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Livre : le katanga pour quel nouveau défis :le phénomène hétérogènite

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par Emile Christophe Professeur Emile MOTA - NDONGO K
UNILU / Katanga - RDC - PHD Sc. ECO 2000
  

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CHAPITRE III : HETEROGENITE ET DEVELOPPEMENT

Q GÉNÉRALITÉS

Selon l'Abbé Joseph Toussaint, cité par Monsieur Mbuya Lubanze dans son ouvrage « Philosophie Politique et Economique du Nouveau Régime ». Le développement est défini, comme un processus par lequel la conscience humaine passe d'un niveau d'existence inférieur à un niveau d'existence supérieur. C'est un processus dynamique et dialectique qui part :

- d'un bas niveau à un haut niveau;

- de l'ignorance à la connaissance;

- de l'oisiveté à l'assiduité ;

- de la médiocrité à l'excellence;

- de la pauvreté à l'abondance et

- de l'oppression à la liberté.

En d'autres termes, le développement est une amélioration qualitative et durable d'une économie et de son fonctionnement. Cela veut dire :

- croître ;

- grandir et

- s'épanouir.

Selon Monsieur Mbuya, le développement est donc

l'effet, une conséquence de trois facteurs combinés de la conscience que sont la pensée, la volonté et l'action.

Pour lui :

- La pensée est la faculté de comparer, de combiner, d'analyser des idées. C'est une formation dans l'esprit, une conception, une imagination, un raisonnement, une réflexion ou une compréhension de l'action à mener.

Toute connaissance passe par la perception ;

- La volonté est la faculté de vouloir, de se déterminer librement en toute connaissance de causes et des faits ;

- L'action est la faculté d'agir, de déployer son activité en vue d'un but à atteindre.

Le développement est une amélioration des conditions de vie des populations dans leur mieux être. Cette amélioration est la conjugaison de plusieurs facteurs et la vie, à savoir: l'éducation pour tous, les soins de santé accessible à toutes les bourses ; amélioration de la consommation des biens et services de première nécessité tels que l'alimentation, l'habillement, le logement etc. Ce développement est la conséquence d'une croissance observée et durable dans tous les secteurs de la vie nationale.

Le développement économique du Congo était basé sur une synergie entre les entreprises dites du portefeuille de l'Etat et les entreprises privées regroupées dans diverses corporations, tels que le textile, les cosmétiques, les brasseries, les manufacturières, l'industrie pharmaceutique etc. Ce développement s'est vu du jour au lendemain disparaître, au profit d'une économie de plus en plus désarticulée et souterraine.

Dans cette panoplie de produits, l'industrie congolaise était la plus diversifiée de toute l'Afrique Centrale ; le Congo Démocratique produisait de la punaise à papier, au véhicule routier léger en passant par toute une gamme de produits manufacturés et autres biens d'équipements. Actuellement, cet ensemble d'industries éparpillées sur le territoire national, aussi bien dans les territoires occupés que ceux sous contrôle gouvernemental, est à l'arrêt et à même disparu.

L'impact de différentes guerres dites de libération sur les autres secteurs de la vie publique tel que l'administration, a provoqué et favorisé d'importantes fraudes fiscales, réduisant ainsi les ressources gouvernementales. Il n'est pas question ici de faire un procès d'intention de ce comportement, mais il serait plutôt indiqué de faire un plaidoyer en faveur de l'industrie locale, afin de trouver les voies et moyens de remettre en action celles qui végètent encore, de relancer ou de redémarrer celles qui sont à l'arrêt et pourquoi pas de mettre en place des mécanismes incitatifs pour en attirer d'autres ou de nouvelles dans le pays.

Parmi les obstacles majeurs qui découragent l'entrepreneur, si petit soit-il, tant national qu'expatrié, se trouve être le manque de volonté « politique » de pouvoir prendre et définir les grandes options fondamentales de notre économie et ce pour chaque secteur.

Les Etats-Unis, par exemple, dans le souci de ne pas voir leurs activités économiques perturbées ou dominées par introduction des produits étrangers, viennent de prendre des mesures draconiennes pour protéger leur industrie lourde et principalement celle de l'acier. De ce fait ils ont introduit une surtaxe et un contingentement des produits d'acier d'importation. Faisant fi à tous les accords et autres traités en la matière et aux yeux et à la barbe de l'Organisation Mondiale du Commerce, les Etats-Unis ont ainsi protégé leur industrie locale.

En outre pour prétendre à un développement ; il faudrait avoir un point de repère sur base du quel sera mesuré l'amélioration proprement dite. Dans le cadre de la R.D.C., si l'on considère l'année 1960 comme base de notre réflexion sur les paramètres de mesure du développement ; on constatera que 40 années plus tard, tous les indicateurs de gestion sont passés du positif au négatif.

En prenant comme repaire du développement les infrastruc-tures de base, telles que les routes et autres voies de communication, l'on assiste au développement du «sous-développement »de ces derniers. La nature que le colonisateur avait domptée, récupère petit à petit du terrain pour faire réapparaître la forêt avec tous les inconvénients que cela comporte. La dégradation est telle qu'il serait difficile si pas impossible de mettre en place un plan de développement à court-moyen et long terme. Tout est devenu priorité des priorités et une hiérarchisation des priorités s'avère être le parcourt du combattant.

La R.D.C. avait une infrastructure de communication et de télécommunication la plus développée de l'Afrique Centrale et Australe ; mais 40 ans plus tard, les routes asphaltées sont redevenues des pistes en terre battue. Les distances qui séparaient les villes sur une longueur variant entre 200 et 400 kilomètres et qui se parcouraient en deux ou trois heures, se réalisent en une ou deux jours, si pas plus avec, des dégâts matériels très important sur les véhicules.

L'utilisation anarchique de la route par des véhicules à grand tonnage (plus de 80 tonnes), a provoqué une dégradation rapide de cette dernière. Notez que ces routes ont été conçues pour un transport léger, tandis que le transport lourd était destiné pour le rail. La réglementation coloniale demandait à ce que l'évacuation des minerais et autres produits à forte densité puisse se faire par chemin de fer, qui fut équipé pour une traction de plus de 2.000 tonnes par rame.

L'infrastructure de télécommunication de la R.D.C. était la plus développée de toute l'Afrique Sub-Saharienne : toutes les grandes villes du pays étaient reliées par le téléphone, le télex et la phonie. L'on pouvait atteindre à n'importe quel moment de la journée ou de nuit un correspondant aux quatre coins de la République.

Cette analyse ne se limite qu'à certains aspects visibles qui caractérisent essentiellement le développement. Il sera plus indiqué de faire une analyse approfondie des aspects positifs et négatifs du phénomène « hétérogénite »; à savoir : sur le plan Politique-Economique-Technique-Social- Culturel et de l'Education.

1. Sur le plan Politique :

Beaucoup d'ouvrages ont été publiés décrivant la situation politique du Congo après l'accession de la R.D.C. à la souveraineté internationale. A titre exemplatif, il y a lieu de faire remarquer que la R.D.C., a connu au cours de la dernière décennie plus de dix Premiers Ministres, soit un Premier Ministre chaque année avec un record de cinq Premiers Ministres en 1991 ; à savoir : du 25-04-90 au 30-03-91: Professeur LUNDA BULULU, du 30-03-91 au 22-07-91: Professeur MULUMBA LUKOJI, du 22-07-91 au 25-07-91: TSHISEKEDI, du 25-07-91 au 23-10-91: MUNGUL DIAKA, du 23-10-91 au 25-11-91: TSHISEKEDI, du 25-11-91 au 19-08-92: NGUZ KARL I BOND.

Tandis que pour la période de 1992 à 2001, il y eu cinq Premiers Ministres et un Président de la République; à savoir : du 19-08-92 au 05-02-93: TSHISEKEDI, du 05-02-93 au 16-06-94: BIRINDWA, du 16-06-94 au 24-03-97: KENGO WA DONDO, du 24-03-97 au 17-05-97: Professeur LIKULIA BOLONGO, du 17-05-97 au 16-01-01 MZEE Laurent-Désiré Kabila: soit une moyenne, d'un Premier Ministre tous les sept mois.

La crise politique, ainsi créée, a affecté profondément le comportement des congolais en renforçant tous les facteurs négatifs au développement et privant ainsi le peuple d'aspirer au changement vers une société démocratique aux valeurs républicaines. De plus en plus frappé par la pauvreté, les populations de la R.D.C. ont développé des mécanismes de survie et pour devenir riche ou tout au moins d'avoir une vie aisée par des moyens autres que ceux obtenus par le travail. C'est ce qui explique l'engouement vers les jeux du hasard, vers les sectes religieuses et vers des activités illicites. Des groupes de prières se créent à tour de bras et /où des familles entières se réfugient dans la prière à longueur de journées au lieu de mettre ce temps à profit pour un travail créateur des ressources.

La clochardisation de la population et la mendicité bas son plein dans toutes les rues des villes de la R.D.C. La convoitise, par les grandes puissances occidentales, des richesses du sol et du sous-sol, fut pour la R.D.C. et plus précisément pour le Katanga, l'objet d'une sécession le 11 juin 1960, des deux guerres du Shaba, des mesures de Zaïrianisation-Rétrocession et bien d'autres.

Un fait reste prouvé : cette situation fut à la base d'une dégradation du tissu économique suite à des décisions non à propos et hâtive. Le Pouvoir Public de la deuxième République qui avait pris en 1973-1974 des mesures énergiques pour la recherche d'une «indépendance économique », a été à la base de la dégradation du tissu économique qui se diversifiait progressivement. Cette situation mal réfléchie ; avait pour conséquence : le départ massif de tous les opérateurs économiques étrangers qui avaient mis en place une synergie entre les entreprises dites à Charte et les Petites et Moyennes Entreprises privées.

Des 2.600 entreprises qui existaient au Katanga et ce dans tout les domaines de l'activité économique ; en partant des fermes (maraîchères, avicoles, laitières etc.) en passant par les entreprises agroalimentaires et autres manufacturières. Le Katanga renferme aujourd'hui seulement qu'une cinquantaine d'entreprises moribondes et ce dans des secteurs non ayant des effets multiplicateurs et industrialisant.

Cette situation a eu comme répercussion, une mise au chômage d'un grand nombre de personnes en âge de travailler. L'industrie du cuivre avec comme tête d'affiche la Gécamines, a connu une crise depuis les éboulements de la mine de Kamoto en 1990, suite à une mauvaise planification minière. Des 475.000 tonnes de cuivre et 15.000 tonnes de cobalt, la Gécamines à vu sa production s'effondrer à 30.000 tonnes de cuivre et 2.000 tonnes de cobalt à fin 2003.

Les gesticulations et l'épuration ethnique simulée par les Pouvoirs Publics, au profit d'un fédéralisme mal compris, ( Katanga Yetu) en 1993-1994 sous le régime du gouverneur Kyungu wa Ku Mwanza, ont eu comme conséquence une décapitation de toute la classe des techniciens intermédiaires de cette industrie du cuivre. Le désordre indescriptible que cela a engendré provoquera une déstabilisation toute l'économie de la Province. Le vide ainsi crée par ce départ massif, n'a pas pu être comblé par les Katangais qui étaient plus en proie à des luttes intestines, claniques et tribales pour le contrôle de l'outil de production.

Deux années plus tard, au profit d'une guerre de libération, le Katanga se vu être coupé de moitié ; privant sa partie Nord des bénéfices de sa partie Sud et de tous les échanges socio-économiques. Ce phénomène a provoqué un exode et un déplacement des populations des zones de combats ou de troubles vers les villes du centre à savoir : Lubumbashi-Likasi-Kipushi-Kolwezi et Kasumbalesa.

L'exploitation de l'hétérogénite a permis aux Pouvoirs Publics de stabiliser le mouvement des populations et de résoudre les problèmes d'ordre sécuritaires. L'encadrement des désoeuvrés par l'exploitation de l'hétérogénite a eu pour corollaire la diminution des actes inciviques qui ont longtemps été caractérisé une exploitation clandestine des métaux au cours de la Deuxième République.

L'émergence d'une nouvelle classe des hommes de métier doit permettre à la R.D.C. de mettre en place une nouvelle structure de développement en partant du slogan «le Congolais doit se prendre en charge» fer de lance du MZÈE LAURENT-DÉSIRÉ KABILA. Cette structure bien encadrée doit entraîner un développement par la base, qui sous d'autres cieux a été le socle de leur développement.

2. Sur le plan Economique

L'Afrique et plus précisément la R.D.C., ne doit pas être le déversoir des produits finis ou semi-finis des autres pays au détriment de notre industrie locale. Les Pouvoirs Publics doivent définir le régime économique de la R.D.C. et il est plus qu'impérieux de le faire, de le définir dans un schéma. Pour ce faire, le schéma suivant s'avère être indispensable ; à savoir :

- Les objectifs à atteindre pour chaque secteur d'activités à court, moyen et long terme (plan de développement d'urgence et prioritaire) ;

- Les mécanismes qui seront mis en oeuvre pour faciliter et encourager l'entrepreneurship dans le pays ;

- Les moyens (textes et autres réglementations) pour permettre à cette classe des opérateurs à pouvoir oeuvrer en toute sécurité dans les différents secteurs (sécurité juridique).

Ces trois grandes préoccupations, ne dépendent que de la volonté politique, sans faire recours à des subterfuges financiers, qui puissent être le déclic de l'action de développement de la République Démocratique du Congo.

La R.D.C. est potentiellement l'un des pays riches d'Afrique, mais les gouvernements successifs n'ont pas réussi à transformer ce potentiel en conditions de vie satisfaisantes pour les Congolais. Pour arriver à relancer l'économie de la R.D.C., l'Etat doit se baser, outre, à l'encadrement des quatre piliers économiques traditionnels, à savoir : l'agriculture, l'exploitation minière, l'industrie manufacturière et les services ; faire recourt à l'exploitation artisanale des substances minérales du sol et du sous-sol de la R.D.C.

a) Le Secteur agricole :

Ce secteur, comme nous l'avons si bien dit plus haut, représentait environ 58% du PIB et employait environ 68% de la main-d'oeuvre du pays. Il comprenait à la fois une agriculture (et pêche) de subsistance et une production à grande échelle destinée à l'exploitation (par exemple, le café).

L'exploitation de la forêt fournissait également des ressources substantielles ( la R.D.C. contient 6% des réserves forestières mondiales). L'Etat doit adopter la politique d'import substitution permettant de produire certaines denrées alimentaires pour une consommation locale.

b) Le Secteur Minier :

La R.D.C. détient encore intact de considérables ressources minières, notamment du cuivre, du cobalt, des diamants industriels, de l'uranium, de l'étain, de l'or, de l'argent, du charbon, du zinc, du manganèse, du tungstène, du cadmium, ainsi que du pétrole en mer. L'exploitation minière représentait environ 90% des recettes d'exportation de la R.D.C.

Ici, l'Etat qui a finalisé le nouveau Code Minier doit maintenant s'assurer que ce dernier sera réellement attractif vis-à-vis des investisseurs tant nationaux qu'étrangers. Ainsi par la Loi N°007 du 11 juillet 2002, le législateur a voulu garantir et sécuriser les intérêts des opérateurs miniers, tout en veillant à l'équilibre des profits que ceux-ci et l'Etat Congolais tirent des activités minières et permettre aux populations vivant dans les zones minières d'y trouver leur compte. Provoquer, par exemple, des joint-ventures, c'est-à-dire, un investissement qui permet un partenariat entre l'Etat et le privé pour une bonne relance de l'économie.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote