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La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun:une analyse sociologique des relations Bailleurs de fonds-ONG nationales


par Sosthène Hervé MOUAFO NGATOM
Université de Yaoundé 1
Traductions: Original: fr Source:

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B - LES « OUTPUT » DES ONG NATIONALES : DES RÉPONSES INCOHÉRENTES ET LIMITATIVES

L'impact de la coopération non gouvernementale sur la réduction de la pauvreté est aussi fonction de la capacité des ONG nationales à convertir leurs « input » en « output » capables de répondre efficacement aux attentes des populations bénéficiaires de leurs actions. Les ONG nationales mènent un certain nombre d'actions qui correspondent à leur réponse à la demande de leur environnement (populations). Ces réponses ou « output » sont constituées, pour le cas de la présente étude de leur méthode d'approche et de leur investissement dans les activités des populations.

En général, les ONG se caractérisent par leur approche qui prend en compte les besoins des populations. Mais pour le cas de notre étude, on constate un fléchissement de ces atouts reconnus aux ONG. Ce fléchissement semble être orchestré par les bailleurs de fonds. Car, les « input » qu'ils apportent aux ONG nationales, sont entourés des conditions qui ne favorisent pas la mise en place des « output » qui prennent en compte les voeux des populations, comme le rappelle bien certains responsables d'ONG nationales :« les voeux des populations ne sont pas toujours ceux du projet ». En plus, chaque Bailleur définit d'avance ses domaines de coopération et ses critères. Puis, « le financement est conditionné par le respect de ses conditions [bailleurs de fonds] qui ne correspondent pas toujours aux prévisions des ONG ». Cette affirmation d'un responsable d'ONG qui résume celles des autres traduit l'incohérence des réponses des ONG nationales aux demandes des populations bénéficiaires.

Par ailleurs, les ONG nationales, s'agissant de l'utilisation des fonds issus des « input », ont souvent fait l'objet des malversations financières. Mais avec le suivi-évaluation qui accompagne l'appui financier des bailleurs de fonds aux ONG nationales, « il n'est pas, de nos jours, facile de prendre et de disparaître » (Un Responsable d'ONG). Le suivi-évaluation ne permet pas non plus un changement de domaine d'activités. Concernant alors l'aspect financier de l' « output », il se pose plus le problème de l'insuffisance de l'appui, comme l'affirme un responsable d'ONG : « Le financement n'est pas toujours approprié ». Il y a de façon générale, unanimité sur cette question d'insuffisance de l'appui financier. Cette insuffisance constitue un facteur limitatif pour les actions des ONG nationales dans les initiatives destinées à l'amélioration des conditions de vie des populations. Le suivi-évaluation des activités constitue aussi dans une certaine mesure un facteur limitatif en ce sens qu'il ne donne pas aux ONG nationales la possibilité d'une extrapolation des activités aux voeux des populations.

En somme, l'analyse « input »-« output » nous permet d'observer les interactions qui existent entre les bailleurs de fonds et les populations bénéficiaires. A l'observation, les « input » des ONG nationales leur impose une approche qui ne leur permet pas de répondre efficacement aux attentes des populations. Cette analyse nous aura permis de découvrir ces facteurs de blocage de la contribution de la coopération non gouvernementale à la lutte pour la réduction de la pauvreté. Analyse faite, la faible capacité des ONG nationales à répondre efficacement à la demande des populations en matière de lutte pour la réduction de la pauvreté est en partie relative au caractère non approprié des « input » qu'elles reçoivent des bailleurs de fonds, car les conditions de coopération des bailleurs de fonds et leur appui limité ne favorise pas une action efficace et efficiente des ONG nationales. Une autre explication à cette inefficacité et inefficience des actions non gouvernementales peut se situer au niveau des ONG nationales elles-mêmes. Car, en tant que régulatrices des activités non gouvernementales, ses stratégies d'accommodation ou d'adaptation peuvent d'une manière ou d'une autre constituées un blocage à leurs actions, d'autant plus que chaque système renferme en lui les germes de sa propre destruction. Mais, l'analyse systémique ne nous permet pas d'observer ces stratégies qui dans le cadre de l'analyse « input »-« output » se déploient dans la « boite noire » ou dans le système proprement dit. Et cette « boite noire » dans la configuration relative à notre étude correspond aux ONG nationales elles-mêmes. Il se déploie donc au niveau des ONG nationales, des stratégies d'accommodation ou d'adaptation à leur « environnement de soutien ». L'analyse de ces stratégies peut permettre une explication de l'impact de la coopération non gouvernementale sur la réduction de la pauvreté.

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