WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La contribution de l'organisation internationale de la francophonie (OIF) à  la consolidation de la démocratie en Afrique de l'ouest.

( Télécharger le fichier original )
par Kofi Nagno M'BEOU
Ecole nationale d'administration - Diplôme de 'ENA, option Cycle III Diplomatie 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe II : La dénonciation en cas de déficit démocratique

L'appréciation de cette dénonciation consistera à faire ressortir l'attitude de l'OIF face aux Etats qui violent les obligations découlant de leurs engagements à promouvoir la démocratie. Face à de telles situations, l'OIF prend soin de les condamner (A) dans un premier temps avant de sanctionner (B) dans un second temps les Etats en cause.

A- Les condamnations

La condamnation des coups d'Etat résulte d'un changement d'attitude des organisations internationales longtemps restées permissives face aux situations de coups d'Etat35 et de conflits. En effet, ces organisations, sur le fondement des principes sacro-saints de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats et de leur liberté de choisir leur régime politique dans un contexte de guerre froide, ont adopté une attitude de neutralité voire d'indifférence devant les prises de pouvoir par coup d'Etat. C'est aussi le cas lorsqu'un gouvernement démocratique vient à être contesté par les moyens d'une rébellion armée. Cette attitude s'explique aux dires de Ben Achour par l'idée que " le droit de la coexistence pacifique a même fait de l'absence d'un modèle politique universel une condition sine-qua-none de l'établissement de la paix et de la sécurité internationales "36. C'est ce qui explique le fait que le coup d'Etat militaire de 1963 renversant le président Sylvanus Olympio au Togo ainsi que la vague de coups d'Etat qui ont suivi sont restés sans condamnation.

Mais à la faveur de la chute du mur de Berlin et suite au repositionnement de l'OIF, le principe de l'autonomie constitutionnelle et donc la liberté du choix du système politique,

35 En droit constitutionnel, un coup d'Etat est une «action de force contre les pouvoirs publics exécutée par une partie des gouvernants ou par des agents subordonnés, notamment des militaires (dans ce dernier cas, on parle aussi de putsch ou de pronunciamiento), et qui vise à renverser le régime établi exceptionnellement à le défendre». Voir Guillien, Guinchard et Montagnier, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 16è Ed., 2007, P. 193.

36 Cf. Ben Achour (R), "Égalité souveraine des États, Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et liberté de choix du système politique, économique, culturel et social", Solidarité, Égalité, Liberté, Bruylant, Bruxelles, 1995, p. 786.

xxviii

économique, social et culturel a subi des évolutions. Cet état de choses a manifestement changé lorsque l'OIF a adopté un discours politique faisant du respect de la légalité constitutionnelle et de la démocratie un impératif dans les relations internationales. Ce discours s'est traduit en action du moment que l'OIF mène une pratique revendiquant le respect de la légalité constitutionnelle et de la légitimité démocratique.

En effet, l'OIF a commencé par prendre en considération ce phénomène dans ses relations avec ses membres. Dès lors, elle s'évertue à travers ses organes à condamner les coups d'Etat et à exiger un retour à l'ordre constitutionnel. Dans cette optique, elle a commencé par condamner presque tous les coups d'Etat survenus en Afrique. Cependant, étant donné que notre champ d'étude se limite à l'Afrique de l'ouest, nous nous contenterons d'illustrer cette partie par des exemples ouest africains.

Suite au coup d'Etat militaire du 23 décembre 1999 perpétré par le Général Robert Guéi renversant le président Henri Konan Bédié en Côte d'Ivoire, L'OIF par l'entremise de son SG a condamné cet acte anticonstitutionnel.

Elle est aussi intervenue pour condamner fermement à travers le CPF réuni le 1er mars 2010 le coup de force perpétré, le 18 février 2010 au Niger par le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie CSRD ayant renversé le président Mamadou Tandja.

En Guinée-Conakry, on se souvient de la vive réaction du CPF lors de la prise du pouvoir par Moussa Dadis Camara, après le décès du président Lansana Conté le 23 décembre 2008. De même, elle ne s'est pas fait prier pour condamner le coup d'Etat survenu en Mauritanie le 6 août 2007. En effet, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a mené l'armée mauritanienne à renverser le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, élu démocratiquement en mars 200737.

Il en va de même tout récemment du communiqué rendu public le 24 mars 2012 par lequel le CPF a condamné et a exigé un retour à l'ordre constitutionnel après le coup d'Etat perpétré le 22 mars 2012 au Mali par l'armée conduite par le Capitaine Amadou Haya Sanogo et renversant le président Amani Toumani Touré.

En outre, l'OIF s'est prononcée sur la situation en Guinée-Bissau. Dans un communiqué, le Secrétaire Général de l'OIF a "condamné fermement" le coup d'Etat intervenu en Guinée-

37 Face à cette situation, l'OIF par un communiqué en date du 26 août 2007 signé de son Secrétaire Général, M. Abdou Diouf a indiqué que le CPF « confirme la condamnation du coup d'État [...] et décide de prononcer la suspension de la Mauritanie de la Francophonie ». Ce faisant, la Francophonie s'est jointe à la communauté internationale, notamment le Conseil de Sécurité des Nations Unies, l'Union africaine, la Ligue des États arabes, l'Union Européenne et les partenaires bilatéraux de la Mauritanie pour dénoncer ce renversement.

xxix

Bissau qu'il a qualifié de "violation flagrante de la constitution". Dans le même communiqué, il a déclaré que "L'arrestation du président par intérim, Raimundo Pereira, et du premier ministre Carlos Gomes Junior, en plus de l'interruption du processus électoral en cours et la dissolution des institutions constituent une violation flagrante de la constitution et sont, à ce titre, totalement inacceptables"38.

Il y a lieu de relever la réaction de l'OIF à l'égard du Togo suite au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 5 février 2005. En effet, la violation et la modification de l'article 6539 de la constitution togolaise a suscité des réactions de toutes les institutions internationales qui ont demandé le retour à l'ordre constitutionnel. La pression a été tellement forte que selon Alioune Tine40, « Jamais on a vu une telle réaction énergique de la part des institutions africaines et internationales par rapport à un pays africain » et pour M. Khalifa Aboubacar Sall, député du parti socialiste (PS) à l'Assemblée nationale sénégalaise "La situation politique au Togo est inacceptable. On ne doit pas accepter une autre Côte d'Ivoire et, pour cela, nous devons nous mobiliser pour un retour rapide à la légalité constitutionnelle dans ce pays".

La simple condamnation et l'exigence de retour à l'ordre constitutionnel normal à la suite des coups d'Etat ne suffisent parfois pas pour remédier la situation de crise. L'OIF va quelques fois plus loin en prenant des sanctions à l'encontre des régimes anti-démocratiques.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo