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Diagnostic de la situation financière de la Banque Centrale du Congo

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par Felix TSHIBANGU KOTA
Université Protestante au Congo - Licencié en Administration des Affaires 1998
  

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SECTION II. : INCIDENCE DE LA CRISE ECONOMIQUE SUR LA

BANQUE CENTRALE DU CONGO

Cette analyse sera centrée autour des quelques indicateurs de la crise économique, lesquels ont eu des répercussions néfastes sur les recettes ainsi que les charges d'exploitation de la Banque Centrale.

En effet, avec la chute de la production, il en est résulté une régression sensible des recettes d'exportation. La baisse des recettes en devises a eu des répercussions néfastes sur les produits de change de la Banque. Par ailleurs, la désintermédiation financière consécutive à la pénurie des signes monétaires au sein du système bancaire a provoqué l'arrêt des opérations sur le marché monétaire. Cette situation s'est traduite par la baisse des produits provenant du refinancement des banques.

L'augmentation incontrôlée de la masse monétaire consécutive aux dérèglements des finances publiques a eu pour conséquence d'accroître sensiblement les charges d'exploitation de la Banque Centrale relative à l'émission des Signes monétaires. En effet, ces deux agrégats sont fortement liés l'un à l'autre du fait que le financement du déficit budgétaire par les avances de la Banque Centrale constitue la principale contrepartie des émissions monétaires.

II.1. Crise économique et amenuisement des recettes

En temps normal, à l'instar des autres banques centrales, les revenus sur les opérations de change et les produits de refinancement des banques constituaient les sources traditionnelles de recettes de la Banque Centrale du Congo. Il sied de noter que cette configuration était encore valable avant 1991. En effet, entre 1985 et 1990, ces deux sources représentaient en moyenne 73% du total de recettes de la Banque Centrale.

Ainsi que souligné ci-haut, la crise économique s'est manifestée par la baisse généralisée de la production dans presque tous les secteurs, y compris le secteur minier jadis considéré comme le principal pourvoyeur de ressources fiscales et de devises. Cette baisse de la production a eu pour conséquence la régression des recettes générées par les exportations. Par ailleurs, la crise s'est également traduite par la désintermédiation financière consécutive respectivement à la perte de confiance généralisée envers la monnaie nationale, la pénurie des signes monétaires au sein du système bancaire et l'inconvertibilité des dépôts.

Suite à la régression des recettes d'exportation et à la désintermédiation financière du système bancaire, les recettes provenant du refinancement des banques et des opérations de change ont connu une chute brutale, sans possibilité immédiate de substitution.

En effet, il est à souligner qu'à l'époque, lorsque la situation économique du pays ne s'était pas encore détériorée, la Banque Centrale disposait des moyens importants en devises provenant de la GECAMINES et des autres secteurs de production - sous forme de commissions et redevances de change - et de rachats sur les recettes d'exportation rapatriées dans les comptes RME. Ses ressources provenaient aussi des différentes transactions en monnaies étrangères effectuées dans le système bancaire.

Il sied ici d'ouvrir une parenthèse pour dire que les redevances et commissions de change sont perçues à l'occasion des opérations de contrôle de change sur la valeur nette des recettes en devises rapatriées dans le système bancaire. Bien plus, certaines commissions de change sont perçues sur les différentes transactions en monnaies étrangères effectuées dans le système bancaire (opération d'achat ou de vente des devises).

La mobilisation de ces ressources en devise par la Banque Centrale dépend du système de rétrocession en vigueur, des activités d'exportation et surtout la confiance des opérateurs sur le système bancaire.

Par ailleurs, une bonne partie de ses ressources en devises provenant de ces opérations était souvent placée à l'extérieur et rapportait à la Banque Centrale, sous forme d'intérêts créditeurs, d'importantes recettes en monnaies étrangères. Mais, depuis l'effondrement de la GECAMINES, jadis pourvoyeuse de l'économie de notre pays en devises, la contribution des avoirs en monnaies étrangères dans les recettes de l'institut d'Emission s'est considérablement amenuisée.

S'agissant particulièrement des revenus sur les opérations de change (commissions et redevances de change, et placement à l'extérieur), leur chute brutale a été aggravée par la baisse dramatique de la contribution de la GECAMINES au budget de recettes en devises de la Banque Centrale et régression sensible des recettes d'exportation rapatriées dans le système bancaire.

Par ailleurs, le tarissement des devises au sein du système bancaire, consécutive à la fuite des opérateurs économiques vers l'informel, a réduit la possibilité de la Banque Centrale de percevoir des recettes en devises sous forme de redevances et commissions de change.

