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Problématique de la mise en oeuvre de la décentralisation financière en République Démocratique du Congo

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par Jacques Nkongolo Musungula
Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Maà®trise en Sciences Economiques (Economie et Finances Publiques) 2007
  

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2.1.2.2. Absence de péréquation et exacerbation des déséquilibres économiques internes

L'enlisement de la décentralisation financière en RDC est également due à l'absence d'organisation et de fonctionnement de la caisse nationale de péréquation alors que les disparités socio-économiques entre les provinces et à l'intérieur de ces dernières ne font que se prononcer. Prévue pourtant dans la loi financière de 1983, loi encore en vigueur, et préconisée formellement dans la Constitution de 2006, la péréquation se fait toujours attendre et son absence laisse davantage se creuser les écarts entre provinces, le mécanisme de rétrocession à ces dernières de 40% de la part des recettes nationales tablant formellement sur le poids démographique et la capacité productive de chacune d'entre elles.

Les tableaux II.4, II.5 et II.6 ci-dessous montrent à suffisance que sans la correction prévue dans le cadre de la péréquation pour marquer la nécessaire solidarité nationale, la « rétrocession » financerait un développement déséquilibré du pays et neutraliserait de ce fait, l'efficacité économique de l'Etat attendue de la décentralisation.

Entretenue à l'époque par la politique économique dite des « pôles de développement », politique qui encourageait la concentration des investissements privés dans trois provinces polaires (Kinshasa, Province Orientale-ex-Haut-Zaire, et Katanga-ex-Shaba) avec l'espoir de voir se propager les effets induits dans les provinces voisines et de proche en proche sur toute l'étendue du pays, la diffusion inégale du pouvoir économique a provoqué des disparités énormes au plan financier.

Tableau II.4 : Recettes budgétaires des Régions en 1987 et 1990 ( en Zaire-monnaie)

REGIONS

BUDGET 1987 (en Zaîre)

 

% Total

Régions

BUDGET 1990 (en Zaîre)

 

% Total Régions

% Moyenne

1987-1990

1

Kinshasa

 

728

576

732,00

29,36

8

634

350

762,00

38,55

 

33,96

2

Bandundu

 

282

171

514,00

11,37

1

305

430

934,00

5,83

8,60

 

3

Bas-Zaire

 

78

160

335,00

3,15

 

651

424

550,00

2,91

3,03

 

4

Equateur

 

275

509

972,00

11,10

1

296

077

140,00

5,79

8,45

 

5

Haut-Zaire

 

258

066

882,00

10,40

2

159

910

287,00

9,64

 

10,02

6

Kasai Occidental

 

208

914

941,00

8,42

1

818

847

311,00

8,12

8,27

 

7

Kasai Oriental

 

117

719

893,00

4,74

 

840

070

088,00

3,75

4,25

 

8

Shaba

 

210

567

231,00

8,49

3

034

979

465,00

13,55

 

11,02

9

Kivu

 

321

555

576,00

12,96

 
 
 
 
 
 
 

10

Maniema

 
 
 
 

4,32

 

807

053

316,00

3,60

3,96

 

11

Nord-Kivu

 
 
 
 

4,32

1

016

415

100,00

4,54

4,43

 

12

Sud-Kivu

 
 
 
 

4,32

 

833

691

122,00

3,72

4,02

 
 

TOTAL

2

481

243

076,00

112,96

22

398

250

075,00

100,00

 

100,00

Source : Comité Central du MPR - Parti Etat ; données tirées de l'article du Professeur Epee Gambua (1992) ; op.cit. ; P 353

Le tableau II.4 montre que les recettes budgétaires des 3 provinces polaires sont de l'ordre de 48,25% de l'ensemble en 1987 et de 61,74% en 1990, soit en moyenne 54,99% pour les deux périodes, avec 33,96% pour la seule ville-province de Kinshasa contre 3,96% pour le Maniema, soit une tension de 1 à 8,5.

Le pays ayant été marqué par un environnement socio-économique caractérisé par une inflation à 3 chiffres, les pillages de 1991 et 1993, la guerre dite de « libération » de 1996- 1997, l'agression de 1998, et la transition de 2001 à 2006, ces déséquilibres doivent avoir persisté s'ils ne se sont pas aggravés.

C'est ce que nous donne, d'ailleurs, à penser le tableau ci-dessous.

Tableau II.5 : Etat de suivi budgétaire de la rétrocession aux provinces de 2006 à 2008 (en FC)

PROVINCES

2006

 
 
 

2007

 
 

2008

 
 
 

TOTAL

 
 

%

1

Kinshasa

16

085

542

511

8

321

288

456

14

861

358

981

39

268

189

948

18,90

2

Bas-Congo

7

353

130

647

7

559

965

880

21

021

504

963

35

934

601

490

17,29

3

Bandundu

 

306

611

654

2

501

184

530

7

144

685

133

9

952

481

317

4,79

4

Equateur

 

325

157

533

5

655

049

271

9

903

966

589

15

884

173

393

7,64

5

P. Orientale

 

710

841

095

2

593

986

226

12

313

031

018

15

617

858

339

7,52

6

Nord-Kivu

1

573

503

025

1

957

027

833

6

771

634

269

10

302

165

127

4,96

7

Maniema

 

401

451

307

1

441

216

519

5

772

101

529

7

614

769

355

3,66

8

Sud-Kivu

1

128

125

932

2

383

184

256

6

158

859

882

9

670

170

070

4,65

9

Katanga

5

691

153

571

8

683

753

516

21

111

902

426

35

486

809

513

17,08

10

Kasai Occidental

 

621

417

249

6

075

806

256

7

373

905

126

14

071

128

631

6,77

11

Kasai Oriental

 

663

921

335

2

822

816

993

10

519

569

286

14

006

307

614

6,74

 

TOTAL

34

860

855

859

 

49 995 279 736

122

952

519

202

 

207

808 654 797

100

Source : Données collectées auprès du Ministère du Budget, Chaîne de la Dépense, Direction de la préparation et du suivi budgétaire, août 2009, Kinshasa

Il ressort des données ci-haut que 3 provinces, à savoir : Kinshasa, Bas-Congo et Katanga, bénéficient à elles seules de 53,27% de l'enveloppe débloquée au titre de rétrocession effective aux provinces de 2006 à 2008 en RDC et ce, en entretenant un déséquilibre interprovincial caractérisé par une tension de 1 à 5,15.

Aujourd'hui, en 2009, la répartition entre les différentes provinces des « recettes à caractère national », telle que l'indique le tableau II.6, reflète le même déséquilibre économique interprovincial.

Tableau II.6 : Recettes à caractère national allouées aux provinces pour l'exercice 2009

PROVINCES

MONTANT ALLOUE en FC

% DU TOTAL

1

Kinshasa

107 248 243 404,00

19,09

2

Bas-Congo

70 915 887 505,00

12,63

3

Bandundu

64 497 860 215,00

11,48

4

Equateur

45 774 875 476,00

8,15

5

Province Orientale

43 535 998 361,00

7,75

6

Nord-Kivu

24 931 490 502,00

4,44

7

Maniema

19 476 333 541,00

3,47

8

Sud-Kivu

25 117 984 965,00

4,47

9

Katanga

84 425 037 435,00

15,03

10

Kasai Occidental

36 236 737 550,00

6,45

11

Kasai Oriental

39 506 805 713,00

7,03

 

TOTAL

561 667 254 667,00

100

Source : Ministère du Budget; données tirées de Kukatula (O) ; (2009) ; op.cit

Comme on peut le constater, la ville-province de Kinshasa, ses deux provinces voisines (Bas-Congo et Bandundu) ainsi que la province du Katanga absorbent à elles seules les 58,24% de l'ensemble de l'enveloppe de rétrocession prévue pour l'exercice 2009.

Kinshasa demeure en tête avec 19,09% suivie du Katanga avec 15,03%, tandis que la tension globale entre les provinces est cette fois-ci de l'ordre de 1 à 5,5. En d'autres termes, les provinces les plus nanties bénéficiant de la part la plus importante de la rétrocession, les déséquilibres ne peuvent qu'être exacerbés du fait d'une décentralisation financière qui s'avère inéquitable à cause de la non-application des textes en vigueur.

L'inquiétude face à cette situation est d'autant plus justifiée que même le Fonds de Promotion de l'Industrie (FPI), entreprise publique créée par ordonnance n°089-171 du 7 août 1989 pour soutenir financièrement l'essor du tissu industriel national, n'a pas contribué au cours de ses 20 ans d'existence, soit de 1989 à 2009, à la réduction des déséquilibres économiques prononcés entre provinces.

En effet, les interventions du FPI ont ajouté aux déséquilibres existants. Car, ce « fonds », dont la ressource principale est la taxe de promotion de l'industrie, a pu financer 688 projets depuis sa création pour un montant total de 175 244 294,99 $us dont les 52% pour la seule ville de Kinshasa61. Le graphique 1 ci-dessous nous renseigne comment ledit fonds est inégalement réparti entre les 11 provinces que compte la RDC.

Graphique 1 : Interventions du FPI entre les 11 provinces de la RDC de 1989 à 2009

Source : Fonds de Promotion de l'Industrie , (2009) ; Comité de Gestion.

Il se dégage de cette ventilation que les 3 provinces les plus nanties actuellement, en l'occurrence la ville de Kinshasa, le Bas-Congo et le Katanga, reçoivent la part du lion avec 72% des interventions du « Fonds » alors que la tension globale qu'elle entretient est de 1 à 52, la province du Maniema étant toujours la lanterne rouge.

Ces différentes illustrations de la disparité du potentiel économique entre les provinces concourent à la mise en évidence de la nécessité et d'une rétrocession plus équitable et du jeu de péréquation pour assurer un développement harmonieux des provinces et ETD. En termes clairs, l'absence de critères objectifs et équitables de rétrocession ainsi que le non-recours à la péréquation maintiennent bon nombre de provinces et entités territoriales décentralisées dans une trajectoire de développement inégal prononcé. Sans une rétrocession équitable et une péréquation effective et conséquente donc, on est en présence d'une situation où le financement inconsidéré de la décentralisation, par une rétrocession automatique et sans discernement, favoriserait énormément quelques provinces au détriment de la majorité d'entre elles.

Cette réalité ne peut que conforter l'enlisement de l'autonomisation financière des provinces prises dans leur ensemble.

Des faiblesses identifiées dans la mobilisation et la gestion de ressources budgétaires aggravent davantage cet état de choses.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo