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La police communautaire au Cameroun. Le cas de la sureté nationale.

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par Désiré BESSALA
Université de Yaoundé II (Institut des Relations Internationales du Cameroun) - Master II 2015
  

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PARAGRAPHE 2: Des ressources appropriées à prévoir

La politique générale ainsi définie a besoin des ressources humaines, matérielles et financières pour être implémentée. Avant de rentrer dans le développement spécifique de ces ressources pour la police communautaire à la Sûreté Nationale, il convient de faire une remarque, peut-être osée et ne relevant pas de notre compétence, sur cette question au niveau national.

En effet, il est aisé de constater, au-delà des administrations spécialisées comme la Douane ainsi que les Eaux et Fôret, une multiplication des corps de sécurité source de dispersion des ressources, de conflits inutiles de coexistence, de harcèlement de la population et pour couronner le tout, d'efficacité et d'efficience très discutables. Plus concrètement, pour presqu'une même mission de sécurité au sens strict de sécurité intérieure, on a la Gendarmerie Nationale rattachée au Ministère Délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense ; la Sûreté Nationale ; la Protection Civile qui relève du Ministère de l'Administration Territoriale et bientôt, si ce n'est même pas déjà une réalité dans certaines collectivités décentralisées, la police municipale dont le cadre juridique est effectif, sera créée et organisée.

En conséquence, à l'observation directe, on assiste aux spectacles où pour ne citer que quelques exemples :

? A Yaoundé, avant son déménagement pour Mimboman, la Sûreté Nationale crée le commissariat de sécurité publique du seizième arrondissement et l'implante à Nkolmesseng ; quelques temps après, la Gendarmerie Nationale installe une brigade juste en face du commissariat, alors que l'unité administrative du cinquième arrondissement étant vaste, on aurait dû se soucier d'une plus grande couverture sécuritaire en logeant la nouvelle structure ailleurs. Le même scénario prévaut à Douala, à Bonaberi juste après le pont du Wouri en venant du rond point Deido ;

? A Yaoundé toujours, en termes de contrôle routier, entre le carrefour sous-manguiers et le chef-lieu de l'arrondissement de Nkol-afamba, 10 kilomètres environ, il y a au moins quatre postes de contrôle : la mairie juste après le dixième arrêt, les Eaux et Forêt, après la station Tradex, une équipe mixte police-gendarmerie avant le carrefour Mfié-yop et à deux cents mètres plus loin, la brigade routière de la gendarmerie.

En somme, au lieu de cette superposition de corps de métier qui se chevauchent dans leurs activités et qui éparpille les modestes moyens de l'Etat par les structures parallèles, il serait

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souhaitable de procéder à leur regroupement par affinité de compétence pour accroitre les ressources consacrées à une cause et fédérer davantage les efforts et les acteurs.

Après cette parenthèse et pour revenir aux ressources de la police communautaire, il faut en dire qu'elles relèvent de la gouvernance sécuritaire et sont par conséquent de deux ordres quelle que soit leur nature :

? Les ressources étatiques. La sécurité est avant tout une attribution régalienne et à ce titre, relève de la compétence de l'Etat qui doit totalement fournir les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à la prise en charge de la sécurité en général et singulièrement de la police communautaire. Il s'agit notamment des policiers bien formés, du budget de fonctionnement, des moyens roulants tels les voitures, les motos, les vélos ; des locaux mobiles ou fixes ; des fournitures de bureau ; du matériel de transmission ...

Malheureusement et notamment dans les pays en voie de développement, les ressources de l'Etat sont souvent très limitées parfois à des degrés insoupçonnables ; d'où le caractère avantageux de la police communautaire qui, du fait de sa double nature participative et multi partenariale, offre un autre type de ressources ;

? Les ressources non étatiques. Ils sont, en dépit de leur caractère aléatoire, très diversifiées en source, qualité et quantité. En source, elles peuvent provenir des institutions paraétatiques, des collectivités décentralisées, des entreprises privées, des organismes non gouvernementaux, des particuliers... En qualité, elles peuvent être en termes d'expertise, de bénévolat, de liquidité, en nature... En quantité, la relativité est de règle, la donation résultant du volontariat.

Dans tous les cas, au cours des premières années de lancement du processus d'internalisation de la police communautaire, l'Etat doit être préparé à consentir plus de sacrifice en attendant que l'appropriation du concept ne se généralise et que les bonnes volontés ne commencent à se manifester. La politique générale et la mise à disposition des ressources ne sont pas les seules mesures à prendre en termes administratifs, il faut aussi y ajouter la préparation de certaines activités opérationnelles.

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PARAGRAPHE 3: Des activités opérationnelles à préparer Elles sont très variées :

? La conception des guides de référence. Il en faut au moins trois : un guide de formation, un guide pratique de l'agent de police communautaire, un répertoire des difficultés d'implantation de la police communautaire.

Le premier se justifie par la nécessité de démocratiser la nouvelle reforme tant au sein du corps de la police que des partenaires potentiels à y impliquer. Le guide doit définir les contenus des formations longue ou courte, ceux des séminaires et des conférences. Il doit par ailleurs établir un chronogramme des activités et faire des estimations en termes de coût.

Le second doit être envisagé comme une espèce d'aide mémoire de l'agent de police

communautaire. Bien qu'une large marge d'initiative, une polyvalence
professionnelle et une capacité accrue d'adaptation au contexte soient exigées à ce dernier, le guide doit baliser la voie à l'agent de police pour éviter des extrapolations préjudiciables au cadrage du concept de police communautaire. Le guide doit contenir un bref résumé de la procédure d'implantation d'une unité de base de police communautaire, la conduite de l'identification des acteurs et des besoins sécuritaires locaux...

Le troisième document doit psychologiquement préparer l'agent de police communautaire à ne pas s'attendre à être accueilli comme un messie. Au contraire, il devrait faire face à beaucoup de difficultés auxquelles il devrait être sensibilisé pour ne pas céder au découragement. Au besoin, le document lui ferait des suggestions quant à la manière de gérer les problèmes opérationnels.

? La préparation et l'organisation des consultations. Le projet de police communautaire peut certes être conçu par les technocrates, mais à partir de son statut de projet, il devrait porter déjà les marques de sa nature communautaire en intégrant, par diverses consultations, les observations pertinentes d'autres experts. De sorte que la mouture finale soit un consensus et ait beaucoup de chances de réussir dans son implémentation.

? L'élaboration d'un plan de lancement graduel des activités. Une réforme de cette envergure ne devrait pas dès son départ être lancée sur l'ensemble du territoire. Il est indiqué qu'elle démarre par une phase pilote au cours de laquelle, l'expérimentation de la nouvelle reforme est conduite dans des localités pertinemment choisies pour

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permettre, par des leçons tirées à l'issue de l'évaluation, de corriger la mouture du projet à vulgariser sur l'ensemble du territoire.

? L'élaboration d'un plan de campagne médiatique. Pour réduire à leur expression la plus simple, les résistances à toute innovation, les bénéficiaires doivent en être préalablement bien informés voire bien imprégnés. La réforme de la police communautaire ne devrait pas se soustraire à cette pratique qui se fait à travers les médias de divers supports pour augmenter les chances d'atteindre les cibles du projet. IL est donc recommandé de concevoir une bonne campagne médiatique pour atteindre cet objectif. D'ailleurs, la Sûreté Nationale dispose à cet effet d'une cellule de communication et des relations publiques animée par des professionnels.

? Le recadrage juridique. Dans un contexte où a longuement prévalu la police d'ordre, l'introduction de l'approche communautaire peut nécessiter la révision de l'environnement juridique. Cette révision n'a pas pour but de remettre en cause les principes fondamentaux du droit car comme Georges Levasseur et autres, dans la recherche de la différence entre les actions publique et civile l'affirment, « ... l'action publique est d'ordre public, il n'est donné à personne d'y renoncer ; le ministère public, à qui est confié son exercice... n'en a pas la disposition et ne peut transiger à son sujet (sauf exceptions prévues par la loi) ... l'action civile est dans le patrimoine privé de la victime ; celle-ci peut y renoncer ou transiger à son sujet. »1.

En revanche, une relecture de certains textes à l'instar des textes organiques de la Sûreté Nationale, voire les codes pénal et de procédure pénale, peut s'avérer utile pour accompagner la réforme communautaire de la police.

Ce n'est qu'après une bonne préparation intellectuelle, par le biais des outils sus évoqués, que la phase d'opérationnalisation peut être envisagée.

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