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Transports et développement dans la métropole d'abidjan quel modèle de ville derrière les projets dans les transports ?


par Gaspard Ostian
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master Dynped  2021
  

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Chapitre 5 : Aspects néolibéraux dans les transports

Ce chapitre a pour but d'introduire la dernière partie en présentant les pratiques dans le paysage des transports abidjanais qui mêlent les intérêts publics et privés dans des activités de service ou d'intérêt public.

1- Des politiques urbaines qui laissent une place croissante aux acteurs privés

La puissance publique à Abidjan n'a pas les moyens d'assumer à elle seule les investissements et les capacités techniques nécessaires à sa politique de développement et de croissance. Ainsi, dans le secteur des transports par exemple, elle mobilise souvent les moyens, financiers et techniques, de structures privées.

A) Le Build-Operate-Transfer : étude de cas du pont HKB

Présentation du BOT

Le Build-Operate-Transfer (BOT), que l'on peut traduire par construire-exploiter-transférer en français, est une modalité de réalisation de projets tant publics que privés dans différents domaines socio-économiques. La forme qui nous intéresse ici est la réalisation de projets publics alliant la puissance publique à des partenaires privés. « Dans le cadre d'un BOT de manière générale, un État d'accueil sélectionne une entité privée dans le but de la conception, du financement et de la construction d'une infrastructure et accorde à cette entité le droit de l'exploiter commercialement durant une période déterminée, à l'expiration de laquelle l'infrastructure est transférée à l'État » (Tafotie, 2013). Cette pratique, dont il existe de nombreuses formes différentes selon les cas, présente l'avantage pour l'État de minimiser voire annuler complètement ses investissements tout en permettant une réalisation d'intérêt public. L'aspect innovant de cette pratique en perspective de ce que l'on pouvait observer dans les années 1960 par exemple est que le projet réalisé s'autofinance en quelque sorte, puisque les

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coûts de réalisation sont récupérés, a priori entièrement, sur les recettes qu'il génère par la suite. L'avantage aussi pour l'État est que, sur le principe du BOT, il est censé récupérer au bout d'un certain temps, l'infrastructure et son exploitation. Le BOT est censé être gagnant-gagnant : pour l'État, cela permet une réalisation qu'il n'aurait pas pu assumer seul et qu'il récupérera au bout d'un certain temps. Pour le privé, cela permet une activité rémunérée, souvent de grande importance.

Étude de cas : le pont Henri Konan Bédié

Le BOT est très utilisé à Abidjan dans les grands projets d'infrastructures de transport. L'un des exemples les plus marquants est le pont Henri Konan Bédié, achevé en 2014, dont la construction et l'exploitation actuelle sont assurées par le géant du BTP Bouygues. Les données que nous allons analyser ci-après ont été recueillies lors de deux entretiens réalisés le 29 janvier 2021 dans les locaux de l'entreprise SOCOPRIM (Société concessionnaire du pont Riviera Marcory). Le premier a été réalisé auprès de Ketty N'Guessan, responsable commerciale et communication de SOCOPRIM, et le second auprès de Jean-François Doreau, le directeur général de SOCOPRIM.

Le projet du troisième pont d'Abidjan répond au besoin de connecter les parties Nord et Sud de la ville entre Riviera et Marcory. Avant, il fallait forcément passer par le Plateau, ce qui prenait beaucoup de temps et congestionnait le trafic. Le premier coup de pioche a été donné par HKB lui-même en 1999, mais les travaux ont très vite été interrompus pendant une décennie du fait des troubles politiques. Ils sont relancés en 2012 sous Alassane Ouattara, et s'achèvent en décembre 2014. Dans le projet, l'État a financé l'échangeur Valéry Giscard-d 'Estaing, et Bouygues a financé le reste auprès d'investisseurs, pour un montant de 126 milliards de francs CFA. Un contrat de concession pour la construction et l'exploitation du pont a été passé entre l'État et l'entreprise SOCOPRIM créée par Bouygues. La construction a été assurée par une filiale de Bouygues créée spécialement, la Société anonyme de construction du pont Riviera Marcory (SACPRM), qui a été dissoute à la fin de la construction. Les actionnaires de SOCOPRIM sont Bouygues à 19% ; le fond panafricain de développement des infrastructures à 26% ; l'African Finance Corporation à 26% ; l'État ivoirien et la Banque nationale d'investissement (BNI) à 25% à eux deux ; Total à 4%. Le contrat de concession inclut une clause d'assistance technique et commerciale de Bouygues, d'où le fait que le DG vienne de Bouygues. La convention de concession a été signée pour une durée de trente ans, ce qui fait que Bouygues par le biais de SOCOPRIM a trente ans pour rentabiliser le pont sur l'investissement qu'elle a initié. En théorie, une fois les trente années écoulées, c'est l'État de

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Côte d'Ivoire qui récupérera l'exploitation de l'infrastructure. Sur cette durée, le contrat comprend des obligations pour SOCOPRIM, et notamment concernant l'entretien du pont, qui suit un plan précis, avec des éléments quotidiens et basiques de balayage par exemple, et des entretiens plus importants programmés sur plusieurs années. SOCOPRIM doit également prendre en charge les dégâts liés aux accidents.

Quant aux contraintes imposées par l'État, elles sont d'après Ketty N'Guessan et Jean-François Doreau assez faibles. La principale concerne le prix de passage : les estimations prévues par Bouygues pour la concession impliquaient une rente de 1000 francs par passage pour les véhicules les plus légers. Il y a trois catégories de véhicules qui paient proportionnellement, mais la grande majorité des passages concerne la plus petite catégorie, qui est la base des estimations prises ici. L'État a imposé, pour des raisons liées au contexte politique à l'époque, de faire payer 500 francs le passage. Ainsi, pour chaque passage, l'usager paie 500 francs, et l'État subventionne 500 francs à SOCOPRIM. Il s'agit d'un modèle de concession avec garantie de revenus pour l'entreprise. Il est également imposé au pont de tenir une neutralité politique. Cela implique l'absence d'affiches électorales pendant les élections par exemple.

Le pont HKB est un exemple signifiant de BOT. Par le biais de convention de concession, l'État a minimisé grandement ses investissements sur une infrastructure à 126 milliards de francs, qui est à la pointe de la technologie en la matière. Le péage, côté Riviera, dispose de vingt-quatre voies, dont huit sont réversibles, ce qui permet de changer leur sens en fonction du trafic. La concession lui promet également, s'il le désire, de récupérer l'infrastructure au bout des trente années d'exploitation privée, ce qui lui garantira alors des revenus d'importance : si les chiffres de trafic en volume ne sont pas diffusés, Jean-François Doreau m'a assuré que le trafic a augmenté de 42% entre la mise en service et l'année 2019. À l'heure de pointe, plus de 7000 véhicules franchissent le péage chaque heure. L'État s'investit par ailleurs pour la protection de l'infrastructure : des policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) sont déployés en permanence pour garder le pont.

Une diversité des BOT

Il est important de préciser que le BOT n'est pas une procédure universelle, et que les contrats de concession suivant le mode BOT peuvent avoir des différences importantes. Par exemple, le projet de métro d'Abidjan fonctionne selon un mode différent. Pour SOCOPRIM, nous avons dit qu'il s'agit d'une concession avec garantie de revenu, c'est-à-dire que l'État subventionne l'entreprise pour lui garantir les 1000 francs par passage convenus dans le contrat.

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Pour la SICMA, qui gère le projet de métro, le fonctionnement sera différent : il s'agit également d'une concession avec garantie de revenus, mais qui fonctionnera différemment. L'État rémunère la SICMA pour la construction et la rémunèrera pour assurer l'exploitation, mais les recettes des titres de transport lui reviendront directement. Ces différences imposent une étude individuelle de chaque projet en BOT pour comprendre leurs spécificités.

B) Des infrastructures et activités de transport de plus en plus concédées

Au-delà de la construction pure et simple d'infrastructures de transport, l'État a également recours à des PPP pour assumer des activités de service public, ce qui a des conséquences importantes sur leur fonctionnement en général. Il s'agit à nouveau d'un problème initial de manque de moyens et de capacités techniques pour les instances étatiques, en comparaison de ceux de structures privées, souvent de taille importante, à l'image du groupe Bouygues ou du groupe Bolloré, très présent dans le transport de marchandise abidjanais, puisqu'il s'agit de l'un des acteurs principaux du transport ferroviaire et du trafic portuaire. Nous avons déjà évoqué précédemment le rail ivoirien, dont la gestion a été concédée durant les années 1990 à la société SITARAIL issue du groupe Bolloré. Mais cette dynamique de concession se retrouve également dans le domaine aérien. La société Aeria, concessionnaire depuis 1996 de l'exploitation de l'aéroport FHB, est issue du groupe français Egis. L'aéroport est un bien public, anciennement exploité par les services de l'État. Les aéroports sont des mannes financières importantes, ce pourquoi ils sont souvent étatiques. Mais à la période de la concession, une telle infrastructure pour rester efficiente nécessitait des moyens supérieurs à ceux de l'État au vu des difficultés des années 1990. La concession s'est donc faite en ces termes : Aeria a depuis la charge d'exploiter, mais également le développer l'infrastructure. L'État fournit des assistances en fonction de ses possibilités, comme par exemple le projet d'extension de l'aérogare qui est étatique car au-dessus des moyens d'Aeria. Cela lui permet de maintenir un service nécessaire à la métropole et même de le développer tout en réduisant ses investissements.

Le cas du Port autonome d'Abidjan est également intéressant. Le PAA reste aujourd'hui encore une structure publique, la gestion portuaire n'ayant pas été concédée. Mais au sein du port, de nombreuses activités ont été concédées depuis les années 2000. La première concession date de 2003, date à laquelle l'exploitation du premier terminal à conteneur a été concédée. Face au succès de cette opération, dans les années suivantes ont également été concédées

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l'activité de remorquage, de la sécurité du port, du terminal roulier, minéralier, fruitier, ainsi que du second terminal à conteneurs qui est en construction. Avant cela, le PAA gérait tout lui-même, ce qui engendrait, d'après le chef du département de suivi des concessions du PAA, M. Seka, d'importantes charges et coûts d'exploitation, car tout était assuré par des fonctionnaires. Le port était donc très limité et ne générait pas plus d'un milliard de francs CFA par an. Trois ans après la première concession, les revenus générés avaient déjà quadruplé. Cela a encouragé l'État à se désengager peu à peu de toutes les activités, sauf trois : le pilotage, pour faire entrer et sortir les navires du port, la manutention et le terminal pétrolier, qui revêt une importance stratégique particulière. Les concessionnaires sont aujourd'hui nombreux : Bolloré et Maersk pour le premier terminal à conteneurs, IRES du groupe espagnol Bolida pour le remorquage, Visual Defense du Canada pour la sécurité, TRA du groupe Movis pour le terminal roulier, etc. Le second terminal à conteneurs est concédé à Bolloré, Bouygues et APM terminal.

Ces concessions se fondent sur des devoirs des deux côtés, pour l'État ou son représentant et le concessionnaire. Les concessionnaires paient des redevances de plusieurs natures, pour avoir le droit d'exploiter. Mais l'État par le biais du PAA doit fournir certaines assistance : tout dégât sur les quais par exemple doit être assumé par le PAA, de même que pour les magasins sur les quais. Le PAA s'occupe également du système électrique des infrastructures. La durée des concessions est prévue pour quinze à vingt-cinq ans, renouvelables si les deux parties en manifestent le souhait. Par exemple, la concession du premier terminal à conteneur, prévue pour durer quinze ans, a été prolongée de dix ans. D'après M. Seka, le port n'est pas pour l'instant dans l'optique de récupérer les activités, car cela fonctionne très bien de la sorte. Mais c'est une possibilité qui est conservée par la signature de concessions à durée déterminée.

À l'heure actuelle, les concessions de service public dans les transports se cantonnent beaucoup aux activités de transport international, à l'image du rail, du portuaire et de l'aérien que nous avons évoqué. Mais sur la lagune opèrent déjà deux nouveaux concessionnaires pour la mobilité des personnes, et le futur des mobilités que nous avons étudié précédemment montre que le futur de la mobilité également sera fait de multiples conventions de concession. La tendance depuis maintenant vingt ans est donc claire : si la concession des activités de service public permet leur développement, l'État est tout à fait disposé à y recourir.

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C) Avantages et limites du système de concession

La question des avantages et inconvénients du système que l'on a décrit se pose en fonction du point de vue des différents acteurs. Nous n'évoquerons pas celui des entreprises privées qui obtiennent les concessions, car il ne nous intéresse pas ici. Nous nous intéresserons donc au point de vue de l'État. Dans quelle position cette mosaïque de concessions le met-elle ?

Les avantages : d'importantes réalisations aux résultats notables

Le budget de l'État ivoirien pour l'année 2020 a été voté et établi à près de 8 000 milliards de francs CFA, soit plus de 12 milliards d'euros. À titre de comparaison, il était de 6 500 milliards en 2017 et 7 300 milliards en 2019. Malgré une très importante progression donc, il reste en volume très léger comparé au coût de certains projets que l'État initie. À titre de rappel, le coût du pont HKB s'est élevé à 126 milliards de francs CFA, et le coût signé du projet de métro s'élève à 1,4 milliard d'euros, soit un dixième du budget annuel actuel de la Côte d'Ivoire. Il apparaît ainsi clairement que l'État n'a pas la capacité de soutenir à lui seul les projets qu'il réalise. Aussi, le recours au privé lui permet des bénéfices importants : pour la population, ce qui compte le plus est l'importances des réalisations. Sur place, de multiples conversations m'ont permis de constater que les gens voient les choses évoluer positivement, et que beaucoup ont tendance à l'imputer à Ouattara, le président en place, souvent décrit comme un travailleur sérieux et assidu dans les conversations. On comprend donc que les réalisations pilotées par l'État lui bénéficient, et bénéficient à la popularité du gouvernement en place. Ainsi donc, les PPP tendent manifestement à permettre à l'État de réduire ses dépenses, tout en bénéficiant tout de même des retombées positives des projets et actions menées. Cela repose sur un élément central : la conservation du contrôle et de la direction des opérations. L'enjeu de conservation de la souveraineté de l'État sur les activités de service public est grand. Pour cela, il existe des garde-fous juridiques notamment, qui se trouvent dans les textes de conventions de concession. Ils permettent à l'État de poser très précisément le cadre des PPP, et surtout de les délimiter dans le temps, afin de conserver la possibilité de récupérer pleinement l'activité concédée si le besoin s'en fait ressentir. De la même façon, tout l'intérêt pour l'État des constructions d'infrastructures en Build-Operate-Transfer réside dans le « Transfer » final.

Il apparaît donc que l'État tire des bénéfices importants des PPP et des concessions en organisant les appels d'offre et en conservant un droit de regard.

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L'instauration de rapports de force à surveiller

Les entreprises concessionnaires sont souvent issues de grandes structures comme Bouygues ou Bolloré Logistics dans notre contexte, ce qui implique qu'elles disposent d'une force géopolitique importante localement. Pour un État à la stabilité encore fragile, comme c'est le cas en Côte d'Ivoire, c'est un désavantage, ou du moins une source de danger potentiel à surveiller. L'enjeu pour l'État est de ne pas se laisser déborder par les appétits souvent voraces de certaines entreprises importantes. Même dans le cas où il parvient à conserver un véritable contrôle, les PPP impliquent une perte de souveraineté, car il est alors contraint de négocier avec un intermédiaire et n'a plus le contrôle direct de l'activité déléguée. Ainsi, concrètement, si l'État par le biais du PAA veut organiser un projet à vaste échelle dans le port, il est contraint de négocier avec une multitude d'acteurs concessionnaires des différentes activités, ce qui forcément impacte sa capacité de réalisation propre. On peut résumer cela en une phrase : pour l'État, concéder une activité publique, c'est aussi concéder du pouvoir qui peut être utilisé pour s'opposer à lui.

Il y a également la question du partage des revenus générés par l'activité concédée, notamment lorqu'il s'agit d'une activité très rémunératrice. Par exemple, les activités d'exploitation des différents terminaux du port sont génératrices d'importants revenus. À l'heure actuelle, d'après M. Seka, le chef de suivi du département des concessions du port, les concessionnaires touchent une part plus importante que l'État des revenus générés. Cela est devenu problématique au point que certaines concessions sont en cours de révision pour augmenter le montant des redevances dues par les concessionnaires à la puissance publique. Ainsi, en plus d'une redevance fixe pour l'exploitation, une redevance proportionnelle sur l'activité est en train de se démocratiser dans les terminaux concédés. Ce type d'action fait partie de l'équilibre que doit trouver l'État entre la part nécessairement laissée aux concessionnaires, et celle qu'il récupère, par le biais des redevances notamment.

Par ailleurs, dans le cadre des réalisations suivant un modèle en BOT, l'un des aspects majeurs du contrat de PPP est le partage de la prise de risque. En effet, l'acteur privé qui construit une infrastructure recherche des garanties de revenus. Dans l'exemple du pont HKB, Bouygues n'a pas voulu s'engager dans le projet sur la simple estimation du trafic potentiel du pont, car en cas d'erreur, l'entreprise prend le risque de ne pas rentabiliser son investissement sur la durée prévue de la concession. Le risque est trop grand. L'État est donc contraint de mettre en place certaines mesures garantissant le revenu de l'entreprise. Dans un cas comme le métro d'Abidjan, l'enjeu est particulièrement important pour l'État. Nous avons dit

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précédemment que dans cet exemple précis de BOT, l'État rémunère selon un tarif prévu la STAR pour la construction et l'exploitation du métro. C'est donc l'État qui touchera directement l'argent issu des titres de transport vendus. Cela implique que c'est lui qui prend le risque lié à l'estimation du trafic potentiel. Si ce dernier est inférieur à ce qui est prévu, c'est l'État qui perdra de l'argent, et non les concessionnaires.

Enfin, le PPP trouve des limites très importantes lorsqu'il n'est pas souhaité mais contraint. En effet, l'État est censé oeuvrer pour le bénéfice de sa population, ce qui est à la fois une de ses prérogatives et le discours qu'il entretient. Or, la signature d'une concession par contrainte, par exemple du fait d'un manque criant d'argent public, laisse une marge de manoeuvre supérieure à l'entreprise concessionnaire, et crée un risque que les intérêts privés prennent largement le pas sur les intérêts publics dans la gestion de la concession. Un exemple signifiant de ce type de dynamique est la concession du rail ivoiro-burkinabé à l'entreprise SITARAIL du groupe Bolloré. Comme nous l'avons déjà vu, à partir de la signature de la concession, le trafic s'est très rapidement détourné du transport de passagers pour se concentrer sur le transport de marchandises entre le Burkina Faso et le port d'Abidjan. Cette dynamique a engendré des effets tunnels importants sur le territoire ivoirien, en tuant les échanges et déplacements organisés autour de nombreuses gares passagères qui ont été fermées. Rappelons que le groupe Bolloré a des intérêts importants dans le port d'Abidjan, puisque qu'il est impliqué dans les activités des deux terminaux à conteneurs. En favorisant le trafic marchand au détriment du trafic passager, les intérêts privés ont dans cet exemple pris un pas très net sur les intérêts publics, du fait d'une convention de concession signée dans de mauvaises conditions pour l'État ivoirien et donc pour l'intérêt public.

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