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Transports et développement dans la métropole d'abidjan quel modèle de ville derrière les projets dans les transports ?


par Gaspard Ostian
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master Dynped  2021
  

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2- Une ville attractive orientée vers l'offre : les transports au service de la croissance

D'après le site Géoconfluences de l'ENS Lyon, « Le concept de « ville néolibérale » (Hackworth, 2007) désigne la ville « entrepreneuriale », tournée vers l'attraction des ressources, des emplois, du capital, des innovations. À partir du tournant des années 19701980, la ville néolibérale orientée vers l'offre tend à remplacer la ville keynésienne orientée vers la demande ». Ce sont ces dynamiques de primauté de l'attractivité que nous allons décrire maintenant à Abidjan.

A) Le marketing urbain dans les mobilités : le Plateau, Smart City

Les projets dans les transports ne viennent pas seuls, et sont entourés souvent de communication politique. Cette communication vise à valoriser les projets souvent en les rapportant à des ministères ou à des personnalités politiques. Par exemple, c'est Alassane Ouattara qui a donné le premier coup de pioche des travaux du pont HKB en 2012, et c'est également lui qui l'a inauguré deux ans plus tard. Mais la communication autour des projets dans les transports s'intègre également dans la définition de « ville néolibérale » que nous venons de présenter : elle tend à présenter Abidjan sous le sceau de la modernité, afin de développer au maximum son attractivité. Ces stratégies d'attractivité, on les retrouve beaucoup dans la commune centrale du Plateau.

Photo n°6 : Une barrière floquée de l'inscription « Plateau- Smart City » à la mairie du Plateau

Source : Gaspard Ostian, 2021

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Voici comment est présentée la commune du Plateau dans le paysage urbain par les autorités. Cette barrière, floquée de l'inscription « Plateau- Smart City » (PHOTO 6) est une parmi d'autres sur l'un des parkings de la mairie du Plateau. À nouveau selon le site Géoconfluences, « La ville intelligente, de l'anglais smart city, désigne des politiques urbaines utilisant les technologies de l'information et de communication (TIC) pour accélérer la transition écologique d'une ville tout en affichant sa compétitivité internationale. Le terme désigne à la fois un programme, un processus, et leur résultat effectif »27. Ainsi, en se plaçant sous le sigle de la « Smart City », le Plateau se donne une image de commune à la pointe de la technologie et des préoccupations environnementales mondiales. Ce n'est pas un hasard si l'on retrouve cela ici : le Plateau est la commune d'affaires d'Abidjan, celle où on trouve la concentration de gratte-ciels et d'entreprises ou institutions la plus élevée. Il s'agit d'une commune très dédiée au travail, car très peu de gens y vivent mais elle est le centre de nombreuses migrations pendulaires. Elle est également la vitrine de l'intégration d'Abidjan à la mondialisation. De ce fait, des initiatives sont prises par la municipalité afin qu'elle tienne un certain standing. Nous avons déjà expliqué que le transport artisanal était interdit dans la commune du Plateau. Cela est dû à l'image peu moderne que ces modes de transport incarnent. On y trouve également des voies de bus réservées, ce qui affiche des politiques urbaines en faveur des transports en commun. Par ailleurs, la police municipale est équipée par endroits de petits véhicules électriques de type quad, qui valorisent également le Plateau en faisant la démonstration d'un service public équipé de véhicules à mobilité « propre », « verte ». M. Brou, directeur du service de gestion des transports en commun de la mairie du Plateau, a également évoqué lors d'un entretien un projet de création d'un réseau de navettes communales afin de développer les transports en commun sur la commune. Si ce projet n'est pas fait, il démontre la volonté de montrer l'implication de la commune dans la transition écologique.

L'ensemble de ces pratiques dépend de ce que l'on appelle le « marketing urbain », qui rassemble « toutes les pratiques de communication territoriale qui consistent à s'appuyer sur des matières spatiales existantes ou en construction en vue de les promouvoir, de les faire exister, de les rendre attrayantes et d'inciter à les pratiquer, à y investir son temps, ses loisirs ou son capital » (Duvont et Devisme, 2006). L'observation et l'analyse des différentes techniques de marketing urbain mises en place à Abidjan permettent de mettre à distance les images et bilans présentés par les autorités, ici dans le cadre des projets dans les transports. Il

27 Source : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/ville-intelligente

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ne faut néanmoins pas éloigner de l'analyse le bilan véritable qui existe derrière l'image donnée, afin de l'annuler : notre objectif ici est de mettre en perspective le marketing urbain et les résultats observés des différents projets pour mettre en lumière le modèle de ville qu'incarne Abidjan et ses conséquences socio-spatiales.

B) Objectifs de croissance et modèle de ville

Il est intéressant de confronter l'analyse sur « le Plateau, smart city » avec le discours de certains acteurs publics de grands projets dans les transports. Les divers entretiens réalisés avec des acteurs rattachés à l'État comme le PMUA, le PTUA ou l'AMUGA font émerger deux grands objectifs pour l'avenir des transport abidjanais : des objectifs de croissance d'une part, et la préservation de l'environnement de l'autre. Il s'avère que l'objectif premier et les retombées premières attendues pour les divers directeurs interrogés dans ces trois structures sont clairs : la croissance économique.

Ainsi, les transports apparaissent s'intégrer dans une stratégie globale ayant pour finalité première la croissance économique de la métropole. Les processus de gentrification qui découlent par exemple du renforcement des connections avec les périphéries sont ainsi tout à fait acceptés et valorisés par les politiques urbaines, puisqu'elles participent de l'attractivité de la ville pour des entreprises et classes sociales privilégiées : c'est là l'une des caractéristiques de la ville néolibérale. Elle trouve son origine dans le contexte de libéralisation hérité des années 1980 et des PAS, qui conduit à un durcissement de la concurrence interurbaine, ici avec les autres métropoles principales de la région comme Dakar ou Lagos. « La menace de pertes d'emplois, de désengagement et de fuite des capitaux, le caractère inévitable des restrictions budgétaires dans un environnement concurrentiel, marquent une nouvelle donne dans l'orientation des politiques urbaines, qui délaissent les questions d'équité et de justice sociale au profit de l'efficacité, de l'innovation et de la hausse des taux réels d'exploitation » (Harvey, 2010). Ainsi, sur un territoire que l'on ne peut pas rendre immédiatement attractif, cela implique de concentrer les investissements sur certaines zones très délimitées, à l'image de ce qui se fait au quartier du Plateau. Cela participe de la fragmentation socio-spatiale choisie du territoire de la métropole.

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