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L'indicible à porté du regard. Les nouvelles technologies: vers un au-delà de la scène ?

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Bressan
Université Paris 3, Sorbonne nouvelle - DES 2003
  

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Introduction

« Who's there? »

La question inaugurale d'Hamlet pose avec force une interrogation qui nous semble primordiale au théâtre : avec qui sommes-nous, qui est là et par extension, où sommes-nous ? Comme Monique Borie le note très justement à propos d'Hamlet, le théâtre est « [une] nuit offerte à la rencontre des puissances de l'ailleurs » 3. Outre la nuit shakespearienne, ne peut-on voir là une vision de la scène, un lieu offert à la rencontre des puissances de l'ailleurs ?

Mais quelles sont donc ces puissances en question ? Qu'est-ce qui, au théâtre, les rend d'une certaine façon accessibles, quasi-tangibles ? La simple intuition d'un au- delà du visible, une vue de l'esprit, une réalité tangible ou encore la présence de l'audelà de la scène décrite par Mallarmé4 comme un effacement. La réponse n'est pas aisée. Nous tâcherons dans ce travail d'en définir les contours. Tout d'abord, dans la première partie de ce travail par des exemples pris dans l'histoire, de la présence de « l'au-delà » sur la scène et du glissement de cet au-delà vers un « ailleurs » de la scène, non plus religieux mais métaphysique.

On note, en effet, nombre d'exemples, à travers l'histoire des représentations spectaculaires, de la présence des Dieux d'abord par l'utilisation de masques sur la scène antique. Nous passons à une vision de la scène beaucoup plus symbolique par la présence de lieux dédiés à des représentations de « l'ailleurs », tel le paradis ou l'enfer sur les scènes médiévales. Les exemples sont nombreux et, bien qu'il faille les nuancer, il nous semble important de nous y arrêter un instant avant de poser la question majeure de ce travail que nous développerons dans la seconde partie de ce mémoire à savoir : les nouvelles technologies sur la scène n'ouvrent-elles pas une porte vers un au-delà de la scène ?

La deuxième partie de ce travail proposera deux exemples contemporains de l'utilisation des technologies illustrant l'émergence d'un ailleurs de la scène sur la scène, rendu accessible au spectateur.

Notons, en préambule à cette étude, une constante dans les modalités de l'existence de cet autre monde appelé par la scène : elle nécessite l'utilisation d'objets spécifiques que nous nommerons des « leviers ».

3 Monique Borie, Le fantôme ou le théâtre qui doute, Editions Actes sud 1997, pp. 9-23.

4 Thierry Alcoloumbre, Mallarmé. La poétique du théâtre et l'écriture, Librairie Minard 1995, pp. 48-51.

Nous donnons à ce que nous nommons ici « levier »5 le sens d'un élément qui nous permettra de traverser notre état de spectateur pour entrer de l'autre côté du visible. Il agit dans ce cas comme une porte vers l' « au-delà ». Quel peut-être ce « levier », quelles formes peut-il prendre?

Il est un élément (masque, effigie ou écran vidéo) qui ouvre sur la scène des fenêtres (ou les ferment).

Quelle que soit la forme qu'il prenne, ce levier est toujours cet objet, là, sur la scène qui étire notre perception de l'espace et du temps du drame joué sous nos yeux de spectateur vers d'autres dimensions ?

Notons, néanmoins, que la présence de cet artificium, cette ruse subtile qui a pour but de tromper ou d'étendre nos sens, n'est pas une condition sine qua non au voyage du spectateur vers un au-delà de la scène, un au-delà du vivant. L'épure du théâtre Nô où de certaines mises en scène contemporaines (comme celles de Robert Wilson ou de Claude Régy, par exemple) sont une démonstration flagrante de la tension de la scène vers un espace métaphysique, un « étirement de la scène » vers l'au-delà de la scène par le vide.

Il n'en reste pas moins que le théâtre semble porter en lui ce déchirement spatio- temporel. Nous proposons, ici, à travers l'histoire et par deux exemples concrets de recherches artistiques (Robert Lepage, E-toile), d'approcher la façon dont l'imprononçable, aux côtés de l'invisible, est mis à portée de notre regard (compréhension, intuition) de spectateur grâce aux nouvelles technologies.

Je m'attacherai dans la première partie de ce travail, à montrer au travers d'un bref regard historique sur la scène occidentale, à travers des exemples non exhaustifs de l'Egypte ancienne au début du XXe siècle, combien les technologies et autres artifices ont tenu le rôle de catalyseur d'une énergie trouble et troublante. Nous verrons, également, combien ces mêmes techniques ont ouvert des portes menant vers cet autre côté de la scène afin que les spectateurs fassent un voyage des sens et de l'esprit, voire des sens vers l'esprit ?

Dans la seconde partie de ce travail, nous verrons au travers de l'exemple du travail
du metteur en scène Robert Lepage, avec combien de subtilité, de sensibilité et

5 Cf. supra, p. 8.

d'humour ce voyage des sens et de l'esprit peut se faire, impulsé par les technologies, telle la vidéo, utilisées sur une scène de théâtre.

Nous aborderons ensuite le point clef de notre réflexion au travers de l'analyse de deux créations du groupe de recherche et de création e-toile et de son utilisation des nouvelles technologies de l'Internet sur la scène mais aussi de créations conçues exclusivement pour ces mêmes nouvelles technologies.

Enfin nous conclurons en nous demandant s'il n'y a pas lieu de penser que la représentation théâtrale porte en elle une part d'au-delà dont une porte, ou en tout cas une fenêtre, serait l'utilisation sur la scène des leviers et si dans ce cas le temps en jeu au théâtre n'est pas démultiplié, mis en abîme. Le temps du spectateur bien sûr, le temps de la représentation et un autre temps encore, celui, créé par l'emploi sur la scène de ces différents leviers.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus