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Diagnostic de la situation financière de la Banque Centrale du Congo

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par Felix TSHIBANGU KOTA
Université Protestante au Congo - Licencié en Administration des Affaires 1998
  

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CHAPiTRE III :

LES DEFICITS DE LA BANQUE CENTRALE DU CONGO

Depuis l'année 1994, la Banque centrale du Congo est confrontée à un déficit persistant dû à la prédominance des dépenses par rapport à ses recettes d'exploitation. En dépit des mesures d'ajustement arrêtés par la haute direction de la Banque en 1995, mesures visant la réduction des charges d'exploitation et la maximisation des recettes, la dégradation du compte d'exploitation a continué à persister.

En effet, au cours de l'exercice 1996, les ressources de la Banque ont continué à s'amenuiser suite à la poursuite du gel non négocié des intérêts dus sur les avances à. l'Etat et à la baisse des produits provenant du refinancement des banques et des opérations en monnaies étrangères.((*)15)

Par ailleurs, bien que les mesures d'ajustement évoquées ci-haut aient permis des économies, les charges d'exploitation spécifiques ont continué à croître plus rapidement que les ressources. Il s'agit notamment des charges liées aux impressions Signes monétaires. Cette situation a été aggravée par la persistance d'un environnement macro-économique défavorable qui influe négativement sur l'activité économique et l'intermédiation financière.

Nous voudrions, dans ce chapitre consacré aux déficits de la Banque Centrale, analyser les origines de ces déficits et apprécier la responsabilité de l'Institut d'Emission sur son déficit d'exploitation. Nous tenterons d'apprécier cette responsabilité dans la deuxième section de ce chapitre, après avoir analysé, dans la première, les origines des déficits.

SECTION I: LES ORIGINES DES DEFICITS

Ainsi que souligné ci-haut, les déficits du compte d'exploitation de la Banque Centrale du Congo résultent de la divergence fort prononcée entre révolution des dépenses des recettes d'exploitation. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution divergente. Certains de ces facteurs sont liés aux recettes d'exploitation tandis que d'autres figurent parmi les dépenses. Nous essayons donc d'analyser dans ce qui suit, l'incidence de ces différents facteurs sur le compte d'exploitation de la Banque Centrale du Congo.

1.1. Facteurs liés aux recettes d'exploitation

Plusieurs facteurs d'inégales importances ont été, de façon complémentaire, à la base des déficits de la Banque Centrale entre 1994 et 1996. Parmi ces facteurs on peut relever principalement le refus de l'Etat de payer les intérêts sur les avances consolidées reçues de la Banque Centrale; le recours limité du Trésor aux avances de la Banque centrale; la non-perception par la Banque de ses intérêts sur les avances accordées aux banques en difficultés et enfin la baisse sensible des produits provenant du refinancement des banques et des opérations de change.

Le refus de I' Etat de payer les intérêts sur sa dette consolidée constitue, en premier lieu, l'un des facteurs déterminants des déficits de la Banque centrale du Congo. Pour rappel, le gouvernement Kengo avait décidé en date du 28 décembre 1994 de consolider l'encours des avances directes lui accordées par l'Institut d'Emission lequel se chiffrait à 238.068,8 millions de NZ à fin décembre de la même année. Ce montant englobait les avances de la Banque Centrale cumulées à fin décembre 1994, soit 167.308,4millions de NZ et le déficit d'exploitation de cette dernière pour l'exercice 1994 évalué à 70.759,9 millions de NZ.

Cette opération de consolidation répondait à une double préoccupation, à savoir: prévenir un alourdissement des charges financières de l'Etat et conformer. ces rapports financiers avec la Banque Centrale aux dispositions réglementaires qui le régissent.

Au cours des négociations entre l'Etat et la Banque Centrale, un consensus s'était dégagé pour consolider les avances directes à l'Etat sur une durée de 6 ans avec un délai de grâce de 3 ans. Cependant, une divergence a vu le jour autour du taux d'intérêt: le Trésor proposait un taux d'intérêt de 8 % et la Banque Centrale un taux flexible adossé à son taux de réescompte qui était de 125 % l'an au second semestre 1995.

Devant l'impasse, le gouvernement a limité d'autorité à 1 milliard de NZ par mois le montant des intérêts à verser à la Banque Centrale alors qu'en pratique, celle-ci a continué à calculer ses intérêts sur la base du taux de 125 %. Ce qui donnait mensuellement 17 milliards de NZ. La Banque débitait le compte du Trésor de 1 milliard de NZ comme décidé par le Gouvernement et comptabilisait 16 milliards de NZ dans le suspens à régulariser.

La non-perception des intérêts constitués par les suspens à régulariser a occasionné à la Banque un manque à gagner d'environ 200 milliards NZ. Cet acte a permis par contre à l'Etat de réaliser un excèdent budgétaire en 1995. Il s'est ainsi produit, comme le fait remarquer LOLO MASSY((*)16) , un phénomène de transfert et de dissimulation du déficit budgétaire dans les comptes de la Banque Centrale.

Comme facteur additionnel aggravant du déficit du compte d'exploitation en 1995, il y a lieu de mentionner la non perception par la Banque Centrale de ses intérêts, de l'ordre de 385,8 milliards de NZ, sur les avances accordées aux banques en difficultés.

Pour rappel, certaines banques commerciales parmi lesquelles la BCA, la BZCE, la NBK et la SOZABANQUE ont été contraintes, au cours de l'année 1995, de recourir massivement aux avances de la Banque Centrale pour financer leur déficit d'exploitation. Il sied d'indiquer l'essentiel de ces avances était accordé en couverture du solde débiteur des banques à l'issue des opérations journalières de compensation.

Mais, par manque de liquidités, ces banques payaient leurs intérêts et les pénalités leur infligé par le débit de leurs comptes des réserves libres, du reste indisponible, auprès de la Banque Centrale. Autrement dit, les paiements se faisaient par un simple jeu d'écriture. Or une bonne partie des recettes de la Banque était composée des intérêts sur ces avances. Ces recettes demeuraient fictives dans la mesure où ces intérêts n'étaient pas réellement perçus car, mobilisés sous forme de monnaie scripturale. Cette insolvabilité a occasionné à la Banque un manque à gagner d'environ 380 milliards de NZ.

Par ailleurs, la limitation stricte du Trésor de ces avances auprès de l'Institut d'Emission constitue également l'une des causes du déficit du compte d'exploitation de la Banque centrale. En effet, conformément aux objectifs du programme de désinflation rapide mise en oeuvre par le Gouvernement en 1995, l'Etat n'a presque pas recouru aux avances directes du système bancaire pour financer les dépenses publiques. Rappelons que ce programme était basé, d'une part sur l'assainissement des finances publiques, et d'autre part sur le contrôle des émissions monétaires. En matière des finances publiques, le programme visait la limitation des dépenses au niveau des recettes effectivement recouvrées et l'élimination de tout financement monétaire des opérations financières de l'Etat.

Or, depuis particulièrement 1991, les intérêts sur les avances au Trésor constituent la principale source de recettes de la Banque Centrale. A titre d'illustration, ces intérêts ont représenté en moyenne 70% du total des recettes de la Banque entre 1991 et 1994. En limitant systématiquement ses avances auprès de la Banque Centrale, l'Etat a privé cette dernière de sa principale source de recettes. Ces intérêts n'ont représenté que 2% du total des recettes de la Banque en 1995.

Enfin, il convient d'indiquer que l'amenuisement sensible des recettes provenant du refinancement des banques et des opérations de change constitue également un des facteurs déterminants des déficits de la Banque Centrale du Congo.

S'agissant des produits provenant des intérêts sur les opérations du refinancement des banques, leur diminution progressive a été aggravée par la quasi-disparition des activités du marché monétaire en banque consécutive respectivement à la pénurie des signes monétaires au sein du système bancaire et à l'inconvertibilité des dépôts. Malgré la reprise de ces activités, à partir du dernier trimestre 1994, les produits provenant du refinancement des banques ont été insuffisants pour compenser les principales sources des recettes précitées.

Par ailleurs, il convient de noter que la baisse des produits provenant du refinancement des banques a été également aggravée, au cours de ces dernières années, par une double contrainte liée à la qualité du papier réescomptable et à l'insuffisance des titres pour nantissement.

Quant aux revenus provenant des intérêts sur les avoirs et les opérations en monnaies étrangères (redevances et commissions de change et intérêts sur les placements extérieurs), leur diminution sensible a été provoquée par la chute brutale des exportations et à l'amenuisement des apports extérieurs.

1.2. Facteurs liés aux charges d'exploitation

Pour ce qui est des charges d'exploitation, celles-ci ont connu une forte expansion en raison essentiellement de l'accroissement des frais d'impression des signes monétaires. Ces dépenses demeurent importantes du fait de la persistance de la demande des signes monétaires expliquée par les facteurs ci-après : conversion en espèces des recettes scripturales de l'Etat et de la Banque centrale, financement monétaire des déficits budgétaires, couverture en billets de banque de différentes opérations bancaires et la persistance de l'hyperinflation.

La mobilisation des recettes publiques sous forme scripturale résulte des virements opérés, au cours de ces dernières années, dans les banques commerciales sur ordre du Trésor, en vue du règlement de ses dettes envers des fournisseurs - fictifs ou réels - des biens et services . Dans un contexte marqué par la contraction des encaisses des banques commerciales, ces ordres de paiement donnent lieu à d'importants soldes créditeurs inconvertibles en numéraire. Autrement dit, ces opérations ont pour conséquence de gonfler démesurément les dépôts de la clientèle logés dans les institutions financières.

Par ailleurs, depuis l'acceptation de la monnaie scripturale par l'OFIDA et la DGC comme mode de règlement des obligations douanières et fiscales, et du fait de la décote infligée à la monnaie scripturale, les opérateurs économiques ont pris l'habitude de régler des impôts et les prestations des services en monnaie scripturale. Il s'agit là de la monnaie d'écriture. Le taux de recyclage des signes monétaires étant quasi-nul, l'Institut d'Emission est contraint de procéder à des émissions de nouveaux signes monétaires. Ces billets de banque qui rendent utiles les recettes de l'Etat constituent une dépense au budget de la Banque Centrale.

Au cours de I 'année 1995, par exemple, la quasi-totalité des recettes de l'Etat était réalisée en monnaie scripturale. Cette situation résulte de la mesure gouvernementale décrétant le paiement par chèque barré et certifié de toutes les obligations fiscales et douanières. En effet, le décret n0 005 du 24 février 1995, portant mode paiement des dettes envers l'Etat, obligeait tous les débiteurs de ce dernier de s'acquitter de leurs dettes à l'aide d'un chèque barré et certifié par l'organisme sur lequel il était tiré.

La délivrance de ce chèque par les banques devait s'effectuer moyennant provision suffisante en compte. Or, du fait de la pénurie des signes monétaires dans les banques, la plupart des comptes des clients du système bancaire étaient soit insuffisamment approvisionnés, soit largement débiteurs ou tout simplement soldés sous l'effet des prélèvements des frais de tenue de comptes opérés régulièrement par les banques.

Ainsi, l'obligation de payer à l'Etat par chèque barré et certifié revenait, pour les opérateurs économiques, d'approvisionner préalablement leurs comptes par rapport en espèces en monnaie nationale ou remise des chèques équivalents.((*)17)

De ce fait les banques commerciales encaissaient pour le compte de l'Etat des sommes importantes et délivraient en contrepartie aux contribuables des chèques bancaires à remettre aux services mobilisateurs de. recettes publiques. Contre toute attente, certaines banques publiques se sont servies de ces dépôts à des fins propres et, en retour, elles ont tiré des chèques sur leurs comptes courants, du reste débiteurs, auprès de la Banque centrale. Les découverts leurs consentis ont servi à créditer le compte général du Trésor, donnant ainsi lieu à des excédents budgétaires sans contrepartie immédiate en espèces.

Les excédents budgétaires étant réalisés en monnaie scripturale, pratiquement inutilisables, la Banque centrale a dû émettre des billets de banque en vue d'assurer la convertibilité des excédents budgétaires en moyens de financement des dépenses de 1'Etat. Cette opération a eu des répercussions négatives sur le compte d'exploitation de la Banque Centrale compte tenu des coûts d'impression excessifs des signes monétaires nécessité par la conversion des excédents budgétaires.

L'augmentation des charges d'exploitation de la Banque Centrale du Congo s'explique également par la monétisation du déficit d'exploitation de certaines banques publiques. En effet, comme on l'a vu plus loin, la persistance des déséquilibres financiers de certaines banques commerciales a contraint celles-ci à s'endetter excessivement auprès de l'Institut d'Emission. Au 31 décembre 1995, le solde négatif d'exploitation de quatre banques en difficultés s'est chiffré à 422.843 millions de NZ. Ce déficit a été financé essentiellement par les avances de l'Institut d'Emission. Autrement dit, la Banque Centrale a dû émettre des billets de banque en vue d'assurer la couverture du déficit d'exploitation de ces banques.

Cependant, par manque de liquidités, ces banques payaient leurs intérêts et les pénalités leur infligé par le débit de leurs comptes des réserves libres, du reste indisponible, auprès de la Banque Centrale. Autrement dit, les paiements se faisaient par un simple jeu d'écriture. C'est ainsi qu'en 1995, près de 70% des recettes de la Banque Centrale étaient tirées par débit des comptes des banques commerciales au titre d'intérêts ou de pénalités. Ce faisant, la Banque Centrale a dû émettre de la monnaie de billet pour utiliser ces ressources.

Toutes ces évolutions expliquent l'augmentation du poste « autres avoirs intérieurs nets », observée au cours de l'année 1995 dans les contreparties de la masse monétaire. Or, selon certains statisticiens de l'Institut d'Emission, les autres avoirs intérieurs nets reprennent et les dépenses de la Banque Centrale et celles de l'Etat en suspens. L'accroissement de ce poste a été dicté essentiellement en 1995 par le déficit d'exploitation de la Banque Centrale, l'endettement excessif des banques commerciales et certaines dépenses publiques.

Au regard de ces facteurs qui viennent d'être décrit tant du côté des dépenses que des recettes d'exploitation, il apparaît aisé d'apprécier la responsabilité des uns et des autres sur les déficits du compte d'exploitation de l'Institut d'Emission.

* (15) Banque du Zaïre, Op. cit. , p. 17.

* (16) LOLO MASSY, « L'enracinement de l'hyperinflation », in : Notes de conjoncture, n°27, Août 1997, p. 9.

* (17) LOLO MASSSY, « L'indexation des créances de l'Etat ou l'art de soigner le mal par le mal », in : Notes de
conjoncture, n°29, Avril 1997, p. 6.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille