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Le pouvoir dans l'institution. Essai d'anthropologie politique à  Christiania.

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par Pierre Vasseur
Université Lille 2 - Master science politique, spécialité Métiers de la Recherche  2012
  

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Partie II - Le pouvoir dans les rapports sociaux et

les pratiques institutionnelles: violences et hiérarchies

D'après J. Lagroye, « l'ordre institutionnel atteint à l'objectivité en ce qu'il est vécu comme doté d'une force propre ; vécu et pas seulement pensé comme tel. L'objectivation est le produit d'activités sociales et de pratiques avant d'être une opération de connaissance. C'est l'acceptation en pratique de l'assignation des tâches, des savoir-faire et des routines institutionnelles qui permettent d' `occuper un posteÇ et de le garder, d' `entrer dans son rôle' et d'en tirer avantage. »200. Dans cette deuxième partie, nous allons tenter de mettre à jour de nouvelles dimensions de la nature du pouvoir à Christiania, car nous verrons que la manière dont les cartes se distribuent dans le jeu institutionnel n'est que l'émanation de l'ordre fixé par les pères fondateurs. Dans la première partie, nous avons vu que contre toutes attentes l'organisation politique de Christiania ne peut empêcher une centralisation et donc une monopolisation du pouvoir par un nombre réduit d'individus, ce qui nous a permis d'avancer l'idée que les membres de cette utopie communautaire se sont montrés incapables de s'émanciper d'une conception « classique » du pouvoir de type « commandement-obéissance »201.

Joker: «For all these lazy shit, you could never do anything. But I think it's a part of the explanation that Christiania is still here, that we're actually a full circle society with the good guys and the bad guys, and the rich guys and the poor guys, and the activists and the alcoholics, actually we're very much a mirror of the society. Not in every details but in a big picture.»

Cette proximité avec la société « classique » est évidente, car Christiania n'est que le fruit de cette même société, la société ordinaire est responsable de son émergence et les problèmes que le sens commun lui prête (toxicomanie, violence, insécurité, etc.) ne sont que le reflet de ce qu'il se passe dans notre société. Bien entendu, la nature du pouvoir n'est pas en reste et nous pourrons voir quelle forme il prend à travers l'analyse des rapports sociaux et des pratiques institutionnelles à l'intérieur de Christiania.

200 LAGROYE Jacques (Dir.) FRANCOIS Bastien, SAWICKI Frédéric, Sociologie politique, op.cit., p.149

201 CLASTRES Pierre, La société contre l'Etat, Paris, Les éditions de minuit, 2011 [1974], p.21

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Chapitre 1- Hiérarchisation sociale, représentation et domination au sein du groupe

Lors de nos recherches précédentes, nous avions maintes fois évoqué l'exemple de l'étude de Winston Parva réalisée par N. Elias et J. L. Scotson dont nous avions essayé de reprendre la méthode pour réaliser un travail monographique. Cela nous avait notamment permis de dégager une relation de domination de type « established/outsiders » repérable entre deux groupes dominants à l'intérieur de la communauté : les activistes et les pushers202. Les premiers, qui se considèrent comme légitimes car participant activement au maintien de la communauté, voyaient en les seconds une forme d'incompatibilité de moeurs, du fait l'usage qu'ils font de la communauté : une plaque tournante du réseau de trafic de marijuana à échelle européenne. Devenu le centre scandinave de ce réseau, nombreux sont ceux qui s'y rendent où cherchent à s'y installer essentiellement pour les gains économiques dont un christianite peut bénéficier lorsqu'il devient pusher. Bien qu'étant parfois autant, voire plus établis que certains activistes203, les pushers sont souvent stigmatisés comme des capitalistes profitant du statut très particulier de Christiania pour poursuivre leurs objectifs d'enrichissement personnel.

Cette relation de domination, nous allons évidemment y revenir, car la domination est une notion sous-jacente à la question du pouvoir dans l'institution, et nous serions peu inspirés d'y couper court. C'est pourquoi, sans chercher à répéter ce qui a déjà été découvert, nous allons à présent chercher à étendre notre champ de vision, en apportant de nouveaux éléments compatibles à notre problématique sur le pouvoir.

Section1- Classification et hiérarchie sociale

D'après M. Weber, « construi[re] des types » est « la façon la plus pertinente d'analyser et d'exposer toutes les relations significatives irrationnelles du comportement [...]»204. C'est pourquoi nous commençons par revenir sur la typologie des christianites entrevue l'année dernière205 qui nous permettra de mieux comprendre les représentations, la hiérarchisation sociale et la domination au sein du groupe.

202 Cf. « C) Une relation de domination », in VASSEUR Pierre, mémoire dirigé par DERVILLE Grégory, Christiania : monographie d'une utopie communautaire, op. cit., p.63-68

203 C'est-à-dire qu'ils vivent à Christiania depuis longtemps, ce qui procure une certaine légitimité, en particulier dans un milieu très local comme celui sur lequel nous nous intéressons.

204 Cf. « A. Fondements méthodologiques », in WEBER Max, Economie et société, op. cit., p.31

205 Cf. « A) Classification sociale des christianites », in VASSEUR Pierre, mémoire dirigé par DERVILLE Grégory, Christiania : monographie d'une utopie communautaire, op. cit., p.56-57

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius