Rugman, 1985), les imperfections de marché ne sont pas liées à l'existence de barrières à l'entrée et aux structures de marché, elles sont, dans la perspective de l'internalisation, essentiellement naturelles. Il existe des obstacles à la performance des marchés internationaux et par conséquent des coûts de transaction transfrontalière, ce qui fait que les firmes ont intérêt à internaliser les activités transfrontalières. En général, les auteurs de ce courant accordent peu d'importance aux avantages oligopolistiques et si certains d'entre eux, notamment Buckley (1992), admettront que les FMN sont capables de créer et d'exploiter les imperfections de marché, règle générale, les hiérarchies institutionnelles prenant la place du marché sont déterminées par des facteurs externes aux entreprises.

Néanmoins, ces théories n'ont pas pu expliquer la présence de petites et moyennes entreprises (notamment japonaises) sur le marché international des IDE. Pour expliquer alors cette particularité, le professeur Kojima (1975) de l'université Hitotsubashi (Japon) évoque la théorie des avantages comparatifs selon laquelle les IDE sortants sont entrepris de façon séquentielle dans les pays les plus avancés industriellement vers les pays les moins avancés. Selon cette dernière théorie, nous pouvons classifier les raisons des IDE sortants en quatre groupes d'orientation: les IDE orientés vers la recherche des matières premières, les IDE à la recherche du travail à bas coûts, les IDE à la recherche de marché et ceux à la recherche de la production et la distribution internationale26.

25 Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 30. 26Idem

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Paragraphe 2 : Les déterminants de l'implantation de la firme multinationale (FMN) dans un pays étranger

Il existe deux principales théories qui ont expliqué les déterminants de l'implantation des firmes: la théorie d'internalisation qui introduit la notion de l'avantage que crée le contrôle d'un marché étranger à partir de l'implantation de filiales et la théorie de Dunning basée sur la détection des avantages que détiennent les firmes. La décision de l'implantation à l'étranger et la forme qu'elle prend répondent principalement à une logique microéconomique propre à chaque entreprise. Dans ce cadre, un territoire peut se montrer attractif pour certaines activités et non pour d'autres. Cela explique l'existence de flux d'IDE. Par contre, le choix du mode et du pays de l'implantation sera fonction de la combinaison des avantages de la firme et de la zone d'accueil (accès aux ressources naturelles, coût et qualification de la main-d'oeuvre, incitations fiscales, accès préférentiel à certains marchés étrangers, etc.). Par ailleurs, d'autres déterminants plus actuels entrent en ligne de compte dans le choix stratégique de l'implantation des firmes, notamment, le critère de la globalisation, qui explique comment les stratégies des firmes peuvent évoluer. C'est dans cette optique que sont exposés ci-après, d'abord les apports de la théorie des coûts de transaction (2-1) et ensuite les déterminants de l'implantation selon la théorie de Dunning (2-2).

2-1: Les apports de la théorie des coûts de transaction

La théorie des coûts de transactions a donné des explications plus claires aux éventuelles décisions des firmes à s'implanter à l'étranger. Selon O.E. Williamson, le marché est caractérisé par la rationalité limitée des agents et de contrats incomplets, d'incertitude, de la complexité des situations, de la loi du petit nombre, de l'asymétrie de l'information, de la spécificité des actifs et de la gestion des contrats qui peuvent conduire les dirigeants à vouloir réduire les imperfections de marchés en optant pour une meilleure organisation de la transaction27. En effet, les contraintes d'internalisation peuvent être sources de plusieurs coûts de transactions tels que28:

- l'absence de contrat entre acheteur et vendeur: cela peut induire la firme à des coûts d'annonce et de recherche;

- la méconnaissance du produit par l'acheteur: le coût est lié à une perte due à l'achat d'un produit qui ne correspond pas à ce que l'acheteur voulait au départ, ou que les

27KOENIG Gilbert. (1998), Les théories de la firme, Paris, 2e édition, Ed ECONOMICA, pp. 58-70. 28GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit, pp. 67-68.

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acheteurs ne savent pas utiliser, la perte peut aussi s'agir d'une éventuelle revente du produit;

- le désaccord sur le prix de vente: il peut surgir dans le cas de méconnaissance de technologie dont le produit est composé des marchés, cela se transforme en coûts de négociation du produit auxquels la firme doit faire face;

- les autres coûts: ils sont relatifs aux défauts de qualité des produits qui engendrent un coût lié à son utilisation ou de sa réparation, les risques de transport tels que les chocs que subissent les produits impliquant aussi la réparation, de refus du produit et de la demande de son remboursement. Les coûts de transaction liés aux difficultés juridiques, cela entraîne des coûts dus aux recours et aux frais de justice.

Ces différents obstacles conduiraient à faire une internalisation par la création de plusieurs filiales afin de contrôler l'internationalisation des coûts de transaction par l'investissement direct étranger ou par l'implantation29. L'internalisation est un moyen pour la firme de lutter contre l'imperfection des marchés et peut aussi être source de création d'autres imperfections à son profit, de plus, l'internationalisation permet à la firme d'assurer ses approvisionnements à une qualité souhaitée, de sauvegarder et de renforcer l'avantage spécifique de la firme à l'échelle mondiale. Le marché interne permet à la firme de ne pas perdre sa technologie sur le marché libre et accroît le pouvoir de négociation face aux agents économiques en particulier de fructifier ses brevets et licences, en négocier la cession et d'effectuer des échanges croisés30. En effet, le modèle de l'internalisation n'explique pas les raisons qui poussent les firmes à s'implanter à l'extérieur de leurs pays d'origine.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote