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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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II. ATTRACTIVITE ECONOMIQUE
UN DECOUPAGE TENANT COMPTE DES NOUVEAUX ENJEUX

Entre croissants et décroissants, quantitatifs et qualitatifs, quels critères doivent être pris en compte ? Les paragraphes suivants proposent une revue de la littérature, à la fois théorique et empirique, permettant de justifier la sélection des critères d'évaluation...

1. Les mécanismes d'ouverture : Quel cadre favorable au développement ?

Les notions d'attractivité économique et de cadre incitatif sont au coeur de la théorie du développement. Elles sont étroitement liées à la volonté de réaliser des perspectives de croissance suffisantes pour passer le cap de la transition économique avec succès (cf. annexe 1). Les modèles de développement issus des courants de pensée néoclassique et libérale, partent de ce principe commun. La seule différence est que la structure chargée de définir et de mettre en oeuvre ledit cadre incitatif, est soit l'Etat, soit le marché. L'histoire du développement montre que les prémisses de ce concept remontent aux analyses de Smith et de Schumpeter. Il était alors question de cerner la nature de l'expansion économique et d'en identifier les causes.

La théorie du développement a évolué avec l'intégration de critères comme la pauvreté ou la qualité de vie, à l'issue d'études quantitatives en partie menées par Clark, dans les années 40. Leur champ d'analyse était toutefois restreint car limité aux Etats-Unis et à l'Europe. Ce n'est qu'après la seconde moitié du 20ème siècle que les économistes ont manifesté un vif intérêt pour les PVD récemment indépendants : de nouvelles préoccupations telles que la reconstruction ou le développement étaient au coeur du débat. L'investissement s'est distingué comme facteur-clé de création d'emplois et les conditions salariales ont été utilisées par l'Etat comme instrument de contrôle de la main-d'oeuvre. L'idée était de privilégier les industries à fort potentiel de développement, à travers un enchaînement de programmes, sous l'égide d'un système centralement planifié pensé par l'Etat.

Les gouvernements des PVD étaient alors convaincus que le recours à des moyens publics d'incitation (licences d'importation, privilèges fiscaux, réductions tarifaires) pouvait stimuler l'investissement privé. La planification avait été bien pensée, mais sa mise en pratique a échoué essentiellement à cause des dysfonctionnements au sein des gouvernements conservateurs chargés de l'exécution des programmes. La conséquence a été de privilégier les systèmes de prix relatifs et les mécanismes de marché comme moteurs de l'investissement et de l'épargne.

Les institutions internationales ont fini par mettre en place des politiques de développement, allant parfois jusqu'à se substituer aux gouvernements des pays en transition, après avoir souligné leur difficulté à mener une politique d'attractivité économique efficace.

Ce vif intérêt pour l'ouverture économique comme unique moyen d'assurer une croissance durable s'est généralisée dans le monde en développement avec la constitution d'espaces économiques, à commencer par les zones de libre-échange. Aujourd'hui, le bilan est mitigé pour ce qui est de la convergence des PVD. Le Mercosur et l'Asie du Sud-Est (Asean) ont dépassé depuis longtemps les premiers stades de l'intégration économique. Les PECO en sont à la phase de zone monétaire, du moins, pour ce qui est des dix nouveaux membres admis au sein de l'UE. Enfin, les PM en sont au processus d'association avec l'UE et n'ont pas encore satisfait les objectifs de libre-échange.

a. Processus de transition et liberté économique

L'économie du plan a été appliquée dans de nombreux pays, bien au-delà des frontières de l'Europe de l'Est, en l'occurrence la Chine, Cuba ou encore les PM. Les principes sur lesquels s'appuyaient ces économies allaient de la nationalisation presque totale des entreprises à la planification administrative. Les systèmes centralisés ont fait preuve d'une performance relative sur le plan social grâce aux mécanismes de subvention mais se sont révélés impuissants sur le plan économique, ce qui a impulsé un changement de tendance vers l'ouverture et la libéralisation des échanges. C'est en 1990 et dans les PECO qu'une véritable rupture a eu lieu avec les régimes centralisés, marquant le passage définitif à l'économie de marché. A partir de là, le qualificatif « économies en transition » a été attribué par l'OCDE aux pays d'Europe de l'Est, puis s'est répandu à d'autres systèmes centralisés, notamment en Méditerranée.

La transition est une expérience longue et coûteuse, d'autant que les structures des économies centralisées ne les ont pas prédisposées à basculer vers une régulation décentralisée (Crouzet [2000]). Ce processus peut prendre effet selon une cadence plus ou moins rapide, allant du big-bang économique à une approche plus modérée. Dans tous les cas, il s'agit d'opérer un ensemble d'ajustements massifs, à commencer par l'exposition du système de production national à la concurrence étrangère (instauration des prix relatifs et réduction des barrières aux échanges). Il faut aussi démanteler les réseaux d'entreprises défaillantes et non rentables par des procédures de mise en faillite. Enfin, il est indispensable d'assainir le système bancaire et de restructurer l'architecture financière dans le sens de l'open market. La société est alors tiraillée entre deux secteurs : la sphère publique qui favorise la dimension sociale et la sphère privée qui prône la liberté économique. Par conséquent, les réformes s'accompagnent nécessairement de déséquilibres dont l'étendue et la durée sont proportionnelles au mode de transition entrepris. A travers l'expérience des PECO, tout semble indiquer qu'une transition n'est supportable et efficace que lorsque les réformes sont généralisées au plus vite, saisissant l'opportunité de l'interdépendance des marchés pour mettre en place des politiques complémentaires.

Graphique 2 : Corrélation entre PIB par tête et ouverture économique (2005)

Graphique 1 : Evolution du taux d'ouverture et du PIB par tête (1960-2003)

Graphique 3 : Corrélation entre PIB par tête et liberté économique

Source : Hulsman et al. [2005], p. 45.

Source : Hulsman et al. [2005], p. 39.

Source : Miles [2006], p. 22.

Encadré 2 : Liberté économique, ouverture et dynamique de croissance

Dans une certaine mesure, l'accélération du processus d'ouverture est la seule issue envisageable pour crédibiliser l'Etat réformateur et éviter de compromettre les autorités exécutives compétentes. Dans ce sens, la théorie économique du libre-échange semble indiquer que l'adoption d'une politique d'ouverture associée à un cadre institutionnel de qualité constitue un moyen efficace en faveur de la croissance. Ce résultat est notamment corroboré par Heritage Foundation dont l'indice de liberté économique mesure l'impact de l'intervention du gouvernement sur la prise de décision économique (consommation, production, investissement, emploi). Ceci suppose que l'influence de l'Etat sur le choix d'une politique économique a un impact direct sur le niveau de croissance.

De nombreux pays semblent encore réticents à jouer le jeu de l'ouverture : chacun cherche à minimiser les barrières aux échanges de ses partenaires commerciaux, tout en maintenant un contrôle rigide au niveau de ses propres frontières. En réalité, les faits montrent que la libéralisation commerciale engendre des externalités positives au niveau des politiques économiques et en termes de compétitivité. Les pays les moins ouverts sur les plans économique, politique et social sont loin de constituer un cadre attractif favorable à la mobilisation des ressources, notamment en matière d'investissement et d'emplois.

Concrètement, une étude empirique réalisée par la BM a permis de retracer l'évolution du commerce mondial (imports + exports / PIB) et celle de la croissance économique (PIB par tête) sur une période de quarante ans (1960-2003). Cette étude a permis de démontrer que les pays ayant entamé une dynamique d'ouverture active (libéralisation des échanges de biens et de facteurs) ont enregistré une croissance économique plus forte que les pays ayant imposé des barrières au commerce extérieur (politiques tarifaires ou restrictions qualitatives). En outre, il apparaît que la croissance et la liberté économique augmentent de façon simultanée (cf. encadré 2).

D'un point de vue qualitatif, si le développement économique des années 80 a été synonyme de diversification industrielle, il en a été autrement durant la dernière décennie. L'ouverture commerciale des PVD s'est accompagnée d'une spécialisation dans les industries à faible valeur ajoutée. L'enfermement dans de telles structures n'a pas permis le transfert attendu de savoir-faire, ni l'obtention de nouveaux avantages comparatifs. L'efficience et les mécanismes de marché n'ont donc pas fonctionné de façon optimale (Tahri-Joutei [2004], p. 281).

Le libre-échange n'a pas apporté de modifications prononcées au niveau des structures de production, y compris en Méditerranée. En dépit du succès des politiques d'ouverture au niveau de la réduction tarifaire et de la promotion des IDE, les programmes de réforme ont quelque peu échoués en matière de développement. Ils se sont essentiellement focalisés sur la seule perspective du libre-échange. L'absence d'une modernisation sociale et politique a fini par réduire l'efficacité du processus de transition. De même, la réalité de la structure institutionnelle a entravé la mise en place de politiques économiques appropriées (Miles [2006]). Afin de se faire une idée de l'ampleur du phénomène d'ouverture au niveau mondial, il est utile d'exposer la cartographie de la liberté économique élaborée par Heritage Foundation (cf. encadré 3).

Encadré 3 : Indice de liberté économique (2006)

Source : Miles [2006], Maps.

L'indice de liberté économique engendre une bipolarité dans le monde : les pays de la Triade sont qualifiés de très libres et classés << free » ou << mostly free », alors que les PVD sont considérés comme peu libres, à savoir << mostly unfree » ou << repressed ». Dans ce sens, il a été démontré que le niveau de PIB par tête est d'autant plus élevé dans un pays que celui-ci est économiquement libre. Suivant cette logique, la prospérité est liée à la liberté économique et à une faible intervention de l'Etat. Cette logique est également adoptée par Frazer Institute. Elle est toutefois contestée par d'autres organismes pour lesquels un commerce bénéfique est encadré par de solides institutions soutenues par des politiques publiques (Gwartney et Lawson [2003]).

Enfin, concernant les inégalités relatives aux questions sociales, le 20ème siècle a été marqué par une croissance moyenne remarquable des revenus, mais ceux-ci ont été inégalement répartis. L'amélioration de la qualité de vie n'a donc pas touché toutes les populations avec la même intensité et l'écart entre les riches et les pauvres s'est fortement creusé : le PIB par tête du quart le plus riche de la population a sextuplé, tandis que celui du quart le plus pauvre a moins que triplé (cf. encadré 4).

Les inégalités de revenu se sont manifestement aggravées à tel point que même dans les pays industrialisés la contestation a été en faveur de l'annulation de la dette des PVD. Elle s'est traduite par l'idée d'instaurer une taxe dont les prélèvements seraient alloués à l'aide au développement. En somme, l'opinion internationale reconnaît les phénomènes d'exclusion et relance le débat sur la question des acquis sociaux.

Encadré 4 : Inégalités en termes de répartition du revenu (2000)

Source : PNUD [2005], p. 18.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway