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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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4.3.3.3. La phytomasse herbacée et la capacité de charge

Il faut noter d'emblée que les évaluations de phytomasse épigée qui sont conduites en milieu réel, c'est-à-dire en libre accès, ne représentent que des valeurs par défaut de la production potentielle dont une partie est consommée par le bétail. Pour avoir cette production potentielle, il est nécessaire que le pâturage considéré soit soustrait de la pâture animale par un dispositif de mise en défens (Boudet, 1975). La grande majorité des données

disponibles dans la littérature ont cependant été acquises dans les mêmes conditions que les nôtres et la comparaison paraît donc pertinente. Par ailleurs, pour des besoins d'analyse de la pression saisonnière du bétail nous avons recherché la capacité de charge de saison sèche pour les unités dont l'exploitation est impossible (UPP1 & UPP2) ou très modérée (UPP5) en saison pluvieuse. Les capacités de charge des unités de l'aire protégée n'ont pas été calculées, ces unités étant légalement interdites au bétail domestique.

Les phytomasses (6,5 tMS.ha-1) et, en conséquence, les capacités de charge annuelle les plus fortes (1,06 UBT/ha/an) correspondent aux savanes arborées et boisées à pérennes sur sols profonds du Parc (UPw3) (tableau IV-10). En dehors de l'aire protégée, les valeurs de phytomasse (de même que celles de capacité de charge) les plus élevées sont observées sur les sols les plus profonds et les plus humides (UPP1 & UPP2). La phytomasse et la capacité de charge (en UBT à l'hectare ou en nombre jours pour un UBT) apparaissent d'autant plus faibles que le sol est plus mince et plus sec.

Tableau IV-10. Biomasse herbacée (moyenne #177; écart-type) et capacité de charge moyenne dans les différentes unités paysagères

Unités
paysagères
Pastorales

Biomasse
(
tMS.ha-1)

 

Capacité de charge

 

En saison sèche

Toute l'année

(UBT.ha-1)

(nb jour / UBT.ha-1)

(UBT.ha-1)

(nb jour / UBT.ha-1)

UPP1*
UPP2*

UPP3

UPP4 UPP5* UPP6 UPw3** UPw4** UPw1**

4,78 #177; 0,43c 4,59 #177; 0,53c 3,42 #177; 0,58bc 3,27 #177; 0,50b 1,41 #177; 0,50a 1,84 #177; 0,85a 6,50 #177; 0,63d 4,32 #177; 1,27c 2,55 #177; 0,56a

1,03 #177; 0,09b
0,99 #177; 0,11b
----
----
0,30 #177; 0,10a
----
----
----
----

152, 30 #177; 13,70b
146,24 #177; 16,89b
----
----

44,92 #177; 15,93a
----

----
----
----

----
----
0,52 #177; 0,09 b
0,50 #177; 0,08 b
----
0,28 #177; 0,13 a
----
----
----

----
----
81 #177; 14 b
77 #177; 12 b
----

43 #177; 21a
----

----
----

Sur la même colonne, les valeurs portant les mêmes lettres ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%.

* Unités paysagères pastorales peu ou pas exploitées en saison pluvieuse

** Unités paysagères de l'aire protégée à accès illégal.

nb, nombre

Il importe de noter qu'en étant évitées ou peu pâturées en saison de pluies les unités UPP1, UPP2 et UPP5 voient leur potentiel de phytomasse mieux préservé et leur capacité de charge plus importante que si elles n'étaient pas épargnées.

Les tendances observées dans nos données de phytomasse tout comme dans celles de capacité de charge en dehors de l'aire protégée ont déjà été enregistrées dans le même terroir (Zouri, 2003) ou ailleurs (Boudet, 1978 ; Zoungrana, 1991 ; Sawadogo, 1996 et Kagoné, 2000) (tableau IV11). Boudet (1975) notamment, à partir de travaux conduits dans la bande soudanienne d'Afrique de l'Ouest, obtient une valeur de phytomasse allant de 0,8 tMS.ha-1sur

les sols cuirassés à 2,5 tMS.ha-1pour les terrasses colluviales ou savanes inondables en zone nord-soudanienne. Par ailleurs, les plus fortes valeurs de phytomasse sont enregistrées dans les sites ombragés non embroussaillés (3 tMS.ha-1), toutefois les valeurs de phytomasse observées à Kotchari (y compris dans l'aire protégée) sont plus élevées que celles enregistrées par Boudet (1975). Elles sont, en outre, assez proches mais plus variées que celles obtenues par Kagoné (2000) et Zoungrana (1991) en zone nord-soudanienne du Burkina Faso. Par contre nos données sont légèrement supérieures à celles de Tiogo (Sawadogo, 1996), bien meilleures que celles enregistrées plus au Nord dans la Tapoa (Barpoa, Botou et Kanlayenou) mais plus faibles que celles de sites plus méridionaux (Nikki Kalalé au Nord-Bénin et la province du Kénédougou à l'Ouest du Burkina Faso). Ceci est une indication que la quantité de biomasse produite suit le gradient climatique. Plus on va vers le sud, horizon plus humide, plus celle-ci est importante. Par ailleurs, les données de l'aire protégée enregistrées sont légèrement plus faibles que celles enregistrées dans des aires protégées voisines, la réserve de faune de Pama-Nord et le ranch de gibier du Singou (2,84 à 7,25 tMS.ha-1, Savadogo, 2004). Si on revient aux données de Zouri (2003) obtenues dans le même terroir de Kotchari, on peut observer, relativement à nos données, que les capacités de charge des unités paysagères ont depuis connu une baisse, cette baisse est notamment plus importante sur les unités les moins productives.

Les capacités de charge enregistrées par Kagoné (2000), en saison pluvieuse sont nettement supérieures aux nôtres, mais l'auteur a utilisé un coefficient de 75% pour cette saison.

Tableau IV-11. Différentes valeurs de phytomasse et de capacité de charge en zone soudanienne

Lieux

phytomasse
(tMS.ha-1)

Capacité de charge
annuelle (
UBT.ha-1)

Sources

Kotchari (hors aires protégées)

1,41 - 4,78

0,28 - 0,99

Présente étude

Kotchari (aires protégées)

2,55 - 6,50

----

Présente étude

Kotchari

2,92 - 4,92

0,43 - 0,72

Zouri, 2003

Botou

1,87 - 2,8

0,27 - 0,41

Zouri, 2003

Kanlayenou (Botou)

0,32 - 2,07

0,05 - 0,32

Bambara, 2010

Barpoa (Diapaga)

0,73 - 2,36

0,11 - 0,36

Bambara, 2010

Réserve de faune de Pama-Nord

2,84 - 7,25

0,41 - 5,4

Savadogo, 2004

Luili-Nobéré

1,94 - 3,87

0,6 - 1,6*

Kagoné, 2000

Luili-Nobéré

1,94 - 3,87

0,2 - 0,4**

Kagoné, 2000

Nikki-Kalalé (Nord Bénin)

1,98 - 12,4

----

Oloulotan, 1988

Secteur nord-soudanien

0,8 - 3

0,11 - 0,37

Boudet, 1975

Secteur nord-soudanien

2,68 - 4,58

0,77 - 1,11

Zoungrana, 1991

Secteur Sud-soudanien

2,4 - 8,13

----

Zoungrana, 1991

Tiogo (Centre- ouest)

1 - 4,30

----

Sawadogo, 1996

Sidi, Banfoulaguè, Guèna

2,98 - 4,78

0,45 - 0,73

Yanra, 2004

(Kénédougou, Ouest)

 
 
 

* Capacité de charge de saison pluvieuse avec un coefficient d'utilisation de 75% ; ** Capacité de charge de saison sèche.

98

Les moindres phytomasses et capacités de charge mesurées en dehors de l'aire protégée sont une conséquence de la pâture animale et de la pauvreté en nutriments des sols (Fournier, 1994), qui résultent toutes deux de la pression d'exploitation (pastorale et agricole) dans ce secteur.

Cette situation d'inégale distribution de biomasse entre la partie accessible du terroir et sa partie incluse dans l'aire protégée, en dehors de la différence dans la disponibilité immédiate pour le bétail, a une conséquence sur les feux de brousse dont on connait le rôle majeur dans l'entretien de ces milieux (César, 1991 & 1994 ; Hoffmann et al. 2003) et dans les repousses d'arrière saison pluvieuse en particulier pour les unités à herbacées pérennes (Fournier, 1991 ; Kièma S., 2007). Une conséquence de cette relative faiblesse de phytomasse herbacée hors de l'aire protégée est que les feux de végétation y sont moins violents que dans le Parc lui-même. Les aires protégées de la région dans lesquelles se maintiennent les écosystèmes de savane soudanienne sont ainsi plus régulièrement et plus intensément parcourues par les feux que les zones extérieures agricoles et pastorales à végétation modifiée (Clerici 2006, Clerici et al. 2007, Devineau et al. 2010). Il faut rappeler que, du point de vue de la gestion pastorale, le brûlage des parcours à annuelles est tout à fait contre-productif (César, 1992 ; Kièma S., 2007) alors que le brûlage des parcours à herbes pérennes présente un intérêt fourrager en favorisant des repousses. En fin de saison des pluies et début de saison sèche les pailles sèches des pérennes sont relativement pauvres en matières azotées et riches en silice et donc peu digestibles. En revanche leurs repousses immédiatement après le passage du feu, s'il existe une réserve en eau dans le sol, ou à défaut après les premières pluies, sont très riches en nutriments et très appétibles ; elles constituent un apport alimentaire précieux à ces périodes difficiles « de soudure » (Fournier 1996).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote