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Décentralisation et programmes de développement en Guinée: la stratégie de communication des agents de développement communautaires dans la CRD de Diari dans la préfecture de Labé (Guinée)

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par Sékou Chérif Diallo
Université Général Lansana Conté de Sonfonia - Maîtrise 2008
  

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P

REMIERE PARTIE

Cette première partie est subdivisée en quatre chapitres. Le premier chapitre présente la problématique, avec les objectifs et l'hypothèse de recherche en deux sections. Le deuxième chapitre défini les concepts utilisés dans ce mémoire de maîtrise à travers quatre sections. Le troisième chapitre présente les théories en relation avec le thème en trois sections. Le quatrième chapitre expose en deux sections la démarche de recherche adoptée.

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE

Dans les années qui ont suivi l'indépendance de la Guinée, la question de développement était au centre des préoccupations des nouvelles autorités. Derrière les rêves, sinon les espoirs, que cette indépendance suscitait au niveau des populations guinéennes, le défi était de mettre en place un système d'exploitation rationnelle des potentialités naturelles dont disposait la Guinée pouvant favoriser le développement (MID, 1998).

C'est ainsi que la Guinée, à l'instar des autres pays d'Afrique, opta pour un système de planification rigide et fortement centralisé sous un régime de Parti Etat : Le Parti Démocratique de Guinée (PDG). Ce Parti avait sous son contrôle l'ensemble des structures administratives et politiques du pays à travers ses cellules politiques de base: les Pouvoirs Révolutionnaires Locaux (PRL). Durant cette période, plusieurs plans de développement seront élaborés et exécutés8(*).

Après 26 années d'expérience de cette gestion centralisée de l'économie, le diagnostic établi par les autorités de la deuxième République révéla la précarité des conditions de vie des populations guinéennes, conséquence directe de la détérioration continue du produit intérieur brut (PIB) dont le taux de croissance en termes réels est passé de 3% en 1960 à moins de 1% en 1980 (MP/PNUD, 2005).

La prise du pouvoir par l'armée en 1984 redonna espoir aux populations guinéennes. Le Comité Militaire de Redressement National (CMRN), organe dirigeant, entreprit un vaste Programme de Réformes Economiques et Financières (PREF) avec l'appui des partenaires au développement notamment la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI). Ce programme avait pour objectifs:

· La réduction du poids de l'Etat dans la conduite des activités économiques ;

· La redéfinition du rôle de l'Etat dans l'orientation de la politique économique;

· La promotion du secteur privé.

En d'autres termes, le PREF visait à promouvoir un développement national durable en réduisant les déséquilibres macro-économiques dans le cadre d'un système économique libéral. Il visait aussi l'allègement des structures et procédures de l'administration centrale par la mise en place d'une administration territoriale reposant sur une politique de déconcentration et de décentralisation (MP, 2002).

Le Discours Programme du Chef de l'Etat du 22 décembre 1985 consacra la décentralisation comme le moyen choisi par le gouvernement pour faire participer les populations à la gestion des affaires du pays. Par cette politique, l'Etat reconnaissait aux populations la possibilité de gérer leurs propres affaires et leur accordait les moyens pour conduire elles-mêmes leur développement. L'atteinte des objectifs du gouvernement en matière de décentralisation nécessitait de profondes réformes structurelle et politique au niveau national et local9(*)

Au départ, marquée par une déconcentration territoriale des pouvoirs publics au niveau régional, préfectoral et sous-préfectoral, la réforme administrative a abouti à la définition d'un cadre juridique légal et la création des collectivités décentralisées en milieux rural et urbain1(*)0.

Les premières communautés rurales de développement (CRD) seront installées en 19901(*)1. La configuration actuelle des structures décentralisées se présente comme suit: 38 communes urbaines (CU) dont 5 dans la ville de Conakry, regroupant 330 quartiers; 303 communautés rurales de développement (CRD) regroupant 2300 districts ruraux. Ce processus de décentralisation a été renforcé par la société civile autour de diverses formes d'organisations à la base (ONG ; coopératives et groupements professionnels) (MATD, 2000).

L'un des principaux défis que lance la décentralisation en Guinée est le dessaisissement réel de l'Etat de certains de ses pouvoirs au profit d'autres entités publiques décentralisées et de devoir gouverner selon une logique de coopération avec les forces locales1(*)2.

Malgré toutes ces réformes administratives entreprises pour améliorer les conditions de vie des populations guinéennes, les résultats obtenus sont loin d'atteindre les objectifs visés. Et cela se manifeste dans les rapports du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) de 1992,1993 et 1994 où la Guinée est classée parmi les pays les plus pauvres de la planète selon l'Indice de Développement Humain (IDH). Les facteurs qui ont limité l'impact des réformes sont entre autres :

1) L'insuffisante participation des populations rurales à la définition des priorités;

2) La faible application des textes relatifs à la décentralisation et leur inadaptation;

3) La faiblesse des ressources financières allouées au développement local et aux collectivités;

4) Les politiques sectorielles isolées et un faible accès des populations aux services de base;

5) La faible capacité des élus et des institutions locales (PNUD, 1995).

Conscient de la montée du phénomène de pauvreté qui affecte une part importante de la population guinéenne, le gouvernement formula en 1996 une nouvelle vision globale du développement, consignée dans le document "Guinée, vision 2010" dont l'objectif général est l'amélioration des conditions de vie des populations (MP, 2005).

Par ailleurs, les résultats de l'Enquête Intégrée de Base pour l'Evaluation de la Pauvreté (EIBEP) en 2002-2003 montrent que la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, est passée de 62,6% de la population en 1994 à 49,2% en 2002 dont 19,1% vivant dans une extrême pauvreté. En 2002 l'incidence de la pauvreté au niveau régional était de 23,5% en milieu urbain et de 59,90% en milieu rural contre 17,5% et 82,1% respectivement en 1994. D'où une baisse sensible de la pauvreté au cours de la période 1994-2002. Cette évolution positive dénote une réduction des inégalités entre les zones rurales et urbaines, même si la pauvreté demeure encore un phénomène essentiellement rural (MP, 2003).

Ainsi, dans le cadre de l'opérationnalisation de la `'Guinée, vision 2010'', de nombreux programmes de développement sont projetés, dont pour la plupart des programmes d'appui aux communautés à la base. Parmi les plus importants, nous pouvons citer:

1. Le Programme de Développement Local en Guinée (PDLG);

2. Le Programme de Renforcement des Capacités Institutionnelles (PRCI);

3. Le Programme d'Appui aux Communautés Villageoises (PACV).

En initiant ces programmes, le gouvernement entend asseoir les bases d'un développement soutenu et durable avec des perspectives de réduction significative de la pauvreté (MP, 2002).

La nouvelle approche est en faveur du monde rural qui représente 70% de la population guinéenne (EIBC, 1994/1995). Financé par la Banque Mondiale, le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), l'Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds Africain de Développement (ADF) ; le Programme d'Appui aux Communautés Villageoises (PACV) est un programme de lutte contre la pauvreté principalement en milieu rural. Il a pour but de renforcer l'exercice des pouvoirs locaux dans le secteur rural de la Guinée et de promouvoir l'habilitation économique et sociale de la population rurale avec une attention spéciale accordée aux groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Il est conçu comme un programme évolutif à long terme (12 ans) avec trois phases de quatre ans chacune (La phase d'initiation, la phase d'extension et la phase de consolidation du programme) (PACV, 1998).

Le PACV est subdivisé en quatre (4) composantes : la composante A (Fonds d'investissement local), la composante B (Renforcement des capacités en faveur du développement local), la composante C (Réfection et entretien des routes rurales) et la composante D (Gestion, suivi et évaluation du programme)1(*)3.

Il a pour objectif le renforcement du processus de décentralisation au niveau politique, administratif et fiscal ainsi qu'au renforcement des capacités des communautés rurales de développement (CRD) à se prendre en charge en participant pleinement à la conception, à l'élaboration, à l'exécution et au suivi des Programmes de Développement Communautaire (PDC).

L'objectif à terme du programme est de :

· Mettre en place un processus de développement rural décentralisé;

· Améliorer la gouvernance locale;

· Promouvoir l'investissement rural pour faire reculer la pauvreté (MP/PACV, 2004).

Faire de la décentralisation le levier du développement en encourageant la bonne gouvernance locale pour ainsi favoriser un développement socio-économique durable de la Guinée, tel est l'objectif général du PACV. Sa vocation est donc de soutenir et d'accompagner le développement à la base. Sa stratégie d'intervention est basée sur une approche participative où toutes les couches sociales à la base prennent en charge le développement local de leur localité en faisant montre d'initiative, de créativité et de responsabilité. D'où l'importance de positionner la communication dans les activités du PACV afin de permettre à toutes les parties prenantes d'avoir un accès à l'information (PACV, 2003).

La communication est en effet à la base du développement, parce qu'elle suppose accès, participation et échange. Elle est un élément indispensable pour faire naître une synergie entre tous les acteurs. En tant qu'attitude d'accueil, d'écoute et d'échange, la communication encourage la clarté et la transparence de l'information et stimule les approches de la base vers le haut1(*)4.

La stratégie de communication mise en place par le programme a pour objectif de susciter et d'accompagner la concertation et le dialogue entre tous les partenaires et acteurs du programme. Cette stratégie privilégie la communication participative pour le développement. L'élaboration de cette stratégie procède de la volonté d'abandonner les méthodes antérieures de communication pour renforcer le système relationnel qui lie le PACV à ses parties prenantes et ainsi accéder à des méthodes nouvelles centrées sur la capacité de veille et d'écoute de chaque cible concernée afin d'identifier ses besoins, ses attentes propres1(*)5.

Promouvoir une communication de proximité pour faciliter les échanges d'informations, la synergie et la complémentarité entre toutes les parties prenantes dans les activités du programme à la base ; telle est l'une des missions des Agents de Développement Communautaire1(*)6.

Comment concrètement, les ADC mettent-ils en oeuvre leur communication et comment les populations locales, notamment celles de Diari dans la Préfecture de Labé, perçoivent-elles cette stratégie de communication ? Pour répondre à cette question, les théories de la décentralisation et celle du développement local et participatif ainsi que l'approche de la communication participative ont orienté notre réflexion.

La théorie de la décentralisation part du principe que pour amorcer un développement local et participatif, il faut accorder un certain pouvoir à des collectivités locales reconnues par la constitution ou par la loi (Jacob cité par Hong et al, 1991).

La théorie du développement local et participatif insiste sur l'importance de la participation et de la responsabilisation effectives des populations dans toutes les actions de développement (N'Kaloulou, 1984).

Quant à l'approche de la communication participative pour le développement, elle vise à faciliter la participation de la communauté aux actions de développement grâce à l'utilisation de diverses stratégies de communication (Bessette, 2004).

Dans le cadre de ce mémoire, nous nous baserons surtout sur l'approche de la communication participative pour le développement pour vérifier notre hypothèse. Cette approche semble être plus pertinente pour la description, l'analyse de la stratégie de communication des ADC du PACV et les perceptions des populations.

SECTION I : OBJECTIFS

Comme énoncé plus haut, l'objectif de cette étude est de contribuer à la compréhension de la stratégie de communication des ADC et la perception des populations ou encore la réceptivité des populations de cette communication. Plus spécifiquement, nous tenterons de décrire, à la lumière des propos des ADC et des populations, leurs stratégies de communication. Par la suite, nous tenterons d'analyser la réceptivité des populations de cette stratégie de communication.

SECTION II: HYPOTHESE

Nous sommes partis de l'hypothèse que la perception des populations locales de la stratégie de communication des ADC résulterait de leur participation effective (l'implication, la négociation, la concertation, l'information, la responsabilisation, la consultation, le partage, l'engagement, la collaboration, l'évaluation) dans la stratégie de communication mise en oeuvre par les ADC du PACV.

C

cHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Ce chapitre définie les concepts clés utilisés dans ce mémoire à travers quatre sections. Ce sont les concepts de développement communautaire, de participation communautaire, de décentralisation et de communication.

SECTION I : DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE

Selon les sources, les pays ou «  les courants de philosophie », le concept de développement communautaire prend diverses appellations.  « Développement local », « Gestion des terroirs », « Développement rural décentralisé »... Toutes ces appellations qui caractérisaient des visions différentes dès le départ, tentent aujourd'hui de décrire une situation unique, celle de la responsabilisation totale des populations à la base dans la conception et la mise en oeuvre des actions de développement. Malgré cette convergence des visions, le concept de développement communautaire se caractérise par la multiplicité des discours tour à tour complémentaires et contradictoires1(*)7.

Pour Kolosy (1997), Le développement communautaire n'est pas un concept nouveau. Il possède une référence politique et économique qui prend son essor avec les politiques de décentralisation des années 1980.

En effet, les profondes modifications de l'économie mondiale et notamment des formes que prend la compétitivité renversent les modes de production : c'est désormais la demande du marché qui est à l'origine de l'organisation de la chaîne productive. Le maître mot n'est plus la programmation mais la flexibilité que les réseaux souples de petites unités de production où les pôles de développement intégré semblent mieux à même de porter, que les macro unités. La crise amène à privilégier le plan local par rapport au plan national et rencontre sur le terrain des poussées sociales, culturelles et identitaires. Le local s'approprie en quelque sorte le développement pour faire un concept et une pratique globale, une stratégie territoriale intégrée, solidaire et durable. Ainsi, entre les enjeux nationaux et les réalités locales, la planification appuie les leviers locaux du développement, en faisant participer les acteurs à la base à l'élaboration des plans locaux de développement et en aidant à la formulation de projets de développement communautaire (Ouattara, 2003).

Au-delà de sa dimension économique, sociale, culturelle, spatiale et durable, le développement communautaire est souvent interprété comme un processus de transformation qui accompagne la croissance dans une évolution à long terme. Ce processus est étroitement lié au concept de progrès, notion centrale des politiques et stratégies de développement1(*)8.

Quant à Tremblay (1999), le développement local ou communautaire est décrit comme une perspective centrée sur la revitalisation des communautés locales et sur l'amélioration des conditions de vie des populations selon des initiatives qui sont mises en oeuvre à la fois par et pour les populations locales.

Dans le cadre de ce mémoire, le développement communautaire est un processus d'appropriation par les populations locales, des enjeux du développement de leur localité.

* 8 Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation (MID), Direction nationale de la Décentralisation (DND) `'Evaluation de la décentralisation en Guinée "- Conakry, janvier 1998, p : 2.

* 9 http://www.pdm-net.org/Newsite/french/decentralisation/guinee/historique.htm

* 10 Ordonnance N° 076/PRG/SGG/86 du 25 mars 1986 portant réorganisation territoriale de la République de Guinée et instituant les collectivités décentralisées.

* 11 Ordonnance N° 092/PRG/SGG/90 du 22 octobre 1990, portant organisation et fonctionnement des communautés rurales de développement (CRD) en République de Guinée.

* 12 http://www.pdm-net.org/Newsite/french/decentralisation/guinee/historique.htm

* 13 PACV, `'Manuel d'exécution du Fonds d'Investissement Villageois (FIV)'', (S.L.), Novembre 1998, p : 19.

* 14 PACV, `'Stratégie de communication : Guide du formateur'', Conakry, 2003, p : 5.

* 15 loc. cit.

* 16 loc. cit.

* 17 Claude Ouattara., `'Développement communautaire et réduction de la pauvreté dans un contexte de décentralisation'', (S.L.), ENDSA, juin 2003, p : 4.

* 18 Ibid., Claude Ouattara., `'Développement communautaire et réduction de la pauvreté dans un contexte de décentralisation'', (S.L.), ENDSA, juin 2003, p : 5.

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