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Attractivité territoriale et stratégies de localisation des entreprises industrielles dans les collectivités territoriales de la région du centre au Cameroun

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par Marius Trésor MENGUE OYONO
Université de Yaoundé 2 - SOA - Master 2 en Economie du Territoire et de la Décentralisation 2015
  

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I.2 Caractéristiques et indicateurs d'attractivité territoriale

L'attractivité d'un territoire étant généralement assimilée à la capacité de ce territoire à attirer et à retenir les facteurs mobiles de production et/ou la population. Nous définirons ainsi que cette attractivité comme la capacité d'un territoire à être choisi par un acteur comme zone de localisation (temporaire ou durable) pour tout ou une partie de ses activités. Cette définition fait apparaitre un problème concret, c'est celui des caractéristiques et de la mesure de l'attractivité. Nous analyserons ici, les caractéristiques et les différents indicateurs de mesures de l'attractivité territoriale.

I.2.1 Les caractéristiques de l'attractivité d'un territoire

Les acteurs soumis à l'attraction des territoires, ainsi que les facteurs auxquels ils sont sensibles seront successivement examinés.

I.2.2. Les acteurs soumis à l'attraction des territoires

Deux types d'acteurs sont susceptibles d'être attirés par un territoire : les personnes physiques résidentes et les responsables ou équipes dirigeantes des organisations (entreprises, administrations, institutions de types association ou organisation non gouvernementale, etc...) qui investissent dans le territoire et y créent des emplois.

i. L'attraction d'un territoire sur les personnes physiques

L'attraction d'un territoire sur les personnes physiques (les ménages et les individus) se traduit par une localisation temporelle et résidentielle. La localisation d'un ménage correspond à une installation temporaire ou définitive ; dans ce dernier cas, le ménage, ou les individus, y installent leurs résidences principales.

Pour ce qui est de l'installation temporaire, exceptionnelle ou régulière, elle concerne généralement des franges "typées" de la population : touristes, étudiants, personnes en stages ou toute personne séjournant plusieurs jours sur un territoire et qui y dispose d'un logement. Pour distinguer une installation temporaire d'une installation durable (considérée quelquefois comme définitive), on retient, comme en comptabilité nationale, un critère de durée, habituellement un an. L'activité économique de certaines villes dépend étroitement de ce type de population ; c'est le cas des villes universitaires qui accueillent une importante population étudiante. L'installation temporaire peut avoir un caractère exceptionnel ou régulier ; les séjours, dans un territoire, auront souvent un caractère exceptionnel pour les touristes.

Cependant, l'installation aura un caractère durable si le ménage demeure pendant plus d'un an dans son logement. On peut donc dire que le territoire a donc un caractère uniquement résidentiel, si le ménage n'y possède que son lieu de résidence, le lieu de travail étant situé sur un autre territoire, par exemple une autre commune.

Une personne se trouve en situation de localisation temporaire lorsqu'elle ne dispose pas de logement dans le territoire considéré. Les motifs de ce séjour temporaire sont variés : acheter des biens ou des services, se promener en bénéficiant des aménités du site, travailler ... Une localisation a un caractère régulier ou exceptionnel. Les séjours auront le plus souvent un caractère régulier lorsqu'il y a une grande proximité géographique entre le territoire d'accueil temporaire et le territoire où est situé le logement. Les localisations pour le travail ont un degré élevé de régularité. En revanche, les visites touristiques, comme pour les installations temporaires, ont un caractère irrégulier, voire exceptionnel.

Cette analyse des installations temporaires ou durables, nous amène à évoquer une nouvelle forme d'économie : l'économie résidentielle ou présentielle. Une économie résidentielle représente, généralement, une économie qui dépend de la présence, sur ce territoire, de personnes disposant de revenus qui ont été générés en dehors de ce territoire. Il s'agit principalement des résidents, qui travaillent sur un autre territoire, des personnes retraitées et des touristes. Il faut y adjoindre l'ensemble des personnes qui bénéficient de transferts sociaux. Ces personnes, présentes sur le territoire, mais qui n'y travaillent pas, contribuent, par leur consommation, au développement de l'économie locale et à la création d'emplois, notamment dans le domaine de la distribution et des services. L'économie de nombreux territoires est uniquement une économie résidentielle, car les activités de production, destinées à vendre en dehors de ce territoire des biens ou des services, sont très faibles

ii. Attraction des territoires sur les investisseurs

Deux cas de figures caractérisent l'attraction des territoires sur les investisseurs ; l'attraction s'exerce sur des entreprises déjà implantées, qui agrandissent leurs établissements ou en créent de nouveaux, ou sur des entreprises extérieures au territoire. Les emplois créés ont un caractère basique ou non basique. Les emplois basiques correspondent aux unités qui produisent des biens et des services destinés à l'exportation, c'est-à-dire à la vente de biens et de services hors du territoire. Dans la mesure où ces emplois augmentent le volume de la population résidente, des emplois non basiques seront créés, principalement de services, destinés à satisfaire les besoins de la population locale. On fait ainsi apparaître un multiplicateur d'emplois ; la création d'emplois basiques est alors à l'origine d'une chaîne de création d'emplois non basiques, dont le volume augmente progressivement. Il y a création massive d'emplois non basiques, quand, sur un territoire, il y a eu un afflux de retraités ou de personnes dont les revenus sont versés en dehors de ce territoire. Les emplois à caractère basique et non basique appartiennent au secteur de production de biens et de services, mais aussi aux administrations publiques ou aux diverses institutions, comme les associations, classées en comptabilité nationale dans le secteur des institutions sans but lucratif au service des ménages. Les emplois créés dans l'administration sont susceptibles de fournir des services à l'ensemble des autres zones de la région, ou même au niveau national ; ces emplois basiques auront, comme les emplois industriels de cette nature, un effet d'entraînement sur le processus de création d'emplois sur le territoire.

I.2.3. Les facteurs de l'attractivité d'un territoire

Les facteurs d'attractivité d'un territoire concernent, d'une part, l'ensemble des ménages ou des groupes spécifiques de ménages et, d'autre part, les investisseurs lorsqu'ils veulent implanter, ou développer, leurs activités sur un territoire.

i. Les facteurs de l'attraction sur les ménages

Un territoire, comme une ville par exemple, sera d'autant plus attractif pour les individus qu'il permet à ces derniers de bénéficier de plus fortes capacités (ou capabilités) au sens d'Amartya Sen (2000). Il s'agit, selon cet auteur, de la capacité d'être (liberté de se nourrir, de se vêtir, de se loger, d'être en mesure d'échapper aux maladies évitables etc.) et de la capacité d'agir (liberté de se déplacer, d'accéder à l'éducation, d'accéder au marché du travail, de bénéficier de loisirs ou de participer à la vie sociale et politique etc.) Il ne convient pas d'assimiler les capacités d'être et d'agir avec les consommations ou les investissements effectués par les individus (achat de nourriture, dépenses de logement, dépenses en services de loisirs etc.). Pour Sen, ce qui importe, c'est la capacité, ou la liberté réelle, de l'individu de mener une activité donnée. En fonction des ressources dont il dispose, l'individu choisit entre les diverses combinaisons d'activités (de fonctionnements selon les termes d'A. Sen, 2000, Op.cit.) Qu'il est capable de réaliser. Le territoire, notamment la ville, joue un rôle essentiel dans le processus de conversion des ressources individuelles (ressources financières, intellectuelles, relationnelles, humaines) en libertés réelles d'être et d'agir. Le territoire apporte des ressources complémentaires à l'ensemble des ménages sous forme d'aides, d'espaces urbains à caractère récréatif, comme les parcs ou les zones de loisir, de richesses culturelles accessibles gratuitement ou à un prix réduit, de formations professionnelles ou d'activités culturelles librement accessibles.

De nombreux classements de villes ou de territoires font explicitement référence à cette théorie des capacités d'A. Sen, ou de façon implicite ; pour apprécier les facteurs d'attractivité du territoire. Les indicateurs retenus sont, pour certains, des indicateurs de consommation. Les auteurs de ces analyses supposent, implicitement, qu'une forte consommation d'un produit ou d'un service donné reflètent une offre importante en volume et en variété et que, par conséquent, les résidents disposent de capacités élevées d'être et d'agir. La capacité d'être correspondrait principalement sur un territoire à celle de se loger aisément, de se maintenir en bonne santé et d'échapper aux maladies évitables, de bénéficier de la sécurité et d'un cadre de vie agréable. La capacité d'agir rassemblerait les capacités à se déplacer à travers le territoire, à accéder à l'éducation, au marché du travail et à des loisirs variés.

Avoir la liberté d'être et d'agir implique la liberté de choisir entre plusieurs alternatives différentes. Cela comprend le processus de choix lui-même et les possibilités disponibles, c'est-à-dire les options différentes offertes à l'individu. Un territoire devrait offrir à ses habitants la possibilité de se loger à un prix abordable et de choisir dans une large gamme de logements disponibles afin qu'ils puissent obtenir l'appartement ou la maison individuelle qui convient le mieux à leurs besoins. Se maintenir en bonne santé et échapper aux maladies évitables supposent que le territoire bénéficie d'un environnement non pollué et offre aussi un système sanitaire, constitué d'hôpitaux et de cliniques, efficace. Un taux d'actions malveillantes (par rapport à la population locale) contre les biens et les personnes caractérise le degré de sécurité offert par le territoire et par conséquent le sentiment de sécurité ressenti par ses habitants. La cadre de vie est appréciable de façons très diverses : bénéficier d'un climat agréable, d'un ensemble architectural et de monuments historiques etc.

La principale capacité d'agir, qui conditionne toutes les autres sur un territoire, est sans doute la liberté de se déplacer aisément d'un point à l'autre de ce territoire, ce qui suppose l'existence d'un système de transport performant. À cet égard, des zones rurales, connaissent un certain isolement, limitant fortement la liberté, pour leurs habitants, de profiter des mêmes opportunités que les citadins. La liberté d'accéder à l'éducation est d'autant plus grande que le système scolaire et universitaire est plus développé et offre aux élèves et aux étudiants un large éventail de filières. La liberté d'accéder au marché du travail dépend de nombreux facteurs : le nombre et la qualité des emplois proposés, ainsi que le degré de concurrence entre les demandeurs d'emploi. La qualité des emplois peut être appréhendée par la proportion d'emplois à durée indéterminée occupés par les actifs, par la proportion d'emplois précaires (indicateur inverse de la qualité de l'emploi), ou par la proportion d'emplois qualifiés du territoire. Quant à la liberté de bénéficier de loisirs, elle est liée à la variété de l'offre du territoire dans ce domaine : loisirs sportifs, activités culturelles etc.

Un territoire, véritablement attractif, offrira à ses résidents de plus grandes libertés que les autres, ce qui contribue à retenir la population et à attirer les habitants des autres territoires. L'attractivité d'un territoire varie, toutefois, d'un groupe à l'autre de la population. Des catégories de ménages, qui recherchent des maisons individuelles, par exemple, seront très sensibles à la proportion de maisons individuelles disponibles dans l'habitat total. Avoir la liberté d'acquérir, dans des conditions relativement avantageuses, une maison individuelle deviendra, pour ces ménages, le seul facteur d'attractivité. Par ailleurs, des ménages, qui souhaiteraient s'implanter durablement sur un territoire, seront sensibles à tous les facteurs agissant sur leurs capacités actuelles et futures.

ii. Les facteurs de l'attraction sur les investisseurs

L'attraction sur les investisseurs est la capacité d'un territoire à leur offrir des conditions d'implantation de leurs activités, les incitants à se localiser sur ce territoire. Cette attractivité dépend de trois facteurs principalement : les caractéristiques de la demande des entreprises soucieuses de développer leurs projets, les caractéristiques du territoire lui-même et l'intensité de la concurrence entre les territoires.

L'ensemble des critères économiques et sociaux est pris en compte si les investisseurs envisagent de créer un nouveau circuit de distribution. Au contraire, l'implantation d'un laboratoire par exemple, exige une main-d'oeuvre spécialisée qui n'est pas disponible sur tous les territoires. La présence, au sein d'un territoire, de professionnels aux connaissances spécifiques, ou de cabinets d'experts, est primordiale dans le choix de la localisation du laboratoire. Plus les exigences techniques des entreprises sont «pointues», plus le choix devra s'opérer entre un petit nombre de territoires, souvent éloignés géographiquement les uns des autres.

Les facteurs susceptibles d'attirer les entreprises sont nombreux : coût et qualification de la main-d'oeuvre, infrastructure de transport ou de télécommunication, services aux entreprises disponibles, fournisseurs potentiels, marché suffisamment large, si l'entreprise n'exporte pas sa production en dehors du territoire (en cas notamment, de prestations de services). Aucune entreprise ne se limite à prendre en considération un facteur unique quand il s'agit de déterminer un lieu d'implantation. Si elle recherche des coûts de main-d'oeuvre faibles, elle ne peut pas, cependant, se dispenser d'infrastructures suffisamment efficaces, de certains services aux entreprises et même de certains fournisseurs.

L'attraction d'un territoire sur les entreprises ne dépend pas uniquement de facteurs techniques, liés aux conditions de production et à la demande des marchés locaux. Une entreprise a parfois besoin de main-d'oeuvre qualifiée qu'il lui faudra attirer, en provenance d'autres territoires. Les ménages, souhaitant s'installer définitivement dans un nouveau territoire, seront très sensibles aux ressources offertes par ce dernier et aux libertés d'être et d'agir. Ainsi, un lycée international par exemple pour lui, est un atout essentiel pour un territoire dont les responsables souhaiteraient attirer des investisseurs étrangers

I.2.4. Approches et indicateurs de l'attractivité territoriale

Nous présenterons d'un part, les grandes catégories d'approches telles qu'identifiées par Fabrice Hatem (2004), ensuite les différents indices permettant de percevoir le niveau d'attractivité des pays.

i. La différente approche de l'attractivité territoriale

En partant d'une définition simple du concept d'attractivité territoriale, à savoir : « capacité d'un territoire à une période donnée, à attirer les investissements, facteurs de production et les activités économiques ». Hatem (2004) identifie ainsi cinq catégories d'approches pour appréhender ce concept.

L'approche « macro » par les indicateurs globaux

Cette approche vise à identifier les déterminants globaux expliquant la plus ou moins bonne attractivité « moyenne » du territoire considéré (en général un pays ou une grande région) pour l'ensemble des investissements internationaux, c'est-à-dire sa capacité à attirer une part de ces investissements plus importante que d'autres territoires. Cette approche peut être considérée comme une descendante de la théorie du commerce international, dans une vision où l'hypothèse de fixité du capital productif est levée. Il s'agit désormais d'expliquer, non plus seulement les conditions de spécialisation des territoires dans certaines productions, à dotations données en facteurs fixes, et donc une certaine configuration de leur commerce international, mais, plus en amont, les déterminants de la localisation d'un facteur de production mobile : le capital. C'est ce passage d'une problématique de spécialisation « à facteurs fixes » vers une problématique d'accueil d'un facteur mobile (le capital productif) qui légitime ici l'apparition de la notion d'attractivité territoriale, en complément de celle de compétitivité. Il apparaît bien cependant que les deux notions sont étroitement liées, l'attractivité ne constituant en fait que l'une des étapes (accueil des facteurs de production) de la dynamique de construction de la compétitivité territoriale. Cette approche a donné lieu à plusieurs catégories de travaux distincts : des approches économétriques, des approches par enquêtes d'opinion auprès des investisseurs et enfin, la réalisation des « baromètres » ou indicateurs d'attractivité ou de la compétitivité par différents instituts.

L'approche « méso » par les effets d'agglomération ou clusters

Il s'agit ici de comprendre pourquoi une catégorie spécifique d'activités (secteur, fonction) sera davantage attirée par une zone particulière (de niveau en général régional ou infrarégional). Le fondement théorique de cette approche remonte jusqu'aux travaux d'Alfred Marshall (1890). Originellement, ce courant d'analyse n'est pas focalisé sur la question des investissements étrangers, ni même sur celle de la localisation du capital productif considéré comme un facteur mobile, mais plutôt sur l'analyse des dynamiques locales permettant l'émergence endogène d'un pôle de production et de compétitivité. Ce cadre d'analyse peut cependant être élargi de manière relativement aisée à la prise en compte des comportements de localisation du capital productif.

Cette approche a donné lieu à des développements dans deux domaines distincts. D'une part, les travaux de l'école dite de la « nouvelle économie géographique » cherchent à réintégrer la dimension spatiale dans les modèles d'équilibre économique. Ils formalisent pour cela les comportements de localisation des agents économiques en fonction de deux séries de forces : centripètes et centrifuges. Les premières favorisent les effets d'agglomération autour des centres d'activité existants, et les seconds au contraire, favorisent la dispersion des activités. Exprimée en termes dynamiques, cette approche propose une explication théorique aux phénomènes d'agglomération, puis de déversement d'activités une fois que les forces centripètes l'emportent sur les forces centrifuges. D'autre part, les approches en termes de « clusters » développés, dans la lignée directe d'Alfred Marshall, par de nombreux auteurs dont le plus connu est Michael Porter (1993), privilégient, contrairement aux précédentes, des études de cas de préférence à une approche théorique très formalisée. Elles conduisent de ce fait à des analyses beaucoup plus accessibles aux non-spécialistes et aux décideurs politiques locaux, et qui ont de fait bénéficié d'un retentissement bien au-delà des seules sphères académiques. Ces analyses insistent notamment sur l'importance des synergies potentiellement existantes entre des activités complémentaires réunies en un même lieu : laboratoires de recherche-développement et centres de formation, entreprises ensemblières, sous-traitants et fournisseurs, acteurs publics du développement. Selon cette vision, le renforcement de ces « pôles de compétences locaux » passe donc par une intensification de la coopération entre ces différents acteurs : réseaux d'entreprise, partenariat public-privé. La question de l'attractivité est dans cette approche abordée selon deux angles complémentaires : d'une part, l'accueil d'activités nouvelles exogènes est considéré comme l'un des outils permettant de renforcer le pôle de compétitivité (effet de masse critique, arrivée de « chaînons manquants » dans les filières locales) ; d'autre part, la politique de promotion peut elle-même prendre argument de l'existence de ces « pôles de compétitivité » afin de faire valoir aux entreprises spécialisées dans l'activité concernée l'existence d'une « offre territoriale différenciée » adaptée à leurs besoins.

L'approche « micro » par la comparaison de rentabilité selon les sites

Dans cette approche, il s'agit de déterminer le meilleur site de localisation possible pour un projet particulier. Ni l'approche par les indicateurs globaux ni celle par l'offre territoriale différenciée ne permettent en effet de porter un jugement définitif sur la rentabilité escomptée d'un projet d'investissement individuel sur un site donné. Pour parvenir à évaluer celle-ci, il convient de reconstituer de la manière la plus fine les conditions concrètes de fonctionnement du projet. Aux approches issues de la théorie économique (économie spatiale ou économie internationale) se substituent alors des techniques inspirées de l'analyse financière, avec l'utilisation de business-plans plus ou moins détaillés, couplés éventuellement avec des scénarios permettant de prendre en compte les incertitudes liées aux différents facteurs susceptibles d'influer sur le niveau des coûts et des recettes. Cet exercice présente l'avantage de prendre en compte de manière très précise et réaliste les conditions concrètes d'investissement et d'exploitation d'un projet donné. Par contre, il a l'inconvénient symétrique de ne pas aboutir directement à un diagnostic général sur l'attractivité territoriale, puisque seuls des cas particuliers sont étudiés. Cette limite peut cependant être surmontée en évaluant les conditions de rentabilité d'un panel de projets individuels suffisamment large et représentatif. On utilise pour cela des bases de données détaillant les principaux coûts en fonction des lieux de localisation potentiels afin d'évaluer, à travers un business-plan stylisé, la rentabilité escomptée de chaque projet pour chacun des différents sites en compétition. Les résultats ainsi obtenus peuvent être éventuellement agrégés pour obtenir un classement des différents territoires et/ou sites d'accueil potentiel en fonction de la rentabilité escomptée en moyenne pour l'ensemble des projets considérés.

L'approche en termes d'image

Elle vise à analyser la manière dont un territoire donné, en créant un effet d'image dans l'esprit du décideur, peut accroître son attractivité, un peu comme l'existence d'une « image de marque » peut stimuler la vente d'un produit. Cette approche est très fortement liée à l'approche « méso », dans la mesure où les effets d'image peuvent difficilement prendre forme en l'absence d'une réalité industrielle et technologique de type « cluster » ou « districts industriels ». Mais il faut également souligner que la problématique de la communication territoriale s'est développée au cours des années récentes de manière très autonome par rapport aux études économiques stricto sensu. Dans l'esprit des consultants en communication, au moins aussi écoutés que les économistes par les décideurs politiques, l'existence de pôles de compétence ne constitue qu'une base utile, mais pas totalement indispensable à la mise en place d'un discours marketing visant à créer autour du territoire concerné une image positive et si possible différente, c'est-à-dire insistant sur sa capacité à attirer un type d'activités particulier.

L'approche par le processus de décision

On s'intéresse ici au processus à travers lequel l'investisseur choisit le site sur lequel il localisera son projet. On peut donc considérer qu'il s'agit d'une variante de l'approche « micro » précédemment décrite, dans la mesure où son objet est l'analyse d'une décision spécifique par un agent individuel. Mais elle en diffère fondamentalement dans la mesure où c'est ici la logique de choix de l'investisseur qui est placée au centre de l'analyse, plutôt que les caractéristiques comparées des territoires en compétition.

ii. Les indicateurs ou « baromètres » de l'attractivité territoriale

Les caractéristiques et constructions des indicateurs d'attractivité territoriale ont été recensées par Anne Musson (2010). Ainsi, nous présenterons d'abord les catégories d'indicateurs, et ensuite nous dresserons sous forme de tableau les indicateurs utilisés par certaines institutions internationales.

Les catégories d'indicateurs d'attractivité territoriale

Les indicateurs simples : Afin de décrire l'attractivité d'un territoire, certaines organisations choisissent un indicateur, un seul, celui qu'ils jugent le plus caractéristique du concept. Ainsi, la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) publie l'Indice de Performance des IDE qui classe les pays selon les IDE reçus relativement à leur taille, et nous informe donc sur l'attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs étrangers, mais non sur la raison de celle-ci.

Les indices composites : À l'opposé de ce type de mesure de l'attractivité, consistant en un indicateur unique, certaines organisations, les mêmes parfois, construisent des indicateurs qui, en fait, sont la combinaison de nombreux autres, imbriqués de telle façon à ce qu'ils ne fassent plus qu'un. Plusieurs indices sont élaborés par certains organismes et bureaux d'expertises internationaux, c'est le cas le cas de l'Indice de Compétitivité Mondiale, calculé chaque année par l'IMD Lausanne. Celui-ci fait l'objet d'un rapport annuel, le « World Competitiveness Yearbook «, dans lequel sont évaluées les performances de 57 pays en matière d'attractivité à travers quatre thèmes principaux : la performance économique, l'efficacité du gouvernement, l'efficacité des affaires et les infrastructures. L'autre indice de référence est celui du World Economic Forum (WEF), et est connu sous le nom de l'Indice de Compétitivité Global/Mondial (GCI). Cette organisation internationale indépendante définit la compétitivité comme « l'ensemble des institutions, des politiques et des facteurs déterminant le niveau de productivité d'un pays » (World Economic Forum, 2009), cela même définissant son attractivité. AT Kearney, cabinet privé de conseil en stratégie et management, selon le même principe d'agrégation des données, propose un calcul différent pour mesurer l'attractivité. En effet, pour calculer l'Indice de Globalisation, trois grands piliers sont dessinés : intégration économique, connectivité technologique et engagement politique (AT Kearney, 2006).

La Banque Mondiale publie chaque année le médiatique Doing Business, qui s'attache à mesurer, à travers pas moins de 8967 indicateurs, la réglementation des affaires dans 183 pays. Cette série de rapports annuels est censée informer les entrepreneurs sur les réglementations nationales qui facilitent ou compliquent la vie d'une entreprise. Dix thèmes sont ainsi abordés, et à travers ceux-ci et les indicateurs qu'ils contiennent, la Banque Mondiale a pour objectif d'analyser les résultats économiques, de déterminer quelles réformes ont été ou seront efficaces, où et pourquoi, le tout en comparant les pays. Les données utilisées pour construire les indicateurs sont issues d'enquêtes, le questionnaire reposant sur l'étude de cas (World Bank, 2009). Enfin, La CNUCED, à côté de l'Indice de Performance des IDE, construit également son indicateur composite d'attractivité, dans le cadre de la publication annuelle du World Investment Report (WIR). Cependant, l'indicateur, appelé Indice d'IDE potentiels, n'est pas réactualisé tous les ans. Ainsi, 12 variables sont prises en compte pour mesurer l'attractivité potentielle d'un territoire vis-à-vis des investisseurs étrangers : entre autres, le PIB par habitant, l'énergie commerciale utilisée, les dépenses de Recherche et Développement dans le PIB, la proportion d'étudiants de 3e cycle, etc. (UNCTAD, 2002). Plusieurs autres indices de perceptibilité de l'attractivité d'un territoire sont construits par bon nombre d'autres institutions.

Méthodes de construction des indicateurs d'attractivité territoriale

Pour la construction d'un indicateur d'attractivité territoriale, les moyens les plus communément utilisés sont :

D'une part, les enquêtes d'opinions auprès des acteurs utilisant la ressource territoriale (investisseurs, ménages, entreprises, etc...). Ainsi, il peut leur être demandé, de classer les critères de localisation et de donner un classement relatif des différents territoires d'accueil potentiel par rapport à ces critères. C'est le cas notamment du baromètre d'attractivité d'Ernest Young. Ce dernier set publié annuellement, et, porte sur une enquête auprès des dirigeants d'entreprises multinationales. En 2007, l'enquête d'Ernest Young a interrogé 809 décideurs de firmes multinationales, elle recense les annonces d'implantation internationale et d'extensions d'activités.

Et d'autre part, les approches économétriques, qui prennent comme variable à expliquer les IDE et comme variables explicatives les différents facteurs ou critères de localisation. Les variables explicatives sont en général des indicateurs macroéconomiques ou des indicateurs agrégés utilisés comme proxy des variables explicatives issues du modèle théorique. Notons que l'intérêt de ces approches économétriques, est qu'elles permettent de dégager les variables jugées significatives, ce qui permet d'expliquer l'attractivité comparée des différents territoires.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote