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"patrimoine et musées; opportunités politiques, culturelles, économiques et touristiques au service des villes? Metz et l'arrivée du Centre Pompidou".

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par Mathilde Jannot
Paris Diderot-Paris 7 - Master 2 politiques culturelles 2011
  

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B. Les scientifiques à l'ouvrage

On l'a vu le statut d'EPCC permet au directeur du Centre Pompidou-Metz de bénéficier d'une large autonomie en matière culturelle et scientifique. Le directeur assure la direction de l'établissement. Le législateur a veillé à ce que les règles générales d'organisation des EPCC permettent de garantir l'indépendance de leurs directeurs dans les choix artistiques ou culturels. Ainsi, le directeur élabore et met en oeuvre le projet artistique et scientifique tout en assurant la programmation, il ordonne des recettes et dépenses, prépare le budget, et assure la direction des services. On verra donc que Laurent Le Bon bénéficie d'une certaine indépendance.

1. Un musée sans collections ? ou comment perpétuer l'idée du Centre

Georges Pompidou.

Le Centre Pompidou-Metz ne bénéficie d'aucune collection en propre. On peut rapprocher le projet de l'Allemagne ou de la Suisse avec les Kunsthallen qui sont des lieux d'exposition sans collection. A la différence, que le Centre Pompidou-Metz possède la capacité de puiser dans les collections du Centre National d'Art Contemporain. Les archétypes « Tate " et « Guggenheim " restent différents également. La Tate est nous le rappelons, une « famille de quatre entités " cherchant à irriguer le territoire britannique en étant responsable de la collection nationale d'art britannique et international depuis 1900. La Tate a voulu fournir une programmation de qualité à l'extérieur de Londres, entamant son entreprise de transformation avec la Tate St Ives en 1993, Tate Liverpool en 1998 et l'ouverture de la Tate Modern en 2000112.La Tate ne dépend pas du gouvernement britannique et s'autogère indépendamment, bien qu'il soit parrainé par le département gouvernemental pour la culture, les médias et les sports. Le Guggenheim Bilbao, on l'a vu, est désormais formé en un réseau de musées dont chacun113 possède en propre une collection permanente, chacune se complétant mutuellement, formant dans leur ensemble la collection permanente des musées Guggenheim. Des sélections opérées dans cette

112112 http://www.tate.org.uk/about/ourpriorities/ 113 New York, Venise, Berlin, Abu Dhabi.

collection permanente sont présentées au public grace à un système d'exposition « rotatif et dynamique ».114 Ainsi, à la question : Le modèle " Tate », le modèle " Guggenheim », qui pratiquent aussi la délocalisation muséale vous ont-ils inspiré ?115, Laurent Le Bon répond que la politique du Centre Pompidou-Metz est :

" D'être autonome, même si c'est « l'indépendance dans l'interdépendance ». L'indépendance À aucune exposition du Centre Pompidou-Metz n'ira à Paris - et la politique culturelle mise en place se destine avant tout aux Messins et aux Lorrains. »

Lors de notre entretien116, nous nous demandions si l'on pouvait parler du Centre Pompidou-Metz en tant que marque. Ce que Laurent Le Bon réfutait en assurant que :

" Le Centre Georges Pompidou est une marque plutôt que le Centre Pompidou-Metz. Le Centre Georges Pompidou est plutôt un esprit avec le CNAC117 l'IRCAM118, la BPI119 et désormais le Centre Pompidou-Metz et le Centre Pompidou Mobile120. Ce n'est ni une annexe ni une succursale, ni une filiale. Nous avons tenté de bannir les termes d'antennes, succursales et les connotations péjoratives, induites par ces substantifs. Notre différence avec le Guggenheim : c'est que New York entretient un rapport contractuel avec des flux financiers envers ses antennes121. La différence avec la Tate : c'est que c'est un réseau, tous les établissements122 sont ensemble dans une même structure. (...)A Metz, c'est une formule un peu hybride. C'est une chimère. Ce n'est pas un musée, ce n'est pas un centre d'art, parce que il n'y a pas de

114 http://www.guggenheim-bilbao.es/secciones/el_museo/red_guggenheim.php?idioma=fr

115 Ardenne, Paul, « Centre Pompidou-Metz: le Musée national décentralisé », Art Press no. 367, Mai 2010, p. 14-17.

116 Interview Laurent Le Bon, réalisée le 16 février, à Metz.

117 Le Centre National d'Art Contemporain.

118 L'Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/ Musique.

119 La Bibliothèque Publique d'Information.

120 Le 18 mai 2011, Frédéric Mitterrand a annoncé le lancement du Centre Pompidou Mobile, musée itinérant conçu pour offrir à tous les publics, et notamment aux personnes les plus éloignées de la vie culturelle, la possibilité d'une rencontre avec les chefs-d'oeuvre de l'art moderne et contemporain. Pour plus d'informations, on recommande la lecture du communiqué de presse sur http://www.culture.gouv.fr/mcc/Actualites/A-la-une/Un-Centre-Pompidou-mobile

121 Abu Dhabi, Berlin, Bilbao, Venise.

122 Tate Liverpool, Tate St Ives, Tate Britain et Tate Modern à Londres.

collection permanente mais on a quand même la possibilité de puiser dans une collection permanente. »

L'idée d'un Centre Pompidou est venue en 1997, comme le rappelle Laurent Le Bon dans une interview au Parisien :

" L'idée d'un autre Centre Pompidou est née en 1997, quand on a fermé Beaubourg pour travaux jusqu'en 2000. On a alors fait circuler les collections dans toutes les régions avec un énorme succès »123.

Comme l'affirmait Bruno Racine - alors président du Centre Georges Pompidou- :

" Le but est aussi de manifester que la collection appartient à la nation et pas seulement à la capitale. » 124

Cette formule est tout autant valable pour la période de fermeture du Centre Georges Pompidou que pour le Centre Pompidou-Metz et le Centre Pompidou Mobile. Comme cela est mentionné dans Art Press, le Centre Pompidou-Metz est :

" Issu de la politique de diffusion extérieure des collection du Centre Pompidou, le projet devait répondre à plusieurs axes : poursuivre l'action du Centre " en inventant une nouvelle génération d'équipement culturel » tandis qu'à travers sa matérialisation, il s'agissait de « créer un événement architectural comparable à celui que constitua l'oeuvre de Piano et Rogers en son temps ». 125

Le dessein d'une déconcentration était alors bel et bien de faire connaître les 65 000 oeuvres du Centre Georges Pompidou dont seulement 2000 peuvent être exposés à Paris et 5000 font l'objet de dépôts126 ou de préts (en France comme à l'étranger).

123 Yves Jaéglé, « Pour le Centre Pompidou », Le parisien, 11 mai 2010, p.11.

124 Ardenne, Paul. « Centre Pompidou: c'est reparti », Interview de Bruno Racine, Art Press no. 331, Février 2007), p. 26-31.

125 Treclat, S., « Concours international d'architecture du centre Pompidou-Metz: Centre Pompidou ». Art Press, no. 305, Octobre 2004, p. 84-85.

126 La loi « musées » du 4 janvier 2002 autorise à l'article L451-11, les musées à recevoir des dépôts, à des fins d'exposition au public.

Pour Laurent Le Bon, lorsqu'il relate la genèse du projet127, il a choisi un projet et non un lieu. Une fois Metz et la Lorraine choisies, il interroge ses collègues - car il était presque l'un des seuls à avoir répondu présent au projet- car il n'était pas :

" Le plus âgé, ni le plus expérimenté des conservateurs. Ils m'ont dit cette

phrase que je vous laisse méditer : " c'est au-delà du périphérique ».

On peut constater qu'il existe toujours en France un souci de la centralité parisienne. En dehors des conservateurs, " le problème a été identique pour les candidatures à Metz, personne ne voulait venir de Paris » 128

Pour Laurent Le Bon, le terme de décentralisation reste ambigu car il le définit comme un transfert de pouvoir du sommet de la nation aux collectivités territoriales. Pour lui, le Centre Pompidou-Metz s'inscrit dans un " rapport constructif entre une institution nationale parisienne, les collectivités territoriales et l'Etat. »129

Ce cheminement du directeur du Centre Pompidou-Metz se prolonge dans le catalogue de l'exposition inaugurale :

" Ouvrir un centre d'art de plus de 10 000 mètres carrés [soit 40% de surface supplémentaire130] à plus de 300 kilomètres de la capitale (si loin, si proche) et se poser la question de la démocratisation culturelle et de la déconcentration des pouvoirs pour surtout ne pas apporter de réponses définitives. »131

Le président de la République marquait également cette préoccupation pour la déconcentration :

" (...) c'est aussi bon pour les dizaines de milliers de jeunes Lorrains qui
viendront ici recueillir leurs premières émotions culturelles ! On n'est pas
obligé, dans un pays de 65 millions d'habitants, de considérer que pour avoir

127 Interview Laurent Le Bon, réalisée le 16 février, à Metz.

128 Ibid.

129 Ibid.

130 Thull Patrick, Jean- Marie Rausch, la passion de Metz, Editions Serpenoise, Metz, 2004.

131 Laurent Le Bon, « Apostille ? » in Chefs-d'oeuvre ?, Editions du Centre Pompidou-Metz, Metz, 2010,

p.533.

une émotion culturelle, on doit prendre le train pour venir à Paris - même si maintenant, le TGV cela marche132. »133

Sur son site Internet, le Centre Pompidou-Metz se définit dans le prolongement de son frère parisien :

« Le Centre Pompidou porte en région son modèle et met à disposition son savoir-faire et ses collections, dans un partenariat inédit avec les collectivités territoriales. (...) le Centre Pompidou-Metz illustre, par sa dimension tant sociétale que culturelle, le renouvellement de la stratégie du Centre Pompidou qui se recentre sur sa vocation primordiale : être une plateforme d'échanges entre la société française et la création. (...) Parallèlement aux expositions, est bâtie une programmation culturelle (spectacles vivants, cinéma, conférences) selon une approche pluridisciplinaire, dans l'esprit du modèle du Centre Pompidou. Elle porte sur tous les champs de la création et se déploie essentiellement autour des thématiques des expositions afin d'en proposer des prolongements ».134

L'idée est de repartir sur la méme base. En fait, il n'y aura pas de distinction entre le temporaire et le permanent, puisque ce dernier ne l'est jamais vraiment. D'autre part, ce nouveau musée « nouvelle génération » n'ayant pas de collection permanente, ne peut que proposer, des expositions temporaires.

« Le Centre Georges Pompidou dès 1977, a été une des premières collections nationales à être sur une logique d'exposition temporaire des collections permanentes. Les plateaux ont été pensés pour une rotation des collections afin de présenter la création artistique contemporaine. La création ne s'arrête pas une date D. »135

Le Centre Pompidou-Metz maintient les propositions du Centre Georges Pompidou avec
des coopérations inter-muséales. Si le Centre Pompidou-Metz ne peut se permettre de
prêter, puisque la collection est nationale et ne lui appartient pas ; des échanges ont

132 On rappelle à ce titre que le TGV-Est est en fonction depuis 2007.

133 Discours inaugural.

134 http://www.centrepompidou-metz.fr/la-vocation-du-cpm

135 Interview Laurent Le Bon, réalisée le 16 février à Metz.

toutefois eu lieu avec le musée d'Epinal, les musées de Nancy, la synagogue de Delme, le musée de Sarrebruck, le Mudam du Luxembourg, le Frac Lorraine et des projets communs, comme par exemple celui de Jean-Luc Tartarin aux musées de la Cour d'or. Ces musées ont également prétés des oeuvres pour l'exposition Chefs-d'oeuvre ?

Cependant, le Centre Pompidou-Metz n'a pas les mémes prérogatives qu'un musée. Comme l'indique Laurent Le Bon :

«J'espère avoir les mêmes missions avec cette idée d'éducation, de pédagogie, une mission de service public et de plaisir. Bon évidemment, on est au coeur de ce projet, mais nous comme on n'a pas de collection permanente, or la collection permanente, c'est le coeur d'un musée. Evidemment, on s'inscrit un peu en biais. »

Selon la loi « Musées » du 4 janvier 2002, inscrite au Code du Patrimoine136 depuis 2004 :

« Les musées de France ont pour missions permanentes de :

a) Conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections ;

b) Rendre leurs collections accessibles au public le plus large ;

c) Concevoir et mettre en oeuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture ;

d) Contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion. »

On constate en effet, que tout n'est pas applicable « au pied de la lettre ». Le Centre Pompidou-Metz ne peut conserver ni restaurer les oeuvres dans la mesure où le Centre Georges Pompidou en a la charge, d'autant que le Centre Pompidou-Metz prône une certaine rotation des collections :

« Tout sera mis en oeuvre pour provoquer la surprise, l'émerveillement, le
plaisir et pour stimuler et renouveler sans cesse l'intérêt des publics pour
l'art contemporain. »,
comme le rappelle Laurent Le Bon sur le site

136 Article L.441-2, Livre IV, titre IV, Code du patrimoine.

Internet.137

En revanche, il est effectivement procédé à une étude des collections. Celle-ci est réalisée dans la mesure où l'on cherche à donner des clés de lecture de l'histoire de l'art tout en laissant, comme il se devrait, la possibilité à chacun d'interpréter de différentes façons l'art contemporain sans avoir de jugement préétabli. Bien qu'il n'y ait pas d'acquisition à proprement parler puisque les décisions relèvent de Paris, il y a toutefois une politique de production d'oeuvres et de soutien aux artistes, avec la commande publique. Il y a eu des commandes photographiques pour le chantier du bâtiment138, ainsi que la réalisation d'oeuvres pérennes à l'intérieur du Centre messin comme, par exemple, la Salle des pendus de Jean-Christophe Massinon.

Dans son « Apostille ? » au catalogue Chefs-d'oeuvre ? 139, Laurent Le Bon en fait part :

" En l'absence de toute collection, privilégier la surprise des prêts et des commandes plutôt que la tentation du vide. Mêler des artistes consacrés et des inconnus en oubliant le jeunisme, l'esthétiquement correct et les quotas. Leur attribuer un espace. (...)Se battre contre la médiocrité. Inviter d'autres collections nationales. Montrer une oeuvre jamais exposée. Se réjouir de travailler des artistes vivants et des émotions, des échecs et des surprises qui en résultent. »

Par ailleurs, lors de ces expositions temporaires, l'occasion est donnée d'augmenter les connaissances sur un sujet donné (ce que Nathalie Heinich nomme la " fonction documentaire de l'exposition »)140. Les expositions temporaires sont aussi un moyen d'envisager un nouvel angle d'approche. Les catalogues d'expositions procurent souvent lors de ces événements, un apport documentaire conséquent contribuant ainsi " aux progrès de la recherche et de la connaissance ainsi qu'à leur diffusion ». En effet, le Centre Pompidou-Metz dispose d'une édition qui lui est dédiée.

Nous reviendrons ultérieurement sur les missions d'accessibilité, de démocratisation et
d'accès égal de tous à la culture. Avant cela, nous souhaitons nous questionner sur
l'exposition inaugurale. Il est important de réfléchir au contenu de la première exposition

137 http://www.centrepompidou-metz.fr/la-vocation-du-cpm

138 Cf. supra avec la commande à Nicolas Pinier.

139 P.533

140 Article « exposition » in Encyclopedia Universaelis.

puisque celle-ci se donne pour ambition de marquer l'histoire de son ouverture. Il s'agissait d'une part de « prêcher les convaincus », d'obtenir leur assentiment, mais surtout de convaincre les sceptiques. L'acte est symbolique d'autant que chaque fois qu'est montée, une exposition " particulièrement spectaculaire, la presse et les pontes s'accorderont à prédire qu'on ne reverra plus jamais rien de tel. » 141

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"