à‰tat et analyse du revenu global et des dépenses de consommation en produits alimentaires de base (riz, maà¯s, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel.

2.1.1.2. L'âge agricole

L'agriculture apparut plusieurs milliers d'années avant notre ère dans plusieurs régions du monde : le Proche-Orient, l'Asie du Sud-est et l'Amérique Centrale. La période agricole est caractérisée par quelques traits fondamentaux qui persistent pendant toute cette période.

· Les actes de production, de distribution et de consommation ont intégrés les systèmes alimentaires. L'homme a commencé à artificialiser les milieux et les produits.

· La consommation s'organise au sein d'unités domestiques qui sont le plus souvent, à la fois d'unités de production et de consommation.

· L'autoconsommation a été la règle pendant des siècles. 70 à 80 % de la population est agricole et l'agriculture est la source principale de la richesse des royaumes.

· L'homme commence à être sédentaire, d'où une nouvelle étape dans la structuration de la société.

Le passage de la cueillette à l'agriculture constitue un bond culturel exceptionnel, mais probablement aussi, une certaine régression sociale pour les paysans. A la relative égalité des premières sociétés agraires, se substitua partout l'inégalité sociale. Les puissants, les riches et les habiles comprirent que posséder la terre, c'était aussi posséder les hommes, et que la terre était un moyen de domination. C'est ainsi que toute la période agricole fut celle de la domination des paysans par une minorité de privilégiés.

2.1.1.3. L'âge agro-industriel

Le XVIII^ème siècle est considéré comme un tournant dans l'histoire de l'alimentation. L'agriculture artisanale qui, jusque là pratiquée, est remise en cause avec l'apparition de certains secteurs agro-alimentaires comme la sucrerie, la brasserie, la distillerie, la meunerie et la conserverie. On assiste donc à une double inversion de tendance : quantitative et qualitative. Le développement industriel eut en effet des conséquences majeures, indirectes et directes sur l'agriculture et l'alimentation.

· Indirects, car la croissance industrielle entraîna celle des complexes urbano-industriels, le développement de l'économie alimentaire marchande, la commercialisation de l'agriculture. La machine à vapeur révolutionna les transports terrestres et maritimes, qui, avec l'usage du froid (transports frigorifiques), rendit possible le transport à grande distance de produits pondéreux et périssables, et la création de grands marchés nationaux puis internationaux. Il en résulta la spécialisation régionale de l'agriculture et la division internationale du travail agricole.

· Des effets directs, car l'industrie participa de plus en plus à la production des denrées alimentaires. L'industrie se substitua d'abord à l'agriculture pour la transformation des produits agricoles (par exemple le beurre dit industriel se substitua au beurre fermier), puis aux activités domestiques, par la production d'aliments services (aliment prêt à cuire, pré-cuit, cuisiné) et services (développement de la restauration). C'est la période du triomphe de l'aliment agro-industriel. Grâce à cette croissance productive, l'agriculture réussit en partie à contourner le spectre malthusien de la réalité^7(*). Toutefois, les bénéfices sont mal repartis géographiquement, et paradoxalement dans les régions intensément cultivées en céréales, l'alimentation paysanne se révèle pauvre et monotone, dépourvue de vitamines et de protéines animales.

L'agriculture demeure jusqu'à présent la base de l'alimentation humaine. Cependant, la part des dépenses alimentaires allant à l'industrie devient plus importante que celle allant à l'agriculture car il se construit, sur la base agricole, une superstructure industrielle et commerciale de plus en plus importante.

* ⁷ Thomas Robert Malthus (1766-1834) est un économiste britannique de l'Ecole classique. Malthus prédit mathématiquement que sans freins, la population augmente de façon exponentielle ou géométrique (par exemple : 1, 2, 4, 8, 16, 32, ...) tandis que les ressources ne croissent que de façon arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, ...). Ainsi, il y aurait de grandes difficultés pour l'homme de se nourrir.