Il convient d'ajouter à ce qui précède, le tarissement des aides extérieures liées à l'arrêt de la coopération bilatérale et multilatérale. En définitive, toutes ces contre-performances se sont reflétées au niveau de la Banque Centrale par la contraction de ses recettes en devises telle que renseignée dans l'évolution de son budget en devises.

Nous aurions bien voulu présenter une situation détaillée de l'évolution du budget en devises de la Banque Centrale du Congo de 1985 à 1995, mais les données statistiques détaillées faisant défaut, nous ne pourrons présenter que la situation détaillée de l'évolution du budget de recettes en devises pour la période allant de 1989 à 1995.

Tableau n010 : Evolution du budget de recettes en devises de la Banque Centrale du Congo (en millions de dollars US )

RUBRIQUE 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995

RECETTES TOTALES 1290,6 767,7 494,3 270,7 88,6 58,3 163,8

GECAMINES 865,5 624,0 421,0 165,1 20,8 10,2 61,2

F.M.I 202,2 2,O 1,1 0,4 - 0,1 -

Redevances pétrolières 32,1 62,1 44,9 67,0 53,2 21,8 49,2

Or et diamant 35,0 23,7 16,1 10,9 3,2 -

Autres - 15,9 11,2 27,3 11,4 26,2 53,4

Support balance des paie. 155,8 40 27.290 - - -

Source : Banque Centrale du Congo / Différents condensés d'informations statistiques

Le tableau ci-dessus donne une situation détaillée de l'évolution du budget de recettes en devises de la Banque Centrale du Congo. Il indique que les recettes en devises de la Banque Centrale accusent, en effet d'une année à l'autre, une baisse sensible. Estimé à 1.290,6 millions de dollars en 1989, les recettes en devises sont tombées jusqu'à 163,8 millions de dollars en 1995, soit une diminution sensible de 87%.

La part de ressources provenant de la GECAMINES est passée de 865,5 millions de dollars en 1989 à 61,2 millions de dollars en 1995, soit une baisse dramatique de 93 %. Quant aux ressources provenant du FMI, leur part dans les recettes en devises de la Banque est devenue presque nulle au cours de ces dernières années. Pour ce qui est des autres sources de recettes, elles n'ont pas pu contribuer significativement au budget de recettes en devises de la Banque à cause de la faible contribution des recettes pétrolières, du secteur or-diamant et du tarissement des ressources extérieures en appui à la balance des paiements.

S'agissant des recettes provenant des intérêts sur les opérations de refinancement des banques, leur diminution sensible s'explique essentiellement par la désintermédiation financière consécutive respectivement à la pénurie des signes monétaires au sein du système bancaire et l'inconvertibilité des dépôts. Cette dernière situation s'est traduite par l'arrêt des opérations sur le marché monétaire.

En période normale, la Banque Centrale opère sur le marché monétaire au moyen de quatre instruments qui constituent des guichets de refinancement des banques agréées, à savoir: le réescompte, les avances en compte courant, la prise en pension et le marché du call money. Cependant, il sied d'indiquer que la prise en pension a été supprimée depuis février 1987, soit trois mois après la création du marché de call money en 1986, les banques ont jugé opportun de recourir au marché au jour le jour sans garantie plutôt qu'à la pension où l'on exigeait la garantie.

Par ailleurs, il convient de souligner que la contribution du marché monétaire (réescompte, call money et avances en compte courant) dans les recettes de la Banque a été de 43 % en 1987, 41 et 47 % respectivement en 1988 et 1989. En 1990, elle a baissé à 20 % pour atteindre 7 % en 1991. Après cette année, la part du marché monétaire dans les recettes de la Banque est devenue presque nulle. Toutefois, une reprise de la contribution du marché monétaire dans les recettes de la Banque sera observée à partir du troisième trimestre 1994 et se poursuivra tout au long de l'année 1995. Mais, ces recettes se sont avérées insuffisantes pour compenser les principales sources précitées.

Du reste, il faut souligner que baisse sensible de la contribution du marché monétaire dans les recettes de la banque, observée au cours de la période allant de 1992 à 1993, est attribuable à la quasi-disparition des activités du marché monétaire consécutive à la crise de liquidités dans le système bancaire. Les opérations sur ce marché étaient rendues difficiles par l'absence de monnaie Banque Centrale.

En effet, suite à l'accélération du financement monétaire observée à partir du dernier trimestre 1990, il s'est déclenché un mouvement de hausse sensible des prix intérieurs. Cette évolution a favorisé à son tour l'augmentation de la valeur du volume des biens et services, créant de ce fait un besoin supplémentaire de la monnaie pour le dénouement des transactions. Le système bancaire fonctionnant dans un contexte de billets quasi-nul, la Banque Centrale n'a pu répondre à ces besoins additionnels en signes monétaires. ___

Ces besoins en billets n'ont pas pu être rencontrés par la Banque Centrale à cause de l'absence de recyclage des billets émis et des contraintes financières en devises rencontrées par l'Institut d'Emission, compte tenu du tarissement des recettes d'exportation et des crédits extérieurs pour supporter les coûts d'impression de billets de banque devenus excessifs. L'Hôtel des monnaies ne pouvait pas suppléer cette carence par manque des consommables et des pièces de rechange.((*)12)

Comme facteur additionnel aggravant, il y a lieu de mentionner l'importante augmentation des dépenses de rémunération de l'Etat intervenue en 1991 dans un contexte de contraction de ses recettes. Le dénouement en espèces du financement important du déficit qui en est résulté, a épuisé le stock stratégique en billets de la Banque Centrale. Cette dernière était, dès lors, incapable de convertir en espèces les soldes créditeurs des comptes ordinaires des banques commerciales en ses livres. Les avoirs libres des banques ont été rendus pratiquement indisponibles. En conséquence, il était difficile aux banques de faire face au retrait de fonds de la clientèle.

Toutes ces évolutions ont eu des répercussions néfastes sur les opérations du marché monétaire entre 1992 et 1993, voire jusqu'au troisième trimestre de l'année 1994. En effet, au cours de cette période, les activités du marché monétaire en banque avaient complètement disparu. Car, obligée de prendre constamment en charge le financement des déficits budgétaires de l'Etat, la Banque Centrale en était arrivée à ne plus assurer un refinancement adéquat des banques. Cette Situation s'est traduite par la quasi-disparition de la part du marché monétaire dans les recettes de la Banque Centrale.

Par ailleurs, il convient de noter que la diminution des produits provenant du refinancement des banques a été aggravée, au cours de ces dernières années, par une double contrainte liée à la qualité du papier réescompté et à l'insuffisance des titres pour le nantissement. En effet, depuis juin 1993, l'accès au marché monétaire en banque est conditionné par la remise des effets en nantissement. Les participants, c'est-à-dire les banques de dépôts agréées, déposent à l'Institut d'Emission des effets publics ou privés de bonne qualité en nantissement de leurs opérations. Cette mesure administrative limite la faculté des banques d'accéder aux facilités de refinancement auprès de la Banque Centrale parce que ne disposant pas en quantité suffisante des effets publics ou privés de bonne qualité.

Ce recours limité des banques aux guichets de refinancement de la Banque Centrale peut s'observer statistiquement par la sous-utilisation du plafond autorisé. En 1995, par exemple, l'encours des effets réescomptés s'est situé à 12.519 millions de NZ contre un plafond autorisé de 115.801,9 millions de NZ, soit une sous-utilisation de 89%. La sous-utilisation du plafond relevée au niveau du marché de réescompte a été aussi observée au guichet de call money. L'encours des opérations au jour le jour s'est chiffré à 81.076 millions de NZ à fin décembre 1995 contre un plafond de 104.221,7 millions de NZ, soit une sous-utilisation de 22%.

11.2. Crise économique et augmentation des charges d'exploitation

La persistance des déséquilibres des finances publiques constitue, depuis plusieurs années, l'une des manifestations les plus apparentes de la crise économique au Congo. En effet, la gestion des finances publiques est restée marquée, particulièrement depuis 1991, par des dérèglements importants impliquant des déficits budgétaires exorbitants financés presqu'exclusivement par les avances de la Banque Centrale accordées sans respect des dispositions statutaires.

Au cours de ces dernières années, le financement monétaire quasi-permanent et croissant des déficits budgétaires a permis non seulement è l'Etat de s'assurer d'une source alternative des revenus budgétaires, mais également à la Banque Centrale d'améliorer suffisamment son compte d'exploitation grâce aux retenues d'intérêts opérées à la source sur les avances octroyées au Trésor. En effet, suite à l'aggravation du déséquilibre des opérations du Trésor et au tarissement des autres sources de revenus de la Banque Centrale, la structure des recettes de cette dernière s'est profondément modifiée au profit des intérêts sur l'excessif crédit à l'Etat qui représentaient en moyenne 70% du total des recettes de la Banque entre 1991 et 1994.

C'est ainsi qu'on assiste, depuis quelques années à une évolution corrélée entre la masse monétaire et le crédit à l'Etat d'une part, et entre la masse monétaire et l'inflation d'autre part. Par ailleurs l'augmentation du crédit à l'Etat susmentionnée s'est accompagnée d'une expansion des émissions monétaires. Tous ces faits sont illustrés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°11 : Evolution du crédit à l'Etat de la masse monétaire de l'inflation
et des émissions monétaires (en millions de nouveaux zaïres)

ANNEE

CREDIT A L'ETAT

MASSE MONETAIRE

TAUX D'INFLATION

EMISSIONS MONETAIRES

1985

1,25

23,92

23,7%

nd -

1986

9,75

37,99

33,9 %

nd -

1987

8,36

74,74

77,1%

nd -

1988

103,17

169,85

94,2%

113

1989

31,70

274,00

56%

211

1990

498,70

785,00

264%

554

1991

22.663,00

18.282,00

3.641 %

11.957

1992

696.908,00

770.717,00

2.989 %

419.942

1993

11.724.554,00

19.903.782,00

4.698%

16283.771

1994*

133.624,00

374.603,00

9.796%

285.616

1995

-

1.927.868,00

370 %

1.851.190

 

Source : Banque Centrale du Congo

* En millions de nouveaux zaïres à partir de 1994.

Comme on pourrait le remarquer à partir du tableau ci-dessus, l'augmentation du crédit à l'Etat s'est accompagnée d'une augmentation conséquente de la masse monétaire. De même l'expansion de la masse monétaire s'est accompagnée d'une augmentation du taux d'inflation.

Par ailleurs, si l'augmentation du crédit à l'Etat a permis à la Banque

Centrale de rentabiliser suffisamment son compte d'exploitation, elle a également provoqué l'accroissement sensible des charges de la Banque relative à l'émission des signes monétaires.

En effet, comme indiqué ci-haut, l'augmentation de la masse monétaire observée, au cours de ces dernières années s'est opérée exclusivement sous l'impulsion du crédit à l'Etat, notamment les avances accordées au Trésor Public par le système bancaire, essentiellement levées en espèces. Cette situation a eu pour conséquence d'accroître sensiblement les charges d'exploitation de la Banque Centrale relatives à l'émission des signes monétaires du fait que le financement monétaire des déficits budgétaires par les avances de la Banque Centrale constitue la contre partie essentielle des émissions monétaires.

A la longue, ce recourt intempestif à la création monétaire a fini par

compromettre l'équilibre du compte d'exploitation de l'Institut d'Emission. C'est ainsi qu'il s'observe, entre 1991 et 1995, un renversement de la tendance dans la structure des charges d'exploitation de la Banque. En effet, au cours cette période, les frais d'émission des signes monétaires ont constitué le principal poste des dépenses de la Banque. Ils ont représenté, en moyenne pour ces cinq dernière années, 35 % des dépenses globales contre 16% en moyenne entre 1985 et 1990.

Mais, l'accroissement des frais d'impression des signes monétaires durant ces dernières années provient également de l'augmentation des émissions monétaires, lesquelles ont financé la transformation des recettes publiques mobilisées sous forme scripturale et la couverture en billets de banques de différentes opérations bancaires.

En outre, l'hyperinflation a également accru de façon exponentielle les charges d'exploitation de la Banque Centrale liées à l'impression des signes monétaires, en raison de la demande croissante des billets de banque par les agents économiques. En effet, il est à noter que la hausse sensible des prix intérieurs dévore la valeur faciale des billets de banque. Il en résulte par la même occasion une augmentation de la valeur nominale du volume des biens et services, ce qui crée un besoin supplémentaire de monnaie pour le dénouement des transactions. D'où, la Banque Centrale est contrainte de procéder à des émissions nouvelles de ces mêmes coupures, soit à la mise en circulation des coupures à valeur faciale toujours plus élevée.

A titre d'illustration, dans l'hypothèse où la Banque Centrale n'avait pas procédé aux émissions de 1000 et de 5000 NZ en 1995, les besoins en numéraires nécessités par l'inflation de 370,3% de cette année auraient atteint 3175,4 millions de billets de banque. Ce qui aurait impliqué des dépenses d'impression des signes monétaires de l'ordre de 79,7 millions de dollars.

Comme conséquence de cette situation, l'on note la baisse du volume des billets qui est passé de 1146,7 millions en 1994 à 832,2 millions en 1995, soit une diminution de 147,7 millions. En 1995 les dépenses totales sur l'impression des signes monétaires se sont élevées à 28,6 millions de dollars. (1(*)3)

Depuis 1992, la politique d'émission monétaire s'est caractérisée par la mise en circulation des billets de banque à valeur faciale élevée comme le montre le tableau n°12. L'objectif déclaré en cette matière est qu'il fallait, entre autres, comprimer le coût d'impression des billets de banque. En fin de compte, cette politique d'émission monétaire s'est révélée une véritable fuite en avant qui a conduit à la valse des coupures et à l'aggravation de l'hyperinfiation.

Tous ces faits qui viennent d'être décrits expliquent largement l'augmentation des charges d'exploitation de la Banque relative à l'émission des signes monétaires. Ainsi, le coût d'impression des signes monétaires, appréhendés uniquement à travers les paiements effectifs, qui n'était que de 12 millions de dollars en 1989, est passé à 28,6 millions de dollars en 1995. Cette situation n'a nullement empêché la Banque Centrale de déclarer, dans son rapport annuel 1995, que les coûts d'impression des signes monétaires constituent la cause principale du déséquilibre de son compte d'exploitation.(1(*)4)

Nous aurions bien voulu entrer dans les détails pour dégager les coûts d'impression des signes monétaires qui ont servi à financer les déficits budgétaires, la transformation des recettes publiques mobilisées sous forme scripturale, et la couverture des billets de banque des différentes opérations bancaires. Mais ces genres d'information nous ont été refusées par les autorités de la Banque Centrale. Mais nous pensons tout de même que les explications que nous avons donné peuvent aider à comprendre l'augmentation des frais d'impression des signes monétaires.

Enfin, l'alourdissement des charges d'exploitation de la Banque Centrale s'explique également par la prise en charge des frais financiers sur les découvertes résultant des engagements extérieurs pris par l'Institut d'Emission pour le compte de l'Etat.

Tableau n°12 : Evolution des valeurs faciales en 1992

Date d'émission

Dénomination du billet

21 février 1992

27 avril 1992

04 mai 1992

04 septembre 1992

Novembre 1992

100.000 Z

200.000 Z

500.000 Z

1.000.000 Z

5.000.000 Z

 

Source : Banque Centrale du Congo

Outre les problèmes susévoqués qui sont essentiellement d'origine externe, la détérioration de la situation de la Banque Centrale est également consécutive à une série des problèmes internes :

En matière d'organisation :

· Inadéquation des critères de désignation des membres du Conseil de la Banque ;

· Insuffisance du capital social de la Banque (6 millions de NZ) ;

· Prépondérance des structures logistiques non liées aux missions essentielles de la Banque, telles que l'Hôtel des Monnaies, les Services Médicaux, l'Atelier de menuiserie et le garage;

· Prolifération des commissions et groupes de travail permanents au sein de la Banque, cause de dilution des responsabilités.

En ce qui concerne la gestion des ressources matérielles et immobilières :

· Carence générale des fournitures et des matériels de bureau ;

· Carence des moyens de communication ;

· Insalubrité sur les lieux de travail .

Pour ce qui est de la gestion des ressources informationnelles :

· Manque de planification des investissements informatiques ;

· Carence des logiciels ;

· Rupture des contrats de maintenance ;

· Carence de micro-ordinateurs et d'imprimantes.

S'agissant de la gestion des ressources humaines :

· Perte de motivation du personnel due notamment aux injustices, à l'impunité et aux conditions du travail ;

· Absence d'une politique des rémunérations basée sur la classification des emplois ;

· Inadéquation entre grandes fonctions.

Face à l'amenuisement sensible des recettes traditionnelles de la Banque et à l'augmentation de certaines charges spécifiques, telles que les frais d'impression des signes monétaires, le compte d'exploitation de l'Institut d'Emission est devenu déficitaire. Ce déficit s'est particulièrement accentué en 1995, atteignant 783 milliards de nouveaux zaïres.

Si la crise économique a entraîné l'amenuisement sensible des recettes ainsi que l'augmentation des charges d'exploitation de la Banque Centrale, d'autres facteurs, résultant du comportement des agents du secteur public (Etat et Banque Centrale) ont contribué, quant à eux, à l'aggravation voire à la persistance du déficit. Le chapitre qui suit analyse les différents facteurs ayant contribué à l'aggravation du déficit du compte d'exploitation de la Banque Centrale.

* (12) BUHENDWA bwa MUSHABA, La Banque Centrale et l'économie zaïroise, Kinshasa, St Paul , octobre
1996, p. 60.

* (13) Banque du Zaïre, Situation financière et perspectives à court terme, Juin 1996, p. 17.

(14) Banque du Zaïre, Rapport annuel 1995, p.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway