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"patrimoine et musées; opportunités politiques, culturelles, économiques et touristiques au service des villes? Metz et l'arrivée du Centre Pompidou".

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par Mathilde Jannot
Paris Diderot-Paris 7 - Master 2 politiques culturelles 2011
  

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II. Instrumentaliser la culture ?

A. Un consensus politique

Il semble qu'un choix émanant d'une logique des idées de la part des élus, qui répondent à leurs propres exigences, où la culture est envisagée comme une fin en soi pour la ville, puisse être contestable dans la mesure où ce choix peut s'apparenter à une instrumentalisation de la culture.

Si l'on en croit Alain Faure98,

« Chaque collectivité souhaite, (...), acquérir sur le plan culturel des lettres de noblesse (rayonnement artistique, renommée sportive, patrimoine architectural) afin de promouvoir conjointement les atouts de l'identité géographique et les impératifs de la vitalité socio-économique. ».

Nous l'avons vu précédemment, l'arrivée du Centre Pompidou à Metz marque la volonté et la détermination d'un seul homme, celle de Jean-Marie Rausch. Même si la proposition, appuyée par Mme Claude Pompidou, venait au départ de Jean-Jacques Aillagon. Ce qu'a d'ailleurs reconnu le président de la République dans son discours inaugural :

« Je veux, car je crois que c'est juste, rendre hommage à M. Aillagon et à M.

Rausch qui ont porté cette idée. Vous savez, on ne s'abaisse jamais en rendant

à César ce qui est à César. » 99

On peut toujours reprocher à un élu ses intentions électoralistes. Dès lors, on peut le taxer d'opportunisme, avec une acception négative, au sens de profiteur voire d'arriviste. Cela peut en tout cas apparaître comme tel aux yeux d'un néophyte.

Cependant, lors de notre entretien, à aucun moment, nous n'avons perçu de volonté de
masquer les réalités, il y avait toujours un fond d'honnêteté dans le discours. Jean-Marie

98Cf. A. Faure, « Les élus locaux à l'épreuve de la décentralisation », Revue française de science politique, 44 (3), 1994, pp.462-479.

99 Discours inaugural du Centre Pompidou-Metz, allocution du Président de la République en date du mardi 11 mai 2010.

Rausch reconnaît qu'il n'est pas un homme de culture, qu'il a fait le choix du Centre Pompidou-Metz pour la ville et dans une action de continuité, une sorte de suite logique à tous les éléments qu'il a mis en place dans sa ville dès son premier mandat. Il ne nie pas qu'il ait souhaité briguer un mandat en 2008 et reconnaît qu'il s'est fait battre. Le maire actuel, Dominique Gros, dans l'opposition au moment du choix d'implantation de Pompidou à Metz, a concédé que : " Jean-Marie Rausch a osé porter ce projet que d'autres auraient cru fou. »100. Jean-Marie Rausch confesse que même ses successeurs politiques reconnaissent que

" C'est un instrument de promotion extraordinaire de Metz. Qui plus est, les journaux du monde entier en ont parlé. C'est donc que la mayonnaise a prise. »101

Anne Picq, dans Beaux Arts Magazine102 relate que Jean-Luc Bohl103 , se souvient de l'accueil unanime réservé à " une opportunité unique à ne pas rater. (...) En tant qu'élu, j'y vois la promesse d'un développement et d'une capacité d'attractivité de notre territoire. Ce peut être un souffle nouveau pour la région. »

Ce qui reste étourdissant, c'est une sorte de compromis collectif apporté par le projet, malgré les divisions politiques, on ressent un réel engouement pour le projet toutes tendances confondues.

Antoine Fonté 104convient qu' " Un projet tel que celui là entre guillemets se désincarne de la politique. On est là devant quelque chose, d'une part parce qu'on l'a approuvé ensuite c'est un objet culturel de haute portée, d'excellence, donc on ne peut pas être contre. A partir de là, la reprise du projet derrière s'est faite de manière naturelle. D'autant plus naturelle, qu'on l'a sorti un petit peu d'une situation de blocage, il y a eu des problèmes sur le chantier, le chantier a été arrêté pendant 3 mois. Il a fallu raccorder tout le monde, remettre tout le monde à pied d'oeuvre et relancer le chantier. (...). Sur le plan de la continuité, ce n'était pas compliqué parce que ce sont des types de dossiers qui transcendent le politique. (...)»

100 Dominique Gros in La Semaine, 16 octobre 2008.

101 Interview Jean-Marie Rausch, réalisée le 16 février, à Metz.

102 Picq, Anne. « Le centre Pompidou-Metz: Une chimère entre musée et centre d'art- Le tour du monde des nouveaux musées». Beaux Arts Magazine, no. 311, mai 2010, p. 46-9

103 Divers droite, Maire de Montigny les Metz, Président de Metz Métropole.

104 Interview Antoine Fonté, réalisée le 16 février, à Metz.

Finalement, comme l'affirme Michel Thiollière105 :

« La dynamique de l'événement106 compte davantage que l'événement luimême. La dynamique, c'est la ville en train d'assurer sa mue, de fédérer les énergies, d'emmener tous les habitants dans un même élan sans en laisser sur le bord de la route. »

Derrière le Centre Pompidou-Metz, qui a réussi à faire l'unanimité --ou presque - politique, c'est l'ensemble de la ville qui semble, par ailleurs, être mis en avant. Laurent Le Bon107 affirme que s'il y a eu quelques débats, globalement il y a eu grande continuité. Selon lui, toutes les grandes décisions ont été pratiquement toujours votées à l'unanimité. Il se souvient que le Maire 108 a dès le départ, exprimé son souhait que « ça se passe bien. »

Bien qu'il y ait un commun accord, on pourrait croire qu'il y a une volonté des politiques d'ingérence sur le contenu scientifique, à ne vouloir faire que du « blockbuster » ou en s'immisçant pour choisir la thématique des expositions. Antoine Fonté109 reconnaît que ce n'est pas son travail :

« Le contenu s'est négocié avec Pompidou Paris puisque ce sont eux qui mettent les oeuvres à disposition. Le projet artistique est porté par le conservateur en chef qui est directeur, Laurent Le Bon. Là-dessus, on est des politiques ce n'est pas nous qui allons lui dire : il faut faire telle expo et choisir telle oeuvre. »

Lorsqu'on interroge l'élu sur la pertinence de reproduire l'exposition Vides110 au Centre Pompidou-Metz, qui en soit peut déranger le public non averti, il l'aurait accepté.

105 Thiollière Michel, Quelle ville voulons-nous ?, collection « Acteurs de la société », Editions Autrement, 2007, p.60.

106 On entend événement, au sens où il est défini par Louis-Marie Morfaux et Jean Lefranc comme « un fait notable ayant de l'importance pour un groupe humain ou dans le déroulement de l'histoire. »

107 Interview Laurent Le Bon, réalisée le 16 février, à Metz.

108 Dominique Gros

109 Interview Antoine Fonté, réalisée le 16 février, à Metz.

110 L'exposition Vides a eu lieu au Centre Georges Pompidou du 25 février au 23 mars 2009. Elle se voulait une rétrospective des expositions vides depuis Yves Klein en 1958. Nous vous invitons pour plus d'informations à consulter le catalogue d'exposition sous la direction de Mathieu Copland, John Armleder et Laurent Le Bon.

Il affirme que les politiques ont un droit de regard sur le Centre Pompidou-Metz puisque il possède le statut d'EPCC :

« C'est un droit de regard sur la bonne marche du lieu, sur le budget et sur les orientations pour qu'elles restent toujours à niveau pour que ce lieu soit le plus fréquenté possible en continu, parce que le risque c'est d'avoir un bon démarrage et puis ensuite de plonger. »

S'il n'y a pas immixtion de la part les élus, quelle que soit leur tendance politique tout comme leur statut (région, département, communauté d'agglomération ou ville) sur les thématiques choisies par les conservateurs du Centre Pompidou-Metz pour présenter leurs expositions, ils peuvent toutefois se porter garants de la bonne utilisation des deniers publics. On perçoit tout de méme la volonté d'avoir une fréquentation continue, d'une certaine façon, pour amortir l'investissement. Dans tous les cas, un projet d'exposition, s'il est décidé par l'institution programmatrice, ne peut être validé sans l'aval de sa tutelle administrative et financière. Le statut d'EPCC veut «garantir à la fois l'autonomie des choix scientifiques et culturels, l'engagement et le contrôle des collectivités territoriales, qui en assument le financement (...) »111 et s'avère être ainsi le plus avantageux pour les deux parties.

111 http://www.centrepompidou-metz.fr/leppc

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo