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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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b. Identification des écarts et évolution des performances

Après avoir examiné le contenu des différentes classes issues de la CAH, nous avons constaté que celles-ci comptaient autant de pays d'Europe de l'Est que de pays sudméditerranéens. Nous pouvons donc avancer que les pratiques sur le plan du cadre légal économique ne divergent pas entre les deux régions. Par ailleurs, nous avons remarqué que sur l'indicateur global (regroupant les sept familles de critères) les profils de référence se situaient au sein de la catégorie 1. Il s'agit a priori du groupe de pays les plus performants. Le tableau ci-dessous donne la composition des classes en fonction des zones géographiques PM8, AC10 et PVA3. Il spécifie, en outre, les classes auxquelles appartiennent les profils de références (cf. encadré 9).

Les niveaux de dissimilarité intra-classe des dendrogrammes 1.a. à 8.a. et 1.b. à 8.b. (cf. annexe 5) nous ont permis de déterminer les distances entre les profils et les éléments de la classe 1. Nous avons retenu au niveau de chaque dendrogramme, les branches qui sont au voisinage des profils de référence. Les résultats montrent que les pays les plus performants en termes de bonnes pratiques sur le plan global sont la Hongrie et Israël. Les autres pays, en revanche, se distinguent individuellement dans un domaine en particulier. C'est le cas de la Lettonie, de la Lituanie et de la Slovénie pour les lois sur les monopoles et la concurrence.

Avec des gouvernements de moins en moins interventionnistes dans l'activité économique, ces pays ont flexibilisé leurs politiques de concurrence et cassé les monopoles. En outre, ils ont bénéficié d'une régulation de qualité permettant un contrôle minimal mais suffisant des prix. En République Slovaque, c'est le domaine douanier qui a été favorisé avec une politique commerciale efficace, notamment pour ce qui relève des barrières tarifaires.

La Jordanie se démarque en matière de réglementation du marché du travail, notamment en ce qui concerne les lois régissant le salaire minimum et la prime de chômage. Sur la réglementation du marché des capitaux, le pays possède un système de contrôle à l'entrée et à la sortie des flux d'investissement ainsi que sur les taux de change. En matière d'IDE, la Jordanie réalise des performances satisfaisantes au niveau de son code des investissements, ainsi que sur celui du traitement des filiales étrangères, de la disponibilité des sources de financement et de la redistribution des revenus. Le Liban réalise des performances satisfaisantes sur le plan de la réglementation du système bancaire. La gestion administrative est plus flexible, notamment grâce à une intervention moins prononcée du gouvernement dans l'activité des banques (locales ou étrangères). Concernant les lois régissant l'accès aux sources de financement étrangères et la convertibilité en devises, le Liban présente également des performances favorables.

La Tunisie se démarque au niveau de l'environnement des affaires, avec un cadre attractif où le gouvernement tente de faire preuve de plus d'efficacité : réduction des blocages bureaucratiques, amélioration de la qualité du service public et promotion du système juridique. Le pays se distingue en matière de droits de propriété et pratique un contrôle sévère sur la corruption. Il possède, par conséquent, une part de marché parallèle parmi les plus faibles de l'échantillon étudié. La Turquie, qui continue à alimenter les débats au sujet de son éventuelle adhésion au sein de l'UE, présente des performances anormalement faibles (proches de celles de la Roumanie et de l'Egypte), en partie dues à la crise bancaire et financière du début des années 2000.

Pour finir, nous avons relevé qu'entre 1995 et 2003, les PECO se sont remarquablement rapprochés des standards européens et ont vu leur taux d'occupation dans la classe de référence s'accroître de 80% à 90%. En 2003, ces pays ont enregistré en moyenne un degré d'ouverture comparable au niveau européen7. Ceci correspond à la mise en place de politiques commerciale et de concurrence favorables, et concorde parfaitement avec le passage à l'Union des vingt-cinq.

En somme, nous pouvons avancer que l'organisation du milieu des affaires suit globalement quatre directions. L'une d'entre elles est considérée comme référence et les performances des pays y appartenant (principalement des PECO) côtoient celles des meilleures pratiques dans le monde. Pour les trois autres catégories, le chemin à parcourir en matière de réglementation de l'activité économique est encore long.

7 Le ratio (importations + exportations) / PIB est de 83% pour les PECO et de 99% pour l'UE, selon les bases de données du PNUD.

Encadré 9 : Composition des classes en fonction des zones géographiques (2003)

AC10 PM8 PVA3 ~ Profils de référence

Source : Guessoum [2005a], p. 13.

Par ailleurs, le positionnement des groupes de pays autour de la classe 1 détermine l'écart séparant les différentes catégories (chacune reflétant une pratique), de la classe 1 (le cadre légal attractif). A cet effet, le niveau de dissimilarité inter-classe donne l'ordre dans lequel les branches des dendrogrammes ont été reliées. Les résultats indiquent que les classes 2, 3 et 4 sont aussi loin les unes que les autres de la classe de référence. Ceci s'explique par le rapprochement des pratiques des trois classes sur les lois régissant la concurrence, le cadre des affaires et les droits de propriété. Dans ces domaines, les pays qui ne font pas partie de la catégorie de référence semblent réglementer lourdement l'activité économique, réduisant l'efficacité des institutions et le niveau de productivité. Un rapport émis par la BIRD explique à ce sujet que les pays qui réglementent le plus (émergents pour la plupart) sont paradoxalement ceux pour lesquels la capacité de mise en application des lois et les moyens de contrôle de l'Etat sont les plus faibles. Par conséquent, une réglementation excessive est considérée comme un facteur de blocage (Banque Mondiale [2004]).

Sous un angle dynamique, notre étude montre que la répartition des pays a gagné en homogénéité entre 1995 et 2003. En début de période, les pays euro-méditerranéens sont répartis de façon équitable sur les quatre catégories (cf. annexe 5, dendrogramme 8.a.). En fin de période, seuls les PECO et Israël sont regroupés dans la même catégorie que les profils de référence (cf. annexe 5, dendrogramme 8.b.). En outre, l'évolution du contenu de chaque classe montre que les pays tendent à converger. En effet, la moyenne des distances entre les éléments d'une classe et son centre de gravité a diminué. Bien que cette baisse reste minime (de l'ordre de 5%), elle signifie que la mise en pratique des politiques économiques tend à s'uniformiser au sein des catégories.

Les résultats escomptés vont finalement dans le sens de la convergence des politiques nationales au service d'enjeux communs et confortent les autorités dans la mise en oeuvre de programmes collectifs. A l'issue du processus d'ouverture, les PM ont été confrontés à un choc externe qui les a conduits à réformer leur cadre légal économique à des degrés sensiblement différents. A l'heure où certains gouvernements effectuent un travail de fond sur le plan institutionnel (cas de la Tunisie), d'autres commencent à peine à dresser un agenda de réformes (cas de la Syrie). En définitive, l'organisation du milieu des affaires suit quatre directions. L'une d'entre elles est considérée comme référence, puisque les performances des pays qui en font partie (essentiellement des PECO), côtoient celles des meilleures pratiques (70ème centile mondial, moyenne de l'UE, moyenne de l'OCDE).

Au-delà de l'évaluation du cadre institutionnel euro-méditerranéen par une double approche comparative et dynamique, l'apport principal de cette étude de cas est de mettre en avant l'intérêt des critères subjectifs. En effet, lorsque l'objet de l'évaluation présente des aspects qualitatifs, les avis et jugements émis par les spécialistes sur le terrain deviennent incontournables. L'évaluation du cadre légal économique présente ces spécificités, dans le sens où la quasi-totalité des critères pris en compte sont qualitatifs. L'introduction de tels paramètres a été concrétisée par le biais d'échelles de mesure numériques facilitant leur manipulation au sein d'une application empirique.

Enfin, rappelons que le choix des critères, qu'ils soient de nature quantitative (objectifs) ou qualitative (subjectifs), n'est pas totalement neutre et suppose l'émission d'un jugement par l'évaluateur. En vue de retranscrire le plus fidèlement possible ce qu'il veut « faire dire » à son modèle, l'analyste peut se référer aux indicateurs des organismes spécialisés : Fraser Institute pour la liberté économique, World Economic Forum pour la compétitivité, Transparency International pour la corruption... Il est, de ce fait, tenu de faire preuve de pertinence, tant sur le choix des indicateurs que sur celui de leur source de provenance.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo