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L'enseignement/apprentissage en langues nationales: une alternative au renforcement des compétences intellectuelles pour un développement durable

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par Aristide Adébayo ADJIBODOU
Université d'Abomey-Calavi (BENIN) - DEA en Sociolinguistique 2006
  

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1.3.3. Aménagement linguistique au Bénin.

L'aménagement linguistique est « l'ensemble des opérations qui permettent la réalisation
concrète des objectifs définis par la politique et programmés par la planification »20 Il est

18 Abdulaziz (1992), cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 68-69

19 Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 83.

20 Chaudenson (1991) cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 87.

« compris comme la mise en place de stratégies concertées visant la normalisation et la modernisation des langues nationales et leur adaptation aux attentes et aux pratiques sociales contemporaines »21

Selon Hazoumé (1992), « l'aménagement est d'ordre essentiellement pratique et concret. Il est l'aboutissement de deux éléments importants qui balisent la question linguistique : la politique et la planification ».

L'aménagement aborde les problèmes de normalisation, d'harmonisation et d'enrichissement des langues en se basant entre autre sur les domaines que sont la lexicographie, la lexicologie, la terminologie, la grammaire, etc. Il y a donc lieu de formuler et de financer des programmes de recherche de grande envergure devant prendre en compte :

- la description des langues ;

- la mise au point des alphabets ;

- l'élaboration de lexiques spécialisés.

Au Bénin, ces genres de travaux existent déjà ; ils devront être poursuivis et enrichir étant donné que les langues sont dans une dynamique progressiste ; elles se développent, s'enrichissent, évoluent et peuvent même mourir.

1.4. Analyse de la gestion des langues nationales au Bénin.

La Constitution du 11 décembre a consacré le français langue officielle, langue de l'administration, langue d'intercommunication. Elle a simplement laissé la liberté aux communautés composant la Nation béninoise d'utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture tout en respectant celle des autres. La seule recommandation explicite c'est que l'Etat devra promouvoir le développement des langues nationales d'inter- communication.

Contrairement à ce qu'on peut être tenté de croire, le français, comme l'anglais ou le portugais ailleurs, ne sont pas imposés aux Africains par les colons. Ces langues sont des héritages appropriés et entretenus par les dirigeants africains eux-mêmes.

« La "francophonie", pour sa partie africaine, apparaît [plus] comme la gestion africaine de l'héritage colonial plutôt que comme l'imposition par l'ancienne puissance coloniale de sa langue... »22

21 CILDA (1992), cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 87.

22 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

« La période des indépendances loin de gêner la pénétration du français en Afrique l'a, paradoxalement, renforcée. Juridiquement, le français devenait langue officielle et, dans la plupart des pays francophones, langue d'enseignement »23

« Le fait que le français soit reconnu comme langue officielle d'un Etat ne signifie pas pour autant que sa population soit vraiment et pleinement francophones, (...), les statistiques sur la démographie des francophones souffrent nombre de démentis dès qu'on aborde l'étude à partir de critères socio et géolinguistiques »24

En Afrique, en général le taux de communication réel en français ou en anglais tend à se restreindre aux groupes de la population qui ont accès aux fonctions sociales supérieures assurées par la langue officielle (enseignement, administration, relations publiques et internationales).

Mais l'histoire a carrément fait du français, non seulement la langue officielle du Bénin mais la langue inter ethnique. En effet, il se comporte comme tel car reste et demeure l'unique moyen de communication utilisé par des hommes et des femmes de régions ethniques différentes lorsque, aucune langue véhiculaire ne les unit. D'aucuns soutiennent que de par sa fonction dans la société, le français est unificateur ; en réalité il n'est réservé qu'à une infirme partie de la population (moins de 20%), et pour ce faire, il crée une ségrégation non pas raciale heureusement mais sociale : une classe de privilégiés d'une part et une autre de défavorisés de l'autre.

La responsabilité des hommes politiques africains dans la situation actuelle est donc très grande. Il faudra sincèrement sortir des grands discours, des déclarations d'intention sur la défense, la promotion et l'utilisation des langues nationales et des cultures africaines. « Ici comme ailleurs la `magie du verbe' est de peu d'utilité, les grands discours ne servent qu'à masquer la volonté de ne rien changer, et il ne saurait y avoir de relations saines et harmonieuses entre le français et les langues africaines sans que chacune des parties prenantes ne se donne les moyens d'une approche scientifique du problème. Alors (...) on pourra loin de toute démagogie poser sainement et sereinement les problèmes »25

Au Bénin, comme nous l'avons montré plus haut, beaucoup de dispositions politiques,
administratives et juridiques ont été prises pour l'utilisation judicieuse des langues
nationales et leur promotion. Tout est en effet mis en place pour que les langues

23 ALBERIC, Gérard, & HAÏTSE, Véronique, 1992, "Le français et le plurilinguisme en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 6.

24 LATIN, Danièle, 1992, "Langues en présence. Multilinguisme et francophonie", in Diagonales n° 21, p. 30.

25 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

nationales soient utilisées :

- dans le système éducatif formel,

- dans l'administration,

- dans les institutions de l'Etat Bénin

- dans les échanges commerciaux

- etc.

Seulement ces mesures administratives prises en matière de langues nationales n'ont pas un caractère contraignant et n'obligent pas réellement au développement et la promotion des langues nationales.

En stipulant que « l'alphabétisation et l'éducation des adultes au Bénin sont un facteur important de démocratisation et un moyen irremplaçable pour l'exercice complet du droit de chaque citoyen à l'éducation et au développement »26, la Charte Culturelle n'a fait qu'un constat et une déclaration scientifique ; cela n'est pas assorti de mesures concrètes et pratiques.

Selon Henri Hessou, 1992, « pour jouir pleinement de ce droit, chaque Béninois ou chaque Béninoise doit maîtriser d'abord la lecture, l'écriture et le calcul élémentaire en sa langue maternelle et dans la langue de travail reconnue par la constitution béninoise du 11 décembre 1992 »27.

Des décisions importantes sont prises. Il reste à les opérationnaliser sur les plans juridiques, administratifs et techniques afin que le discours laisse la place à la concrétisation des pensées.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius