III.2 INTERPRETATION DES RESULTATS
A ce niveau, l`idée est d`interpréter les
résultats trouvés en tenant compte des réalités
économiques de la région des grands lacs et/ou de chaque pays.
D?emblée, notons qu`une relation peut être mise en
évidence entre le développement financier et la croissance
économique.
III.2.1 Le taux de liquidité
Les résultats du test de causalité laissent
apparaître dans des deux cas sur trois un lien de causalité
univoque au sens de Granger entre le développement financier
(mesuré le plus souvent par le ratio M2/PIB) et la croissance
économique (Joseph, Raffinot et Venet, 1998).
En RDC et au Burundi, le taux de liquidité exerce une
influence sur le PIB réel par habitant au regard des résultats
obtenus. Autrement dit dans ces pays, c?est la masse monétaire qui cause
le développement économique et non l?inverse, soutenant ainsi la
thèse qui voudrait que c?est le niveau de la monnaie en circulation qui
détermine l?expansion économique.
En d?autres termes, le respect de missions de la Banque
centrale et une amélioration de ses services sont
bénéfique sur l?activité économique. En effet, la
banque centrale en tant qu?une institution indépendante et en tant
banque des banque joue comme rôle celui de maintenir la stabilité
des prix par une politique monétaire rigoureuse. Il faudrait donc un
contrôle rigoureux de la masse monétaire en vue d?observer ses
effets bénéfiques sur l?activité économique car
trop de liquidités sont source de régression économique.
Tout comme, une économie moins liquide a des conséquences
néfastes sur les investissements productifs provoquant ainsi le sous
emploi.
Par ailleurs, ce constat découle du
précédent, à savoir que l?activité
économique qui dépend ici de la masse monétaire
engendrerait par la même occasion l?expansion économique et par
ricochet des services offerts par les institutions financières bancaires
et même non bancaires pourraient être améliorés.
Par contre, le résultat du Rwanda ne présente
aucun lien de causalité unidirectionnelle pour la paire des variables le
taux de liquidité ou le ratio M2/PIB et le PIB réel par habitant.
Mais un tel constat n?implique pas l?absence de lien économique entre
les paires des variables20 Ce résultat rejoint celui de
Joseph, Raffinot et Venet (1998) qui soutiennent que le Niger n?exhibe aucun
lien de causalité significatif.
III.2.2 Le ratio M2/M1
La mesure du développement financier par le ratio M2/M1
montre l?existence d?une relation unidirectionnelle entre le ratio M2/M1 et le
PIB réel par habitant.
En effet, ce test éclaire la réflexion dans
l?ensemble de l?échantillon. En RDC et Rwanda, toujours au seuil de 5%,
le test de Granger indique une causalité unidirectionnelle allant du PIB
réel par habitant vers les dépôts à terme et
à vue, d?une part. Ce constat corrobore ainsi avec celui soulevé
par Joseph, Raffinot et Venet (1998). Ce résultat suggère qu?en
RDC et au Rwanda, ce sont les périodes de croissance qui attirent les
agents économiques à recourir aux services financiers et non le
contraire. En d?autres termes, ces résultats montrent qu?un
accroissement de l?activité économique se traduit par une forte
bancarisation. D?où la nécessité d?atteindre un minimum de
développement économique pour permettre aux banques et d?autres
de bénéficier des effets d?entraînement de cette
croissance.
20 Raffinot et alii estiment que le test de causalité au
sens de Granger ne met en lumière qu?une relation de causalité
statistique et c?est pour cette raison qu?il a fait l?objet de plusieurs
critiques.
Il convient cependant de souligner que pallier au
phénomène de sous bancarisation 21chez les populations
n?ayant pas accès aux services financiers est une option envisageable.
Les pays des Grands Lacs doivent développer des mécanismes en vue
de prévenir les conséquences néfastes liées
à la non consommation des services financiers. Cela pourrait contribuer
à réduire non seulement la pauvreté, mais aussi
améliorer le niveau de vie des populations.
D?autre part, une direction de causalité inverse pour
le cas du Burundi. Elle va des dépôts à l?économie
vers le PIB réel par habitant. Autrement dit, c?est les
dépôts à l?économie sont source d?accroissement du
PIB réel par habitant. Toutes choses restant égales par ailleurs,
les stocks de dépôts sont injectés dans l?économie
en vue de financer les investissements productifs, et par conséquent la
production. Le résultat de Burundi soutient l?étude de Spears
montrant ainsi que l?intermédiation financière (mesurée
par les dépôts) cause la croissance économique. Cette
thèse est souvent valide pour les pays à faible revenu,
conformément à la thèse de Patrick de « demand
following ».
En effet, les dépôts à l?économie
(dépôts à terme et à vue) constituent l?indicateur
permettant les institutions financières à jouer leur rôle
d?intermédiaire entre les agents à capacité de financement
et ceux à besoin de financement. Par conséquent, les
dépôts ainsi constitués favorisent le moyen de financement
des investissements productifs et l?impact de croissance demeure plus
remarquable.
D?ailleurs King et Levine (1993) font voir l?effet du
développement financier sur la croissance est positif en
Afrique22. Ils estiment qu?un niveau de développement
financier plus élevé est significativement corrélé
avec le taux de croissance économique, le taux d?accumulation du capital
physique et l?amélioration des performances économiques.
21 En 2005, il a été démontré qu?en
RDC la BCC fonctionnait avec seulement 14% de la masse monétaire en FC ;
86% soit 106,22 milliards de FC étant hors du circuit bancaire. Ce
phénomène était lié à la sous bancarisation
du pays ; il existait un seul guichet pour 1,5 million d?habitants et pour une
superficie de 26.000 kilomètres carrés.
22 Cité par Raffinot et alii (1998).
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