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La gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la commune de Navaka en République Centrafricaine

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par Alain Guy Ghislain GOTHARD
ESD Bangui -  2012
  

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CHAPITRE I : CONTEXTE REGIONAL

Ce chapitre comprend deux sections. La première concerne les dimensions institutionnelle et organisationnelle du monde rural ; la deuxième prend en compte le contexte de l'utilisation de l'espace agropastoral.

Section I : Dimensions institutionnelle et organisationnelle I.1. Structuration traditionnelle

Les deux communautés à savoir les agriculteurs et les éleveurs se distinguent aussi bien par leurs origines que par leurs activités, leur religion et leur organisation traditionnelle.

I.1.1. L'organisation sociale des populations agricoles

Les populations d'agriculteurs ont été organisées en collectivités villageoises regroupées le long des routes par l'administration. L'organisation des villages actuels diffère énormément de celle du passé. Avant la colonisation jusque dans les années 1930, la famille restreinte était le lieu de décentralisation du pouvoir du conseil des aînés qui dirigeait le village. Le chef de famille était le responsable devant la société pour d'éventuels mauvais comportements des membres de sa famille. La famille se définissait donc par le respect de l'ordre social, donc le respect de toutes les lois en vigueur au niveau du clan.

A la tête du village se trouvait un chef, créateur du village ou choisi dans la génération la plus ancienne. De par son prestige dû à l'expérience accumulée, il représentait l'ancêtre fondateur. Le chef portait et porte encore le nom Makoundji1. A ses côtés, il y avait un conseil de sages auquel incombait la charge de régler les affaires concernant la communauté : palabres au sujet des plantations, adultères, vols, etc. Il s'occupait également de celles concernant les relations de bon voisinage, comme l'empiétement sur certains droits de cueillette et de chasse. Le conseil de sages était donc le sommet de la structure sociopolitique du village, même si les fondements de son unité et de sa cohésion reposaient plutôt sur les

1

Le terme de « Makoundji » désigne le responsable de la terre en langue banda

sociétés d'initiation traditionnelles. De ce fait, il permettait de garantir la stabilité et la reproduction tant sociale qu'environnementale.

La colonisation, l'avènement de l'Etat moderne, et les nouveaux contacts avec le monde extérieur, sont venus déstabiliser cette organisation traditionnelle et la cohésion sociale.

I.1.2. L'organisation sociale traditionnelle des Mbororo

Comme la plupart des Peuhls, les éleveurs Peuhls Mbororo se répartissent en différents lignages. Au sommet de ces lignages président des chefs sans pouvoir coercitif, dont l'autorité repose sur l'adhésion volontaire des autres Peuhls. Les lignages n'ont pas d'ancrage territorial2. Leurs membres s'éparpillent à travers de vastes zones du pays, et sont parfois très éloignés du chef dont ils relèvent3.

La fonction des chefs des lignages, traditionnellement appelé "ardo en "4, est de représenter le groupe vis-à-vis de l'extérieur. Cependant une fois installée, provisoirement ou non, l'ancien leader de migration conserve son titre, et le transmet à ses successeurs. Ceux-ci sont le plus souvent les aînés de ses descendants mâles en ligne directe. Toutefois, les qualités personnelles des prétendants (en général les fils, éventuellement les frères et parfois des prétendants extérieurs à la famille proche) sont examinées par les anciens du lignage. Ainsi, le fils aîné ne succède pas obligatoirement à son père. Discernement et sagesse sont les principales qualités requises, et un prétendant peut être évincé pour cause d'inconséquence intellectuelle ou inconduite morale.

2 Lemasson (1990)

3

Tel est par exemple le cas des Djafun, dont on retrouve les parents dans le Nord-Ouest (Bouar, Boca-ranga), au Centre-Ouest

(Bossembélé-Yaloké), au Centre-Est (Bambari) et même dans les régions fo-restières du Sud-Ouest (Nola).

4 Boutrais 1979 : Le terme désignait à l'origine les leaders de migration, ardo voulant littéralement dire "celui qui marche devant"4.

Entre les « ardo en », il n'y a pas de véritables rapports hiérarchiques, mais des différences de prestige et de protocole existent, dues d'une part à leur personnalité, et d'autre part à l'ancienneté de la « chefferie » et au nombre de gens qui la composent. En effet, un chef prestigieux peut être globalement plus influent auprès de la population, mais le chef d'un groupe restreint dont les dépendants sont proches dans l'espace et la quotidienneté, peut être plus concrètement et plus rapidement efficace.

Les conflits ou les dégradations graves relèvent bien entendu des instances nationales de la police ou de la gendarmerie. Mais les dissensions mineures (mais la limite entre ces catégories n'est pas précise) sont résolues à l'intérieur du lignage. L'ardo ne rend pas la justice seule. Il est toujours entouré de conseillers. Ceux-ci sont choisis en fonction de la confiance qu'il leur accorde, et de la sagesse qu'il leur prête. Les conseillers s'appellent "alkaali" (alkaalijo, au singulier), mot dérivé de l'Arabe qui désignerait un jugement islamique5. Un ardo peut être déchu et remplacé sous le poids de la pression sociale.

Actuellement, le monde des éleveurs comme celui des agriculteurs est en crise du fait de l'intervention régulière de l'administration dans le fonctionnement des institutions traditionnelles. Dans certains cas l'administration a nommé des ardo'en sans concertation avec les populations concernées.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld