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Activités de reconstruction économique et sociale pour l'autonomisation de la femme à  Bangui et ses environs.

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par Ulrich Martial Bienvenu SANDY
Université de Bangui - Master 2 en Action Humanitaire et Développement 2015
  

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III. ETAT DES LIEUX DE LA RECONSTRUCTION ECONOMIQUE ET SOCIALE ET DE L'AUTONOMISATION DE LA FEMME

III.1. Les principaux défis de reconstruction en RCA

De la complexité de la crise aux défis institutionnels en passant par les défis sociaux, plusieurs défis caractérisent le processus de reconstruction de la RCA. Le plus important est de concilier les différents acteurs, domaines et échelles de la reconstruction pour mettre en place une structure sociale qui pérennise la paix, gage du développement économique et de stabilisation sociale.

a. Une sortie de crise complexe avec les phases de relèvement entrecoupées des phases d'urgence

L'analyse approfondie de la crise centrafricaine avec des situations d'urgence entrecoupées des situations de relèvement nécessite une bonne stratégie de développement susceptible de ne pas subir davantage de choc. En effet, si le calme revenait petit à petit à Bangui et dans une partie du pays entre janvier et décembre 2015, la situation sécuritaire reste volatile, en particulier à Bangui et dans le centre du pays, où anti-balaka et ex-Séléka s'affrontent régulièrement ainsi que sur le corridor Bangui-Garouaboulaye. L'autorité de l'Etat reste absente sur la plus grande partie du territoire national, une majorité des fonctionnaires n'ayant pas regagné leurs postes. Les conditions de vie des populations sont gravement détériorées, sur tous les plans : économique, sécuritaire, humanitaire, alimentaire et sanitaire.

Le 26 Septembre 2015, alors que le pays se trouvait presque dans la phase de relèvement par endroit, la ville de Bangui a une fois de plus été secouée par le regain des violences occasionnant 77 décès24(*), 414 blessés, 48.131 nouveaux cas des PDI, 1.086 Réfugiés ayant traversé le fleuve Oubangui vers la RDC et le pillage des bâtiments abritant les bureaux des acteurs humanitaires. Cette flambée de violence ainsi que celle du 27 Octobre ont replongé les quartiers du sud de la ville de Bangui - qui constituent notre aire de recherche - dans une nouvelle phase d'urgence, alors que des activités de reconstruction et de stabilisation des déplacés retournés de la crise de 2013 dans leurs communautés de retour, commençaient déjà à être amorcées. On assiste aussi à des attaques organisées et coordonnées des groupes armés sur des marchandises en partance pour Bangui ou de Bangui pour les zones de Province. L'attaque des convoies de marchandise et les assassinats des convoyeurs sur le Corridor Bangui-Garouaboulaye ont, non seulement eu des conséquences politiques et sécuritaires, mais aussi économiques et sociales. Les hommes armés ont entouré la capitale, paralysant ainsi la circulation sur les axes qui l'approvisionnent en vivre pour créer la pénurie et la flambée des prix, pillant les ONG et les pharmacies pour intensifier la crise humanitaire et le chômage qui bat son plein, terrorisant la population pour déclencher la haine et le mécontentement et plonger le pays dans la violence et l'insécurité.

Tout porte à croire qu'à quelques jours des échéances électorales, des stratégies sont mises en place pour asphyxier la ville de Bangui en la coupant de toutes les activités économiques. Une telle stratégie ne pourrait qu'aggraver la souffrance des acteurs économiques centrafricains, en particulier les femmes et les jeunes qui exerçaient pour la plupart dans le secteur informel et sont largement dépendants d'autres acteurs économiques : les grossistes.

b. La cohésion sociale : un dilemme à la stabilisation du climat des affaires favorable à la reconstruction économique en RCA

La cohésion sociale entre les communautés demeure un défi majeur à la reconstruction économique et sociale de la RCA. En effet, il a toujours existé en Centrafrique, une organisation administrative entre les communautés, regroupées en zones d'intérêts économiques : commune d'élevage dominée par une forte présence de la population musulmane et commune agricole à majorité chrétienne. Traditionnellement, la répartition de la population active en Centrafrique par secteur d'activités présente une complémentarité avec la répartition par couche religieuse. Le secteur de commerce, surtout l'importation et le commerce de gros, est en général dominé par la population musulmane et les libanais. La population chrétienne, plus active dans l'agriculture que le commerce, ne se limite pour la plupart que dans le commerce de détail. Il existait alors une parfaite harmonie et un climat d'entente cordiale entre différentes communautés, même dans la vie des marchés. Certains commerces sont détenus en général par des musulmans, d'autres uniquement par les chrétiens. Cette organisation virtuelle crée une relation d'interdépendance entre les communautés qui vivaient ensemble pour subvenir à leurs besoins.

La connotation ethno-religieuse qu'a prise la crise de Mars 2013 a occasionné un grand bouleversement dans cette organisation et a mis à rude épreuve la cohabitation entre les différents acteurs économiques. Avant la crise de Décembre 2013 par exemple, le commerce de la farine du maïs pratiqué par les femmes sur les marchés de la place répondait à cette organisation. Bien que la culture du maïs se fasse par des populations majoritairement chrétiennes des zones agricoles, l'achat et le transport des sacs des grains de maïs vers les grands centres de consommation (ville urbaine) se faisaient par des grossistes et des camionneurs majoritairement musulmans. Actuellement, sur les marchés de la place, on assiste à une pénurie de cet aliment dont le prix à presque doublé du fait du départ massif des commerçants musulmans qui exerçaient dans la chaine de cette filière d'une part et par la rareté du maïs sur les marchés due au fait que les grossistes et camionneurs musulmans ne peuvent plus s'approvisionner depuis les zones de production, d'autre part.

Parallèlement aux activités d'appui à l'autonomisation de la femme, la prise en compte de la dimension sociale de cohabitation entre les acteurs économiques impactera la pertinence des actions à mettre en oeuvre. Pour les acteurs, il ne se pose pas de problème de cohabitation avec les acteurs d'autre confession religieuse comme en témoigne les résultats d'un sondage sur l'intention de retour des acteurs économiques des marchés du Km5, réalisé par l'ONG ACTED25(*). En effet, l'ensemble des acteurs économiques auditionnés reconnaissent que le commerce n'a pas de frontière et qu'ils n'ont pas à choisir de clients. Ils affirment que la RCA est un pays laïc et qu'ils ont toujours vécu en harmonie avec les communautés de différentes confessions religieuses. Pour eux, l'islam et le christianisme ne sont juste que deux religions et non deux nationalités. Si pour les commerçants, la question de cohabitation entre acteurs de différentes confessions n'est pas un problème, elle n'en demeure pas vraie pour les consommateurs qui, eux, viennent de tout horizon et pensent que le désarmement et la sécurité sont des critères encourageant les relations commerciales (vendeurs/clients) de différentes confessions.

Il existe tout de même une lueur d'espoir favorable au rétablissement de cohésion sociale entre les communautés de différentes confessions : les habitudes d'affaires connues de tout centrafricain. En effet, la cohabitation entre musulman et chrétien, vue sous l'angle d'opportunité économique est un facteur encourageant le rétablissement d'un climat de cohésion sociale, car si les populations chrétiennes sont à majorité fonctionnaires et cultivateurs, les musulmans eux, sont d'essence commerçants et éleveurs. Ce qui nécessite une complémentarité dans les relations pour parvenir à lutter ensemble contre la crise alimentaire que traverse le pays.

c. La coordination entre les acteurs et la complémentarité des actions

La volatilité du contexte humanitaire né des crises répétitives de la Centrafrique est un handicap à des actions de relèvement durable, comme l'a remarqué le Gouvernement centrafricain lors de l'élaboration du Programme d'Urgence pour le Relèvement Durable (PURD). La reconstruction, en effet, nécessite la définition d'une stratégie de coordination des interventions entre le Gouvernement et les acteurs en travaillant ensemble pour atteindre des objectifs communs qui permettent l'instauration d'une paix durable et d'un environnement sécuritaire favorable à la stabilisation des déplacés retournés dans leurs communautés de retour. La pérennisation des acquis des activités de reconstruction économique et sociale, qui implique la notion de la durabilité des actions, devra s'inscrire dans des programmes à moyen et long terme. La période de conflit nait différents besoins au sein des communautés dont la réponse à un seul volet n'apporte pas de solution immédiate. La reconstruction économique et sociale impose la remise en état de l'appareil de l'Etat sur toute l'étendue du territoire, une collaboration entre les acteurs apportant l'assistance, les organisations locales et les institutions de l'Etat qui doivent être associées dans le processus d'implémentation des activités des programmes, puisque « la restructuration doit être calibrée en fonction des capacités du pays à cette période »26(*). La réussite des actions de reconstruction repose sur un effort participatif intégré de la communauté dans toute leur composante pour une réconciliation pacifique qui nécessite « la volonté de mettre fin une fois pour toute à ce qui a pu dresser des peuples l'un contre l'autre »27(*). Dans cette logique de coordination des interventions, l'Etat assure la protection des acteurs humanitaires et facilite l'ouverture d'un couloir et d'un espace humanitaire favorable à la réalisation des interventions jusqu'à l'instauration d'un sentiment de confiance.

* 24 OCHA RCA, Flash Update 7, Affrontements Bangui, 10 Octobre 2015

* 25 ACTED RCA, 2015, Rapport d'enquête sur l'intention de retour des commerçants des marchés Kokoro et Mamadou Mbaïki ;

* 26 CROIDIEU F., 2002, La Banque Mondiale au Timor Oriental (2000-2003) : soutien à un projet de réhabilitation du secteur médical, Fiche Irénées, Paris ;

* 27 REMOND R., 2004, La Réconciliation : Exposé historique et éclaircissement conceptuel, in Fin des conflits et réconciliation : conditions pour une paix durable, Les Cahiers de la paix, n°10, Acte du colloque du Centre Mondial de la paix, Verdun, p.50

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard