WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

( Télécharger le fichier original )
par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. Le partenariat euro-méditerranéen : Point sur l'état d'avancement des réformes

En 2005, le partenariat euro-méditerranéen a fêté ses dix années d'existence. Souvent critiqué pour son inertie, le processus de Barcelone tient, malgré tout, une place à part dans l'ensemble des politiques extérieures de l'UE. Lancé en novembre 1995, ce projet économique régional est une initiative de stabilisation originale qui se donne pour but de créer en Méditerranée une aire de paix et de prospérité partagée, reposant sur une interdépendance économique accrue. C'est en cela que le partenariat reste un outil incontournable pour faire face aux tensions régionales. Il prévoit essentiellement la mise en place d'une zone de libre-échange entre l'UE et les PM. Ces derniers doivent cependant accompagner l'ouverture commerciale par un effort de réforme économique interne. Le programme qui leur est proposé est soutenu par une enveloppe financière spécifique de 5,35 milliards d'euros pour la période 2000-2006 (MEDA), auxquels s'ajoutent 7,4 milliards d'euros de prêts de la Banque Européenne d'Investissement (BEI).

L'idée d'une régulation à l'échelle régionale a suscité un véritable engouement pour la macro-régionalisation comme cadre favorable à l'échange autant qu'à la régulation publique. La perspective d'une zone euro-méditerranéenne comme région économique, sans aller jusqu'aux aspects théoriques des ZMO, s'appuie sur trois arguments. Le premier est de nature prospective, fondé sur l'analyse de la localisation des activités économiques et prône la tournure régionale de la globalisation. Le second est un argument géographique qui décrit l'ampleur des échanges économiques transméditerranéens, souvent sous-estimés. Le dernier argument relève de la prise de conscience récente des pouvoirs publics européens quant à la nécessité d'une politique régionale.

A ce sujet, les travaux menés par le Centre d'Analyse et de Liaison des Acteurs de la Méditerranée (CALAM) sur l'enseignement supérieur et la recherche ou encore sur la gestion de l'eau démontrent la pertinence de l'option régionale dans l'optimisation des biens publics. Cette vision est partagée par Michalet pour qui l'intégration Nord-Sud favorise la réduction des coûts de main-d'oeuvre, l'accès aux grands marchés centraux, le développement d'une spécialisation intra-branche, mais également la circulation des biens, des services et des capitaux à travers des circuits internes à la région (Michalet [2004]). La stabilité des conditions économiques générales est alors assurée par l'ouverture préférentielle des barrières nationales aux entreprises de la région (utilisation de chartes de l'investissement).

Par ailleurs, la coordination des politiques publiques à l'échelle régionale constitue un enjeu géoéconomique et géopolitique de taille. Il s'agit, en l'occurrence, d'un facteurclé en matière de formation, de reconnaissance des diplômes et d'organisation des flux migratoires. Rappelons que la coordination, en tant que procédé de régulation des politiques nationales, assure à l'échelle régionale un partenariat public-privé. Concrètement, on estime que l'intégration économique entre l'Europe et ses voisins méditerranéens reste insuffisante. On constate même un décrochage par rapport aux Etats-Unis, notamment sur les quatre piliers de la puissance (économie, technologie, culture, et leadership militaire).

Pour des raisons de proximité, l'Europe est particulièrement exposée aux effets négatifs de l'insuffisance du niveau de développement des PM (migrations massives, extrémismes religieux, prolifération d'armes, rattrapage technologique difficile). Ceci affecte évidemment la coordination économique, commerciale et culturelle euroméditerranéenne. Concrètement, les accords d'association de Barcelone ont été freinés durant les premières années du processus de négociation par des difficultés politiques et juridiques. Aujourd'hui, alors que certains pays tentent de pallier les carences de leurs mécanismes de marché, d'autres souffrent encore de pauvreté prononcée ou de monopole étatique rigide, le tout ponctué d'une instabilité politique au Proche-Orient. Pour se cantonner aux seules politiques de réforme, force est de constater que la divergence la plus marquée, quant à leur état d'avancement, oppose les pays fortement dotés en ressources naturelles à ceux qui ne le sont pas.

a. Réformes dans les pays peu dotés en ressources naturelles

Ce premier groupe de pays inclut l'Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, ainsi que la Tunisie. Ces pays ont pour particularité d'être relativement avancés dans l'orientation générale des réformes. Etant donné leur faible potentiel en ressources naturelles, ces économies ont entamé une série de mesures en faveur de la libéralisation du commerce plus décisives et plus crédibles. Après avoir fait l'expérience d'une décennie d'ajustements progressifs de l'industrie nationale, les pressions sur les marchés intérieurs du travail visant la création de nouveaux emplois ont fait pencher la balance en faveur d'une réforme accélérée. Nous allons, dans ce qui suit, en aborder les différents aspects.

Tout d'abord, la réduction des barrières tarifaires envisagée dans le cadre du processus de Barcelone, jugée trop lente, a fini par réorienter les négociations vers la réduction des bénéfices des partenaires commerciaux en échange de propositions de réformes commerciales accélérées. Dans cette optique, l'ouverture commerciale en Tunisie a mis l'accent sur certains produits (biens d'équipement, produits intermédiaires) et accentué la protection effective pour d'autres.

Dans les autres pays du groupe, les tarifs moyens ont globalement avoisiné les 30% en 2003 (36% au Maroc et 21% en Egypte), ce qui représente plus du double de la moyenne des pays à bas revenu et à revenu intermédiaire. Par conséquent, un intérêt particulier a été accordé à l'adoption d'une réduction tarifaire généralisée et uniforme. Il s'agit aussi de simplifier la structure des tarifs, au vu des accords régionaux d'échanges.

En parallèle, la suppression des barrières non tarifaires a été progressive mais pas totale. L'objectif à terme, serait de remplacer les barrières non tarifaires par leur équivalent tarifaire en vue d'introduire davantage de transparence et minimiser le lobbying en faveur des licences à l'importation. En Tunisie, ces licences ont été remplacées par des barrières administratives (cahiers de charge) qui ne sont finalement qu'un autre type d'obstacle au commerce extérieur.

Au Maroc, ce sont les normes qualitatives et les contrôles techniques systématiques qui ont été utilisés. Ils n'ont cependant aucune équivalence internationale et n'offrent qu'une faible protection. Dans plusieurs pays, notamment en Egypte, les procédures d'homologation sont longues et coûteuses. Il reste encore des efforts à faire avant de s'aligner sur les principes de l'OMC.

Il est à noter que le processus de réduction tarifaire peut occasionner des pertes de revenu (conséquences budgétaires) qui sont toutefois récupérables grâce à l'impôt domestique (TVA). Les pertes de fiscalité dues au commerce extérieur peuvent générer une croissance totale plus rapide, surtout qu'elles sont souvent surestimées. Au Maroc, par exemple, les recettes issues des droits d'entrée sont une source importante de revenu pour le budget national.

Elles ont été évaluées à 4,2% du PIB en 1995, peu avant le processus de réduction tarifaire imposé par l'accord d'association avec l'UE. Entre 1996 et 2000, ce chiffre est tombé à 3,3% du PIB, soit une perte d'environ 1% en cinq ans. Cette perte a été compensée par une hausse des importations de 25%, ce qui a permis aux droits d'entrées de continuer à générer des recettes. Sur le plan des réformes douanières, des progrès ont été réalisés par le Maroc et la Jordanie. En Egypte et en Tunisie, les procédures demeurent complexes et fastidieuses, les coûts de transaction sont particulièrement importants pour les PME, les inspections excessives et les périodes d'attente longues (étranglement administratif).

Concernant le secteur des services (télécommunications, transports, finances, éducation et santé), des efforts restent à faire en termes d'ouverture à la concurrence. Au Maroc et en Jordanie, les coûts de transport portuaire et routier sont élevés. En outre, la privatisation du transport aérien suscite une action d'urgence, notamment sur le fret. La Tunisie doit davantage libéraliser ses télécommunications. L'Egypte doit activement encourager la concurrence des banques étrangères. Par ailleurs, le nombre de démarches imposées lors du lancement de nouveaux projets est extrêmement coûteux et supérieur à la plupart des normes internationales. Tous les pays de la région doivent envisager une déréglementation permettant de minimiser les procédures bureaucratiques et les coûts de transaction pour les nouvelles entreprises.

Pour finir, rappelons que les PM se différencient aussi par la politique de change adoptée. La Tunisie par exemple a un flottement contrôlé, avec pour cible un taux de change réel. La Jordanie et le Maroc ont des taux de change rattachés au dollar. Au Maroc, la surévaluation persistante du taux de change a contribué à sa faible performance en matière d'exportation dans les années 90. A présent, la situation s'est améliorée. En Egypte, l'adoption d'un taux de change flottant a contribué à la réduction de la protection tarifaire. Une dévaluation a récemment permis de protéger les industries d'importation. Au Liban, des ajustements macroéconomiques soutenables sont nécessaires pour bénéficier des avantages des réformes du commerce extérieur.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo