WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.3.3.2. Les types d'élevages dans le terroir et leurs caractéristiques

La typologie des élevages dans le terroir a été établie pour elle-même à titre descriptif, mais surtout afin de fournir une base d'échantillonnage pour le suivi ultérieur des pratiques et stratégies des éleveurs au pâturage. Rappelons que la population du terroir de Kotchari est constituée majoritairement de Gourmantchés à côté desquels on note une forte présence de Peuls sédentaires. Par ailleurs, ce terroir est une destination de Peuls transhumants qui y constituent presque la moitié des effectifs pendant la saison de transhumance. Tous ces groupes pratiquent l'élevage de nos jours. Le système d'élevage pastoral, notamment sa forme extensive sur parcours villageois, est le système le plus courant. C'est la forme d'élevage pratiquée traditionnellement et qui reste prédominante chez les Peuls comme chez les Gourmantchés. Comme le terroir est, adossé au parc W et à la réserve partielle de faune de la Kourtiagou (ou Concession de chasse de la Kourtiagou), la question de la conservation y est très sensible ; il est donc nécessaire de s'interroger sur la manière dont les systèmes d'élevage s'accommodent des restrictions d'usage associées aux réserves et comment les gestionnaires de ces dernières gèrent les éventuelles incursions des troupeaux. De ce point de vue, nous sommes parti de l'hypothèse que les différents groupes n'ont pas les mêmes pratiques et notamment pas les mêmes rapports à l'espace et à ses ressources. Il était en conséquence nécessaire de définir ces groupes.

5.3.3.2.1. Le tri et la catégorisation des variables en vue de la typologie

Le test de corrélation entre variables, en vue de déceler une redondance éventuelle, a montré que la variable "taille du troupeau bovin" (TaiTr) était associée à la variable "nombre de bergers" (NBe) (R2 = 0,66) et à la variable "principale motivation dans l'allotement" (RLot) (R2 = 0,52) ; la variable "ethnie de l'éleveur" (Eth) est, quant à elle, corrélée aux variables "mode de constitution du troupeau" (OrTr) (R2 = 0,76) et "nombre de lots dans le troupeau" (NLot) (R2 = 0,56) qui est, par ailleurs, associée à RLot (R2 = 0,55). Les variables OrTr, NBe, RLot et NLot, qui sont moins importantes que TaiTr et Eth, n'ont donc pas été prises en compte dans la typologie. Le nombre de lots et de bergers sont en effet fonctions de la taille du troupeau comme l'a aussi observé Kagoné (2000). De même, l'origine du troupeau est de nature socioculturelle, il est généralement mis en place par héritage chez les éleveurs peuls (Bonfiglioli, 1988) ; ce qui l'est moins chez les Gourmantchés.

Deux groupes de variables parmi celles retenues ont ensuite été formés : des variables actives (sept) et des variables supplémentaires (deux). Nous avons considéré comme actives les variables qui sont plus révélatrices d'évolution ou de changement dans les pratiques, et comme supplémentaires, celles qui permettent de saisir la structure de la distribution en fonction des caractéristiques qui nous intéressent (Pollak, 2009). Ces variables, qui vont permettre d'éclairer la situation étudiée, sont aussi dites explicatives ou illustratives (Cibois, 2007). Elles sont projetées dans le nuage de points mais ne participent pas à sa construction.

5.3.3.2.2. Les axes factoriels, les variables et les modalités associées

Les pourcentages d'inertie des différents facteurs issus de l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) (figure V-4) réalisée avec neuf variables (sept actives et

133

deux supplémentaires) (tableau V-7 ci-dessus) montrent que l'essentiel (78,01%) de l'information est fourni par le plan F1-F2. F1 explique 63,88% de l'information et F2 en explique 14,13%. La forme particulière, en parabole, sous laquelle se présente le nuage de modalités est courante et désignée dans la littérature sous le terme d'effet Guttman (Cibois, 2007). D'un point de vue statistique, l'effet Guttman met en évidence l'existence de corrélations entre variables. Dans le cas de notre jeu de données il montre que les catégories d'éleveurs ne sont pas discrètes, mais qu'il y a au contraire une continuité entre elles avec des intermédiaires : il existe clairement des liens multiples entre les réponses des éleveurs. On peut réduire l'effet Guttman en jouant sur un meilleur équilibrage du nombre de modalités trop différent entre les variables et sur un regroupement éventuel pour que celles-ci n'aient pas un poids trop différents (Cibois, 2007). Dans ce sens, les variables "effectif bovin du troupeau" (TaiTr) et "nombre et types d'espèces animales dans le troupeau" (NEsp) comprenant initialement neuf et sept modalités respectivement ont été revues pour ne former que cinq modalités chacune. Il n'a cependant pas été possible d'en faire autant pour la variable "nombre et types de races bovines du troupeau (NRaB)" qui comprend sept modalités dont le regroupement faisait perdre beaucoup d'informations. L'effet Guttman bien que réduit à l'issue de cette opération, a néanmoins persisté, mais le nuage tel qu'il se présente permet de bien expliquer nos données.

La forte valeur enregistrée pour le facteur F1 dans l'histogramme des valeurs propres (environ 0,29) (figure V-5) confirme, comme montré plus haut, que ce facteur résume l'essentiel de l'information ; en effet, le seuil empirique de forte liaison pour cet indicateur est estimé à 0,1 (Cibois, 2007). Un tel cas traduit un phénomène pratiquement unidimensionnel (Pollak, 2009), l'interprétation du nuage peut donc reposer uniquement sur cet axe F1 comme nous l'avons fait.

Pour définir les différents pôles de l'axe F1 par les variables qui leurs sont associées, nous avons recherché celles qui contribuent le plus à ces axes. Ensuite, parmi ces variables les modalités qui sont corrélées aux axes ont été identifiées.

Ainsi, les variables les plus importantes (plus contributives) pour cet axe sont la variable "effectif bovin du troupeau" (TaiTr) et la variable "raisons de la pratique de la transhumance" (RTra) ; elles contribuent toutes les deux à hauteur de19,40% dans la construction de F1.

En observant ensuite l'association ou la corrélation entre les modalités des deux variables plus fortes contributrices et F1 (tableau V-8), on voit bien que les modalités RTra-5 (troupeau ne transhumant pas) et TaiTr-1 (effectif bovin du troupeau inférieur à 45 têtes de bovins) sont celles qui expliquent mieux l'axe notamment son pôle négatif. Elles sont en effet, à la fois fortes contributrices et bien corrélées à ce pôle. Ces deux modalités sont par ailleurs proches sur le plan factoriel, ce qui indique qu'elles sont associées entre elles et que des individus exprimant l'un des deux caractères sont fortement susceptibles d'exprimer l'autre.

134

Chapitre V. Les systèmes d'élevage à Kotchari

Figure V-4. Graphique des variables de l'analyse factorielle des correspondances multiples

Légende :

Les points et étiquettes en noir représentent les variables actives ;

Les points et étiquettes en rouge représentent les variables supplémentaires. TaiTr, effectif bovin du troupeau;

RLot, raison de l'allotement ;

RTra, raison de la transhumance ;

PAlt, pratiques alimentaires ;

NEsp, nombre et types d'espèces du troupeau ;

NRaB, nombre de races bovines du troupeau ;

LPat, Lieu de pâturage en saison sèche;

Eth, ethnie de l'éleveur ;

OrEl, origine de l'éleveur

135

Figure V-5. Histogramme des valeurs propres Tableau V-8. Modalités expliquant le plan factoriel F1-F2

 
 

Modalités

F1

 

F2

 

Contribution

Cosinus carré

Contribution

Cosinus carré

RTra-5

0,10

0,82

0,00

0,01

TaiTr-1

0,09

0,75

0,00

0,02

LPat-3

0,08

0,47

0,00

0,00

PAlt-1

0,08

0,44

0,05

0,16

NEsp-4

0,07

0,34

0,03

0,11

PAlt-3

0,06

0,38

0,02

0,08

RTra-3

0,06

0,38

0,00

0,00

LPat-1

0,03

0,23

0,08

0,34

Légende :

Modalités en gras, modalités à la fois fortes contributrices et bien corrélées à F1

Pour le reste des modalités, modalités non corrélées alors qu'elles contribuent bien à l'un ou à l'autre des axes ou aux deux axes à la fois.

RTra, raison de la transhumance ;

TaiTr, effectif bovin du troupeau;

LPat, Lieu de pâturage en saison sèche; PAlt, pratiques alimentaires ;

NEsp, nombre et types d'espèces du troupeau ;

Par ailleurs, si on considère ces modalités une à une et, en s'appuyant sur le fait que deux modalités s'opposent lorsque l'angle formé entre elles, à partir de l'origine de l'axe, est supérieur à 90° (l'opposition parfaite est à 180°), et s'attirent lorsque cet angle est inférieur à 90 ° (lien parfait à 0°) (Cibois, 2007), on peut faire plusieurs déductions.

- La modalité Taitr-1 (plus petit effectif bovin dans le troupeau) qui est liée au pôle négatif du facteur F1, s'oppose aux modalités TaiTr-2, TaiTr-3, TaiTr-4 et TaiTr-5. Cette

opposition est très nette avec les plus grands effectifs bovins dans le troupeau (TaiTr-4 à TaiTr-5).

- La modalité RTra-5 (troupeau ne transhumant pas), elle aussi négativement corrélée à F1, s'oppose nettement (RTra-4) à très nettement (RTra-3, RTra-2, RTra-1) aux modalités qui décrivent des troupeaux en transhumance qui, elles, sont associées au côté positif de l'axe.

A la lumière de ces constats, on peut déduire que le facteur F1 exprime la taille et le degré de mobilité des troupeaux. L'extrémité de son pôle négatif exprime des troupeaux peu mobiles (RTra-5; ne transhument pas) et aux petits effectifs bovins (TaiTr-1 ; nombre de bovins inférieur à 50 têtes) tandis que celle du pôle positif est significative de troupeaux aux grands effectifs bovins (TaiTr-4 à TaiTr-5 ; nombre de bovins supérieur à 135 têtes) pratiquant la transhumance. Entre les deux pôles, la situation est assez diverse, elle exprime des cas intermédiaires entre les deux cas extrêmes.

5.3.3.2.3. Les catégories d'éleveurs

Le comportement des modalités, leur caractère ordonné le long de l'axe F1, qui est nettement prépondérant indique que ce facteur F1 semble bien structurer l'information en opposant les groupes d'éleveurs les plus différents. L'axe F2, comme indiqué plus haut, semble par contre peu informatif et ne permet pas d'expliquer notablement l'organisation des variables et, en conséquence le comportement des éleveurs.

En conclusion, l'axe F1 distingue un premier groupe d'éleveurs (pôle négatif de l'axe) ayant les caractéristiques suivantes:

- éleveurs qui ne transhument pas (RTra-5),

- éleveur à troupeaux à effectif bovin de petite taille (TaiTr-1 : 0 à 45 têtes)

Le groupe le plus opposé à ce premier groupe (extrémité positive de l'axe) regroupe les éleveurs qui :

- ont des troupeaux à effectif bovin de grande taille généralement supérieure à 135 têtes (TaiTr-4 et TaiTr-5),

- pratiquent la transhumance pour diverses raisons notamment la recherche de l'eau et du fourrage à la fois (RTra-3) ou seulement de l'eau (RTra-1).

Les autres éleveurs se retrouvent dans une situation relativement diversifiée plutôt intermédiaire par rapport à ces deux groupes, ils se regroupent autour de l'origine du plan factoriel. Dans cet ensemble d'éleveurs dont la taille du troupeau va de 46 à 135 têtes (TaiTr2 à TaiTr-3), la transhumance est pratiquée et motivée surtout par la recherche de l'eau et du fourrage (RTra-3 ; Rtra-1) mais aussi, pour quelques éleveurs, par héritage culturel (RTra-4).

Par ailleurs, le positionnement dans le nuage de points des modalités des variables supplémentaires Eth et OrEl (figure V-4) est assez significatif et permet de donner une identité à ces groupes d'éleveurs (figure V-6). Ainsi donc, les éleveurs du groupe lié à la partie négative extrême de l'axe F1 sont des éleveurs résidents (OrEl-1), ils peuvent être d'ethnie gourmantché (Eth-1) ou peule (Eth-2) ; ceux du groupe lié à l'autre extrémité de F1 (pôle positif) sont des non résidents venant d'horizons divers (autres zones du Burkina : OrEl-

137

2 et OrEl-3; Niger : OrEl-4) de l'ethnie peule (Eth-2). Le groupe intermédiaire comprend des Peuls (Eth-2) résidents (OrEl-1).

L'analyse hiérarchique (figure V-7) après une classification k-means des éleveurs à partir de leurs coordonnées sur les facteurs F1 et F2 (résultats de l'AFCM), confirme ces comportements et le recodage a permis d'affecter chacun des éleveurs dans les classes ainsi constituées : la catégorie C1 qui comprend 98 éleveurs résidents d'ethnie gourmantché (50 éleveurs) et peule (48 éleveurs), la catégorie qui comprend des peuls essentiellement résidents pratiquant la transhumance (51 éleveurs) et la catégorie C3 constituée de 51 éleveurs peuls essentiellement allochtones et transhumants (48 éleveurs).

Sous-catégorie C1-1 - Gourmantché ;

- Pas de bovins

Sous-catégorie C1-2

- Peul et Gourmantché ;

- Présence de bovins aux effectifs inférieurs à 46 têtes

Catégorie 1 (C1)

- Éleveurs résidents et sédentaires - Effectif bovin inférieur à 46 têtes - Non transhumants

Catégorie 2 ()

- Éleveurs peul résidents

- Effectif bovin entre 46 et 135 têtes - Transhumants

Catégorie 3 (C3)

- Éleveurs peul allochtones - Effectif bovin > 135 têtes - Transhumants

Figure V-6. Graphique de projection des éleveurs (analyse factorielle des correspondances multiples) montrant leur répartition en classes.

Figure V-7. Dendrogramme des groupes d'éleveurs 5.3.3.2.4. Caractéristiques des catégories d'éleveurs

Les différents groupes d'éleveurs ainsi constitués, nous avons fait appel aux autres modalités pour mieux les caractériser, en tenant toujours compte des corrélations qui existent entres les nouvelles modalités et celles qui ont permis de séparer les groupes.

Le groupe C1 : constitué de 98 éleveurs résidents non transhumants d'ethnie gourmantché (50 éleveurs) et peule (48 éleveurs), est un groupe dans lequel la transhumance n'est pas pratiquée (figure V-6). Les troupeaux, quand ils comprennent des bovins, ceux-ci sont à effectif faible (au plus 45 têtes). Ils sont majoritairement plurispécifiques (48% sont formés à la fois de bovins, ovins et caprins) et comprennent presque autant de bovins (19 têtes en moyenne) que d'ovins (17 têtes en moyenne) avec un effectif caprin moyen (dix têtes) le plus élevé par rapport aux deux autres catégories d'éleveurs (tableau V-9). Le sex-ratio (0,54) dans l'effectif bovin indique qu'il y a plus de vaches que de taureaux (un peu plus de 1 taureau pour 2 vaches). Par ailleurs, ces éleveurs exploitent en saison sèche le terroir de Kotchari ainsi que les terroirs avoisinant et le complément fourrager distribué aux animaux en cette saison sont issus des résidus de culture (tiges de sorgho, diverses fanes notamment d'arachide et de niébé). Il faut noter que ce groupe d'éleveurs, plus que les deux autres groupes suivants, a comme activité principale l'agriculture mais l'apport de l'élevage dans l'économie des ménages peut être considérable surtout dans les ménages peuls.

L'analyse du comportement de ce groupe montre qu'il est assez diversifié, ce qui autorise à le séparer en deux sous-groupes. Pour ce faire, nous avons repris l'ACH en fixant cette fois la troncature (nombre attendu de classes) à quatre, ce qui a permis de reclasser les éleveurs du groupe dans deux sous-groupes. On a ainsi, la sous-catégorie C1-1 qui comprend seulement quinze éleveurs tous d'ethnie gourmantché et dont le troupeau ne comprend que des ovins et des caprins exclusivement complémentés en saison sèche par du fourrage cultivé. Cette souscatégorie d'éleveurs dont les troupeaux sont conduits par de jeunes bergers familiaux (un berger par troupeau) n'exploite que les pâturages du terroir de Kotchari en saison sèche.

La sous-catégorie C1-2, quant à elle, regroupe le reste des éleveurs de ce groupe (83 éleveurs
dont 48 Peuls et 35 Gourmantchés) chez lesquels l'espèce bovine est rencontrée dans les

139

troupeaux ; qui sont, par ailleurs, complémentés à la fois en fourrage cultivé surtout mais aussi naturel collecté et mis en stock. En saison sèche, les troupeaux de ce groupe peuvent exploiter à la fois les pâturages du terroir de Kotchari ainsi que ceux voisins.

Le groupe : catégorie d'éleveurs peuls (51 éleveurs) résidents et transhumants dont l'effectif bovin du troupeau oscille entre 45 et 135 têtes avec une moyenne de 88 têtes (tableau V-9). Ici, l'effectif ovin (moyenne : 20 têtes) est statistiquement le même que celui de la catégorie d'éleveurs précédente (C1) et nettement plus élevé que dans les troupeaux du groupe suivant (C3). En général, les troupeaux comprennent soit l'espèce bovine associée aux ovins (51%) ou les trois espèces (bovines, ovines et caprines) (35%). L'espèce bovine comprend plusieurs races notamment les associations des trois races courantes (Barbaji + Gurmaji et Gurmaji + Jaliji) ou de ces deux races associées à d'autres races moins importantes. Le sex-ratio (0,36), montre que ces troupeaux se composent d'à peu près 1 mâle pour 3 femelles. C'est un élevage à tendance « naisseur » dans lequel les vaches semblent nettement privilégiées. Ici, l'allotement majoritairement à deux lots (68%) se pratique avec comme motivations premières l'allègement des charges sur les parcours (45%) et la gestion des risques éventuels (43%). Ces éleveurs qui transhument, sont, en saison sèche présents sur les pâturages des pays voisins (53%) mais certains (16%) reconnaissent fréquenter les aires protégées voisines. Enfin, pour complémenter leurs animaux en saison sèche, ces éleveurs font appel à diverses sources alimentaires (mise en stock de fourrage naturel et cultivé, achat de concentré). Les bergers sont essentiellement de la famille des propriétaires mais quelques troupeaux (4%) associent à ces bergers des salariés. Au sein de ce groupe les bergers peuvent être solitaires (39%), ou en binôme (33%) ou même plus (27%) pour les plus grands effectifs.

Le groupe C3 : ensemble de 51 éleveurs peuls transhumants allochtones (non résidents, ils viennent des terroirs et départements voisins, des provinces plus ou moins voisines notamment le Yagha et du Niger et seuls trois d'entre eux sont résidents de Kotchari). Se consacrant presque exclusivement à l'élevage (l'activité agricole est marginale), les effectifs bovins de leurs troupeaux sont assez importants allant de 135 à plus de 200 têtes. L'essentiel du bétail ici est donc constitué de l'espèce bovine (effectif moyen : 135 têtes) avec une quasi absence de caprins (effectif moyen : 0 têtes) (tableau V-9). Le sex-ratio (0,48) (moins de un mâle pour deux femelles) statistiquement identique à celui observé dans C1, permet de dire que les troupeaux de cette catégorie ont également une tendance « naisseur » mais moindre que précédemment (). Les races bovines du troupeau sont la Gurmaji (Éleveurs du Burkina) (41%) ou la Jaliji (éleveurs du Niger surtout) (29%) avec une forte combinaison des deux (24%). Ces éleveurs qui sont généralement de passage pour les pays voisins (Bénin et Togo), transhument à la rencontre de l'eau, du fourrage ou des deux à la fois. La complémentation, quand elle existe, est basée sur l'achat de concentré, la grande taille des troupeaux ne permettant pas d'acheter suffisamment du fourrage complémentaire. Notons qu'à cause justement de cette grande taille, les troupeaux sont toujours subdivisés en deux lots (57%) ou en trois lots (43%).

Tableau V-9. Caractéristiques des élevages dans le terroir de Kotchari (Données d'enquête)

Effectifs moyens des espèces de ruminants

Groupes d'éleveurs
dans le terroir

Bovins

Ovins

Caprins

Sex-ratio
(mâles/femelles)

C1 (n = 98)

19,12

#177; 16,69a

17,39

#177; 10,75b

9,68

#177; 9,77c

0,54

#177; 0,21b

(n = 51)

87,84

#177; 36,77b

19,90

#177; 11,90b

4,20

#177; 5,31b

0,36

#177; 0,12a

C3 (n = 51)

174,71

#177; 46,34c

10,18

#177; 13,78a

0,12

#177; 0,84a

0,48

#177; 0,11b

Les valeurs situées sur la même colonne et portant des lettres distinctes sont significativement différentes au seuil á = 0,05 à p = 0,001 ; n, nombre d'éleveurs de la catégorie.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite