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à‰tude comparative des stratégies d'adaptation des ménages agricoles face à  la crise agricole dans le Kivu montagneux. Cas du territoire de Kabare.

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par Patient IRAGI CISHUGI
ISDR/Bukavu - Licence 2013
  

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0. INTRODUCTION

0.1.Etat de la question

La sécurité alimentaire passe par le développement de l'agriculture, qui reste un atout majeur pour l'amélioration des conditions de vie des populations et contribue à la croissance économique du pays ; lequel développement impose à son tour, la mise en place des programmes de production (Ministère de l'agriculture et du développement rural, 2006).

L'Afrique est un continent qui dispose d'énormes potentialités. Les difficultés auxquelles elle se heurte, tiennent en partie à son retard dans le développement et dans l'utilisation des nouvelles technologies. Les agronomes estiment par exemple que les rendements agricoles pourraient encore augmenter de 20 à 25% sans un accroissement notable de l'utilisation des intrants (Fida cité par Souleymane Ouédraogo, 1957).

Le succès de l'agriculture africaine va donc dépendre fortement des initiatives de changement à apporter dans la structure des systèmes de production. Les agriculteurs doivent saisir les opportunités de commercialisation offertes par l'urbanisation accélérée des villes pour passer d'une agriculture de subsistance à celle orientée vers le marché. Ils doivent pour ce faire, prendre l'initiative de l'intensification et de la diversification des systèmes de production. Les nouvelles technologies agricoles peuvent les aider à saisir ces opportunités. Les pouvoirs publics, quant à eux, doivent créer un environnement favorable et incitatif pour faciliter la commercialisation des produits agricoles. Ceci montre que le progrès de l'agriculture demeure encore la clé du développement économique de l'Afrique ; d'où la nécessité de redynamiser le secteur agricole pour accroître la productivité. Celle-ci ne sera possible qu'à travers une intensification des systèmes de production. L'intensification des systèmes de production permettrait non seulement d'augmenter la production vivrière pour satisfaire les besoins d'une population croissante mais également, les productions commerciales afin de générer des devises pour rembourser la dette et assurer les besoins d'importation. C'est le seul moyen de sortir les pays africains du bourbier de la dette et de l'insécurité alimentaire (Souleymane Ouédraogo).

L'auteur expose les différents problèmes de politique agricole qui limitent l'efficacité du fonctionnement des marchés. On peut en énumérer sept problèmes importants : les difficultés d'accès au marché, la rigidité de l'offre agricole, l'instabilité des prix agricoles, la formation des prix est souvent inéquitable, la tromperie sur la qualité est fréquente, il est difficile d'accroître la productivité, il est encore plus difficile d'améliorer la qualité. Le même auteur soutient que dans tous les cas, les produits africains doivent être plus compétitifs en

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termes de prix et de qualité et par conséquent la solution à tous ces problèmes suppose qu'existent des formes satisfaisantes d'organisation des transactions et cela peut se réaliser par des stratégies ne résultant que d'accords privés ou bien des décisions publiques (Michel Griffon, 2001).

Souleymane Ouedraogo donne l'exemple du Burkina Faso en indiquant que la production agricole est encore tributaire de la pluviométrie. C'est ainsi que des années de déficit alimentaire alternent avec celles des excédents en fonction des aléas climatiques. D'une manière générale, le pays est de temps en temps déficitaire depuis la grande sécheresse de l'année 1973. Les populations sont soumises à des famines saisonnières. Régulièrement, 500 à 600 mille personnes sont menacées par la famine entre 1995 et 1997. Ce chiffre est passé à 800 mille pour l'année 1998. Les systèmes de production de cette partie du pays n'arrivent plus à couvrir les besoins alimentaires de ceux qui y vivent et ce sont les productions d'autres régions (Ouest, Est) et les importations qui permettent de combler le déficit. La modélisation comme approche et la programmation linéaire comme outil d'analyse lui a permis de palier à ces problèmes (Souleymane Ouedraogo, 1957).

C'est à ce juste titre que la Fao énonce les causes de la baisse des exploitations agricoles dans les pays en voie de développement (PVD). Il s'agit entre autres de la situation économique et sociale faible, de l'analphabétisme,... Ce qui entraîne comme conséquence la réduction des revenus procurés par le secteur agricole.

Comme solution, l'étude propose la reforme agraire, la vulgarisation agricole, le système de coopérative, etc. (Fao, 1964).

C'est ce qui est à l'origine d'un exode rural massif dont l'ampleur n'est pas encore mise en évidence ; c'est l'insécurité qu'y font régner les milices locales et les bandes armées étrangères. La solution légale qui met en rapport la paysannerie avec l'administration foncière, est jusqu'à ce jour ineffective et inefficace. Pour accéder à la terre et/ou sécuriser leurs possessions, les paysans opèrent selon le droit coutumier local et s'adressent comme autrefois aux autorités coutumières. Celles-ci se considèrent comme revêtues de compétences en matière foncière alors que la loi les a exclues des rangs des autorités foncières. Elles sont ainsi continuellement aux prises avec l'administration foncière qui leur conteste toute compétence en ce domaine. La vénalité des chefs coutumiers les conduit assez souvent à des spoliations paysannes au profit des bourgeoisies urbaines qui entretiennent des rapports de complicité avec ces autorités. Ces bourgeoisies sont par ailleurs les seules à pouvoir mobiliser le droit positif et à diligenter l'enregistrement des terres à travers les méandres de

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l'administration. Pour apporter la preuve de la mise en valeur des concessions acquises, ces bourgeoisies urbaines proposent des contrats précaires aux paysans dont les terres ne suffisent plus à la subsistance des familles. En contrepartie, les paysans fournissent, selon le cas, des prestations en travail non rémunérées ou payent des redevances en nature ou en argent. (Severin Mugangu Matabaro, 2008).

Face à ces corollaires de la crise foncière, Severin Mugangu Matabaro avance des arguments pour une réforme de la législation et une décentralisation de la gestion foncière.

L'homme demeure le principal moteur du progrès social. On sait que la RDC regorge d'hommes formés mais inutilisés et souvent inutilisables parce qu'aigris, découragés et diminués notamment par la faim.

Le problème de désertification et de famine périodique auquel est confronté le peuple du Bushi au Sud-Kivu date depuis 1948. Or, comme d'aucuns le savent, une bonne santé entraîne un meilleur rendement des masses laborieuses. Le développement de l'agriculture améliore la nutrition et partant la santé. L'éducation contribue aux efforts d'augmentation de la qualité de la vie grâce à l'éducation sanitaire.

La déficience de protéines et de certains minéraux est une des formes les plus graves et généralisées de faim spécifique ou de carence. La faim spécifique des vitamines A, B, B2, D entraîne des manifestations macabres, selon De Castro cité par c.b. Kinghombe wa Kinghombe(2003).

La faim chronique ou la déficience alimentaire a une action plus prolongée et plus persistante. Elle tend à provoquer la dépression et l'apathie. La faim chronique des protéines et celle des vitamines provoque une inappétence habituelle, une perte d'intérêt pour les aliments, ajoute le même auteur.

L'accroissement de la surexploitation du travail et ses effets sur la campagne font que les possibilités de stockage diminuent. Les communautés domestiques dépendent de plus en plus des revenus monétaires. Dans les campagnes, les populations vivent en partie de leur production grâce à une agriculture vivrière dégradée. Ils dépendent cependant des importations pour combler les déficits. En ville, l'accès aux denrées alimentaires dépend des possibilités d'emploi qui sont précaires. La dégradation de l'économie atteint la phase de dépendance presque complète du prolétariat d'Afrique au capital et à la production agricole des Etats-Unis en particulier.

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En cas de catastrophe naturelle, poursuit-il, les grandes famines apparaissent comme un moyen de régulation de la population provoquée par le grand capital international. Avec l'utilisation de la technologie de très haute productivité, le prolétariat créé par le capital international, ne convient plus. Ainsi, des millions d'individus sont condamnés à la misère physiologique et à la mort. La misère, la maladie ou la mort passent inaperçues et apparaissent comme des effets de crises ou fléaux naturels.

Selon Mandel E. (cité par c.b. Kinghombe wa Kinghombe, 2003), « la moitié de l'humanité est affamée non parce que les produits alimentaires manquent "mais parce que la demande solvable ne peut pas suivre la demande physique".

Berenbourg L., se demande pourquoi le Congo/Zaïre est un pays riche et sa population vit mal. L'auteur note que le budget 1958 de la colonie Belge prévoyait 24 millions de dollars pour la protection de la santé publique, 47 millions pour l'entretien de l'administration, de la police et de l'armée. Par contre, les trusts touchent 260 millions de dollars par an. Selon l'auteur, en réservant au Congo-Belge la moitié du bénéfice des trusts, on peut disposer de 130 millions de dollars et changer le niveau de vie des populations. La famine serait vaincue en affectant environ 250 dollars par tête d'habitants au lieu d'enrichir les trusts (c.b. Kinghombe wa kinghombe, 2003).

Quant à Ernest Kuyengila et Frans van Hoof(2010), les principaux défis de la population paysanne sont liés au fait que la RDC est un «Etat fragile»: le manque de marché rémunérateur pour les produits agricoles suite à l'inaccessibilité des zones de production, les tracasseries sur la route par des militaires et agents de l'Etat, et l'inondation du marché par des produits alimentaires importés à vil prix. S'y ajoute l'absence de moyens de production : accès difficile à la terre (particulièrement à l'Est), manque de semences sélectionnées et autres intrants, manque de financement agricole, qui fait que la quantité produite reste faible. Et en aval, l'absence d'infrastructures de base pour stocker et transformer la production empêchant la création d'une valeur ajoutée, maintenant les paysans dans une grande pauvreté et sans perspectives d'amélioration.

C'est ainsi que les auteurs suggèrent le renforcement des capacités des organisations paysannes par un appui institutionnel au même titre que les ministères partenaires, et de manière générale de créer une plus grande professionnalisation et spécialisation au niveau des différents acteurs du secteur agricole et d'intégrer le secteur privé dans les différents plans.

Selon Destin Ajabu Bihimana(2004), dans son mémoire, les exploitants agricoles ne sont pas encore outillés des techniques appropriées, des formes d'utilisation des terres

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susceptibles de valoriser les ressources locales de façon à résoudre adéquatement le problème de déficit alimentaire. L'agriculture telle que pratiquée depuis longtemps par les paysans, a entrainé l'épuisement de ressources locales dont dépend la production agricole. Le sous équipement technique et l'insuffisance d'intrants agricoles due notamment à l'insuffisance des capitaux ne permettent pas aux paysans de vaquer normalement aux activités agricoles.

En outre, les conditions inadéquates de conditionnement, d'écoulement, de transformation et de commercialisation des produits agricoles à la suite de mauvais état de route de desserte agricole, voire de leur absence et par manque d'unités de transformation de ces produits agricoles, sont souvent responsables de pertes importantes.

Eu égard à toutes ces insuffisances, l'auteur a proposé une politique agricole intégrée reflétant sous une forme condensée, les stratégies visant à promouvoir le secteur agricole afin d'assurer la sécurité alimentaire.

C'est dans ce même cadre que Juvenal Zirimwabagabo Bahizire(2004) constate que la pauvreté s'installe comme un engrainage et affecte tous les éléments de la vie. Il s'avère que les efforts sont réalisés par les différents acteurs de développement pour combattre cette pauvreté. Même les hommes fournissent d'efforts à travers différentes actions mais les revenus restent toujours médiocres. L'auteur se pose quelques questions qu'il considère comme perpétuelles : comment tant de pauvres dans un milieu où beaucoup d'actions sont déployées ? Y a-t-il eu gaspillage des ressources et du temps ? Quels facteurs sont à la base de la faiblesse des revenus ? C'est ainsi que cet auteur constate après sa réflexion que la sécurité alimentaire, la structuration des artisanats, l'appui à la promotion féminine représentent une ultime réponse à la question de pauvreté. Il conclut en disant que cela nécessite l'innervation des acteurs de développement.

Quant à Benjamin Wimba Michumbi(1999), il énonce dans son mémoire que la mauvaise politique de gestion de la culture du haricot fait chuter des productions à part les perturbations éco-climatiques observées depuis un certain temps dans les deux territoires de Walungu et Kabare. La mauvaise pratique culturale par les paysans producteurs est à la base de la baisse de production du haricot volubile chez les paysans. Il faut signaler également la non mise en pratique des conseils donnés par les chercheurs, le manque de suivi auprès des paysans producteurs, la paresse à outrance qui caractérisent certains villages. Ce qui est à la base d'une dépendance totale des fermiers vis-à-vis de la station de recherche.

L'auteur suggère quelques traits importants pour une bonne mise en place de la politique de développement agricole en vue de bien mener à bon port la recherche et le

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développement comme étant un soutien à la masse productive, surtout dans le cas du haricot du type volubile.

Comme on peut le remarquer, ces différents auteurs ont fourni des efforts considérables pour montrer les situations économiques et sociale faibles des ménages agricoles dans le territoire de Kabare. Certains auteurs se limitent simplement à l'observation du problème lié à des crises agricoles sans pour autant chercher les causes et d'autres comme Ernest Kuyengila et Frans Van Hoof cherchent à identifier les principaux défis. Il s'agit entre autres du manque de marché rémunérateur pour les produits agricoles suite à l'inaccessibilité des zones de production, les tracasseries sur la route par des militaires et agents de l'Etat, et l'inondation du marché par des produits alimentaires importés à vil prix. S'y ajoute l'absence de moyens de production : accès difficile à la terre (particulièrement à l'Est), manque de semences sélectionnées et autres intrants, manque de financement agricole, qui fait que la quantité produite reste faible.

Toutefois, ces auteurs ne s'accordent pas quant aux stratégies pour assurer la promotion et l'émergence des ménages agricoles.

Apres l'analyse des différentes oeuvres de nos prédécesseurs, nous avons focalisé notre travail à l'étude comparative des stratégies d'adaptation des ménages agricoles face à la crise agricole dans le Kivu montagneux et particulièrement dans le territoire de Kabare. Cette étude présentera les indicateurs de la crise agricole, dont certains des auteurs ci-haut cités ont évoqué notamment l'insécurité alimentaire, la diminution de la production agricole sur le marché, la baisse du revenu agricole, la dépendance alimentaire ainsi que le faible accès aux services sociaux de base suite au faible revenu et les conséquences étant entre autres la malnutrition et la maladie liée à l'alimentation (kwashiorkor, marasme et les troubles gastro-intestinaux). La présente étude relève les faiblesses de certaines stratégies développées par les ménages agricoles pour l'amélioration des conditions de vie socio-économiques de la population de Kabare dans le groupement de Mudusa, Cirunga et Miti.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe