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L'internet à  Kisangani: enjeux et perspectives

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par Dieu Marc BOTCHAKA SINATRA
Université de Kisangani - Diplôme de graduat en sciences politiques et administratives 2007
  

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II.2. 2. Sur le plan des relations interpersonnelles

L'avènement d'Internet, nouveau territoire électronique conduit actuellement à l'émergence de nouvelles formes de relation, en rupture radicale avec les cadres spatio-temporels traditionnels.

Ce dispositif sociotechnique de communication médiatisée/médiatée par ordinateur offre à l'internaute un nouvel espace d'interaction sociale permettant le développement des relations interpersonnelles originales et aboutissant dans certains cas seulement, comme nous allons le montrer, à la création de relation sociale interpersonnelle.

La pratique du bavardage par Internet, activité a priori éminemment solitaire, permet en effet assez paradoxalement, la création de lien social (relation interpersonnelle) entre les participants. L'ordinateur, contrairement à la radio ou à la télévision, traditionnellement vus comme des média de masse, est un médium individuel. Mais l'avènement d'Internet change quelque peu cette donne ; bien que l'on soit toujours seul derrière son écran, il est possible, en pianotant, d'interagir, par le biais de la technique, avec d'autres individus connectés.

Toutefois, si l'introduction d'un nouveau dispositif technologique dans la vie quotidienne est susceptible de produire des changements dans la vie sociale de ses utilisateurs à travers l'introduction de nouveaux types de relations sociales, cela n'est rendu possible que par une transformation du médium de communication lui-même par les internautes, qui se le réapproprient et le modifient en introduisant des éléments et des logiques d'utilisation non prévues initialement par les concepteurs.

En ce sens, il n'existe pas de déterminisme simple entre la sphère technique et la sphère sociétale, les rapports d'influence que ces sphères entretiennent l'une avec l'autre doivent être pensés sur le mode de l'interaction réciproque.

Ceux-ci ne manquent pas de continuer à créer, notamment en inventant un langage, un code commun de communication composé de signes, de smileys, d'abréviations, d'acronymes... afin de pallier au cadre particulier de l'interaction textuelle du chat. Ce cadre d'interaction peut être qualifié de "décontextualisé" par rapport à une discussion en face à face classique. Formellement, lorsque l'on discute dans un "chat", toute l'information disponible pour attribuer du sens à la situation est uniquement véhiculée par des caractères saisis sur un clavier.42(*)

Dans les chats, le cadre décontextualisé est propice au surgissement de malentendus et de quiproquos en tous genres plus fréquemment que dans les interactions face à face traditionnelles. Pour essayer de remédier à ce genre de problème les internautes vont utiliser, par exemple, des smileys qui indiquent comment interpréter une phrase qui pourrait être interprétée à double sens. Une question ou une réplique qui risquerait comme telle de provoquer l'offense, sera suivie d'un smiley sourire " :) ", Indiquant par là qu'il faut interpréter les dires sur le ton de l'humour plutôt que de prendre la phrase au pied de la lettre.

De relation interpersonnelle, il s'en crée aussi, au sein d'internet, de manière plus évidente, plus visible, par les nombreux contacts que nouent et entretiennent les individus entre eux, qui aboutissent à de nouvelles connaissances, parfois à des amitiés ou même rencontres amoureuses ainsi qu'à la formation de petits groupes de travail ou de poursuite d'intérêts particuliers. Les individus se forment ainsi des petits réseaux sociaux personnels.

Le chat est donc un lieu de sociabilité. Un ensemble de pratiques particulières peut ponctuer la vie du groupe et mettre en évidence l'intensité des liens de sociabilité: des fêtes, des rites diversement élaborés et formalisés. Ce sont essentiellement des rites interpersonnels de présentation et de bienvenue, mais également des rencontres occasionnelles des internautes dans la réalité. Les échanges s'actualisent en effet de manière régulière en dehors du chat, en groupe ou de manière plus informelle sur l'initiative de quelques correspondants.43(*)

Mais tous les individus se rendant dans les canaux de discussion ne sont pas pareils, leurs motivations sont plurielles. Si certains sont en recherche plus ou moins consciente de relation interpersonnelle, c'est le cas de ceux attirés par la simple convivialité de discussions informelles ou par le sentiment d'appartenance à un groupe, d'autres détournent l'usage initialement pensé par les concepteurs et premiers utilisateurs.

Ils emploient l'Internet comme une plate-forme de drague voire de cybersexe, ressentie comme sure, en raison de l'anonymat ayant un effet désinhibiteur44(*) (c'est-à-dire, désinformer, fournir de fausses informations ou des informations biaisées) sur leurs comportements. D'autres encore, exploitent cet anonymat permettant, pour se livrer à des jeux antisociaux afin de perturber le bon déroulement de l'interaction. Ces deux dernières logiques d'action ne créent, bien entendu, pas de relation interpersonnelle (lien social), puisque les individus qui les pratiquent ne cherchent pas à s'intégrer au groupe, ni à susciter des rencontres. Elles relèvent, nous semble-t-il, d'une logique de socialisation marginale.

L'Internet apparaît pour ces acteurs, quasi exclusivement adolescents, comme une scène, sur laquelle il est possible de tester certains comportements risqués, sans que ces activités soient couplées des conséquences habituelles qu'elles ne manqueraient pas d'entraîner en dehors du cyberespace. (Par exemple une riposte musclée face à des insultes ou une gifle en retour d'un comportement de drague intempestif...). D'autre part, la pratique d'Internet a ceci de particulier: elle est évolutive.

Parmi les personnes dont la pratique d'Internet va s'amenuisant, nos résultats montrent qu'elles gardent généralement un contact avec le canal, pour maintenir les relations créées (à condition de s'être fait des relations), ne fut-ce que pour saluer, donner un signe de vie.

Bref, il nous semble que ce qui se crée dans l'Internet est bel et bien de la relation interpersonnelle (lien social). On se retrouve donc, selon nous, face à une nouvelle forme de sociabilité, en regard des moyens traditionnels de rencontres que sont le voisinage, l'école, le travail... Des individus, qui sans cette pratique de l'Internet, et selon toute probabilité n'auraient jamais pu se rencontrer, peuvent maintenant se côtoyer et se connaître par l'intermédiaire d'Internet. Aussi, certaines personnes affirment avoir noué des relations amicales avec d'autres par le fait de la fréquentation régulière au même cybercafé.

D'aucuns tendent à oublier avec un peu de complaisance les "inégalités" qui sont aujourd'hui criantes et les barrières sociales bien présentes encore sur le réseau mondial. Les clivages se dessinent entre jeunes et vieux, instruits et moins instruits, citadins et ruraux, personnes disposant de revenus élevés et celles en situation de précarité. Dès lors, l'homophilie, c'est-à-dire la tendance pour les amitiés à se former entre des individus socialement proches, garde donc en grande partie sa pertinence comme concept sociologique pour caractériser les relations qui s'établissent par Internet.

De plus, on l'a vu, on rencontre de multiples logiques d'action parmi les individus pratiquant le bavardage sur Internet et un même individu peut évoluer d'une logique à une autre. Parmi celles-ci, on constate l'existence de comportements antisociaux. Il n'existe donc pas de réponse simple et univoque à la question de la création de relation interpersonnelle via l'Internet. En insistant sur la pluralité des usages, sur leur évolution temporelle, nous désirons modestement complexifier les représentations sur l'Internet.

* 42 P., Watzlawick, H., Beavin, J., Janet et Don D., Une logique de la communication, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points Essais, 1967. p.26

* 43 http://www.memoireonline.com/06/07/506/m_communication-politique-et-communication-electorale-sur-l-internet1.html#fn6#fn6 consulté à Kisangani le 14 octobre 2008 à 17 h 48'

* 44 http://dictionnaire.reverso.net/francais-definitions/d%C3%A9sinhibiteur consulté à kisangani, le 26/01/2009 à 19 heures 36'.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo