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Diagnostic de la situation financière de la Banque Centrale du Congo

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par Felix TSHIBANGU KOTA
Université Protestante au Congo - Licencié en Administration des Affaires 1998
  

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SECTION II. MANIFESTATION DE LA CRISE ECONOMIQUE AU CONGO

La crise de l'économie congolaise s'est davantage aggravée à partir de l'année 1991. Parmi les manifestations caractéristiques de cette crise figurent la régression de la production, l'hyperinflation, les dérèglements importants des finances publiques, la position extérieure précaire et insoutenable, et la désintermédiation du système bancaire. Dans cette section, nous analyserons ces différentes manifestations de la crise économique en vue d'épingler particulièrement leur incidence sur la Banque centrale.

II.1. Régression de l'activité de production

L'activité de production concerne « l'ensemble des biens et services créés par l'activité humaine dans l'agriculture, l'industrie et les services ». La production nationale doit par conséquent répondre à la demande nationale. Le but de la politique économique est d'arriver à cet équilibre.((*)4)

L'activité de production au Congo est restée marquée, au cours de ces dernières années, par une baisse constante et quasi-générale dans presque tous les secteurs de production, y compris le secteur minier jadis considéré comme le principal pourvoyeur de ressources fiscales et de devises. Cette situation est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués dont les uns sont structurels et d'autres conjoncturels.

Parmi les facteurs structurels on peut relever la défectuosité de l'outil de production, le délabrement des routes d'intérêt général et celles de desserte agricole, le manque criant d'intrants industriels et des produits pétroliers, le sous-financement de l'économie réelle... Quant aux contraintes conjoncturelles, il y a lieu de noter la carence des signes monétaires, l'instabilité politique et l'envahissement de la sphère économique par des activités spéculatives. S'agissant plus particulièrement de la GECAMINES, ses contre-performances s'expliquent en plus par les conflits inter-ethniques ainsi que par l'effondrement de la mine de Kamoto, principale mine de cuivre.

Avant d'examiner l'évolution du Produit Intérieur Brut (P.I.B), nous allons d'abord voir l'évolution de la production des principaux produits congolais de 1985 à 1995.

Tableau n°1 : Evolution de la production des principaux produits congolais.

 
 

PERIODE

PRODUITS

UNITE

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

· Cuivre

tonne

502.115

506.059

494.109

468.395

440.848

355.734

286.073

147.318

48.312

33.725

33.834

· Cobalt

tonne

10.791

14.364

14.821

10.020

9.300

9.981

8.621

6.427

2.200

8.631

4.100

· Zinc

tonne

64.040

63.900

54.819

61.085

54.043

38.204

28.318

18.830

4.152

2.515

4.516

· Diam. art.

1000 car.

12.998

14.524

11.600

10.228

8.698

9.921

10.598

8.934

10.616

11.377

16.345

· Diam. Mib.

1000 car.

6.896

8.692

8.049

8.000

8.911

9.956

6.852

4.567

4.534

4.882

5.679

· Or brut

Kilo

2.181

1.943

3.803

3.792

2.485

5.224

6.131

2.525

1.502

780

1.180

· Café

Tonne

86.075

131.759

117.399

97.695

121.256

107.057

80.654

56.631

50.444

65.552

60.661

· Bois

m3

415.000

418.200

420.750

416.552

418.646

145.266

149.228

76.969

124.032

168.844

164.054

· Caoutchouc

Tonne

13.078

14.165

12.365

11.700

11.500

9.479

11.157

9.738

8.497

7.414

6.450

· H. de palme

Tonne

87.384

82.500

74.500

77.789

76.145

81.259

86.716

33.503

27.290

20.066

19.563

· H. palmiste

tonne

19.945

18.740

16.390

17.537

16.914

6.622

6.387

4.866

8.285

2.736

2.279

· Ciment

tonne

433.329

464.481

475.832

484.874

454.005

459.878

271.401

207.514

149.478

154.411

194.106

· Pétrole brut

tonne

12.225

11.864

9.450

10.721

9.800

10.678

9.699

8.212

8.308

8.972

10.087

 

Source : Banque Centrale du Congo / Rapports annuels de 1985 à 1995

Comme on pourrait le remarquer à partir du tableau ci-dessus, à l'exception du diamant artisanal qui a connu une augmentation de 26%, tous les principaux produits miniers, agricoles et industriels ont accusé des baisses très sensibles : 93 % pour le cuivre ; 62 % pour le cobalt ; 93 % pour le zinc ; 18 % pour le diamant industriel ; 46% pour l'or ; 30 % pour le café ; 60 % pour le bois ; 51 % pour le caoutchouc ; 78 % pour l'huile de palme ; 89% pour l'huile palmiste ; 55 % pour le ciment et 17 % pour le pétrole brut.

La régression de l'activité de production observée au cours de la période sous-analyse s'est traduite par le recul du Produit Intérieur Brut (PIB). Examinons l'évolution du taux de croissance de ce dernier.

Tableau n° 2 : Evolution du taux de croissance du P.I.B. (en %)

Année

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

Taux de cr.

+5,2

+0,1

+2,5

+0,6

-1,4

-6,6

-8,4

-10,5

-13,5

-3,9

-0,6

Source : Banque Centrale du Congo / Rapport annuel 1995.

Comme les données chiffrées du tableau ci-dessus l'indiquent, le taux de croissance du P.I.B. est demeuré positif jusqu'en 1988, malgré des variations en dents de scie entre 1986 (+0,1) et 1987 (+2 ,5). A partir de 1989, la croissance négative a commencé avec un taux de -1,4% sans redressement jusqu'en 1995, année au cours de laquelle le taux de croissance s'est situé à -0,6%. En définitive, la détérioration de l'activité de production observée au cours de la période sous revue confirme le recul du P.I.B. qui a enregistré des taux de croissance négatifs.

II.2. Hyperinflation

L'hyperinflation, autrement appelée inflation galopante, est l'un des phénomènes les plus marquants de l'économie congolaise (zaïroise) des années 90. En effet, l'hyperinflation s'appréhende comme une accélération très forte des prix accompagnée d'un effondrement de la valeur de la monnaie. Elle se caractérise par une hausse des prix exponentielle, incontrôlable et imprévisible. Les taux d'inflation sont généralement supérieurs à la masse monétaire. Aussi, les prix relatifs perdent de plus en plus leur cohérence et la monnaie nationale, l'exercice de ses fonctions essentielles.((*)5)

Cette description ressemble fort à la situation qu'a connu l'économie du

Zaïre de 1990 à 1994, à l'exception de 1992 où le taux d'expansion de liquidités monétaires a dépassé celui de la hausse des prix, en raison principalement de la crise des émissions monétaires. (Voir tableau n°2).

C'est depuis l'avènement de la transition politique, en 1990, que l'économie congolaise a basculé dans l'ère de l'hyperinflation marquée par un accroissement fulgurant des prix, au rythme annuel de 4725%. ((*)6)

En effet, l'hyperinflation, qui est une hausse brutale et exponentielle des prix, est apparue dans toute sa dimension dans notre pays à partir du dernier trimestre 1990. Elle s'est enracinée dans l'économie de notre pays sous l'effet conjugué du financement monétaire accru des déficits budgétaires et du recul important de la production intérieure. En dépit des « efforts » fournis par les différents gouvernements de transition pour l'enrayer, l'hyperinflation n'a même été maîtrisée. Toutefois, grâce aux effets conjugués du programme de gestion macro-économique et de stratégie de désinflation rapide mise en oeuvre en 1995, le taux d'inflation est descendu à 370%. Cependant, faute de mesures structurelles conséquentes, ce résultat encourageant ne s'est pas consolidé en 1996 qui a connu une inflation de 753%.

Par ailleurs, il convient de noter que depuis l'avènement du nouveau pouvoir politique intervenu au mois de mai 1997, l `économie zaïroise (devenue congolaise depuis cette date) est brusquement passée de « l'hyperinflation zaïroise à la déflation congolaise » pour utiliser la jolie formule de MUSUSA ULIMENGU.((*)7) Selon l'IRES, cette rupture se confirme avec le taux de variation annuelle de -0,4 % enregistré en 1997 contre 753% en 1996.

Tableau n°3 : Evolution du taux d'inflation et du taux de la variation de la
masse monétaire.

ANNEE

TAUX D'INFLATION

TAUX DE CROISSANCE DE LA MASSE MONET. (en %)

1990 (4ème trimestre)

1991

1992

1993

1994

1995

136.8

3.642,0 

2.981,0

4.652,0

9.726,7

370,3

117,9

2.230,0

4.111,0

2.483,0

5.576,0

415,4

Source : IRES et Banque Centrale du Congo

A l'exception de 1992 et 1995, il s'observe que la hausse des prix intérieurs a excédé l'expansion de la masse monétaire au cours de la période sous-revue . La pénurie des signes monétaires qui s'est généralisée au cours de l'année 1992 a eu comme conséquence la modification de la structure de la masse monétaire où la monnaie scripturale est devenue prépondérante. Compte tenu de la relation directe entre monnaie fiduciaire et les prix intérieurs, il en est résulté un ralentissement de l'inflation non corrélé avec la forte croissance de la masse monétaire. En 1995, le passage brusque de l'inflation de 4 à 3 chiffres résultait de la politique de désinflation rapide qui a permis de ramener le taux de hausse des prix à un niveau inférieur à celui de la masse monétaire.

1.3. Dérèglement des finances publiques

On entend par finances publiques, l'ensemble des problèmes relatifs à la gestion des fonds publics c'est-à-dire de l'Etat à différents niveaux d'échelons (niveau national et local). Le terme se rapporte également aux institutions internationales aussi bien régionales, sous-régionales que continentales.((*)8) Par ailleurs, la gestion des finances publiques s'apprécie à travers la gestion du budget de l'Etat.

Principale cause des déséquilibres qui affectent l'économie congolaise depuis plus d'une décennie, , la gestion des finances publiques est restée marquée, particulièrement depuis 1991, par des dérèglements importants : mobilisation insuffisante des recettes et explosion des dépenses. Cette expansion des dépenses publiques, dans un contexte de fléchissement continu des recettes, a favorisé l'élargissement insoutenable des déficits budgétaires. Le financement de ces déficits essentiellement par création monétaire a conduit inéluctablement à l'explosion des prix intérieurs et à l'accélération de la dépréciation du taux de change.

Comme les finances publiques comprennent les grandes masses c'est-à-dire les dépenses publiques d'une part, et les recettes d'autre part, examinons à présent comment ces dernières ont évolué durant la période allant de 1985 à 1995.

Tableau n°4 : Evolution annuelle des finances publiques

(en millions de dollars)

Rubriques

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

Recettes

849,07

829,53

776,95

1.072,31

1.266,18

1.146,10

554,25

264,13

440,01

174,53

468,26

Dépenses

883,16

1.00,99

990,59

1.696,36

1.103,83

1.867,30

1.995,10

1.353,86

2.024,80

301,50

460,74

Déficit (-)

Excédent (+)

-34,09

-721,54

-213,14

-624,08

+165,35

-721,20

-1.140,80

-1.089,73

-1.584,79

-126,97

+7,52

Source : Banque Centrale du Congo / nos calculs.

Comme les données chiffrées du tableau ci-dessous l'indiquent, les finances publiques ont présenté des réelles insuffisances, particulièrement depuis 1991 ; les dépenses publiques sont restées à un niveau sensiblement élevé alors que les recettes périclitent d'année en année. Ainsi, par exemple, de 1.266,1 millions de dollars américains en 1989, les recettes publiques sont tombées jusqu'à 468,26 millions de dollars de recettes publiques. Quant aux dépenses, elles sont montées en flèches jusqu'à atteindre un pic de 2.024 millions de dollars en 1993. Ces dépenses n'ayant pas été contenues dans le temps, le déficit des finances publiques s'est fortement accentué, atteignant jusqu'à 1.584,19 millions de dollars en 1993.

Plusieurs facteurs expliquent l'évolution des recettes et des dépenses publiques entre 1985 et 1995 :

Au niveau des recettes , les faibles réalisations sont dues essentiellement à la baisse de la contribution de la GECAMINES à l'Etat au titre des divers impôts et taxes, à la fraude et à l'évasion fiscale, à l'octroi des exonérations fiscales en dehors de celles prévues par la loi, à l'amenuisement de la base d'imposition consécutif au ralentissement de l'activité économique, aux prélèvements à la source des recettes encaissées ainsi qu'aux réajustements tardifs des impôts et taxes spécifiques.

Quant aux dépenses, elles ont connu une forte expansion en raison essentiellement des facteurs ci-après : le non respect des procédures et de la loi budgétaire, la surfacturation des biens et services offerts à l'Etat dont le mode de paiement convenu est le virement bancaire, l'indexation à l'évolution du taux de change des dépenses récurantes de fonctionnement ainsi que le relèvement sensible de l'enveloppe des rémunérations, particulièrement en 1991 et 1993.

II.4. Position extérieure précaire et insoutenable

Bien plus que pour les pays industrialisés, le commerce extérieur est un élément vital de l'économie de la plupart des pays africains, dont le Congo. En effet, grâce aux différentes recettes d'exportations dont il rapporte, le commerce extérieur offre à l'Etat les moyens de réaliser des recettes budgétaires avec lesquelles il peut financer le développement des différents secteurs de l `économie.

La régression de l'activité économique telle que décrite peu avant s'est réflectée au niveau du commerce extérieur par la contraction des recettes d'exportation. Cette situation est attribuable d'une part à la détérioration des cours des principaux produits miniers et agricoles, et d'autre part à la réduction sensible du volume des produits exportés.

La situation des ressources en devises a été par ailleurs aggravée par l'amenuisement des aides étrangères à la suite du gel de la coopération tant bilatérale que multilatérale. En définitive, la précarité de la position extérieure du Congo transparaît dans l'élargissement du solde négatif de la balance générale des paiements.

Le solde c'est-à-dire la différence entre les dépenses et les recettes de chaque poste ou groupe des postes de la balance des paiements va nous aider à caractériser la situation des paiements extérieurs dans laquelle se trouve notre pays.

Tableau n°5 : Evolution de la situation des paiements extérieurs de 1985 à 1995
(en millions de DTS)

Rubriques

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

Recettes d'exportation

1.933,4

1.388,8

1.262,6

1.576,2

1.702,5

1.554,5

1.1112,4

869,3

818,6

876,9

1.076,0

Taux de dépréciation (en %)

27,8

21,5

45,9

39,7

19,0

74,0

96 ,6

97,2

99,1

97,2

98,9

Arriérés / en cours global de la dette extérieure (en %)

n.d

n.d

0,29

0,44

9,9

13,8

22,8

40,7

52,8

60,2

58,5

Solde de la balance des paiements

-130,0

-91,5

-92,5

-13,9

-15,5

-224,9

-826,0

-924,0

-995,0

-810,4

-752,6

Source : Banque Centrale du Congo / Rapports annuels de 1985 à 1995

Comme les données disponibles du tableau ci-dessus l'indiquent, les recettes d'exportation sont en baisse depuis 1992. En effet, une tenue satisfaisante des recettes d'exportation générées par l `économie de 1985 à 1991 en se situant aux environs d'une moyenne de 1500 millions de DTS a brutalement chuté à 869,8 millions de DTS en 1992, 818, 1 millions de DTS en 1993 et 876,9 millions de DTS en 1994. Toutefois, une tendance à la hausse est observée en 1995.

Quant au solde de la balance des paiements, celui-ci est resté négatif

durant toute la période sous-analyse. De 130,0 millions de DTS en 1985, le solde de la balance des paiements est passé à 752,6 millions de DTS en 1995. Par ailleurs, l'amenuisement des ressources en devise a eu pour conséquence la dépréciation persistante de la monnaie nationale, ainsi que l'accumulation d'importants arriérés de la dette extérieure.

II.5. Désintermédiation du système bancaire

Depuis l'avènement de l'hyperinflation en 1990, le système bancaire a été marqué jusqu'en 1994 par une crise de liquidités aiguës, laquelle a accentué la désintermédiation bancaire.((*)9) Cette crise qui rend le système illiquide, s'est traduit par l'inconvertibilité de la monnaie scripturale sous forme fiduciaire, gênant ainsi l'activité économique tout en accentuant la méfiance du public vis-à-vis des banques. Plusieurs causes ont été à la base de cette crise de liquidités ; certaines sont lointaines tandis que d'autres sont immédiates.

Parmi les causes lointaines, l'on peut relever principalement le financement monétaire des déficits budgétaires, la persistance de l'inflation, la prédominance de la monnaie fiduciaire qui reflète la faible utilisation des moyens de paiements scripturaux et l'expansion de l'économie informelle. Il convient d'ajouter à ces causes la libéralisation en 1983 de l'exploitation artisanale des matières précieuses. Les sommes importantes drainées par cette exploitation sont gardées sous forme fiduciaire (billets de banque) du fait de l'inexistence des guichets bancaires et de l'insuffisance des activités commerciales et industrielles dans les zones diamantifères.

Toutefois, il sied de relever qu'en sus des causes lointaines ci-dessus , d'autres causes immédiates ont été à la base de cette crise. Ces causes sont essentiellement :

· L'apparition, vers la fin de l'année 1990, des jeux de placement populaires qui ont diminué sensiblement les encaisses des banques au profit des circuits parallèles. L'attraction du public vers ces jeux s'expliquait tout simplement par le fait que les taux d'intérêt qu'offraient ces maisons de placement étaient de loin supérieurs aux taux d'intérêts créditeurs des banques ;

· Les premiers pillages, intervenus en septembre 1991, qui ont détruit l'outil de production et les circuits de commercialisation. Ces évolutions ont favorisé à leur tour l'émergence et l'importance des activités informelles. Or, les encaisses monétaires croissantes détenues par ce secteur n'étaient pas recyclées en banque ;

· L'accélération du financement monétaire des déficits budgétaires à partir du dernier trimestre 1990. Cette situation a entraîné un relèvement sensible des prix intérieurs, créant de ce fait un besoin supplémentaires de la monnaie fiduciaire. Dans un contexte de recyclage de billets quasi-nul, l'institut d'émission n'a pas pu répondre à ces besoins additionnels ;

· L'épuisement du stock stratégique des signes monétaires de la Banque Centrale suite au décuplement du solde des militaires, de la masse salariale des fonctionnaires et autres services publics.

Quelques indicateurs économiques permettent d'apprécier quantitativement l'évolution de cette crise depuis 1990.

Le taux de couverture de dépôts à vue (encaisse des banques / dépôts à vue des banques) qui était de 7,2% en janvier 1990 est tombé à 5,2% et 4 ,5% respectivement à la fin de 1990 et 1991. Au mois d'avril 1992, ce taux se situait à 0,8%. Le niveau excessivement bas de ce ratio permet d `évaluer l'ampleur de la crise de billets au sein de système bancaire. En période normale ce taux avoisine 8%.

Avant la crise de liquidité, le taux de circulation fiduciaire (circulation fiduciaire / masse monétaire) se situait en moyenne à 55%. Ce taux relativement élevé traduit la préférence pour la liquidité des agents économiques dans le dénouement des différentes transactions. Après avoir atteint 72% en octobre 1991, le taux de circulation fiduciaire a progressivement diminué en passant de 59% fin 1991 à 47% en 1992. Le relèvement sensible de ce taux indique l'expansion exagérée de la monnaie fiduciaire en dehors du système monétaire.

Par ailleurs, la crise de liquidité a entraîné plusieurs conséquences sur l'économie, principalement l'accentuation de la désintermédiation bancaire et l'apparition des marchés d'échange. Cette situation a eu également des répercussions néfastes sur l'activité gouvernementale et le comportement des entreprises.

S'agissant de la désintermédiation bancaire, celle-ci s'explique par deux facteurs : d'une part les versements en espèces en banque des opérations économiques ont tari, le taux de recyclage étant quasi-mal du fait de l'incertitude de retirer les fonds aux guichets des banques. D'autre part, la demande de crédits à l'économie s'est affaiblie vu l'incapacité des banques à convertir en espèces les crédits octroyés à leurs clients.((*)10)

Pour ce qui est du marché d'échange chèque/espèces, avec décote de la monnaie scripturale, son apparition résulte de l'inconvertibilité croissant de la monnaie scripturale. Le taux de change est fonction du degré de rareté des signes monétaires dans les banques d'une part, et de l'abondance de la monnaie scripturale d'autre part.

La pénurie des signes monétaires a rendu le gouvernement incapable de faire face aux dépenses contraignantes notamment le paiement régulier des salaires dans la fonction publique et les frais de fonctionnement des services publics.

Du fait de la pénurie de billets de banque, certaines entreprises ont accumulé des arriérés de rémunération. Dans les entreprises où les services et les produits exigent un paiement en espèces, il est apparu une double comptabilité à savoir la comptabilité espèce et la comptabilité scripturale. Les pouvoirs publics maintenant l'égalité entre monnaie fiduciaire et monnaie scripturale, la décote de la dernière par rapport à la première a fait que ces entreprises ont pris l'habitude de régler les impôts et les prestations des services publics en monnaie scripturale, entraînant ainsi une baisse régulière du rendement fiscal.((*)11)

Enfin, le marché monétaire a pratiquement disparu lorsque la crise de liquidités monétaires est apparue. Les opérations sur ce marché étaient rendues difficiles par l'absence de la monnaie Banque Centrale auprès de l'Institut d'Emission. Il convient de noter que le marché monétaire était animé par la Banque Centrale et subsidiairement par les Banques Commerciales, les autres institutions monétaires n'intervenant pas. Les demandes des banques en déficit de trésorerie trouvaient satisfaction dans les interventions de la Banque Centrale.

Après avoir analysé les manifestations de la crise économique dans notre pays, voyons à présent, dans le deuxième chapitre, l'incidence de cette crise sur la Banque Centrale. Autrement dit, nous allons tenter de montrer dans le chapitre suivant, comment la crise économique a occasionné l'amenuisement sensible des recettes traditionnelles de la Banque ainsi que l'augmentation significative de ses charges, notamment celles liées aux émissions monétaires.

* (4) DE QUIRINI. P., L'économie au service de tous, Kinshasa, l'Epiphanie, [S.d.], p. 92.

* (5) BANQUE DU ZAÏRE, Bulletin mensuel des statistiques, octobre 1996, p. 5.

* (6) LOLO MASSY, « L'enracinement de l'hyperinflation », in : Notes de Conjoncture, n°27, Août 1996, p. 8.

* (7) MUSUSA ULIMWENGU, « De l'hyperinflation zaïroise à la déflation congolaise », in : Notes de Conjonc-
ture, n°30, Février 1998, p. 4.

* (8) MUBAKE MUMEME, Finances publiques et fiscalité, cours dispensé en troisième graduat grestion, Kinshasa,
UPZ, (inédit), 1995-1996.

* (9) BANQUE DU ZAIRE, Rapport annuel 1995, p. 143.

* (10) BANQUE DU ZAIRE, Rapport annuel 1993, p. 191.

* (11) MABI MULUMBA, « La réforme monétaire du 22 octobre 1993 : analyse critique »,

in : Notes de Conjoncture, n°30, Février 1998, p.11

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe