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La communication participative communautaire au Sénégal

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par Sébastien Froger
Universite Stendhal Grenoble 3 - Institu de la communication et des médias - Master 2 communication scientifique et technique 2005
  

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II. La communication participative communautaire

Nous restons persuadés, et il existe un consensus sur ce postulat, que la communication pour le développement est un élément fondamental du processus de développement.

Comme le slogan de Balit, popularisé par la FAO, l'exprime : « il n'y a pas de développement sans communication ».

22 MISSE MISSE, L'aporie de la communication sociale pour le développement [en ligne], Séminaire de Misse Misse, chaire Unesco, Université Stendhal de Grenoble, Mars 2004, disponible sur http://www.u-grenoble3.fr/chaire_unesco/Textes/misse/seminaire5.htm (consulté le 04/08/2005)

Alors pour avoir une approche la plus efficace possible, nous tenterons de proposer une stratégie adaptée aux besoins qui nous concernent, à savoir le développement de la culture scientifique au Sénégal, ainsi que la sensibilisation de la population sur des thèmes de santé publique notamment et, enfin, l'adoption d'innovations issues de la recherche pour le développement.

Le but reste ambitieux et les éléments nécessaires pour répondre à une telle problématique ne pourront être étudiés sous tous leurs aspects.

Pour la suite de ce travail, nous nous limiterons à l'étude d'une stratégie de communication la mieux adaptée pour répondre à la problématique. Dans un premier en temps en décrivant celle-ci, puis en testant sa pertinence à travers divers exemples.

Avant d'exposer le modèle retenu, voyons un bref aperçu des différentes approches participatives en communication pour le développement.

II.1. Le modèle participatif

Le modèle participatif tel que nous l'entendons aujourd'hui intègre les concepts issus des expériences, en soulignant l'importance de l'identité culturelle des communautés locales, de la démocratisation et de la participation à tous les niveaux (national, local et individuel). Paulo Freire 23, qui a la largement contribué à cette approche, considère cela comme le droit de tout peuple à s'exprimer individuellement et collectivement :

« Il ne s'agit pas du privilège de quelques personnes, mais du droit de tout homme (et de toute femme) à s'exprimer. En conséquence personne ne peut dire une vérité tout seul - pas plus qu'il ne peut la dire à la place de quelqu'un d'autre, de façon normative, en volant aux autres leur parole ».

Cette approche participative, née dans les années 70, a comme idée centrale la participation active des gens visés par un processus de développement.

Mais il s'agit sûrement de l'unique point commun, tant la participation des populations est vue de différentes manières, et les divergences demeurent nombreuses.

23 FREI RE P., La pédagogie des opprimés, Paris : La Découverte / Maspéro, «Petite Collection Maspéro», 1983, 202 p.

Le paradigme de la modernisation et la théorie de la diffusion, avec Rogers notamment, ont mis en avant les méthodes interpersonnelles après avoir préconisé l'utilisation des médias de masse.

Les premières expériences participatives se sont donc déroulées au niveau communautaire, en utilisant des médias traditionnels et populaires, des activités de groupe, etc. Mais aucun rôle n'avait été laissé aux médias dans cette conception. Les praticiens ont vite innové avec notamment les radios communautaires qui ont rapidement connu un certains succès.

André-Jean Tudesq 24 souligne notamment le rôle de la FAO dans la mise en place de ces radios communautaires, essentiellement rurales.

A ce moment sont nées des émissions basées sur des enjeux locaux, animées par des acteurs locaux.

Cette initiative a permis par la suite de donner aux médias de masse un rôle en communication participative dépassant le niveau de la collectivité, jusqu'à un niveau régional, et même national.

a. Les différents niveaux de participation

Il existe plusieurs types d'approches, non seulement au niveau de l'échelle, mais aussi de la participation.

Selon Uphoff (1984) 25, il existe quatre niveaux de participation, selon l'implication de la population dans le projet de développement :

s Participation à l'exécution

La contribution des gens concernés se tourne vers l'exécution de certaines taches, ils prennent part au projet et ont parfois des responsabilités.

22 TUDESQ André Jean, Les médias en Afrique, ed. Ellipse, 1999, p60-70 et 100-110.

25 Uphoff cité par Guy bessette, Communication et participation communautaire Guide pratique de communication participative pour le développement, Les Presses de l'Université Laval, 2004, 200p.

? Participation à l'évaluation

On demande l'avis à la population sur le déroulement du projet une fois qu'il est arrivé à son terme.

? Participation aux avantages

La population profite des retombées d'un projet, par exemple obtenir de l'eau d'une pompe à main, ou un camion pour transporter leurs produits au marché, etc.

? Participation à la prise de décisions

Les gens prennent part à l'élaboration du projet, émettent des idées, des critiques, décident. Que ce soit sur le plan politique, culturel, religieux ou des projets de développement. Cette forme de participation est sans doute celle qui implique le plus la population et peut dépasser le cadre du développement au sens conventionnel, regroupant des activités communautaires comme l'organisation de fêtes ou tout autre événement.

Les activités de développement peuvent aller jusqu'à l'utilisation de ces quatre niveaux de participation, mais cela reste assez exceptionnel.

D'une part, du fait de l'implication que cela demande de la part de la population ; d'autre part, du fait des moyens que cela nécessite et des problèmes que cela peut poser, par exemple sur un plan politique.

Parmi toutes ces nuances, il est très difficile de faire son choix en tant qu'acteur de développement. Chaque forme possède ses avantages et contraintes, et il faut savoir surtout s'adapter en fonction du contexte.

b. Les éléments fondamentaux de la communication participative

Dans ce que nous appelons communication participative, les quatre niveaux de participation
précédemment cités doivent être présents. En particulier pour la problématique qui nous
intéresse, à savoir l'application de cette approche participative pour le développement de la

culture scientifique au niveau communautaire. Mais également dans toute autre démarche de communication participative.

Dans d'autres domaines, cette démarche participative pourrait s'avérer efficace, dans la communication pour le développement bien sûr, domaine dont elle est issue, mais aussi la sensibilisation des communautés à certains problèmes soulevés par la recherche, et la transition recherche/application par l'adoption d'une innovation, par exemple dans le cadre d'une recherche participative (recherche qui inclut la population à la base dans l'orientation de ses activités de recherches en donnant la parole aux futurs bénéficiaires des résultats de ces recherches).

Certaines méthodologies tentent une approche généraliste, suffisamment souple pour s'adapter au contexte. Toute la difficulté se trouve là, bien conscient qu'il n'existe pas de « recette » à appliquer à la lettre pour chaque situation.

Néanmoins, nous considérons tout comme le souligne Elayne Harris 26, qu'il y a au moins 10 éléments fondamentaux à respecter pour faire de la communication participative.

s La responsabilisation

Le premier intérêt d'adopter une démarche participative est la responsabilisation des personnes concernées par le projet de développement, de sorte qu'elles définissent et analysent les problèmes rencontrés et les mesures à prendre.

On part du postulat qu'il existe un savoir profane issu du milieu de vie, et que les acteurs de développement ou scientifiques ne peuvent avoir une connaissance aussi approfondie du milieu que ceux qui y vivent et y travaillent.

Cependant, certains chercheurs ou acteurs de développement ajoutent que cette responsabilisation n'est pas forcément atteinte, qu'elle n'est possible sans conscience des disparités sociales et économiques. Mais cette conscience est généralement acquise par d'autres médias de masse, comme la télévision qui véhicule une image du monde occidental. Ensuite, cela ne permet pas forcément une vision critique des disparités.

26 HA RRIS E. M., Le rôle de la communication participative pour le développement comme outil d'éducation non formelle à la base [en ligne], in La communication participative pour le développement, Un agenda Ouest-africain CRDI, Montréal, 1996, disponible sur http://web.idrc.ca/fr/ev-30920-201-1-DO_TOPIC.html (consulté le 05/08/2005)

s Public pas seulement auditeur, mais acteur

Le public, qui était auparavant passif, participe au contenu de la communication. Il passe d'un statut d'objet dans la communication, et dans l'apprentissage, à celui de sujet.

s Large éventail de types de communication

Ne pas se contenter de communication interpersonnelle et locale traditionnelle, mais aussi la développer grâce aux médias d' « amplification », permettant de multiplier et élargir le panel de types de communication.

s Libre choix des outils de communication et activités

Une fois les outils de communication adaptés à la situation choisis, il faut créer les conditions nécessaires pour que les personnes concernées par le projet soient dotées de ces outils et puissent décider librement des activités à mener, de leur structuration et des applications.

s Outils de communication appliqués aux problèmes et questions touchant les personnes concernées

Le choix de l'outil de communication est fonction de l'usage auquel on le destine. Par exemple on pourra plus facilement soulever des problèmes à l'aide du thêatre-forum, ou bien un enregistrement audio ou vidéo des points de vue de certains participants peut aider à approfondir un débat.

s Présence d'un animateur pour la mise en place de la communication participative

Il est nécessaire qu'un animateur, agent ou facilitateur soit présent pour lancer le processus de communication participative. Son rôle étant de faciliter la communication, permettre une investigation approfondie et une recherche pertinente. Cela n'implique pas qu'il n'ai pas le même pouvoir que les autres : chacun doit rester sur le même pied d'égalité.

s Choix du facilitateur ou animateur

Pour mettre en oeuvre une communication participative, il faut que l'agent chargé de sa mise en place soit bien sûr initié aux techniques d'utilisation des médias, à la mise en oeuvre pratique de tels projets, qu'il ait une connaissance approfondie du terrain.

Mais il faut veiller à ce que ses connaissances n'influent pas sur le pouvoir de décision des personnes concernées par le processus. Au risque de perdre de son pouvoir de responsabilisation.

La fonction de cet animateur est donc fondamentale, elle nécessite une formation approfondie d'une part et une grande compétence en matière de relations humaines.

Il faut faire attention si on choisit des spécialistes d'un domaine quand il s'agit du «pilote» d'un projet et ce, pour garantir l'initiative de l'appropriation des outils de communication et du pouvoir de décision aux personnes concernées.

s Prohiber toute manipulation

Il n'est pas rare de rencontrer des cas de manipulation des populations à la base dans des projets utilisant - soi-disant - une démarche de communication participative (pas au sens où nous l'entendons, mais à des niveaux de participation moins intégrée que la vision que nous en avons).

Ces manipulations conscientes ou non sont quasiment toujours nuisibles pour les personnes concernées par le projet de développement ou la sensibilisation. Les bénéfices iront plutôt vers les élites.

? Pas de programme préétabli

Si un «carnet de route» est déjà planifié avant le début d'un projet de développement, que ce soit pour s'occuper des problèmes identifiés comme prioritaires par les personnes concernées ou tout autre programme, on risque fortement de passer à coté des véritables priorités, ou bien d'y répondre de manière inadaptée.

Il est primordial d'établir ce programme en partenariat avec la population cible, sous peine de se tromper dans l'identification des objectifs principaux de la communication participative : cerner au mieux les enjeux et, ainsi, les moyens d'y répondre grâce au savoir local.

s Pas de médium ou de méthode miracle dans le déroulement d'un projet

La communication participative se définit par des idées et des postulats comme cités auparavant, mais en aucun cas par une méthode inflexible ou par l'utilisation d'un médium de manière préférentielle.

Certains auteurs vanteront par exemple l'utilisation de la radio communautaire comme moyen le plus efficace.

Nous pensons que chaque situation nécessite bien au contraire une approche, un choix et une utilisation des médias spécifique.

Suite à cet énoncé non exhaustif de principes sur lesquels s'appuie notre vision de ce que nous appelons «communication participative pour le développement», en particulier dans le domaine de l'éducation populaire, nous pouvons tenter de retenir une définition de cette notion.

La définition que donne Guy Bessette 27 nous semble la plus proche de la conception que nous nous en faisons :

« La communication participative pour le développement est une action planifiée, fondée d?une part sur les processus participatifs et d ?autre part sur les médias et la communication interpersonnelle, qui facilite le dialogue entre différents intervenants réunis autour d?un problème de développement ou d?un but commun, afin d?identifier et de mettre en oeuvre une initiative concrète visant à solutionner le problème ou atteindre le but fixé, et qui soutient et accompagne cette initiative. »

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand