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Contextualisation des méthodes d'enseignement apprentissage au Cameroun: cas du manuel de lecture expliquée

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par Simplice Aimé Kengni
Université de Yaoundé I - DI.P.E.S II/ DEA 2006
  

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II.2.3 Auteurs, éditeurs et public cible des manuels

Tout manuel est une forme de communication utilisée dans un système éducatif et véhiculant un message bien défini. Par ailleurs, le manuel se démarque dans ce contexte par les liens linguistiques et socioculturels que peuvent entretenir ses auteurs et ses utilisateurs. On notera par exemple dans Grammaire des collèges utilisés en France, la remarque de ses auteurs identifiant leur public : Ce livre s'adresse en général à l'ensemble de la population des CES (français) et en particulier à la classe de 6e93(*)

Le cas n'est pas le même dans nos manuels. Dans L.F.6e, on n'a aucune précision sur l'identité des auteurs, ni sur leur origine.

Le seul indice visible ici est la mention» les auteurs», portée à la base de l'avant-propos, laissant apparaître que ledit manuel a été signé par un collectif.

Comme nous l'avons signalé au II.1.1, les auteurs ne précisent ni les origines, ni la nationalité de leur public cible. Ils s'arrêtent juste à l'indication «élèves et enseignants « sans aucune autre forme de procès allant dans le sens de leur culture.

Au niveau de l'édition L.F.6e est édité en France par Edicef.

D'un autre côté, nous avons F.6e qui n'apporte pas un grand changement à ce niveau. Comme auteurs, il souligne à l'entrée du manuel la signature « par une équipe d'auteurs africains» sans spécification des différents pays, ni des origines. Le public cible reste aussi dans le même anonymat. Pour ce qui est de l'édition, ce manuel est le fruit d'une coédition étrangère comme on peut le lire en première de couverture : Groupe Hatier International, tous situés à Paris (France).

II.3 Analyse du critère n°3 Démarche pédagogique

Cette analyse porte sur la démarche pédagogique du manuel et vérifie les facilitateurs, la lisibilité linguistique, l'unicité du manuel.

II.3.1 Les facilitateurs

Il s'agit ici de l'existence pour chaque manuel d'un guide pédagogique, l'avant-propos ou avertissement, et enfin d'un mode d'emploi.

II.3.1.1 L'avant-propos

Principale porte d'entrée dans un manuel ou tout autre ouvrage, l'avant-propos donne des indications sur les objectifs des auteurs, sur le contenu et enfin sur l'exploitation pédagogique des manuels. Toutefois, ce qui nous intéresse ici c'est le troisième point (l'exploitation pédagogique), les deux premiers ayant été étudiés supra.

D'entré de jeu, il convient de souligner une fois de plus (voir II.1.1) que F.6e ne dispose pas d'avant-propos, raison pour laquelle on ne saurait faire ici une analyse de cette entrée.

Pour le cas de L.F.6e qui dispose d'un avant-propos, ce dernier est présenté en un seul bloc sans spécification visible des différents points (objectifs, contenu, démarche pédagogique) comme c'est le cas dans la plupart des manuels digne de ce nom.

Néanmoins, sa lecture nous permet d'identifier les points suivants, servant de séquence pédagogique :

- le point sur la méthode

- « testez votre compréhension»

- «pour approfondir»

- «observez, analysez»

- «exploitez, réemployez»

Ces différentes orientations sont repérables dans le manuel par la présence de certains pictogrammes qui permettent de les identifier.

La démarche pédagogique est aussi matérialisée dans un manuel par l'utilisation d'un mode d'emploi.

II.3.1.2 Le mode d'emploi

Absent dans L.F.6e, il est présenté de manière formalisée dans F.6e. Celui-ci, qui est intitulé éventail de activités de la classe de français en 6e présente de façon miniaturisée, les différentes rubriques du manuel, orientées par des flèches couleur verte indiquant la position de chaque élément dans le manuel. La configuration est consignée en annexes où on pourra lire entre autres :

- l'objectif de l'unité ; Exemple : unité 3, «je choisis la situation initiale et la situation finale » (p.56)

- des questions de compréhension ;

- des questions d'observation, etc.

II.3.1 Guide pédagogique

Outil complémentaire du livre de l'élève et du livret d'activités, c'est un bréviaire prévu pour l'enseignant. Nos deux manuels du corpus sont accompagnés chacun d'un exemplaire de ce guide.

L.F.6e, en quatrième de couverture, le considère comme un livre du professeur qui détaille le contenu du livre et du livret pour aider l'enseignant dans son travail de tous les jours.

F.6e note tout simplement qu'il s'agit d'un guide pédagogique.

II.3.2 Respect de la liberté pédagogique du professeur

Le manuel est une conception, une sorte de programme d'apprentissage proposée ; son exploitation devant se faire de manière éclectique selon les contextes d'enseignement/ apprentissage. C'est en fait la mise en évidence de la liberté pédagogique du professeur.À cet effet, M. O. AGBA et alii soulignent dans l'avant-propos de leur manuel :

L'ouvrage comporte 80 textes, parmi lesquels l'enseignant pourra choisir thème par thème, ceux qui lui semblent les plus adaptés à ses horaires et aux intérêts de sa classe. [...]

Les enseignants auront d'autre part la possibilité d'adopter, selon la longueur des textes, pour une lecture globale, ou au contraire, d'en sélectionner certains passages qui feront l'objet d'une lecture expliquée.94(*)

La réalité semble ne pas être la même dans notre corpus. L.F.6e sans souligner une quelconque possibilité de choix pour l'enseignant déclare juste que le manuel a été conçu pour accompagner les élèves et enseignants dans les multiples activités de la classe de français. De même, au niveau de ses séquences pédagogiques, il fait remarquer en avant-propos qu'il privilégie «l'approche méthodique». Plus loin (p.124-127), il présente une sorte de table de matières, construite sous forme d'un projet pédagogique qui arrête pour chaque niveau d'apprentissage les textes de lectures, les activités de grammaire, vocabulaire, orthographe, conjugaison et expression écrite, ainsi que les pages correspondantes.

F.6e s'inscrit dans la même logique. Il prétend proposer une « démarche et active «. Contrairement à ce H. Mitterand et alii soulignent dans les généralités de leur avant-propos : ce programme ne suggère aucune répartition des matières [...] et laisse les professeurs libres d'établir eux-mêmes leur plan de travail.95(*)

F.6e présente un sommaire plus ou moins rigide, s'étalant sur six séquences ayant chacune un objectif d'apprentissage. Chaque séquence étant à son tour subdivisée en quatre unités chacune renvoyant à quatre objectifs par séquence.

Bien plus, pour confirmer cette rigidité, on peut lire la remarque des auteurs consignée en quatrième de couverture : Élève et enseignant trouveront, dans ce manuel organisé en six séquences de quatre unités chacune, tout l'éventail des activités de la classe de français en 6e.96(*)

II.3.3 L'unicité du manuel

Le manuel pour l'élève est un outil pour apprendre, et pour cela, il a besoin de clarté et doit être complet dans l'ensemble pour favoriser l'acquisition d'un savoir total et correspondant au niveau de l'élève pour cela, MIALARET évoque dans son ouvrage une des circulaires selon laquelle Ils (les manuels scolaires) ne sauraient exiger le recours à des livrets imposés.97(*)

La réalité est tout autre dans L.F.6e qui est complété par un livret d'activité où est proposé la suite des exercices d'exploitation et de réemploi du livre de l'élève. Qui plus est, ses auteurs soulignent en quatrième de couverture qu'il s'agit d' un livret d'activités qui suit la même progression que le manuel de l'élève et propose des exercices complémentaires et variés dans toutes les disciplines d'études de la langue.

F.6e par contre se présente sous forme d'un manuel (livre unique) sans surplus d'un livret d'activité

II-3.4 Niveau de langue : lisibilité linguistique

C'est un élément clé pour la lecture et la composition du manuel. Il se situe dans le principe des anthropologues (notamment SAPIR et WHORF) pour qui , apprendre une langue c'est assimiler une culture. De ce fait, la réalité linguistique ainsi que les comportements des locuteurs (élèves/enseignants) dans leur environnement devraient être représentés dans les manuels pour être adaptés au contexte.

L'analyse à ce niveau consiste à vérifier ces éléments dans les manuels à partir des orientations suivantes :98(*)

- le texte a-t-il été écrit et les exemples choisis afin d'être conformes à l'environnement culturel, ethnique, politique et national de l'élève ?

- la longueur des phrases (exprimée en mots) parait-elle en moyenne trop longue pour qu'elles soient facilement comprises par les lecteurs ?

- l'auteur utilise-t-il des exemples  concrets visuels pour mieux faire comprendre des notions abstraites ?

- les mots nouveaux pour l'élève sont-ils toujours nettement définis soit par une définition, soit par le contexte de la ou des phrases qui les accompagnent ?

II.3.4.1 Textes clés conformes à l'environnement culturel, politique et national de l'élève camerounais

Les textes relevés n'appartiennent pas forcément aux écrivains camerounais. Il s'agit des textes qui ont un rapport étroit au niveau culturel (langage utilisé et réalité évoquée) avec l'élève camerounais de toute origine et de toute ethnie.

Dans L.F. 6e, il s'agit pour la plupart des articles de journaux sur :

- l'éducation :

Exemple : «j'ai quitté l'école» (P.4) extrait de Planète jeune n°15, août ,1995.

- La culture :

Exemples :

1. «Le monde Internet» extrait de Planète jeune n°29, octobre-novembre 1997 (p12). Ici, on peut souligner les mots tels que Yaoundé, réseau informatique, net, modem, serveur, surfez, souris, email, etc. qui font partie du répertoire linguistique des élèves camerounais

2. «Télé-jeune» extrait de Planète jeune Cameroun, juin-juillet 1996 d'où on peut lire ce résumé : voici déjà trois ans que» télé-jeune «, une émission de la radio-télévision camerounaise (CRTV) essaie de relever un grand défi : donner  la parole aux jeunes sur les problèmes qui les concerne... (p.32)

3. «les leaders du rap sénégalais» extrait de planète jeune n°31, février-mars 1998. (PP36-37).

On peut y relever les mots comme Black soul, hip-hop, jazz man, kora...

4. «la bande dessinée» extrait de Kouakou n°171, av.1995 (Pp116-117)

- le sport

Exemple :

1. «L'Afrique du Sud championne chez-elle » in Kouakou n°176, fév.1996

2. «Roger Milla, une star du football mondial»

F.6e de son coté évoque certains textes littéraires dont le contenu dégage quelques exemples éléments culturels pouvant être repérés dans l'environnement de l'élève camerounais, bien que la majorité des textes expriment plutôt des faits plus liés à d'autres pays (ceux de l'Afrique de l'Ouest en occurrence) que le Cameroun. On peut cependant relever des textes suivants exprimant d'une manière où d'une autre, à partir des exemples utilisés, certaines réalités politiques, culturelles camerounaises.

- «Le tribunal» (Pp.26-27) extrait de Thôgo-gnini

- «Bestiaire poétique : le hibou» (p.31) extrait de Petite goutte de chant pour créer l'homme

-« comment le chien perdit la parole» (Pp.41-42) extrait de Conte camerounais

-«Un véhicule d'un autre temps» (Pp.92-93) extrait de Le cercle des tropiques.

Les éléments décrits ici ont un rapport plus ou moins étroits avec l'environnement linguistiques (les termes utilisés) de l'enfant camerounais.

II.3.4.2 La longueur des phrases utilisées dans les différents textes et morceaux choisis.

R. FLESCH99(*) dans ses travaux sur les mesures de la lisibilité a dégagé un élément visant à calculer la longueur moyenne des phrases exprimée en mots, ainsi que le nombre de syllabes pour 100 mots. Cet élément qu'il appelle score de facilité permet de ressortir l'indice de difficulté d'un texte.

Loin de procéder ici aux différentes formules de calcul élaborées par FLESCH pour trouver les scores, nous avons opté pour la technique de relevé «manuel «tel que proposé par G. HENRY100(*) pour ressortir le nombre de mots par phrase dans la plupart des textes choisis dans différents manuels.

Ainsi, qu'il s'agisse de L.F. 6e, ou de F.6e, les textes et morceaux choisis de lecture sont de longueur relativement moyenne pour faciliter la lecture chez un élève en 6e. De ce fait, la longueur des mots par phrase ici varie entre 8 à 10 mots d'une part et de 15 à 29 mots d'autre part, conformément ici à l'âge des apprenants et au tableau de lecture de FLESH.

* 93 G. Niquet et alii, Grammaire des collèges, Paris, Hatier, 1993, Avant-propos

* 94 M.O. Agba, op.cit, avant-propos (III)

* 95 H. Mitterrand et alii, op.cit, avant-propos.

* 96 F.6e, op.cit, quatrième de couverture

* 97 Mialaret, op.cit, p.497

* 98 Ces orientations sont tirées des 216 questions pour évaluer l'élaboration d'un manuel scolaire, questions élaborées par Richaudeau, op.cit, pp/30-31

* 99 R.Flesch, How to test readability? New York, NY, Harper et Row, 19499

* 100 G. Henry, Comment mesurer la lisibilité ? Bruxelles, Labor, 1975.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon