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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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2) LA FORMATION ET L'ENTRAINEMENT DES HOMMES

L'efficacité et la pérennité d'un système de défense passe par la formation et l'entraînement de son « système d'homme ». Cette hypothèse d'ordre générale se vérifie davantage dans le cas d'une jeune Armée, dont la valeur et le rayonnement dépendent essentiellement de la discipline et de l'efficacité. L'organisation doit être adaptée aux réalités, les objectifs doivent être clairement définis, la volonté des autorités politiques et militaires clairement démontrée, de même que la préservation du moral des hommes et le culte de la compétence technique. Cet enseignement est traduit en réalité au Cameroun à travers la création des différentes écoles militaires avec la dernière née qui est l'école de formation des Sousofficiers et dont les résultats du premier concours restent attendus. Ces écoles ont été regroupées dès Juillet 1976, au sein du Commandement des Ecoles et Centres d'Instructions (COMECI), devenu depuis les réformes de 2001 le Commandement des Ecoles et Centres d'Instructions Interarmées (COMECIIA) placé sous l'autorité d'un officier, nommé par décret du Président de la République. Le COMECIIA relevant de l'autorité directe du Chef d'Etat-Major des Armées, il assure :

- La formation initiale et la formation continue du personnel militaire ; - La spécialisation et le perfectionnement des officiers ;

- L'enseignement militaire supérieur préparatoire, du premier et deuxième degré (article 24 du décret n°2001/178 du 25 Juillet portant organisation générale de la défense et des Etats-Majors Centraux).

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a) LA FORMATION

Le COMECIIA chargé de la formation comprend :

- Le secrétariat du commandement des écoles ;

- Le bureau de la traduction ;

- L'Etat-Major ;

- L'école de la logistique ;

- Les centres d'instruction des recrues ;

- Le centre d'instruction des élèves Sous-Officiers ;

- L'école Militaire Interarmées.

Le COMECIIA dispose, pour mener à bien ses missions de plusieurs écoles et centres d'instructions à savoir :

· Le Centre d'Instruction des Forces Armées Nationales de Ngaoundéré (CIFAN) pour la formation de base des soldats en milieu sahélien ;

· Le Centre de Perfectionnement et d'Entraînement des Forces Armées de Ngaoundal (CPEFAN) ;

· Le Centre d'Instruction Spécial des Armées de Yaoundé (CISA) pour les spécialités non combattantes (électricité, maçonnerie, plomberie, soudure, infirmerie, cuisine, etc.) ;

· Le Centre de Recyclage des Forces Armées de Koutaba pour l'entraînement des parachutistes ;

· Le Centre de Formation Technique des Armées de Yaoundé (CFTA) pour les spécialités combattantes ;

· Le Centre d'Instruction des Forces Armées de Djoum pour la formation de base des soldats en milieu équatorial ;

· La Compagnie d'Instruction des Transmissions ;

· L'Ecole Militaire Interarmes (EMIA) pour la formation des officiers ;

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· L'Ecole des Sous-Officiers d'Active de Sangmelima (ENSOA) ;

· L'Ecole de Gendarmerie d'Awae formant les gendarmes d'intervention et de protection de la sous-région ;

· L'Ecole de Pilotage de Garoua formant les cadres africains de l'Armée de l'Air ;

· Le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) formant les Officiers Supérieurs.

La formation des militaires camerounais se déroule sur plusieurs phases. Une formation commune de base à tous les soldats et celle plus spécifique des différentes spécialités techniques des différentes Armées. La formation des officiers se fait à l'Ecole Militaire Interarmées, à l'Ecole d'Etat-Major et au Cours Supérieur Interarmées de Défense.

Pour la formation commune de base, elle est assurée dès le mois de novembre 1959, année de mise en place des premiers éléments d'infanterie de l'Armée camerounais par un Centre d'Instruction sis à Koutaba, implanté aujourd'hui à Ngaoundéré. Il s'agit d'une filière unique qui doit assurer l'homogénéité et l'uniformité de la formation de base en même temps que consolider un esprit de corps au sein de la troupe, par l'appartenance aux mêmes classes d'incorporation et d'instruction.

La durée de la formation des recrues est d'environ neuf mois. Cette période est celle ou les jeunes soldats doivent s'aguerrir, entretenir et affermir leurs qualités. Une formation militaire efficace exige avant tout des hommes possédant, au plus haut niveau, les qualités morales et intellectuelles correspondant aux nobles vertus militaires : le sens de la discipline, le courage d'entreprendre, la volonté hardie de vaincre, le sens des responsabilités, l'obéissance et l'abnégation pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême (Ela Ela 2000 : 211).

Dans la communauté nationale, le militaire est un citoyen à part entière. A ce titre, il est, en tant qu'agent de l'Etat, un rouage indispensable au fonctionnement du grand service public qu'est l'institution militaire. Il

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convient, dès lors, de lui donner la formation civique qui s'impose, afin de lui fournir des informations qui lui seront nécessaires pour participer activement et spontanément à l'oeuvre commune de construction nationale. Ce n'est qu'après avoir reçu cette instruction solide de base que les recrues rejoignent leurs unités pour s'imprégner de leurs missions spécifiques.

Pour la formation des sous-officiers, sera crée en 1961 une école des gradés de Buéa chargée de former les caporaux et caporaux-chefs. Elle sera tranférée le 1er janvier 1965 à Ngaoundal pour devenir le Centre de Perfectionnement et d'entraînement des Forces Armées Nationales (CPEFAN) chargé :

- Du recyclage et du perfectionnement des unités élémentaires sur le plan tactique et sportif ;

- De la formation des gradés au service général ;

- De la formation des sous-officiers au service général jusqu'au Brevet d'Armes de second degré (BA2) ;

- Du « dégraissage » des élèves officiers avant leur intégration à l'EMIA.

Tandis que le CPEFAN organise les Certificats d'Aptitudes de premier, second et troisième degrés (CAT1, CAT2, CAT3) et, les Brevets d'Armes de premier et second degré (BA1, BA2) du service général et, notamment des fantassins, le CISA, le CIT et le CFTA organisent les CAT et les Brevets de spécialités de premier et second degré (BS1, BS2) dans les spécialités spécifiques de chaque arme (transmissions, blindés, artillerie, etc.) et autres activités non combattantes : comptables deniers et matières, mécaniciens auto-engins blindés, informatique, etc.

La création de l'ENSOA va permettre d'ouvrir la « maison mère des sous-officiers » à l'instar de l'école des sous-officiers de Saint-Maixent en France. La mise sur pied progressive de cette école est d'une grande importance dans la mesure où, ce sont les sous-officiers qui forment la « cheville ouvrière » des Forces Armées camerounaises. Il faut néanmoins

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noter que la formation de certains sous-officiers camerounais dans les spécialités très techniques est effectuée à l'étranger et particulièrement dans les écoles françaises (Transmissions, Génie militaire, Musique etc.) (Ela Ela 2000 : 212).

La formation des officiers enfin est assurée par l'EMIA. Créée en 1959 et inaugurée le 18 Janvier 1961 sous l'appellation d'Ecole Militaire Interarmées du Cameroun (EMIAC), l'histoire de l'école interarmées est intimement liée à l'histoire militaire du Cameroun. Sa mission est de mettre à la disposition de la Nation, les officiers qu'exige son service. Elle a pour coeur de métier, « la formation au commandement ».

Ecole de discipline, d'énergie et de caractère, l'EMIA forge des officiers, c'est-à-dire des cadres de haut niveau chargés de former, d'encadrer et capables de commander et de conduire leurs unités au combat, quelque soit sa nature. Grande école du commandement, elle met en oeuvre une formation de haut niveau dans tous les domaines, académique, militaire et humain.

L'enseignement dispensé à l'EMIA, finalisé sur le métier de chef militaire couvre la période de recrutement au premier poste en unité, généralement comme chef de section de combat. Elle dure trois ans. Après une année probatoire dans les centres d'instruction à l'extérieur de Yaoundé notamment à Ngaoundéré, Djoum, Ngaoundal et Koutaba ou les élèves officiers reçoivent une instruction physique et morale, tactique et technique jusqu'au niveau de chef de groupe, la formation du chef de section de combat débute à l'EMIA, couvrant une durée de deux années.

Cette année probatoire permet aux futurs officiers d'acquérir tous les réflexes et techniques militaires de base et de s'endurcir physiquement en acquérant rusticité, résistance et endurance. Elle sert aussi de constat initial et permet la découverte concrète des conditions de vie de base, c'est-à-dire celle du soldat. Cette formation est complétée par l'acquisition du Brevet

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de parachutiste et du permis de conduire pour véhicule léger et pour poids lourd.

Ainsi formée et conditionnée, l'Elève Officier d'Active (EOA) sera amené, à l'EMIA, à acquérir la technique et la pratique nécessaire au commandement d'une section d'infanterie. Il y découvrira aussi les grandeurs et les servitudes du métier, l'éthique de l'officier et du militaire tout court : force morale, discipline, esprit de sacrifice, disponibilité et désintéressement au service de la nation.

L'enseignement dispensé aux élèves officiers, mis en oeuvre par un corps professoral de haut niveau, vise à leur donner les connaissances nécessaires à l'exercice de leur métier et une ouverture sur le monde, avec le souci constant de maintenir l'équilibre entre la pensée et l'action. Cet enseignement porte essentiellement sur l'environnement dans lequel s'exerceront leurs actions futures, mais aussi, sur les règles du métier militaire. Il leur apporte un bagage de base et ébauche une spécialisation ultérieure.

L'instruction militaire de base très solide et pratique, s'appuie sur les qualités morales et intellectuelles indispensables aux jeunes officiers appelés à être des véritables éducateurs et entraîneurs d'hommes, capable de maîtriser les techniques de leurs armes. Les élèves officiers reçoivent leurs galons d'Aspirant au sommet des 4090 mètres du Mont Cameroun, et leurs galons de sous-lieutenant ou de lieutenant à la sortie de l'école. Cette cérémonie de sortie, présidée par le Chef de l'Etat, est l'occasion, pour lui, de délivrer un message aux Forces Armées camerounaises dans lequel des précisions et éléments d'inflexion de la politique de défense peuvent être formulés.

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Figure N°8: Le Chef de l'Etat, Chef suprême des Armées décorant les majors des promotions « Paix et Modernité » et « Armée et Nation » de l'EMIA à leur sortie.

Sources : Le Magazine des Forces de Défense camerounaise Honneur et Fidélité, Numéro spéciale 20 mai 2010, Page 50.

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Figure N° 9 : Les élèves officiers de l'EMIA au défilé du 20 mai 2009

Sources : Magazine des Forces de Défense camerounaise Honneur et Fidélité, Numéro spéciale 20 mai 2009, Page 43.

La formation de base terminée, les jeunes sous-lieutenants et lieutenants sont ensuite affectés dans les Armées et formations de leur choix ou ils effectuent en quelques sorte leur application. Certains sont envoyés dans les écoles d'application à l'étranger (France, Maroc, Etats-Unis, Sénégal, etc.). Quelques années plutard, ces officiers se retrouvent à

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nouveau sur les bancs de l'EMIA pour suivre, pendant six mois, le stage de commandements d'unité sous la direction du bureau perfectionnement. Ils y apprennent la pédagogie et les techniques de commandement d'une unité élémentaire tant au plan administratif que tactique. Le bureau perfectionnement est également responsable du recyclage de tous les officiers qui préparent l'accès à l'enseignement supérieur.

Après leur temps de commandement, les capitaines sont sélectionnés sur dossier pour participer au cours de Certificat d'Etat-Major (CEM), formation qui leur donnera accès aux états-majors de Bataillon ou Région militaires. Pendant six mois, le bureau enseignement supérieur forme les officiers stagiaires au commandement d'un bataillon renforcé, par des exercices tactiques en salle et sur le terrain. Ces exercices tactiques sont complétés par un enseignement qui vise à approfondir et élargir la culture générale des officiers stagiaires, à leur faire acquérir une méthode de travail tout en améliorant leurs connaissances militaires générales. Ils étudient ainsi le développement économique et social de leur pays par le biais des conférences, couronnées en fin de cycle, par un voyage d'étude.

Enfin, les officiers et capitaines anciens peuvent se présenter au concours d'entrée au cours de Diplôme d'Etat Major (DEM), après avoir suivi des cours par correspondance pendant six mois. Ce cours de Diplôme d'Etat-Major a pour but, non seulement de consolider les connaissances acquises aux cours précédents, mais aussi et surtout, d'élever le niveau de compréhension pour une meilleure approche synthétique des problèmes intéressant la défense et les Forces Armées camerounaises. Des travaux de réflexions, des commissions d'études, des conférences débats aident à atteindre ce but. Un voyage d'étude à l'étranger permet aux officiers stagiaires de s'ouvrir au monde extérieur et d'enrichir leur personnalité. Le monde étant caractérisé par un changement accéléré des techniques et des mentalités, ou l'évolution des hommes et le poids des réalités deviennent, chaque jour, plus exigeants, les Forces Armées camerounaises envoient des

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stagiaires de tout grade dans différentes écoles étrangères (France, Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Chine, Maroc, Grande Bretagne, Grèce, etc.).

Après le DEM, les officiers camerounais peuvent accéder à l'enseignement militaire supérieur de second degré : le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID). La création du CSID en 2005 répond au souci du Chef de l'Etat, Chef des Forces de Défense de parfaire la réforme de 2001, en disposant de tous les échelons de formation du personnel militaire sur place au Cameroun. En acquérant cette dernière capacité, les Forces de Défense camerounaises disposent à présent de tout le spectre de formation des officiers, de la formation initiale des élèves officiers, à celle des futurs hauts responsables de la Défense Nationale (EMIA, EEM et CSID). Aujourd'hui, le Cameroun peut être considéré comme un pionnier africain dans le domaine de la formation des officiers (NGambou 2007 : 28).

La formation dispensée pendant une année au CSID a pour objectifs de rendre les officiers aptes à :

- Participer à la conception, à la planification et à la conduite des opérations en particulier interarmées dans un cadre national, multinational ou interallié ;

- Exercer des responsabilités au sein des Etats-Majors et de l'administration centrale ;

- Exercer des responsabilités au sein d'organismes nationaux ou

internationaux ou le ministère de la défense est représenté ;

- Exercer à plus long terme des commandements ou des fonctions de

direction.

Pour atteindre ces objectifs, le CSID vise à :

- Développer l'esprit et la compétence interarmées des officiers stagiaires en mettant en commun et en valorisant le professionnalisme et l'expérience de chacun d'entre eux ;

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- Promouvoir chez ces officiers l'ouverture et la vision prospective sur le monde, la réflexion stratégique et tactique, le souci de l'interopérabilité interarmées et interallié, dans la perspective d'une défense sous régionale et même continentale.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon