1.1. Expérience-pays et justification de la nouvelle
approche
Les leçons tirées au cours de la période
sous-revue, témoignent à grand trait de la double
nécessité du changement des mentalités et de l'adaptation
des moyens d'action aux nouvelles tâches et responsabilités du
Pouvoir Central, des provinces et des ETD, comme éléments
catalyseurs de la réussite de la décentralisation
financière en RDC.
1.1.1. Nécessité du changement des
mentalités
Les analyses qui ont précédé nous ont
suffisamment montré qu'il ne suffit pas d'élaborer de bonnes lois
ou des règlements rigoureux ni de décréter leur respect,
pour que le mot d'ordre soit suivi.
83Fumuzanza, J. (2009) ; « La bonne
gouvernance en RDC : orientations et stratégies de la gouvernance »
; Communication ; Séminaire-atelier organisé par la Commission
Interministérielle d'Audit et Bonne Gouvernance (CIABG)/; 16-17 juillet
2009 ; Kinshasa
Ces mêmes analyses nous ont aussi appris que
l'allocation budgétaire d'un volume donné de ressources aux
provinces et ETD n'entraîne pas toujours leur bénéfice par
ces dernières ; tandis que lorsqu'elle est effective, cette allocation
n'aboutit pas automatiquement à l'atteinte des objectifs assignés
à la décentralisation. Ceci montre à suffisance «
qu'il ne faut rien attendre des changements naturels, mais qu'il faut tout
attendre des moyens artificiels susceptibles d'améliorer un ordre
donné de choses »85. C'est-à-dire, en fait,
que le redressement visé devrait porter sur le changement durable des
pratiques, un « changement qui doit être ordonné,
dirigé et stimulé artificiellement »86.
C'est bien à ce changement qu'invitait déjà
Vunduawe (1982) en estimant qu'il faut des hommes à l'esprit
décentralisé pour mener à bon port la réforme
lancée alors en 1982.
Dans le même ordre d'idées, Epee et Otemikongo
(1992), ont insisté sur la promotion de la culture
d'investissement dans le chef des acteurs.
Les stratégies de mobilisation des citoyens autour des
objectifs des programmes gouvernementaux mettent aussi au premier plan le
changement des mentalités.
Sous la Deuxième République, la
préoccupation du changement de comportement était bien
perceptible dans le cadre de l'esprit du Salongo à travers des
slogans tels que : « Retroussons les manches » ou «
Moto na moto abongisa » (que chaque citoyen contribue à la
construction d'une société meilleure où qu'il se
trouve).
Pendant la Transition, il avait suffit que le gouvernement
issu de la Conférence Nationale Souveraine, fasse de la lutte contre
l'impunité son cheval de bataille, pour voir les dignitaires de
l'époque retourner d'eux-mêmes les biens publics dont ils
s'étaient accaparés87.
La législature actuelle a placé son programme
d'action sous le signe de la « Tolérance Zéro »
ou de la « Fin de la récréation ».
85 Toengaho Kokundo, F. (2009); op.cit. ; P. 4
86 Ibid
87Plusieurs véhicules et autres biens de
valeur remis volontairement à l'Etat ont été
exposés à l'époque devant le Palais du Peuple. De retour
d'un séjour officiel à l'étranger, le Ministre de
l'Agriculture de l'époque avait reversé au compte du
Trésor le reliquat de ses frais de mission.
Ngoma-Binda (2007) est convaincu à ce sujet qu'il
s'agit « d'opérer une révolution profonde des
mentalités (...), un changement (...) de (l') attitude vis-à-vis
du bien commun (...) et dans (la) perception de l'action publique
»88.
C'est dans cette logique qu'il convient de circonscrire la
mise sur pied, au niveau de la Primature, de la Commission
Interministérielle d'Audit et Bonne Gouvernance, pour ne prendre que ce
cas.
Le Forum National sur la Décentralisation, pour sa
part, a eu, entre autres recommandations, à souligner la
nécessité d'entreprendre une campagne de sensibilisation des
acteurs impliqués en vue de l'appropriation par eux de la réforme
décentralisatrice. Mais, la durabilité de cette réforme se
trouve aussi subordonnée à la viabilité financière
des provinces et entités décentralisées.
|