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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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3. Etude de cas 2 : Adopter une stratégie par rapport aux agences de rating

La succession des crises, due notamment à l'expansion des mouvements de capitaux à l'échelle internationale durant la décennie 90, a mis en évidence une sensibilité croissante des pays aux variations économiques externes réelles et monétaires. Ces bouleversements financiers survenus en conséquence d'une ouverture économique accrue se sont, pour la plupart, transformés en crises internationales. C'est au coeur de ce contexte d'instabilité que le concept de risque-pays est devenu une préoccupation majeure, entraînant en parallèle une forte demande d'informations concernant son évaluation : le rating est devenu un outil incontournable. La notation des risques encourus à l'échelle internationale est élaborée par des organismes spécialisés issus de différents secteurs d'activité.

Ceux-ci sont en majeure partie des agences de rating (Fitch, Moody's, S&P, PRS), pour le reste il s'agit d'assureurs-crédit (COFACE), de cabinets de consulting (BERI, NSE, EIU) ou de journaux financiers (Institutional Investor, Euromoney)8.

Le contenu informationnel du rating permet aux parties exposées au risque mais aussi à celles qui en sont à l'origine de mieux l'appréhender. En effet, les notes sont un instrument tactique, tant pour les émetteurs de titres que pour les investisseurs attendant un retour sur capitaux. Elles permettent aux entreprises de diversifier leurs sources de financement et d'en optimiser le choix, mais ne peuvent être utilisées dans le traitement de problématiques de grande envergure. Trop synthétiques, les ratings des agences ne peuvent pas aider à la prise de décision macroéconomique. Les processus de notation ne sont pas transparents et sont qualifiés de « boites noires », même si, paradoxalement, les notes qui en sont issues continuent à influencer les tendances de l'économie mondiale.

L'objectif de la présente étude de cas est de mettre au point un comparatif entre les méthodologies employées par les organismes de notation. Pour ce faire, nous avons, en premier lieu, établi un parallèle entre les différentes approches du risque-pays. En second lieu, nous avons examiné le contenu des systèmes d'évaluation des agences de notation, à savoir les familles de critères et les échelles de notes. En dernier lieu, nous avons effectué un test de convergence sur les ratings. Il semble a priori que les agences de notation, du moins celles que nous avons intégrées dans notre cas pratique (Fitch, Moody's, S&P), ont des grilles d'évaluation similaires (notes alphabétiques de long terme et de court terme). Leurs zones de couverture ainsi que leur typologie des risques se ressemblent. Il reste à savoir si ces systèmes convergent réellement sur les résultats.

a. Typologie du risque-pays et critères de notation

Compte tenu du nombre d'agents économiques ayant recours à la notation, du nombre de structures proposant l'élaboration des ratings, ainsi que du nombre d'approches à travers lesquelles le risque-pays est décomposé, un panel d'analyses est proposé à ce sujet. Les divergences éventuelles entre les résultats émis par les agences de rating ont pour principale origine trois facteurs : les critères utilisés pour définir les risques, la méthodologie employée pour les évaluer et les notes qui leur sont attribuées. Nous allons nous pencher sur chacun de ces facteurs en nous servant d'exemples concrets.

Les critères sur lesquels s'appuient les analyses du risque-pays sont pour la plupart d'ordre quantitatif (ratios), directement issus de sources nationales (Banque Centrale, Ministère des Finances) ou internationales (BM, FMI, OCDE). D'autres critères notamment liés à la dette gouvernementale ou à l'endettement externe, s'inspirent de données estimées à partir de séries statistiques. Ce type d'indicateurs permet de disposer d'informations chronologiques quant aux performances des économies et aux caractéristiques de leurs structures. Celles-ci peuvent mettre en évidence d'éventuelles tendances et faire ressortir certains évènements cycliques. Cependant, les analyses du risque-pays se basent aussi sur des critères d'ordre qualitatif.

8 L'annexe 6 donne une typologie des organismes de rating et de leurs indicateurs.

Outre les données numériques, soulignons que les différents avis et jugements émis par les experts, bien que subjectifs, sont consultés. Ainsi, chaque indicateur résulte de l'interaction entre précision des analyses quantitatives et complexité des faits réels. Afin de pouvoir cerner la notion de risque-pays et d'en saisir les composantes, trois points de vue sont généralement adoptés : le type d'acteur économique touché par le risque, la nature du risque et le type de crise conduisant au risque (Gautrieaud [2002], pp. 3-16). Dans la première approche, la définition du risque-pays consiste à se positionner du côté de l'entité économique nationale qui en subit les conséquences, à savoir les banques, les investisseurs ou les exportateurs. Ceci donne lieu à trois catégories de risque affectant les transactions internationales qu'il est possible de protéger par des contrats d'assurance (COFACE, NSE) :

- Le risque bancaire se manifeste par des incidents de paiement liés au comportement de l'Etat débiteur (politique nationale restrictive sur le montant des devises ou les sorties de capitaux). Il peut aussi toucher un emprunteur privé (mauvaise gestion de l'activité ou environnement défavorable) et prend la forme d'un retard de paiement pouvant aller jusqu'au non-remboursement des intérêts ou du principal. Enfin, les banques s'exposent au risque-pays à partir du moment où elles interviennent dans une opération de financement internationale.

- Le risque financier (pour les investissements de portefeuille) ou industriel (pour les IDE) est généralement provoqué par un acte souverain. Il s'agit essentiellement du contrôle exercé par l'Etat sur les filiales d'une firme ou sur la gestion de titres financiers (Marois [1990], p. 9).

- Le risque commercial est inhérent aux opérations d'exportation. Il se manifeste sous forme de coût d'opportunité lors de la fermeture d'un marché étranger pour des raisons politiques, ou sous forme de non-recouvrement des créances détenues sur un importateur étranger, à l'issue de mesures prises par l'Etat d'accueil comme l'interdiction de transférer des devises aux non-résidents (Marois [1990], p. 10).

Dans la seconde approche, le risque-pays est défini par rapport à l'entité économique qui en est à l'origine. C'est la nature du risque qui est mise en avant car il y est apprécié en fonction des caractéristiques du débiteur étranger qui le provoque :

- Le risque souverain ou de non-transfert est lié aux défaillances de l'Etat, son incapacité ou son refus de recouvrir ses créances. Si l'Etat tente de s'acquitter de sa dette, mais est dans une incapacité financière passagère, la volonté du pays n'est pas remise en cause. En revanche, si l'Etat fait preuve d'une volonté affichée de ne pas restituer les sommes dues, les termes originaux du contrat d'endettement sont renégociés (modification de l'échéance et des taux d'intérêt).

- Le risque systémique est provoqué par les défauts de paiement des agents qui se répercutent directement sur la solvabilité générale des pays. Les crises de la décennie 90 illustrent parfaitement l'ampleur du phénomène : les défaillances privées internes ont d'importantes répercussions à l'échelle nationale puis internationale (effet boule de neige et contagion).

La dernière approche met en avant le fait générateur des crises et définit le risque-pays en se focalisant sur l'origine des événements qui ont déclenché ces crises. L'idée est d'apprécier le climat général des affaires pouvant modifier les termes des contrats :

- Le risque politique n'est pas toujours associé à la volonté des Etats de ne pas honorer leurs engagements financiers. Les guerres, les révolutions, les émeutes sociales ou encore les grèves sont autant d'événements qui peuvent déstabiliser une économie. D'autres obstacles viennent entraver le bon déroulement des opérations internationales (barrières douanières, confiscation de biens, nationalisations...).

- Le risque économique et financier est lié à l'incapacité de l'Etat à rembourser ses dettes en raison de l'insuffisance du niveau des agrégats macroéconomiques (croissance du PIB, solde budgétaire, investissement, épargne...) ou de la défaillance des secteurs bancaire et boursier.

Les frontières séparant ces différentes approches restent quand même floues. C'est pourquoi chaque agent économique touché par le risque, peut avoir recours à une institution spécialisée dans son segment d'activité. Les agences de rating par exemple, s'occupent du risque souverain, la COFACE s'intéresse au risque commercial, NSE aux risques des exportateurs et des investisseurs industriels, et les banques au risque bancaire. La typologie des critères de notation dépend de l'optique à travers laquelle le risque-pays est approché9.

Par ailleurs, un système de poids permet de mettre l'accent sur les critères plus importants. Les pondérations varient aussi selon le niveau économique du pays concerné par le rating : les pays industrialisés se caractérisent par une stabilité structurelle, ce qui n'est pas le cas des PVD. De plus, la disponibilité des données utilisées dépend de ces deux types de configuration : les économies développées disposent d'informations détaillées concernant la politique fiscale, alors que les économies émergentes disposent plutôt de données relatives à la dette externe et à la balance des paiements. Au niveau de la répartition des critères, la plupart des agences de notation se rejoignent sur les échéances des titres émis ainsi que sur les principaux thèmes abordés. Deux grands axes reviennent en général, à savoir la sphère politique et le domaine économico-financier (cf. encadré 10).

Sur ce dernier point, il est possible de dresser une liste des facteurs spécifiques entrant dans la composition du risque-pays. A cet effet, une étude montre que les critères peuvent être regroupés au sein de 24 catégories synthétiques, dont 13 touchent essentiellement au domaine économico-financier, alors que les 11 autres relèvent de la sphère politique. Les facteurs récurrents au sein du premier axe sont « Compte courant et balance des paiements » et « Niveau d'endettement ». Les facteurs « Comportements et anticipations des agents » et « Environnement politique » sont les plus fréquents au sein du second axe (cf. annexe 7, tableau 1).

9 Une fiche synthétique regroupant les entités spécialisées dans la notation (typologie et secteur d'activité) est introduite en annexe 6.

Par ailleurs, cette étude montre que les organismes de rating utilisent globalement autant de critères quantitatifs (objectifs) que qualitatifs (subjectifs). Les données sont réparties de manière équitable entre ordinal (notation alphabétique) pour les agences de rating et scalaire (notation numérique) pour le reste des institutions. Enfin, pour ce qui est des sources d'informations, elles proviennent essentiellement de bases de données officielles (cf. annexe 7, tableau 2). Ceci semble jouer en faveur des organismes de notation par rapport à ce qui leur est reproché en matière de transparence. Rappelons toutefois que ce problème n'intervient que bien plus loin dans le processus de rating : l'utilisation d'une « black box » se fait lors du traitement des intrants.

Encadré 10 : Thématiques communes aux évaluations du risque-pays

Risque politique

Risque interne

Risque externe

/ Conflits externes

I Influence provenant de l'étranger

Croissance du PIB

/ Niveau de développement économique I Revenu par tête

/

Politiques monétaire et fiscale

I Part des investissements dans le PIB / Inflation

/

I Indicateurs de la dette externe

Equilibre externe

I Balance des paiements

Source : Bouchet et al. [2003], pp. 109-110.

Economie domestique

I Efficacité des politiques

/ Marché parallèle / Corruption

I Instabilité politique

/ Conflits internes

Risque économico-
financier

I Solidité du système bancaire

En définitive, il est essentiel que les analyses du risque-pays soient précédées d'études sur le potentiel de marché. Il s'agit de démarches connexes qui prennent en compte une série de critères ayant trait au niveau de développement économique. Les facteurs utilisés à cet effet relèvent de la structure démographique, du marché de l'emploi, de la production, des transactions commerciales, du poids du secteur privé, de l'équilibre de l'offre et de la demande, ainsi que de la croissance. On y retrouve, entre autres, des indicateurs macroéconomiques tels que le PIB, le solde courant, les flux de capitaux, le taux d'inflation et le taux de chômage. Tous ont pour objectif de faire le point sur la situation des pays, sans forcément émettre de notes. L'ensemble de ces indicateurs est à titre informationnel et peut servir de base au processus de benchmarking.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote