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Analyse des performances productives des exploitations familiales agricoles de la localité de Zoetelé

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par Gilles Quentin KANE
Yaoundé II-Cameroun - DEA 2010
  

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A. L'effet des variables liées au capital humain

La théorie du capital humain suggère que l'éducation est un investissement qui accroît la productivité. Cependant, dans la littérature économique, en ce qui concerne l'agriculture africaine, il n'existe pas de consensus sur le rôle de l'éducation dans l'efficacité technique.

Les résultats de l'estimation économétrique (Tableau 8.4) montrent que les variables liées au capital humain dans l'échantillon (Niveau d'étude et Formation en agriculture) n'expliquent pas l'efficacité technique des EFA de façon significative.

En ce qui concerne l'éducation, la principale raison qui explique le résultat obtenu est que l'éducation formelle au Cameroun n'intègre pas de connaissances sur les pratiques et les techniques agricoles. Ainsi, le capital humain produit par l'école est peu utile à l'agriculture. Ce résultat est partagé dans le cas de l'agriculture Kenyane par Hopcraft (1974) et Moock (1981) en utilisant des données micro-économiques. En effet, selon ces auteurs, l'éducation formelle (la scolarisation) n'a pas d'effet significatif sur l'efficacité technique.

A la suite de ces auteurs, Gurgand (1993 ; 1997) observe pour le cas de la Côte-d'Ivoire, que l'éducation n'agit pas positivement sur l'efficacité technique de la production agricole. En outre, les données recueillies en Afrique sont souvent moins fiables que celles qui proviennent d'Asie par exemple. Malgré tout, l'hypothèse, largement admise, est qu'il existe un effet de

qualification en agriculture ne pouvant être légitimement généralisée à l'Afrique subsaharienne.

Toutefois, le signe positif des paramètres qui expliquent l'inefficacité signifie que ces paramètres ont un effet négatif sur l'efficacité. On constate donc que le coefficient du niveau d'éducation est positif. Ce qui signifie que les chefs d'exploitation, ayant le niveau primaire, sont moins efficaces que ceux ayant les niveaux secondaire et supérieur.

La formation en agriculture ne contribue pas à l'explication de l'efficacité technique dans l'échantillon totale. En effet, ce résultat contre-intuitif s'explique par diverses raisons. La nature des formations en agriculture et la durée de celles-ci permettent de comprendre cette situation. Mais aussi, la faible représentation des chefs d'EFA ayant reçu une formation en agriculture dans l'échantillon (moins de 25%). Ainsi, un échantillon plus représentatif à la fois des chefs d'EFA ayant reçu une formation en agriculture et ceux n'ayant reçu aucune formation pourrait donc conduire à des résultats contradictoires.

Les formations en agriculture au sud Cameroun s'organisent généralement sous forme de séminaires aux exploitants. Ces séminaires portent principalement sur les cultures de rente (cacao, café, palmier à huile...) et lorsqu'ils s'intéressent aux cultures vivrières, leur durée est généralement très limitée (moins d'une semaine), ce qui ne facilite pas l'assimilation des connaissances par les exploitants. Par ailleurs, ces séminaires sont parfois trop théoriques et ne s'accompagnent pas d'exemples pratiques faute de moyens et de temps.

Néanmoins, le signe négatif du coefficient associé à la variable Formation, signifie que la formation en agriculture a un effet positif sur l'efficacité mais de façon non significative.

Remarque : Le logiciel utilisé pour estimer le modèle TOBIT censuré ici est Stata 9.1. Le
modèle d'estimation des indices d'efficacité est globalement significatif au seuil de 1%,
car Prob > chi2 < 0,01. Par ailleurs, La régression du tableau 4.8 est largement significative

puisque la statistique obtenue pour le rapport de vraisemblance est très supérieure à la valeur du khi-deux théorique (car 26.79 est supérieur à 16,8).

Tableau 4.8 : Les déterminants de l'efficacité technique totale des EFA

Variables

Coefficients

P>|t|

Age de l'exploitant

-.00539273** (-2.56)

0.013

Niveau d'étude

.01629497 (0.31)

0.758

Formation en agriculture

-.03812419 (-0.61)

0.543

Superficie de l'EFA

.13019005** (2.22)

0.031

Organisation paysanne

-.11444569** (-2.03)

0.047

Destination de la production

.21229597 *** (4.05)

0.000

Constante

.6320591 *** (5.73)

0.000

Sigma

.20117245***

 

Nombre d'observations : 62 Nombre d'observations censurées à gauche : 3

Nombre d'observations censurées à droite : 0 Nombre d'observations non censurées : 59

LR Chi2(6) : 26.79 Prob > chi2 = 0.0002

Note : Variable dépendante : Niveau d'inefficacité des EFA

*** (**) {*} significatif à 1%; 5% et 10%. Les valeurs entre parenthèse sont les tests de student. Source : Auteur à partir des données d'enquête, 2010

B. Les autres facteurs qui expliquent l'efficacité technique

Les variables qui expliquent l'efficacité technique des EFA dans l'échantillon sont : l'âge du chef de l'EFA, la superficie cultivée, l'appartenance à une organisation paysanne et la destination de la production.

Le signe négatif du coefficient affecté à l'âge de l'exploitant traduit le fait que cette variable affecte positivement l'efficacité technique des exploitations familiales agricoles de l'échantillon. Ainsi, les chefs d'exploitations les plus âgés sont plus efficaces que les jeunes. Ce résultat s'explique par l'expérience des plus âgés. En effet, l'expérience moyenne dans la pratique de l'agriculture de l'échantillon est de 20 ans. Ce système de culture à base d'arachide et de maïs de la localité de Zoetelé au sud Cameroun se pratique donc par les exploitants pour certains durant toute leur vie.

Ce résultat est en contradiction avec le constat de Coelli et Fleming (2004) pour qui, les
exploitants plus jeunes sont plus efficaces que les plus âgés. Pour ces auteurs, les plus jeunes

sont plus disposés à accepter les nouvelles technologies et la vulgarisation. Par ailleurs, l'analyse des effets marginaux montre que toutes choses égales par ailleurs, une variation d'une année d'âge, entrainerait une variation de la probabilité d'être inefficace de 0,54%.

Les résultats suggèrent également, en désaccord avec l'intuition que, les plus petites exploitations sont les plus efficaces toutes choses égales par ailleurs. En effet, en ce qui concerne l'échantillon, nous avons démontré en analysant l'efficacité d'échelle, l'existence d'un grand gaspillage due à l'utilisation excessive des terres. Ainsi, les exploitants ne sont pas en mesure d'utiliser efficacement leurs ressources lorsque la superficie cultivée est grande. Ceci peut s'expliquer par le genre des chefs d'EFA qui est majoritairement de sexe féminin et donc ne disposent pas d'une force de travail nécessaire pour une production efficace. Les quasi-élasticités obtenues indiquent que, une variation d'une unité de la superficie, entrainerait une variation de la probabilité d'être inefficace de 13,02%. La relation négative entre la taille de l'exploitation et l'efficacité technique à également été mise en évidence par Chirwa (1998) dans le cas du Malawi. En revanche, d'autres études démontrent l'influence positive de la taille de l'exploitation sur l'efficacité technique (Thiam et al., 2001 ; Nyemeck et al., 2004 ; Latruffe, 2005).

L'appartenance à une organisation paysanne affecte positivement l'efficacité technique. Au Cameroun, depuis la crise des années 80, l'Etat encourage les agriculteurs à s'organiser. C'est d'ailleurs le seul moyen pour les agriculteurs de bénéficier de l'encadrement, des subventions et des conseils de l'Etat (programme ACEFA qui remplace progressivement le PNVRA) et des ONG. Ce constat confirme les résultats de la littérature selon lesquelles le capital social dont l'appartenance à une organisation paysanne est une composante, a un impact positif sur l'efficacité technique (Nuama, 2006 ; Audibert, 1997). En effet, l'organisation communautaire permet de résoudre les problèmes de main d'oeuvre et d'accès au crédit qui sont des facteurs qui améliorent l'efficacité technique des exploitants (Helfand et Levine, 2004). Les gains d'efficacités techniques liées à l'appartenance à une organisation paysanne sont de 11,44%.

Il ressort également de l'analyse des déterminants de l'efficacité technique que les EFA dont la destination de la production est l'autoconsommation sont moins efficaces que celles qui en plus de l'autoconsommation, vendent leur production. La contrainte de vente impose aux exploitants d'être plus efficaces et de mieux gérer leurs ressources. Ainsi, les gains

d'efficacité des EFA dont la destination de la production est l'autoconsommation et la vente

s'élèvent à 21,23%.

Tableau 4.9 : Résultat du calcul des effets marginaux

 
 
 

Variables

dy/dx

X

Age de l'exploitant

-.0053927

45.7903

Niveau d'étude

.016295

.451613

Formation en agriculture

-.0381242

.258065

Superficie de l'EFA

.13019

.720161

Organisation paysanne

-.1144457

.370968

Destination de la production

.212296

.548387

Source : Auteur à partir des données d'enquête, 2010

 

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard