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L'obéissance en droit pénal camerounais. à‰tude de la jurisprudence.

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par ARMEL CHALAIR DJIEDJEU TCHOUAKE
Université de Dschang - Master II 2010
  

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B- La permission liée à l'atteinte à la justice

L'administration d'une bonne justice passe par le concours d'autres personnes qui, sans directement ou vraiment avoir pris part à la réalisation du forfait, peuvent par leur connaissance de certains éléments apporter une contribution considérable pour la manifestation de la vérité. Mais le législateur laisse passer inaperçus certains comportements qui obstruent la justice en les couvrant d'immunité.

Le cas du recel vient de l'article 100 alinéa 1 et 2 du code pénal50 ; ce recel concerne tant le recel des biens que des personnes et n'est point applicable entre époux. C'est le lien de mariage qui la sous-tend. Certainement à cause de l'extension trop large de la famille africaine, le législateur a bien voulu la limiter aux seuls époux ; contrairement au droit français qui va au delà51.

Pour la violation des correspondances, l'article 300 alinéa 2 accorde l'immunité aux époux, et aux parents sur leur enfant mineur de 21ans non émancipé. Ce qui implique que du moment où deux personnes sont mariées, elles n'ont plus d'intimité propre justifiant que les correspondances ne puissent être lues sans autorisation préalable. Il en est de même des parents au sujet de leur enfant mineur.

Selon l'article 172 du CP, ne peut être punie toute personne qui s'abstient d'apporter aux autorités judiciaires ou de police la preuve de l'innocence d'une personne incarcérée si le geste attendu devait conduire à accuser entre autres lui-même, son conjoint ou ascendants et descendants.

De tout ce qui précède, nous pouvons constater que la responsabilité pénale de l'agent n'est point entamée tout simplement parce que la loi le protège. La seule question qui nous vient à l'esprit instantanément est celle de savoir pourquoi. La réponse est simple : la loi l'y autorise, d'une manière ou d'une autre.

A côté de toutes ces incompatibilités relevées par le législateur, il en est une qui est restée dans le débat de la Doctrine : le viol. Selon l'article 296 du CP, c'est le

50 « Est receleur celui qui, après la commission d'un crime ou d'un délit, soustrait le malfaiteur ou ses complices à l'arrestation ou aux recherches ou qui détient, ou dispose des choses enlevées, détournées ou obtenues à l'aide de l'infraction ». Son alinéa 2 dispose que cette disposition ne s'applique pas entre époux.

51 Il y a en France une nouvelle immunité familiale qui a été instituée, par la loi du 22 juillet 1996 relative au terrorisme, pour le délit d'aide au séjour irrégulier d'un étranger prévu par l'article 21 de l'ordonnance du 2 novembre 1945 au profit des ascendants et descendants et du conjoint de l'étranger en situation irrégulière

~~ohéita!aance en dtolt pénal cametowaaL : étude de lajutL6ptude.nce. Page 23

fait d'avoir des relations sexuelles avec une femme, même pubère, non consentante en usant de violences physiques ou de menaces. Or, les rapports sexuels au sein du mariage sont une obligation pour les conjoints si bien que quelques manquements peuvent entraîner le divorce. Mais l'absence ou le sursis des relations sexuelles peuvent être motivés par une maladie de l'un des conjoints ou son indisponibilité.

Non loin, nous retrouvons les immunités politiques. Instituées pour permettre le bon fonctionnement des institutions, les immunités politiques concernent le chef de l'Etat et les parlementaires. Les dispositions relatives à la Haute Cour de Justice sont probablement de toutes les dispositions constitutionnelles depuis 1960 celles qui ont fait l'objet de la plus faible sollicitude du constituant, un peu comme pour signifier l'utilité simplement décorative, la personne du chef étant aperçue comme naturellement immunisée par rapport aux actes qu'elle pose. C'est à cette aune qu'il faut considérer la retouche de l'article 53 de la Constitution relatif à cette juridiction qui n'a jamais fonctionné52. En application de l'article 53 dans son alinéa 3 de la Constitution révisée de 200853, « les actes accomplis par le Président de la république en application des articles 5, 8, 9 et 10 ci-dessus, sont couverts par l'immunité et ne sauraient engager sa responsabilité à l'issue de son mandat ». Le président de la République est pénalement irresponsable pour les actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions et bénéficie donc d'une immunité absolue, sauf en cas de haute trahison. Cette nouvelle disposition qui couvre la palette des prérogatives présidentielles méritera d'être sérieusement examinée quant à son champ matériel d'application et quant à ses implications, ce d'autant plus que l'exposé des motifs du projet de révision ne comporte aucune explication circonstanciée54.

Les parlementaires sont quant à eux couverts par l'immunité de la même Constitution qui les déclare irresponsables pour les opinions ou votes émis dans l'exercice de leurs fonctions : ce qui permet de s'injurier mutuellement en séance publique pour la défense d'idées décentes sans risque d'être trainés en justice55.

52 OLINGA (A. D.), « La révision constitutionnelle du 14 avril 2008 », Yaoundé, mai 2008, p.21.

53 Loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972.

54 OLINGA (A. D.), op.cit. p. 22.

55 Les ministres quant à eux ne bénéficient d'aucune immunité

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Les immunités diplomatiques ont quant à elles une portée générale. Cette immunité est accordée aux représentants des Etats étrangers au Cameroun, et aussi aux représentants camerounais à l'Etranger. Ainsi, les diplomates sont à l'abri des pressions de l'Etat hôte et ne peuvent être poursuivis par les autorités de celui-ci pour des infractions même graves qu'ils ont pu commettre sur son territoire. L'unique sanction possible est le retrait de leur accréditation, en les déclarant « personae non grata »56 et exiger son rappel par l'Etat qu'il représente. Ils peuvent toutefois être poursuivis par les autorités de leur propre Etat. Pour ainsi dire, même si on bénéficie d'une immunité, la responsabilité peut toujours selon les cas être remise en cause.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo