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Le consensus en droit électoral camerounais


par Rodrigue Stéphane Agathon Ondoa
Université de Douala - Master 2 2017
  

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PARAGRAPHE 2- L'ouverture des sphères de création du droit électoral

Dans le sillage du réajustement du consensus en droit électoral, il est nécessaire que le système électoral soit conçu de telle sorte qu'il puisse réduire les distorsions imposées par la règle et le fait majoritaire. Ainsi, en admettant que la légitimation nationale et internationale du pouvoir politique passe par le droit, la fixation des règles électorales doit alors être mue par la

334 Réseau du Savoir Electoral, op.cit., p57.

335 SADRY (Benoit), Thèse, op.cit., p.171.

336 A la lecture des articles 2(10) et 3(7) de la CADEG, les Etats s'engagent à promouvoir la création des conditions nécessaires pour faciliter la participation des citoyens et démocratie participative.

337 Selon le Professeur MBALLA OWONA (Robert), « la participation politique revoie à l'ensemble des activités individuelles ou collectives marquant l'investissement des citoyens au jeu politique ». Réflexions sur la dérive d'un sacro-saint principe (...), op.cit., p.101.

338 Le processus électoral au Maroc : Cadre législatif, 2015, p.6.

339 Cité par MBALLA OWONA (Robert), « Réflexions sur la dérive d'un sacro-saint principe (...) », op.cit., p.101.

340 A la réalité, cette perspective réformiste peut être comprise à tort par les politiques comme une dépossession de la gestion des élections au profit d'une appropriation citoyenne. En mal d'influence, ils peuvent bloquer cette initiative ou tout simplement la jeter au rayon des illusions.

Le consensus en droit électoral camerounais

nécessité d'éviter l'exclusion de certains acteurs politiques 341 . Le développement des « consultations informelles » (A) et des arrangements politiques (B) pourront-ils enfin permettre l'ancrage du consensus.

A- Le développement des « consultations informelles »

La démocratie se présente sous trois formes : directe, indirecte et semi-directe. La démocratie directe, envisagée dans sa forme originelle est, selon PHILIPPE ARDANT, celle où le peuple ce gouverne directement lui-même par la participation de tous les citoyens. Encore appelée démocratie représentative, la démocratie indirecte consiste pour les citoyen à transférer à d'autres individus la charge de diriger pour eux les affaires publiques342. Les imperfections manifestes de cette seconde forme ont favorisé le développement « des formules alternatives pour permettre de temps en temps au peuple de s'exprimer directement à côté des institutions de représentation »343. Cette démarche a conduit à l'adoption par le constituant camerounais de 1996, la démocratie semi-directe344. L'article 2(1) de la loi constitutionnelle de 1996 dispose en effet que « la souveraineté appartient au peuple camerounais qui l'exerce soit par l'intermédiaire du Président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de référendum ». Vu la méfiance des autorités 345 et de la difficile opérationnalisation de la démocratie directe, on pourrait tout au moins développer des consultations informelles dans le sens de recueillir la plus grande adhésion de la loi électorale.

L'exploration de nouvelles perspectives en matière législative a conduit depuis quelques années au développement des « consultations informelles ». Ces consultations qui, selon BENOIT SADRY impliquent une concertation quasi constante avec les différents publics concernés, consistent en une analyse préalable de l'impact que peut avoir la législation une fois adoptée346. Il s'agit en claire de recueillir le plus largement possible l'avis des acteurs sociaux et

341 DODZI (Kokoroko), op.cit., p.121.

342 Cité par ATANGANA (Etienne Joël Louis), La révision des constitutions en droit camerounais, Thèse, op.cit., p.94.

343 Ibidem.

344 Selon Raymond GUILLIEN et Jean VINCENT, c'est une forme de démocratie qui combine la démocratie représentative et la démocratie directe : le pouvoir est normalement exercé par les représentants, mais les citoyens peuvent dans certaines conditions intervenir directement dans son exercice. (Initiative populaire, référendum, révocation populaire, véto populaire), Lexique des termes juridiques, op.cit., p. Lire aussi SADRY (Benoit), Bilan et perspectives de la démocratie représentative, Thèse, op.cit., p.5.

345 ATANGANA (Etienne Joël Louis), La révision des constitutions en droit camerounais, Thèse, op.cit., p.94.

346 SADRY (Benoit), Bilan et perspectives de la démocratie, Thèse, op.cit., p.329.

Le consensus en droit électoral camerounais

politiques par une « étude d'impact législatif » afin de mesurer l'adhésion du texte en gestation.

Ainsi que le rapporte BENOIT SADRY dans ses travaux de thèse, le système d'étude d'impact législatif avait été initiée en Grande-Bretagne dès l'année 1994 dans un contexte de crise chronique de la loi. Ce système, dit-il, avait pour vocation première de déterminer les conséquences de toutes nouvelles réglementations par le procédé du bilan coûts-avantages, de recenser les alternatives possibles et acteurs concernés par le projet347. Dans le même contexte, le Conseil d'État français avait-il à la suite des exemples Anglais et Allemand proposé le recours à la technique de l'évaluation préalable de la loi par le biais d'étude d'opinions, pour les textes les plus simples ou d'études d'impact pour les projets dont les enjeux sont lourds (...)348. Même si BENOIT SADRY marque sa méfiance sur la pertinence d'une telle étude349, les pouvoirs publics africains, mêlés dans un contexte généralisé de rejet de la loi électorale, ne devraient-ils pas apprendre de l'expérience occidentale sur la pratique des consultations informelles ? En tout cas une telle option semble désormais possible au Cameroun d'autant qu'elle ne s'inscrit ni à l'opposé du texte de la CADEG encore moins de la constitution.

En réalité, le développement des consultations informelles aura vocation à impliquer davantage la population et surtout les acteurs de premier plan dans la politique électorale. Cette ouverture du système de production du droit électoral par les consultations informelles peut être perçue comme un moyen de légitimer l'ordre électoral. Au surplus, les autorités de l'État pourront au cas de besoin recourir aux arrangements politiques pour renforcer l'adhérence des normes électorales dans une société rongée par des divisions profondes.

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