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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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6.3.6 Baisse des flux ascendants à Agadez

Le fait majeur que l'on peut souligner en lien avec les impacts des politiques d'externalisation à Agadez est la baisse des flux migratoires transitant par cette région. En effet, selon l'OIM en 2016 le nombre de migrants entrés dans la région était de 111 230 personnes. Ce nombre correspond au pic des flux entrants. Il chute en 2017 à 99 455 pour tomber à 18 093 personnes au premier semestre de l'année 2018. Ces chiffres ne sont pas exempts de critique quand on sait

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que depuis l'application de la loi 2015-36 la tendance des migrants, des passeurs est à la clandestinisation. Cela se reflète par l'usage des routes alternatives qui évitent les voies officielles où opèrent les agents de monitoring de l'OIM ou les agents de contrôle de l'État.

Les manifestations de la baisse des flux migratoires s'apprécient selon les acteurs. Pour les transporteurs la baisse de la demande de transport reflète simplement la baisse des flux migratoires comme le souligne Zoumari

« Au niveau de la ligne Agadez-Dirkou le flux de passagers a diminué, car dans 100% des passagers auparavant, c'est seulement 10% qui voyagent aujourd'hui. Les raisons sont surtout l'arrêt de la migration par le gouvernement. Avant l'arrêt de la migration on peut charger deux (2) à trois (3) camions 32 par convoi, alors qu'aujourd'hui c'est à peine qu'on charge un (1) à deux (2) véhicules (voitures Hilux) » (Entretien Zoumari, Agadez, 22/02/2018).

Cette même lecture se retrouve également chez certains facilitateurs de la chaine de transport vers l'Afrique du Nord. Ainsi, pour le coxer Abdou d'une des gares informelles d'Agadez :

« De 2010 à aujourd'hui, le flux des passagers a diminué de manière considérable pour ne pas dire qu'il n'existe même pas (le transport), car sur 100% des passagers au début c'est à peine 2% qui voyagent aujourd'hui. Au début on peut faire sortir 20 à 22 véhicules par convoi avec 25 personnes à bord de chaque véhicule, à peu près 500 personnes et sur chaque personne le coxeur gagne 1000Fcfa soit 500 000FCFA par convoi. Aujourd'hui, à peine on fait sortir 10 véhicules. » (Entretien Abdou, coxer, Agadez, 26-02-2018).

Les gares de transport modernes opérant à Agadez ne sont pas épargnées :

« Avant on faisait charger trois (3) à quatre (4) bus, mais maintenant c'est à peine qu'on charge un bus. Il arrive des fois qu'on enregistre sept (7) personnes pour la destination Niamey-Agadez. Les raisons sont : les migrants ne viennent plus, le mauvais état de la route et la fermeture du site aurifère de Djado. Actuellement la clientèle manque. Les passagers transportés sont les nationaux. Il y a plus des passagers pendant les vacances ». (Entretien, Chef d'agence SONEF Agadez, 20-02-2018).

Les acteurs soulignent l'application de la loi 2015-36 comme mobile de la baisse des flux. Pour l'officier en charge des questions migrations à la DRPN d'Agadez.

« Les raisons de cette baisse des flux sont multiples : Il y a l'application de la loi 36-2015, l'arrestation des plusieurs passeurs, l'immobilisation de plusieurs véhicules de passeurs (113 véhicules), les embarquements clandestins dans les ghettos et périphéries de la ville d'Agadez et les embarquements dans la brousse loin de la ville sur la route de Zinder (à 100 km avant d'arriver à Agadez) » (Entretien officier, Agadez, le 19-02-2018).

D'aucuns estiment que cette baisse du nombre de passagers est liée à l'ouverture de plusieurs compagnies de voyage privées. Pour Bâ, migrant guinéen, hébergeur de migrants vivant à Agadez, la baisse des flux est une évidence « Le nombre des migrants a diminué durant les dernières années surtout avec l'application de la loi de 2015 avec la fermeture de la route, il y a des problèmes en Libye. Dans les dernières années, il y a eu plusieurs nationalités qui ont

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passé par ce ghetto, dont entre autres : des Gambiens, Maliens, Béninois, Ivoiriens, Ghanéens, etc. » (Entretien Bâ, migrant, Agadez 17-07-2018).

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