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Dynamique forestière post-exploitation industrielle: Cas de la forêt dense semi- décidue de Mbalmayo au sud Cameroun

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par Déric KEMADJOU MBAKEMI
Université de Yaoundé I - Master II géographie 2011
  

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1.4.3.2. Les activités complémentaires de l'agriculture.

La forêt du site offre des possibilités d'exploitation variées qui sont loin d'être marginales. Ces activités sont la chasse, la cueillette et la pêche.

1.4.3.2.1. La chasse

Les animaux de la forêt constituent non seulement une source de nourriture mais aussi une source de revenus. Les produits de la chasse constituent la première source de protéine, la viande de boeuf issue de l'élevage ne parvenant dans les ménages ici que de façon très irrégulière du fait du niveau des prix pratiqués sur le marché et du faible pouvoir d'achat des populations. Les produits de la chasse qui jadis étaient destinés à la subsistance des ménages, sont désormais orientés vers les marchés, spécialement lorsque les prises sont considérées comme des espèces rares ou nobles (chimpanzé, vipère, porc-épic...)

Les chasseurs utilisent généralement deux techniques : le piégeage et le fusil. Les pièges répandus sont ceux qui consistent en la pose de câbles d'acier munis d'un noeud coulant sur les pistes de parcours des animaux. Ils sont plus efficaces en saison de pluies. Les animaux, en évitant la rosée, empruntent des pistes balisées et sont souvent facilement pris aux pièges que les chasseurs posent sur des itinéraires presque connus à l'avance. Les pièges sont aussi posés près des champs vivriers et visent les petits rongeurs et autres animaux fruigivores comme les singes.

La chasse au fusil est réservée à quelques privilégiés qui possèdent une arme ou sont en mesure de la louer. Les chasseurs l'utilisent quasiment sans autorisation. La chasse est nocturne et à l'occasion, les chasseurs munis de lampes torches à lumière vive, éblouissent les animaux surpris avant de les abattre. La cible ici c'est les grands mammifères. Certaines espèces interdites de chasse comme le chimpanzé tombent régulièrement sous les feux des chasseurs. Ils entrent alors dans un circuit de transport et de distribution au noir et sont acheminés dans la plus grande discrétion, généralement à la faveur de la nuit, vers des acheteurs initiés, tenanciers de restaurant dans la ville de Mbalmayo.

1.4.3.2.2. La cueillette et le ramassage

La cueillette ou ramassage concerne aussi les produits de la forêt. Elle est fondée sur la grande connaissance que les populations ont de leur milieu, sur la maîtrise des usages des produits forestiers. Cette activité à l'origine est destinée à la satisfaction des besoins des populations des zones de forêt. Aujourd'hui, la cueillette est une activité beaucoup plus extractiviste c'est-à-dire une activité fondée sur l'exploitation des produits forestiers généralement non ligneux à des fins commerciales. La cueillette est orientée vers le ramassage du bois de chauffe, le prélèvement des écorces et de certaines plantes médicinales. Il faut aussi noter la place primordiale de certaines plantes de la famille des Marantacées. C'est par exemple le cas des Maranthochloa spp. Ces plantes ont des feuilles qui sont largement utilisées dans toute la zone forestière du Cameroun comme « papier » d'emballage. Elles permettent d'emballer les pâtes de manioc lors de la cuisson des « batons » de manioc, elles sont utilisées dans la cuisson des mets, dans la vente des beignets, du gibier... Elles remplacent les sachets plastiques qui représentent l'une des principales sources de pollution dans les villes13.

Les noisettes, criquets et fruits sauvages comme ceux d'Irvingia gabunenis ou mangue sauvage ne sont pas en reste. Ils sont très juteux et leur graine est un ingrédient important dans la cuisson d'une sauce très appréciée. Gnetum africanum (Okok) est utilisé comme légume dans une sauce très consommée au sud Cameroun. Cette espèce est une liane que l'on rencontre dans les jachères et les forêts secondaires jeunes où elle se ramifie abondamment. Son exploitation désormais très intense pour le marché national et même international en fait une denrée très recherchée.

Si certains produits collectés en forêt sont utilisés comme compléments dans l'alimentation ou comme médicaments, d'autres servent de support à l'activité économique. Les rotins sont par exemple coupés en forêt pour être vendus à Yaoundé clandestinement (ce sont des produits forestiers non ligneux dont l'exploitation est interdite par les agents de contrôle des eaux et forêts).

13 Zapfack Louis, Ngobo Nkongo Martine, Inventaire participatif des produits forestiers non ligneux et ligneux de la region de Djoum: Sud du cameroun, RAPPORT DE IR1/CARPE, PP 42-43.

La cueillette du vin de palme a une double fonction sociale et économique. Le vin, extrait le matin et le soir est consommé sur le lieu d'extraction ou au village le plus souvent entre hommes. A cette occasion, des discussions et causeries nourries apparaissent comme des passe-temps et des distractions avant ou après les travaux quotidiens. Mais le vin de palme est de plus en plus cueilli pour être par la suite fermenté au sucre et distillé de façon traditionnelle pour obtenir un alcool dur très prisé qui est pour l'essentiel vendu soit en détail, soit au litre.

1.4.3.2.3. La pêche artisanale

La pêche est une activité complémentaire de la chasse, de la cueillette et de l'agriculture. C'est une activité relativement marginale qui est pratiquée de temps à autre dans les nombreuses rivières tributaires du Nyong (photo 2). La pêche dans ces rivières est faite à la nasse, au filet et au barrage spécialement au coeur de la saison sèche. La baisse du niveau des eaux limite les efforts à fournir pour la vidange à l'occasion de la pêche au barrage. Les produits halieutiques servent prioritairement à la consommation. Ils constituent la deuxième source de protéine après la viande de brousse.

Photo Youta Happi, novembre 2009

1.4.3.2.4 L'exploitation du bois d'oeuvre et de chauffage

A côté de ces activités de subsistance et génératrices de revenus, il faut noter une autre qui est purement spéculative: l'expérience de la gestion d'une forêt communautaire. En effet, Faekelé et quatre autres villages voisins ont initié depuis 1996 une expérience de gestion d'une forêt communautaire de 5 000 ha, la forêt de COVIMOF (Communauté Villageoise de Melombo, Okekat et Faekelé).

De cette façon, ces populations pensent pouvoir satisfaire leurs besoins essentiels en matière d'adduction d'eau potable, d'accès à l'électricité, d'éducation... Cette exploitation connaît à l'heure actuelle de nombreuses pesanteurs qui font qu'elle ne remplit pas encore les attentes des populations. Les difficultés renvoient par exemple au manque d'expertise en matière d'exploitation forestière de la part des populations de cette communauté. C'est la raison pour laquelle les gestionnaires de cette forêt ont par deux fois fait appel à des exploitants de métier dans le cadre de contrats de partenariat d'abord avec les établissements de Transformation du bois camerounais (Ets TBC), puis avec la structure Akoa Nicolas et Abega Jean Baptiste. Ceuxci se sont toujours achevés aux dépens de la communauté qui était souvent écartée des activités d'abattage, de sciage et de transport et par conséquent ne pouvait maîtriser les retombées de l'exploitation ainsi que la quote-part à attendre des exploitants14.

Depuis 2005, la COVIMOF se charge elle-même des activités d'exploitation forestière de façon à devenir autonome. Des formations aux techniques d'inventaire et de gestion, à l'abattage et au sciage ont été organisées avec l'aide du CED (Centre pour l'Environnement et le Développement). La collaboration s'est aussi étendue à la fourniture du matériel de production, à l'appui à la production et à la commercialisation à travers la recherche des marchés porteurs.

14 Révélations du Chef de Faekelé II

Photo Kemadjou, août 2009

Photo 3 : Traces d'une ancienne piste de débardage dans la parcelle exploitée

Photo Kemadjou, août 2009

Conclusion

Dans ce chapitre, nous nous sommes attaché à l'identification des caractéristiques écologiques du milieu c'est-à-dire le relief, le climat, les sols, l'hydrographie et les activités humaines. Ainsi on retient que l'environnement du village Faekelé partage les caractéristiques essentielles de tous les autres villages du sud-Cameroun forestier. La proximité de ce village avec Mbalmayo, haut lieu d'exploitation et de transformation de bois, l'aura desservi du fait du passage régulier des exploitants forestiers qui y ont intensément prélevé des essences conduisant à une certaine évolution de sa couverture forestière (photos 3 et 4).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry