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La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

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par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

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Section V Les théories non monétaires

Il considérera l'existence de deux types de théories : les théories non monétaires du cycle dont il fera la critique et les théories monétaires dont la sienne.

A- Les théories critiquées par Hayek

Hayek considère qu'une théorie non monétaire du cycle ne peut pas être satisfaisante. Il reconnaît l'existence d'une multiplicité de theories entre lesquelles les oppositions sont non négligeables : « any attempt at a general proof within the compass of a short essay , of the assertion that non monetary theories of the trade cycle inevitably suffer from a fundamental deficiency, appears to be confronted with an insuperable obstacle by reason of the very multiplicity of such theories.» P 51

Il considère que l'obstacle majeur auquel ces théories, malgré leur multiplicité, font face est lié à la contradiction entre les phénomènes économiques observés et les fondements théoriques de leurs analyses: « none of them is able to overcome the contradiction between the course of economic events as described by them and the fundamental ideas of the theoretical system which they have to utilize in order to explain that course. » p 52

Hayek a ainsi tenté au chapitre 2 MT-TC de résumer les théories les plus célèbres et de montrer en quoi elles butent à cette difficulté. Toutefois, il formulera une réserve qui semble offrir un minimum de pertinence à celles qui, considérant que le facteur premier du cycle est non monétaire, font appel à la monnaie pour poursuivre leur raisonnement : « when however the question is answered on different lines by reference to monetary circumstances it can be shown that the elements of explanation adduced by different theories lose their independent importance and fall into a subordinate position as necessary consequences of the monetary cause.»p 52-53

De ce qui précède, nous pouvons avancer avec beaucoup de prudence certes, que Hayek ne formulerait aucune objection sur la nature des théories des cycles de Keynes. En effet, celles-ci soutiennent l'existence de changements dus à des facteurs monétaires ayant des conséquences sur l'écart entre investissement et épargne et de changements dus à des facteurs réels sans impulsion monétaire préalable. Toutefois, ce dernier volet s'associe toujours à des interventions du système bancaire pour que le cycle s'impose à l'équilibre.

Hayek considère que les théories réelles du cycle ont en commun la tendance à souligner le déséquilibre dans le système productif engendré par une dis proportionnalité entre le secteur produisant des biens de consommation et le secteur produisant des biens de production; le second connaissant un croissance excessive :» they all regard the emergence of a disproportionality among the various productive groups and in particular the excessive production of capital goods as the first and main thing to be explained.» P 54

Ces théories, au sens de Hayek, considèrent que la récession s'explique par l'expansion de la période précédente pendant laquelle le secteur des biens de production subit un essor que ne justifie pas la demande émanant du secteur des biens de consommation, d'où une rareté de ces derniers entraînant une hausse de leurs prix par rapport à celui des biens de production. Il retiendra qu'il existe trois types de théories non monétaires tentant d'expliquer l'écart entre les différents secteurs.

1. celles qui partent d'une hausse de la demande de biens de consommation qui, compte tenu des innovations techniques, entraîne une hausse de la production de biens de plus grande qualité.

2. un autre groupe d'auteurs considère que l'écart est dû à des variations dans le rapport entre épargne et investissement, sans impulsions monétaire.

3. Une autre variante de théorie qu'il nomme psychologique

La première forme de théorie qui souligne l'importance de la hausse de la demande de biens de consommation considère que cette hausse a des conséquences sur la demande des biens de production par le biais de l'effet cumulatif. Celles qui insistent sur l'écart épargne investissement considèrent qu'il existe un effet direct d'une hausse de l'investissement sur la demande des biens de production, d'où l'origine du déséquilibre.

Hayek considère que ces théories se sont trompées de cible. Elles cherchent à établir des relations pour décrire les causes de la rupture de l'équilibre alors que ce qui importe c'est d'expliquer comment se fait-il que ce déséquilibre persiste. Pourquoi les mécanismes spontanés du marché sont devenus temporairement inactifs ou agissent avec une lenteur effrayante ?

Il ne nie pas que ces théories mettent en lumière des interconnections dont il faut nécessairement tenir compte pour rendre une explication des cycles acceptable. Seulement, il revient à la charge en soutenant que ces théories se sont égarées en ne se posant pas la question qu'il considère comme fondamentale à savoir les raisons pour lesquelles il existe un échec des mécanismes permettant le retour à l'équilibre.

« why do the forces tending to restore equilibrium become temporarily ineffective and why do they only come into action again when it is too late ? » (MT-TC, p.65)

Voilà pour Hayek la question à laquelle il faut apporter une réponse satisfaisante pour éclairer sur le problème des fluctuations économiques.

A sons sens, la réponse proposée par les théories non monétaires constitue un aveu quant à leur inconsistance. Elles soutiennent que, compte tenu de la longueur du processus de production, les offreurs ont du mal à ajuster leurs productions dans un univers caractérisé par l'ignorance. Le mécanisme des prix65(*) devait constituer la solution à ce problème de coordination; cependant il demeure imparfait. Dès lors, pour Hayek, l'erreur commune à toutes ces théories est décelée: « it arises from a misconception of the deliberation which regulate the entrepreneur's actions and of the significance of the price mechanism ». (ibid, p103). Ce même reproche, il le retiendra face à Keynes.

Hayek comme Keynes n'envisage pas l'existence d'un cycle dû à un excès de production de biens de consommation par rapport à la production de biens de production. C'est toujours l'inverse. En partant d'une position d'équilibre, les théories non monétaires ne peuvent pas expliquer l'existence d'un cycle par un raisonnement satisfaisant sans faire intervenir la monnaie. Sur ce point, il ne trouvera rien à reprocher à Keynes car ce dernier, lorsqu'il envisage l'existence de facteurs réels pouvant être à l'origine du cycle, c'est pour s'empresser d'ajouter qu'il sera toujours accompagné de nouvelles impulsions monétaires. Il a lui aussi passé en revue un certain nombre de théories assez proches de la sienne à qui il reconnaît des attributs positifs.

* 65 Leur hypothèse est que le mécanisme des prix connaît des impairs dans son fonctionnement et ces manquements, elles les expliquent par le fait que le processus de production prend du temps. Ainsi les changements peuvent avoir lieu et avant que le système puisse réagir par le biais du mécanisme des prix, d'autres changements peuvent surgir rendant l'adaptation inadéquate.

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